Compte-rendu du voyage en Croatie du 12 au 19 juin 2014 GROUPE DES ANCIENS DÉPUTÉS Un regard sur l’histoire Comme l’a indiqué l’universitaire dans son propos : « la Croatie a successivement, et depuis longtemps, appartenu à des assemblées géopolitiques plus vastes, dont elle a toujours constitué la périphérie, fondée sur la domination d’empire, mais qui n’ont pas réussi à la gommer totalement de la liste des nations européennes en dépit des politiques, ne réunissant qu’à disperser ses populations à travers le monde et à l’amputer territorialement … C’est avec le déclin du système totalitaire, avec l’avènement de la démocratie et une fois l’indépendance acquise que d’une part, l’Europe redécouvre l’un de ses rameaux oubliés, et que d’autre part la nation croate peut commencer à écrire sa propre histoire et prendre son avenir en main. » Une fois l’indépendance déclarée en vertu du droit constitutionnel des républiques à l’autodétermination, reconnue par l’Europe le 15 janvier 1992, la Croatie a pu entrer dans la Communauté internationale le 22 mars 1992, et au Conseil de l’Europe le 15 octobre 1996. Candidate depuis le 21 février 2003 à l’Union Européenne, elle est devenue le 28ème étatmembre le 1er juillet 2013 ». Selon l’usage, la commission « Voyages » de l’association organise chaque année deux déplacements pour les volontaires : l’un permet de découvrir des pays lointains, cette année : la Birmanie, et l’autre un Etat membre de l’Union européenne. Après la Bulgarie, Berlin, la Pologne, les Pays Baltes et la Slovaquie, le Groupe des anciens Députés a permis d’admirer la Croatie, jeune Etat très particulier d’Europe centrale, mais également pays méditerranéen de par sa longue façade adriatique dite « golfe de Dalmatie » marqué par des siècles de présence vénitienne. Chacun des voyages est précédé à Paris, d’un entretien avec des personnalités ayant des attaches particulières avec le Pays visité, diplomates, universitaires ou personnalités diverses. Pour la visite de la Croatie nous avons ainsi reçu Monsieur Chenu, ancien et premier ambassadeur de France en Croatie, Monsieur Marc Gjidara, professeur émérite à l’Université Panthéon-Assas (Paris II) d’origine croate, et un religieux Frère franciscain, croate chargé de la congrégation franciscaine pour la Belgique et la France. L’intervention de ces trois éminentes personnalités permit aux participants de découvrir à la fois la richesse du patrimoine et surtout la complexité d’une nation démantelée, exploitée, meurtrie à différentes périodes d’une histoire très complexe. Placée au carrefour de toutes les civilisations qui ont forgé l’identité européenne, la Croatie, définie parfois comme la « patrie des plus latins des Slaves » à la jonction de l’Europe Centrale et de la Méditerranée, se situe géographiquement, historiquement et culturellement à l’ouest des Balkans. * (voir article de l’universitaire dans l’annuaire Français des relations internationales année 2014. Volume XV parution Université Panthéon-Assas – Centre … Thucydide sous le titre « l’Adhésion de la Croatie à l’Union européenne et le rôle de la France » 1 Mais il faut quand même rappeler que pour en arriver à ce dénouement il doit être fait mémoire des quelques 20 000 morts, 30 000 blessés et invalides, 500 000 personnes déplacées, 480 000 réfugiés et plus d’un millier de personnes disparues. Plusieurs centaines de milliers de logements, bâtiments, usines ont été détruits ou endommagés, sans compter des terres inexploitables en raison de la présence des mines qui subsistent. C’est seulement en 1998 que l’intégralité territoriale fut retrouvée, il y a moins de 30 ans. - Les principales religions sont représentées par 88% de catholiques dont la majorité est pratiquante, 5% d’orthodoxes, 1% de musulmans, 0.5% de protestants et 0.1% de juifs. - La monnaie est la « kuna ». Il faut environ 7.5 kunas pour obtenir 1 euro. Mais de nombreux établissements acceptent l’euro. Le PIB moyen par habitant est de 8500 euros soit 50% de la moyenne de l’Union européenne. Quelques données générales - La constitution adoptée le 22 décembre 1990 consacre le régime de démocratie parlementaire. Le Chef de l’Etat est élu au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois. Le