JOURNÉES AFVAC -ELEVEURS 6/12/2006 BORDEAUX Le point sur les affections détectables Drs HULIN J.B . et QUENEY G. Résumé du texte de la conférence : parution avec l'accord des organisteurs de la journée par Ch Pochez Qu’est ce qu’une maladie génétique : Une maladie génétique est une maladie héréditaire (transmissible par les parents à leur progéniture) due au dysfonctionnement d’un ou plusieurs gènes. Il existe 270 maladies génétiques répertoriées chez le chat, mais une dizaine seulement semble préoccuper actuellement les éleveurs (cf tableau). La plupart des maladies génétiques sont monogéniques (dysfonctionnement d’un seul gène) : polykystose rénale ( PKD), amyloïde rénale (accumulation de substance amyloïde au niveau des reins) , déficience en pyruvate kinase, glycogénose , cardiomyopathies (HCM) . Un peu de génétique Un chat est homozygote s'il présente dans son génome (sur ses chromosomes) deux copies identiques d'un gène. Un chat est hétérozygote lorsqu'il présente dans son génome deux copies différentes d'un gène. Si les deux copies du gène sont identiques , on parle d'un chat homozygote muté. Un chat homozygote transmet une copie du gène (muté ou non à toute sa descendance), La descendance d'un chat hétérozygote (deux copies différentes du gène) à 50% de chance de recevoir l'un des deux gènes de ses parents. Donc, dans le cas de la HCM, si l'un des deux parents est hétérozygote, chaque chaton a 50% de chance de recevoir de ce parent le gène non muté (donc de ne pas présenter la maladie), l'autre parent étant homozygote sain . L’origine des maladies génétiques : L’émergence et le développement d’une maladie génétique peut apparaître suite à la présence d'un des mécanismes suivants : * l’effet fondateur, Il intervient lors de la création d’une race avec très peu de reproducteurs à l'origine . Si l'un des chats fondateur de la race possède une anomalie génétique (peu fréquente sur un population normale) dans ses chromosomes, celle ci est transmise à toute sa descendance et donc l'anomalie à l'origine de la pathologie a un fort pourcentage dans la race ainsi crée. * la sur-utilisation des reproducteurs Certains mâles peuvent être fortement utilisés en tant qu'étalon. Si ceux ci sont porteurs d'un anomalie génétique, il y a transmission à toute la descendance et augmentation de la proportion de l'anomalie dans la race. * la consanguinité. La consanguinité ( croisement entre chats d'une même lignée) peut augmenter le pourcentage d'animaux atteints par une anomalie génétique. Certaines maladies peuvent avoir plus de 20 à 40 % d'individus porteurs dans certaines races. Chez les humains, la fréquence des porteurs génétiques d'une maladie est < 0,1 % . Les principales maladies génétiques connues chez le chat : nom français nom anglais nom race Cardiomyopathie Hypertrophique (CMH) Hypertrophic Cardiomyopathy (HCM) Maine Coon Déficit en Pyruvate Kinase Pyruvate kinase (PK) (PK) deficiency (anemia) Somali, Domestic Shorthair Gangliosidose : GM1 Gangliosidosis, GM1 Siamois, Korat Glycogénose IV (maladie de stockage du glycogène) Glycogen Storage Disease IV Norvégien Mannosidose, alpha Mannosidosis, Alpha Mucopolysaccharidose VI Mucopolysaccharidosis VI Siamois, Domestic shorthair Mucopolysaccharidose VII Mucopolysaccharidosis VII Domestic Shorthair Polykystose rénale Polycystic Kidney Disease (PKD) Persan, Exotic, British, Scottish fold, Maine Coon Atrophie Musculaire Spinale Spinal Muscular Atrophy (SMA) Maine Coon Amyloïdose rénale Amyloidosis Somali, Abyssin Persan, Domestic Shorthair Deux exemples bien connus : La PKD ( Polycystic Kidney Disease ou maladie polykystique rénale du chat) Les races concernées : Les Persans atteints représentent 20 à 48% de la population . Les Exotic Shorthair atteints représentent de 2 à 36% de