Enquête douleur du CLUD de Pôle Centre Alsace (réalisée en décembre 2004) PREAMBULE L’UGECAM d’Alsace a regroupé ses treize établissements en Pôles géographiques. Le Pôle Centre Alsace comprend : - le Centre médical de l’Altenberg, spécialisé dans la prise en charge des troubles de la nutrition le Centre de Réadaptation Fonctionnelle du Muesberg le Centre médical Salem à orientation gériatrique les Hôpitaux de jour de Colmar et de Sélestat Sur l’initiative du Dr Thierry Gaudias, Médecin-Chef du Centre médical de l’Altenberg, le CLUD du Pôle Centre - Alsace s’est constitué le 29 septembre 2003. Une de ses premières missions fut de réaliser un état des lieux de nos différentes prises en charge de la douleur afin de poser les bases d’actions d’amélioration. METHODOLOGIE • les questionnaires Un groupe de travail pluridisciplinaire a élaboré trois questionnaires, un pour les patients, un pour les soignants et un pour les médecins en s’inspirant d’une enquête menée par le CLUD de l’APHP. Ces questionnaires comportant de nombreux items, ont été validés par le CLUD du Pôle. Nous avons sollicité la participation des élèves de 3ème année de l’IFSI de Rouffach pour le recueil des réponses aux questions posées aux patients des trois établissements. Le questionnaire patient leur a été présenté afin de recueillir leur avis et les préparer à la réalisation de l’enquête. C’est par binômes que les étudiant(e)s étaient chargé(e)s de poser les questions aux patients et de recueillir leurs réponses. La possibilité de communiquer en dialecte a été prise en compte. L’enquête s’est déroulée le 08 décembre 2004 dans les trois établissements. Au niveau des Hôpitaux de jour les questionnaires ont été proposés aux patients durant toute la semaine du 6 au 10 décembre, par le personnel soignant de ces structures afin d’obtenir un plus grand nombre de réponses. Les soignants et les médecins ont rempli leur questionnaire respectif le 08 décembre. La communication sur le projet d’enquête a été la plus large possible afin d’informer tous les patients, le personnel soignant et les médecins en garantissant l’anonymat lors de l’examen des résultats. * les critères d’exclusion - patients admis moins de 48h du jour de l’enquête troubles avérés de la vigilance et ou de la parole patients ne donnant pas leur accord 1 * Analyse des résultats et communication - ont été obtenus grâce à l’aide précieuse du CNRD et notamment de Madame Cimerman présentés aux élèves de l’IFSI de Rouffach, aux trois établissements, au CLUD et à la CME de Pôle RESULTATS Taux de réponse : patients 88% (209), personnels soignants 78,5% (89) et médecins 70,5% (12) A. Résultats du questionnaire « patients » : Questions générales 72,5% des patients sont douloureux dont la moitié présentent des douleurs chroniques. La douleur habituelle est intense dans 12,5% des cas et la douleur maximale est intense dans 51% des cas Circonstances d’apparition des douleurs Elle est présente : - le jour : pour 44% des patients, - la nuit : pour 47% d’entre eux - lors des mouvements : pour 65% d’entre eux. - lors des transferts : pour 51,5 % des patients - lors de la toilette et de l’habillage : pour 44% des patients - lors des transports : pour 25% des patients - lors des examens complémentaires : pour 20,5% des patients - lors des prises de sang : pour 13% des patients - lors des pansements : pour 10%.des patients - lors des séances de masso-kinésithérapie : pour 63 % des patients - lors des séances d’ergothérapie : pour 28,5% des patients. Information donnée aux patients : 38% déclarent ne pas avoir reçu d’information concernant la prise en charge de la douleur. L’information reçue est donnée par : - le médecin pour 38% des patients, - l’IDE pour 34 % des patients - le masseur kinésithérapeute ou l’ergothérapeute pour 26 % des patients - l’aide soignant(e) pour 10% des patients - le livret d’accueil pour 5 % des patients. 27% d’entre eux déclarent qu’on ne leur a pas demandé de signaler rapidement la survenue d’une douleur. Aucun traitement n’a été proposé dans 48% des cas et 65% des patients n’ont pas demandé de traitement. 