Estimation des effets de la taxe sur le CO2: Fiche d`information

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Département fédéral de l’environnement, des transports,
de l’énergie et de la communication DETEC
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Fiche d’information
Estimation des effets et évaluation de la taxe sur le
CO2 prélevée sur les combustibles
Date
vendredi, 15. avril 2016
L’OFEV a examiné les effets obtenus à ce jour par la taxe sur le CO2 prélevée
sur les combustibles, introduite en 2008, et ses mesures d’accompagnement. À
cette fin, deux études ont été réalisées, chacune évaluant les effets sous un
angle différent. La présente fiche d’information décrit les approches adoptées
et résume les principaux résultats.
La taxe sur le CO2 grevant les combustibles a été introduite en 2008. En tant qu’instrument
de l’économie de marché, elle vise à inciter l’économie et les ménages à réduire leurs émissions de CO2. Initialement, la taxe s’élevait à 12 francs par tonne de CO2 ; elle a depuis été
relevée en trois étapes pour atteindre le montant actuel de 84 francs par tonne de CO2, les
objectifs intermédiaires fixés pour les combustibles fossiles par le Conseil fédéral n’ayant
pas été atteints. Les entreprises qui produisent de grandes quantités d’émissions peuvent se
faire exempter de la taxe sur le CO2 à titre de mesure d’accompagnement. En contrepartie,
elles doivent toutefois s’engager vis-à-vis de la Confédération à réduire leurs émissions.1
La loi sur le CO2 prévoit une évaluation périodique des différents instruments de la politique
climatique. C’est dans ce contexte que l’OFEV a examiné les effets obtenus à ce jour par la
taxe sur le CO2 et ses mesures d’accompagnement. À cet égard, la difficulté réside dans le
fait que les incidences de la taxe ne sont pas directement mesurables. La taxe renchérit les
agents énergétiques fossiles et incite ainsi à réduire la consommation et à miser davantage
sur des agents énergétiques ne produisant pas ou que peu de CO2. Il appartient aux entreprises et aux ménages de décider pour eux-mêmes dans quelle mesure ils entendent réagir
à ces incitations. Les effets doivent de ce fait être évalués de façon indirecte. À cette fin,
deux études abordant la problématique sous des angles différents ont été réalisées. Dans
l’une, les effets globaux de la taxe ont été évalués selon une approche descendante (« topdown »). Dans l’autre, des entretiens directs ont été menés à l’échelon des entreprises
(approche ascendante ou « bottom-up »). Ces deux perspectives complémentaires ont permis d’obtenir une vue d’ensemble complète.
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Les grandes entreprises produisant une quantité importante d’émissions participent au système d’échange de
quotas d’émission et sont exemptées de la taxe sur le CO2 prélevée sur les combustibles.
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Approche : évaluation des effets selon deux points de vue complémentaires
Pour l’approche descendante, deux modèles différents ont été utilisés. Cette étude réalisée
par Ecoplan, l’EPFL et la FHNW (étude 1) a évalué les effets globaux de la taxe et de ses
mesures d’accompagnement. Pour ce faire, une évolution (hypothétique) des émissions a
été calculée pour chacun des secteurs « Ménages » et « Économie » (industrie et services) ;
cette évolution représente le développement tel qu’il se serait produit sans la taxe. Les effets
de la taxe et de ses mesures d’accompagnement résultent de la différence entre l’évolution
hypothétique des émissions et l’évolution effectivement observée, qui tient compte des
mesures de politique climatique. Les deux modèles livrent une fourchette des effets possibles. En plus des effets globaux, l’étude a permis de déterminer quels étaient les principaux moteurs à l’origine des réductions d’émissions observées.
L’étude ascendante de TEP Energy et Rütter Soceco (étude 2) se penche quant à elle sur
les effets à l’échelon des entreprises. À travers des entretiens directs menés auprès de
quelque 4000 entreprises (assujetties à la taxe ou exonérées), les auteurs ont cherché à
savoir quelles mesures de réduction d’émissions avaient été mises en œuvre depuis
l’introduction de la taxe, comment la taxe influençait les décisions stratégiques des entreprises et pourquoi les entreprises avaient opté pour ou contre une exonération de la taxe sur
le CO2. Outre une compréhension approfondie des processus de décision des entreprises
concernées, cette approche donne des indications sur les entreprises qui ont fourni à ce jour
les plus gros efforts pour réduire les émissions. Elle complète ainsi les connaissances
