Comité sénatorial des banques et du commerce Mémoire présenté par Andrew Claerhout (Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario) Le mercredi 12 avril 2017 Je remercie les membres du Comité sénatorial des banques et du commerce de m’avoir invité à présenter un mémoire sur la nécessité d’accroître l’efficacité du milieu des affaires à l’intérieur de nos frontières. Le Comité a accompli un travail soigné et admirable en réfléchissant aux moyens que peut prendre le Canada pour « démolir » ses propres murs. Il a été annoncé récemment que le gouvernement fédéral et les provinces adoptaient un certain nombre de vos recommandations, et je tiens à vous en féliciter. Je représente le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, plus gros régime de retraite la province qui soit administré par un seul employeur; dans le cadre de ce régime, plus de 175 milliards de dollars sont gérés et investis pour le compte des 318 000 enseignants et enseignantes, qui travaillent ou qui sont retraités. Mon rôle consiste à diriger l’équipe chargée d’investir dans l’infrastructure et les ressources naturelles, au Canada et partout dans le monde. Nous investissons dans les ports, les aéroports, le transport ferroviaire à grande vitesse et les voies à péage. Nous avons notamment investi dans Global Container Terminals, société qui exploite deux terminaux à Vancouver et qui joue un rôle vital dans l’acheminement des marchandises entre les navires, les camions et les chemins de fer, dont le CN et le CP. Nous avons investi près de 18 milliards de dollars dans l’infrastructure, et nous cherchons activement de nouvelles occasions. Nous avons une prédilection pour les actifs d’infrastructure parce qu’ils fournissent des rentrées de fonds à long terme, constantes et indexées sur l’inflation, qui s’agencent parfaitement aux engagements du régime de retraite. Compte tenu de mon domaine de compétence, j’aimerais examiner ici de quelle façon les actifs d’infrastructure du pays peuvent promouvoir et revitaliser nos échanges commerciaux intérieurs et internationaux. Nos investissements dans le monde sont essentiels à la circulation quotidienne des biens et des personnes, tant à l’intérieur des pays qu’entre les pays. Il s’agit notamment d’investissements dans les ports de mer, de nos intérêts dans cinq aéroports, dont ceux de Londres, de Bruxelles et de Copenhague, ainsi que dans Scotia Gas Networks, deuxième société de distribution de gaz au Royaume-Uni. Le rapport du Sénat publié en juin 2016 sur le « démantèlement des barrières au commerce intérieur au Canada » aborde de manière fort intéressante l’idée de « corridors nationaux » pour le transport des marchandises et la prestation des services au pays. Dans ce rapport, il est indiqué que « les besoins de transport et de communication d’aujourd’hui sont fondamentalement différents de ceux du passé » et qu’un réseau de transport et de communication de pointe, à l’échelon national, est fondamental pour la quête de la croissance et de la prospérité économique. Je ne peux qu’abonder dans ce sens. Une grande partie de mon travail d’investisseur consiste à me tenir au fait des progrès rapides de la technologie qui transforment les entreprises dans lesquelles nous investissons ou dans lesquelles nous songeons à investir. Le programme d’infrastructure des enseignantes et enseignants est d’envergure mondiale. Certains endroits où nous aimerions investir, comme l’Australie et le Royaume-Uni, ont des environnements réglementaires attrayants, font preuve de clarté dans leurs projets et d’ouverture dans leurs partenariats avec les institutions qui fournissent des capitaux. L’Australie en particulier a mis en œuvre des politiques visant à multiplier les projets d’infrastructure qui se prêtent à des placements : elle offre des incitatifs à ses gouvernements d’État pour qu’ils vendent des actifs leur appartenant et en réinvestissent le produit dans la construction et le développement de l’infrastructure. Par ailleurs, nous souhaitons vivement investir chez nous. Un portefeuille diversifié inclut des placements au Canada. Nous disposons d’une équipe locale des plus compétentes, mais il est gratifiant de savoir que nos investissements contribuent à la qualité de vie et à la prospérité du pays où nos membres et la plupart de nos employés vivent et travaillent. Ce n’est pas l’intérêt qui nous manque, mais il faut avouer qu’il est difficile de trouver les bons projets, et ce, pour diverses raisons, dont la taille et l’envergure des projets, la résistance que suscite chez les Canadiens le modèle de l’utilisateur payeur et le manque de correspondance entre le cycle de vie des ambitieux projets d’installations nouvelles et les cycles électoraux. Le plus important peut-être est le fait que les projets d’infrastructure chevauchent souvent plusieurs paliers de gouvernement et, partant, plusieurs provinces et municipalités. Il est incroyablement difficile parfois d’en arriver à un accord et à un consensus dans les projets pluriannuels complexes. Cela dit, des annonces ont été faites récemment qui sont très encourageantes et positives. Le gouvernement fédéral continue de réaliser son plan pour la Banque de l'infrastructure du Canada assortie d’un budget de 35 milliards de dollars et orientée vers les gros projets de transformation. Les responsables du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario appuient ce plan depuis le tout début. Selon nous, vu la structure de gouvernance adéquate et indépendante, l’importance accordée à la viabilité commerciale et la vision à long terme, la Banque d’infrastructure est une proposition gagnante pour le commerce intérieur et international, de même que pour le gouvernement, les investisseurs et la population canadienne. Nous sommes également favorables à l’idée de modifier le modèle de propriété des aéroports canadiens. Nous croyons que cela stimulera l’efficience, améliorera les services et permettra aux aéroports canadiens de soutenir davantage la concurrence comme plaques tournantes mondiales. La vente d’actifs d’infrastructure existants aidera également à réduire le déficit ou à produire des recettes qui pourront être réinvesties dans d’autres projets prioritaires. Parmi les autres initiatives intéressantes, mentionnons que le gouvernement fédéral compte investir des milliards de dollars pour améliorer l’infrastructure des transports du Canada, d’un bout à l’autre du pays; cela facilitera la circulation des biens et des personnes, stimulera l’innovation, créera des emplois et augmentera notre compétitivité à l’échelle mondiale. La réduction de la congestion entraînera une diminution des émissions, et c’est là un aspect auquel nous accordons beaucoup d’importance dans notre portefeuille d’investissement en raison de la transition vers une économie sobre en carbone. Avec tous ces programmes, nous croyons que les investisseurs institutionnels comme le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario ont un plus grand rôle à jouer. Les grands partenaires chevronnés en matière d’investissement ont beaucoup plus que des fonds à fournir . Depuis 26 ans, nous investissons directement dans des actifs privés. En tant que partenaire d’équipes de gestion et du gouvernement, nous fournissons des conseils stratégiques et une expertise opérationnelle, et contribuons à ajouter de la valeur à nos placements à long terme. Le Canada mérite l’infrastructure de calibre mondial qui favorisera, à son tour, des échanges commerciaux productifs tant au pays qu’à l’étranger. Nous sommes enthousiastes à l’idée de participer à la solution et nous nous réjouissons à l’avance des occasions qui ne manqueront pas de se présenter.