2 Concernant les effets secondaires : - 32,5% des patients ont présenté des effets secondaires, - 56,5% d’entre eux déclarent qu’on ne leur a pas demandé de les signaler, - 43,5% des patients n’ont pas été soulagés de leurs effets secondaires. - 30% d’entre eux craignent la morphine. Concernant les traitements : Efficacité des traitements - 48% des patients déclarent être bien soulagés, - 24% d’entre eux le sont moyennement - 28% des patients sont peu ou pas du tout soulagés. Attentes par rapports aux traitements : - 80% d’entre eux espèrent un soulagement important, - 46,5% des patients espèrent la disparition complète de leur douleur. Satisfaction quant à la prise en charge de la douleur 92% des patients sont satisfaits de l’écoute et de la prise en charge des masseurs kinésithérapeutes et ergothérapeutes et 89% de celles des médecins et soignants. B. Résultats des questionnaires « médecins » et « soignants » Concernant la formation : - Un seul médecin (Capacité évaluation et traitement de la douleur) et un masseurkinésithérapeute (DIU) a suivi une formation douleur spécifique. - Très peu de professionnels ont suivi une formation sur la douleur chronique. - Le personnel soignant ne connaît pas suffisamment la gamme des antalgiques : 53% seulement d’entre eux connaissent les principaux médicaments. Protocoles antalgiques: Ils sont rares et inconnus des soignants. Connaissance et prise en charge des effets secondaires : Leur connaissance est insuffisante et par conséquent la recherche, la prévention et le traitement des effets secondaires ne sont pas systématiques. Leur traitement n’est systématiquement ou souvent prescrit que par 50% des médecins. Freins à l’analgésie : 25% des médecins et 19% des soignants estiment qu’il existe des freins à l’analgésie, essentiellement par manque de formation. Evaluation : - elle n’est pas systématique (systématique pour seulement 25% des médecins et 44% du personnel soignant), - les échelles validées sont peu connues. - les échelles DOLOPLUS et ECPA pour les personnes âgées mal communicantes sont peu utilisées. 3 - elle est notée systématiquement lorsqu’elle est réalisée pour près de 60% du personnel soignant. la prescription d’antalgiques n’est basée sur l’évaluation que pour 83% des médecins. La sollicitation d’un(e) psychologue n’est jamais ou rarement proposée par 50% des médecins dans le cadre des douleurs chroniques. Prévention des douleurs : La prévention de la douleur liée aux soins est absente pour près de 60% du personnel soignant. Il en est de même pour la prévention de la douleur liée à la reprise d’activité qui est absente pour 86% des soignants. 25% des médecins tiennent rarement compte des douleurs iatrogènes. Craintes d’utilisation de la morphine : 39% des soignants et près de 17% des médecins craignent l’utilisation de la morphine Les craintes ont pour origine l’absence de formation pour 33% des médecins et l’âge avancé des patients pour 25% des médecins. Les transmissions : Au sein des établissements, elles se font par écrit pour tous les médecins et 77% du personnel soignant. A la sortie du patient les transmissions se font souvent ou toujours par 83% des médecins et 20% du personnel soignant. CONCLUSION Les patients sont satisfaits de notre écoute et de notre prise en charge de la douleur mais d’importants progrès sont à faire sur bien des points : Les actions d’amélioration nécessaires - - Plus et mieux informer les patients Former les médecins et les soignants - encourager les formations longues - améliorer la qualité de l’évaluation - développer l’évaluation de la douleur chronique - développer la connaissance et la gestion des effets secondaires Rédiger et valider des protocoles antalgiques Développer la prise en charge des douleurs iatrogènes Augmenter le score de soulagement. Cette enquête a permis de faire un état des lieux relativement complet des insuffisances à la fois de formation des personnels, d’information aux patients et de structuration de la prise en charge de la douleur ( évaluation, recherche prévention et traitement des effets secondaires, protocoles antalgiques, prévention de la douleur liée aux soins). Un CLUD Régional a vu le jour en 2006, pour l’ensemble des établissements de l’UGECAM Alsace dont la mission principale est de définir et coordonner la politique de prise en charge de la douleur au niveau de ces établissements. Les travaux de ce CLUD ont été inspirés en partie des résultats de cette enquête. 4