Nouvelle Collection GRAPHÊ La collection « Graphê », dirigée par Alexandre Laumonier, publie des ouvrages liés au graphisme au sens le plus large possible du terme – qu'il s'agisse de typographie, d'écriture, de visualisation de données, de cartographie, de langues universelles ou de techniques d'impression. L'objectif de la collection n'est pas de revenir sur l'histoire des formes visuelles – de nombreux ouvrages sont disponibles sur ce sujet – mais de proposer des approches académiques originales où l'anthropologie aura toute sa place. Des tablettes sumériennes à la visualisation de données des réseaux contemporains en passant par les bibles glosées cisterciennes ou les écritures amérindiennes, « Graphê » a vocation d'offrir au lecteur des livres rigoureux tout en restant accessibles au plus grand nombre, au rythme de deux livres par an. Alexandre Laumonier est graphiste et éditeur. Il dirige la maison d'édition belge Zones sensibles, après avoir dirigé les éditions Kargo de 2000 à 2008, ainsi que les collections "Terra Cognita" aux Editions de l'Eclat, et "Fabula" aux Presses du réel. Titres prévus Avril 2013 : Pierre Déléage, Inventer l'écriture. Rituels prophétiques et chamaniques des Indiens d’Amérique du Nord, XVIIe-XIXe siècles. Septembre 2013 : Walter Ong, Oralité et écriture (titre provisoire) Janvier 2014 : Claude Ptolémée, Manuel pour dessiner une carte du monde Septembre 2014 : David King, Les chiffres des moines (titre provisoire) Pierre Déléage Inventer l'écriture Rituels prophétiques et chamaniques des Indiens d'Amérique du Nord, XVIIe-XIXe siècles Si les sociétés humaines ont régulièrement éprouvé le besoin d'élaborer des systèmes de signes très variés tels que des répertoires ornementaux, des héraldiques, des codes de signalisation ou diverses notations mathématiques, ces répertoires n’étaient pas destinés à inscrire et à stabiliser des discours. Ce sont les techniques d’inscription de discours, et seulement cellesci, qui seront considérées, dans cet ouvrage, comme des écritures. L’écriture chinoise, de même que l’alphabet latin, doivent être considérées comme des écritures intégrales dans la mesure où elles permettent de transcrire graphiquement l’intégralité de n’importe quel discours. Dans cet ouvrage, il sera question d'un concept d’écriture qui ne se limite pas à ces écritures intégrales : les écritures étudiées dans ce livre sont toutes des écritures que l'on peut qualifier de sélectives (ainsi, les textes des planches gravées du prophète Kenekuk ou des livres d’écorce des chamanes du Midewiwin étaient tous rédigés à l’aide d’une écriture sélective). L’une des définitions les plus courantes des écritures sélectives (souvent qualifiées, à tort, de pictographiques) consiste à remarquer qu’elles ne peuvent être lues sans que l’information qu’elles contiennent ait été mémorisée au préalable. Il faut penser les écritures intégrales en fonction des écritures sélectives, cellesci étant destinées à ne transcrire que certaines parties du discours ciblé, contrairement aux écritures intégrales susceptibles de coder la totalité d’un discours. Quelles relations précises ces écritures sélectives entretenaient-elles avec les discours qu’elles transcrivaient ? Telle est l'une des questions posées par cet ouvrage. Les écritures sélectives furent toutes utilisées pour renforcer la fixité des discours formalisés. Elles représentaient graphiquement (de manière figurative ou non) certains éléments clefs des discours ciblés : soit le nom des épisodes narratifs successifs, soit le nom des éléments variables d’une structure poétique paralléliste. Elles opéraient donc une sélection régulée des parties du discours cible qui devaient être inscrites ; elles inscrivaient à la fois le nom de chaque variable (sous une forme généralement logographique, mais parfois phonographique) et leur ordre dans la succession du discours. Ces écritures sélectives constituaient une technique d’inscription et de stabilisation du contenu de discours, mais contrairement aux écritures intégrales, elles n’encodaient pas la totalité de leurs discours cibles mais seulement certaines parties sélectionnées ainsi que leur ordre. Elles n’étaient, de plus, destinées qu’à stabiliser un nombre limité de discours rituels qu’il fallait apprendre par cœur pour être capable de les réciter le plus exactement possible. En bref Approche anthropologique d'un état de communication disparu, entre l'oral et l'écrit En librairie le 15 mars 2013 Graphê, N°1 13,5 x 21 cm 320 p. ISBN 978-2-251-15001-7 21.00 euros Essais / documents Histoire du livre Pierre Déléage est anthropologue au Laboratoire d'anthropologie sociale (Collège de France, EHESS), spécialiste des conditions de transmission et de stabilisation du savoir. Il est notamment l'auteur de La Croix et les Hiéroglyphes (Editions Rue d'Ulm, 2009). www.lesbelleslettres.com Pierre Déléage, Inventer l'écriture Table des matières Introduction. Écritures et discours rituels Chapitre 1. L’écriture de Charles Meiaskaouat, prédicateur montagnais Chapitre 2. Le grand livre de Neolin, visionnaire delaware Chapitre 3. La Bible de Kenekuk, prophète kickapoo Chapitre 4. La charte d’Abishabis et de Wasiteck, prophètes cris Chapitre 5. Écritures de prophètes Chapitre 6. L’écriture et les chartes du Midewiwin, une société chamanique ojibwa Chapitre 7. Écritures de chamanes et écritures de prophètes Conclusion. Écritures attachées Annexe. Récit de la vision de Neolin, prophète Delaware du clan du Loup (1763) Remerciements Bibliographie