acquises sur effets globaux dans le secteur de l’économie calculés dans la première étude.
Résultats : des effets sensibles chez les ménages et dans l’économie
Comme le montrent les deux études, la taxe sur le CO2 grevant les combustibles et ses
mesures d’accompagnement ont conduit à des réductions sensibles des émissions. Les
effets globaux cumulés dans la période étudiée (2008-2013) sont estimés à entre 2,5 et
5,4 millions de tonnes de CO2 par les modèles d’Ecoplan, de l’EPFL et de la FHNW. Cette
fourchette relativement large résulte des différents effets pris en compte par les deux
modèles. La réduction de 2,5 millions de tonnes de CO2 peut être vue comme la limite inférieure, lorsque seules sont prises en compte les réactions directes à la hausse des prix
engendrée par la taxe. Or, cette taxe déploie aussi des effets qui ne s’expriment qu’à plus
long terme. Par exemple, il faut s’attendre à ce que les ménages et l’économie anticipent
l’évolution possible du montant de la taxe à l’avenir et que cette évolution influence en
conséquence les décisions d’investissement. Si, dans les calculs, on intègre ces incidences
sur les anticipations de prix à long terme, les effets augmentent pour atteindre jusqu’à
5,4 millions de tonnes de CO2. À noter que les deux valeurs tiennent également compte des
mesures d’accompagnement. Aucun des deux modèles ne permet toutefois une ventilation
suffisamment fiable entre la taxe elle-même et les mesures d’accompagnement.
Jusqu’à trois quarts des effets sont atteints par le biais des ménages (bâtiments), un quart
environ par l’économie (industrie et services). Le principal moteur des réductions d’émissions
est la substitution – incitée par la taxe – du mazout par des agents énergétiques produisant
moins de CO2 (gaz naturel et sources renouvelables). Cette substitution tend à être plus
rapide à mettre en œuvre à l’échelle des ménages, en particulier dans les immeubles
d’habitation (p. ex. remplacement du chauffage), que dans le secteur de l’économie, où la
reconversion des processus de production implique de plus gros investissements. Les effets
prennent de l’ampleur avec le temps dans les deux secteurs ; une taxe plus élevée entraîne
un remplacement accru des agents énergétiques fossiles et, en conséquence, des
réductions d’émissions plus importantes. Cette tendance devrait se poursuivre à l’avenir.
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Les enquêtes menées auprès des entreprises approfondissent les connaissances acquises à
propos des effets obtenus dans le secteur de l’économie. Elles montrent que la taxe (et en
particulier son annonce) a déclenché une multitude de réactions dont l’ampleur varie selon
que l’entreprise est plus ou moins affectée. Les entreprises produisant une grande quantité
d’émissions, chez lesquelles les montants initiaux relativement bas de la taxe ont déjà eu
des répercussions sensibles sur les coûts, ont bien plus souvent conclu des conventions
d’objectifs volontaires ou des accords contraignants avec la Confédération – comme prévu
par les mesures d’accompagnement. Par conséquent, ces entreprises ont aussi été plus
enclines à adopter des mesures de réduction des émissions ou à mettre en place des procédures ou des processus de production plus performants en matière d’énergie. À cet égard,
on n’observe aucune différence entre les entreprises exonérées de la taxe et celles qui ont
conclu des conventions d’objectifs volontaires. L’élément déterminant est l’analyse systématique des réductions d’émissions, qui est assurée par les deux canaux.
Chez les entreprises plus petites à faible consommation d’énergie, la taxe – du fait de son
montant peu élevé – n’a d’abord que faiblement incité à économiser les énergies fossiles.
Certaines entreprises en ont néanmoins profité pour analyser leur consommation d’énergie
ou leur potentiel de réduction et se sont ainsi préparées à de nouvelles hausses de la taxe.
Quels que soient les types d’entreprise, la fréquence des réactions a augmenté avec le
temps. On peut donc supposer que de futures hausses de la taxe permettront d’exploiter des
potentiels de réductions encore inutilisés.
Renseignements

Roger Ramer, responsable de projet, Section Politique climatique
Tel. 058 462 98 16, [email protected]
Annexes


Étude 1: Ecoplan, EPFL et FHNW, Wirkungsabschätzung CO2-Abgabe –
Modellrechnungen, décembre 2015.
Étude 2: TEP Energy GmbH et Rütter Soceco, Wirkungsabschätzung CO2-Abgabe –
Direktbefragungen, avril 2016.
Internet

Les deux études sont disponibles sur :
http://www.bafu.admin.ch/klima/13877/14510/14511/index.html?lang=fr
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