la population. Les Maine Coon atteints représenteraient 1 à 5% de la population Mode de transmission : La transmission de la maladie polykystique rénale est génétique et s’effectue selon un mode de transmission autosomal dominant. (autosomal signifie que le gène est situé sur un chromosome non sexuel , dominant signifiant qu'il suffit d'un seul exemplaire du gène pour que la maladie apparaisse) Tous les hétérozygotes développeront la maladie. Cependant la gravité de la maladie ainsi que l'age d'apparition sont variables . Parents M SAIN SS F SAIN M SAIN SS SS Descendance SS SS SS SS F Malade SP SP F Malade SP SS SP SP ( PP Léthal) Tous les chatons sont sains Chaque chaton a Chaque chaton a une chance 50% de chance d'être sain sur 3 d’être sain S allèle sain P allèle mutant SS SS SP SP M Malade Si l'on désire éliminer la PKD du paysage félin, il est important de croiser ensemble uniquement des animaux sains. Cependant, il est possible de continuer à faire reproduire des animaux porteurs de la maladie pour des raisons d'amélioration de la race (conservation d’une couleur ou d’une lignée, recherche d’un type morphologique), cependant il faut éviter à tout prix de faire reproduire ensemble deux animaux porteurs de la maladie. . Les symptômes de la PKD Apparition de kystes rénaux microscopique qui vont croître avec le temps. Lorsque plus de 75% des reins sont atteints, une insuffisance rénale chronique se met en place .Il n’existe donc aucun signe de la maladie avant plusieurs années (une moyenne avancée étant de sept ans). Les symptômes d'insuffisance rénale chronique : polyurie, polydipsie, amaigrissement, urémie et créatinémie augmentée. apparaissent alors D’autres organes ( foie, pancréas) peuvent être touchés . La cardiomyopathie hypertrophique : ( HCM) LA HCM est la maladie cardiaque la plus courante chez le chat Elle est due à une modification génétique entraînant un épaississement progressif du muscle cardiaque, à l'origine d'une insuffisance cardiaque. Le coeur du chat va continuer à battre normalement jusqu'a un certain moment où il "décompensera". Dès l'apparition des symptômes cliniques, aucun traitement ne sera efficace. La cause génétique de la HCM : Une des formes génétiques de la maladie chez le Maine Coon est due à une mutation dans le gène MYBPC3 (myosin binding protein C) codant une protéine cardiaque de liaison à la myosine. Une autre forme génétique plus rare (due à une autre mutation dans ce gène ou à une mutation dans un autre gène) pourrait également exister chez le Maine Coon. (chez l'homme il existe plus de 10 gènes différents à l'origine de la maladie) La fréquence de chats hétérozygotes est de 30 à 40% en moyenne chez le Maine Coon. D’autres races de chats sont touchées par la HCM : Persan, British, Ragdoll, Sphynx, Norvégien. Les cas actuellement connus d’HCM dans ces autres races ne sont pas dus à cette mutation du gène MYBPC3. Cependant, toutes les formes de cardiomyopathies hypertrophiques ne sont pas d’origine génétique. L’hypertension artérielle ou l’hyperthyroïdie peuvent entraîner les mêmes symptômes cliniques. Le mode de transmission : Le mode de transmission est dit autosomal dominant. (cf pour la PKD) La maladie semble montrer une grande variabilité d’expression. Les chats porteurs de la mutation (à l’état homozygote ou hétérozygote) ne développeraient pas tous la maladie. Seulement 25% des chats hétérozygotes auraient développé la maladie à 3 ans. Les chats homozygotes mutés (deux gènes mutants) sont viables, ils développent des formes plus graves et plus précoces que les chats hétérozygotes (1 seul gène mutant dans le génome). Le diagnostic de la HCM : Le diagnostic de certitude est essentiellement clinique. La modification de la morphologie cardiaque est mise en évidence par