Dossier Métier IDE Infirmier (infirmière) en hémodialyse Etre accepté en tant qu’infirmière compétente en hémodialyse se fait progressivement dans le temps. Ma formation théorique d’infirmier m’a donné une vision globale du métier en instruisant des connaissances générales des pathologies et des soins qui en découlent. De cette perception générale, je me suis construit une représentation personnelle sur « être infirmier en service d’hémodialyse » qui a contribué à mon évolution d’infirmière en réanimation/soins intensifs à infirmière en hémodialyse. Ce choix a été motivé par la volonté de rester sur une spécificité technique mais avec une approche différente du patient. Au sein de ce service depuis trois mois, j’ai maintenant une vision plus réelle et moins approximative de la prise en charge globale d’un malade atteint d’insuffisance rénale terminale. A travers une comparaison des deux spécialités et une réflexion sur la notion de temps pour le malade dialysé, je souhaite partager mon ressenti d’infirmière débutant en unité d’hémodialyse. D’une spécialité technique à une autre…En service de réanimation, les patients sont atteints de pathologies en phase aigüe. Les atteintes sont souvent multi viscérales et il faut assurer, pendant la phase critique, les fonctions vitales par des traitements de suppléance. L’instabilité et la gravité de l’état des patients justifient un environnement très technique et nécessitent une surveillance et des soins continus de l’équipe médicale et paramédicale. En service d’hémodialyse, les personnes atteintes d’insuffisance rénale terminale ont besoin d’un traitement de suppléance de la fonction rénale ou d’une transplantation rénale. La défaillance est uni viscérale mais l’hémodialyse ne pallie que la fonction excrétrice du rein et ne remédie pas aux troubles induits par la défaillance de sa fonction sécrétrice. Aussi, les patients rencontrés dans cette spécialité sont des malades « poly pathologiques » qui présentent des troubles cardiovasculaires, métaboliques, hématologiques et hormonaux. L’insuffisance rénale terminale est une maladie définitive, tout manquement au traitement de suppléance et la nonobservance de l’hygiène de vie peuvent mettre rapidement en danger le pronostic vital du patient. L’hémodialyse s’effectue en ambulatoire, la durée du traitement de est de l’ordre de 9 à 12 heures hebdomadaires selon les cas. Une équipe pluridisciplinaire (médecin, infirmier, diététicien, psychologue) est nécessaire pour une prise en charge optimale du patient. Dans ce contexte de soins discontinus, le temps prend une signification particulière pour le patient dans son rapport à la maladie, au lieu et aux soignants. La notion du temps…. Les patients atteints d’insuffisance rénale terminale ont deux alternatives : la transplantation rénale qui entraîne l’attente d’un greffon compatible ou le traitement de substitution à vie. La répétition et la régularité du traitement d’épuration rénale ont un impact majeur sur la qualité de vie Armelle Bouxin assistante de direction. Infirmière diplômée d’Etat en 2006. IDE hémodialyse à l’ Hôpital Américain de Neuilly et deviennent, au fil du temps, un rituel pour le patient. Des habitudes s’installent car les séances se déroulent toujours au même moment et de la même façon : temps d’accueil et pesée, temps du branchement, temps du traitement, temps du débranchement. Ainsi, une relation de dépendance au lieu de soin et au personnel soignant s’instaure. Intégrer une équipe d’hémodialyse requiert donc d’acquérir des connaissances techniques et de développer une relation de confiance avec le patient mais aussi de s’inscrire dans une reconnaissance réciproque pour évacuer les réticences induites par la mécanique de répétition des soins. \\\ octobre 2010- avril 2011 - Reins-Échos n°9 /// 19 ReinEchos_9.indd 19 06/10/10 15:24