échocardiographie. Le diagnostic génétique peut se faire chez le Maine Coon en sachant que 30% à 40% des chats sont porteurs de la mutation HCM1 (due au gène MYBPC3) et que 5 à 10% sont susceptibles d’être porteurs d’une autre mutation non diagnosticable génétiquement pour le moment. Si le test positif est fiable à 99%, il n’en est pas de même pour un test négatif. Comment diagnostiquer une maladie génétique : Le test ADN présente plusieurs avantages pour le dépistage, la sélection et la confirmation clinique des maladies génétiques : il est fiable, il permet de dépister les chats porteurs (atteints ou pas de la maladie), il peut être mis en œuvre très tôt dans la vie du chat (dés la naissance), il est valable pour vie du chat. Le test ADN permet toutefois d’identifier uniquement la ou les anomalies génétiques connues, Le test n’est pas utilisable pour détecter d’autres maladies héréditaires touchant le même organe ou le même tissu (rein, cœur par exemple) et n’est pas utilisable pour mettre en évidence des affections acquises non génétiques d’où l’importance de l’examen clinique de l’animal. Le dépistage clinique et le dépistage ADN sont donc parfaitement complémentaires. A partir d’un prélèvement effectué sur un chat (sang, tissu, frottis buccal) réalisé et authentifié par un vétérinaire, l’ADN est extrait . Un ou des fragments d’ADN correspondant au gène impliqué est amplifié par la technique de PCR (polymérisation en chaîne de l’ADN). Chacune des deux copies du gène est alors analysée pour déterminer la présence de l’anomalie responsable de la maladie ou pour caractériser un ou plusieurs marqueurs liés à la maladie. Apport de la connaissance des maladies génétiques pour l'amélioration d'une race. Le test ADN représente un critère de sélection au même titre que les caractéristiques morphologiques et comportementales des chats. L’éleveur est alors en mesure de pratiquer la meilleure sélection possible en tenant compte de la beauté, du caractère et de la santé future du chat et de ses descendants. Pour éviter de produire une descendance avec des chatons potentiellement atteints et afin de limiter l’incidence de la pathologie héréditaire dans la race, quelques conseils simples s’imposent : - ne jamais faire reproduire les chats atteints - ne pas reproduire le chats hétérozygotes Exceptionnellement un animal hétérozygote important pour l'amélioration de la race peut être conservé pour la reproduction à certaines conditions : *que l’anomalie génétique soit fréquente ou très fréquente dans la race (cas de la PKD et de l’HCM). * de le croiser avec un animal sain (homozygote normal). * qu’il présente des qualités intéressantes pour l’amélioration de la race (morphologie, caractère, capacités) * de ne sélectionner absolument les descendants homozygotes normaux. Dans tous les cas, l’élimination de l’anomalie génétique doit toujours se faire progressivement sans augmenter la consanguinité et sans exclure de la reproduction des lignées entières de reproducteurs, au risque sinon de mettre en danger la diversité génétique de la race et de voir émerger d’autres maladies génétiques. Bibliographie: 1. Bars VR, Gunew M, Foster SF et coll, Prevalence of autosomal dominant polycystic kidney disease in persian cats and related breeds in Sydney and Brisbane (2001) Aust. Vet. J., 79, 257259 2. Barthez R, Begon D, Rivier P Prevalence of ploycystic kidney disease in Persian and persian related cats in France, 2000 , Feline Prac, 28: 20–21 3. Chetboul V., Echographie et cardiopathies congénitales, Recueil de Médecine Vétérinaire (1995) 171 (4-5) 311/324 4. Chetboul V., Anomalies cardiaques congénitales du chien et du chat Encyclopédie vétérinaire – Cardiologie Elsevier Paris (1993) 1,(0500),1/13 5. 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