Président de la République actuel : Ivo Josipovič, né en 1957, a été élu en janvier 2010 et appartient au parti social-démocrate du centre gauche dit S.D.P. Le Parlement est composé d’une seule chambre « Le Sabor » renouvelée le 4 décembre 2011 pour 4 ans. Ce fut une large victoire du S.D.P. qui avec quelques membres de petits partis centristes forment une coalition dite « Kukuriku » avec 80 sièges de députés sur 151. Le Premier Ministre, nommé par le Président de la République fonde sa légitimité sur le soutien de cette majorité parlementaire, il se nomme Zoran Milanovič. L’opposition comprend essentiellement le « parti populaire croate » où H.N.S de centre-droit artisan de l’association à l’Union européenne dès 2005. Quelques mois avant l’élection de 2011, le leader du H.N.S. alors premier ministre dut faire face à de lourdes accusations de corruption notamment dans le domaine bancaire entraînant la chute de son parti. Il purge aujourd’hui une peine de 10 ans de prison. La république de Croatie a pour nom officiel : Républika Hrvatska (H.R.) dont la capitale est Zagreb (880 000 hab. environ). La population est composée d’environ 4.500 000 habitants. Auxquels il a lieu d’ajouter une « diaspora» émigrés à l’étranger pour des raisons politiques ou économiques d’environ 2.000.000. Huit députés représentent les croates de l’étranger inscrits sur des listes électorales. La superficie du territoire étant de 57 000 Km2, la densité de la population est d’environ 80 hab. au Km2. La forme du territoire est tout à fait particulière, est peut être assimilée à un croissant dont la pointe sud-ouest joignant le Monténégro (1800 Kms de côte maritime) ne fait que quelques cinq kilomètres. (voir carte annexe) - La Croatie joint la Bosnie-Herzégovine (932 Kms), la Slovénie (501 Kms), la Hongie (329 Kms), la Serbie (241 Kms), l’Italie (28 Kms), et le Monténégro (25 Kms) - La langue officielle est le croate depuis 1847 après des siècles d’usage du latin - La population comprend 90% de croates, 5% de serbes, et 5% de bosniaques, italiens, hongrois, albanais et slovènes. 2 - Ce n’est que le dernier épisode de l’histoire très chaotique de la Croatie. Il faudrait des centaines de pages pour résumer tous les évènements, souvent sanglants, qui se sont déroulés sur le sol Croate. En annexe, vous trouverez la chronologie succincte de cette histoire depuis le VIIème siècle, date pour laquelle tous les historiens sont d’accord pour reconnaître la venue de tribus provenant essentiellement de Pologne et de Perse. Les tribus conquirent les dépouilles de l’Empire romain dont l’Empereur Dioclétien avait fait de la fin du IIIème au début du IVème siècle, de notre ère, à Split, l’une des perles de l’Empire païen en construisant sa résidence qui reste aujourd’hui l’un des monuments les mieux conservés, démontrant la vitalité de Rome. A Split, ils ont baptisés la plus grande avenue de la ville du nom du maréchal Marmont, duc de Raguse, et préfet du département. A l’entrée de cette rue se trouvent les locaux de l’Alliance française. Le Voyage L’organisateur habituel des déplacements programmés par la commission « Voyages » nous a permis, dans les meilleures conditions, de découvrir un magnifique pays et de rencontrer des personnalités permettant de mieux comprendre la complexité de ce pays et la situation qui fut si douloureuse, dans ces Balkans, il y a à peine trente ans. C’est ainsi que le premier jour de notre arrivée à Zagreb, nous avons eu un entretien avec le Conseiller économique de notre représentation, et le correspondant local de la Coface. Au Sabor, le Parlement Croate, nous étions attendus par Monsieur Flego, Député, Président du Groupe d’amitié Croate-France. Une rapide visite dans l’hémicycle nous permit d’être accueillis par l’ensemble des députés en séance publique. Survolant quelques siècles car nous français nous devons rappeler l’apport que le premier empire apporta au développement de la Croatie. Après avoir décidé de la disparition des deux républiques marchandes de Venise et de Raguse (ancienne Dalmatie), Napoléon Ier unifiera alors l’espace Croate au sud de la Save en un département dénommé provinces « illyriennes ». Ce territoire fut l’un des 134 départements de la France impériale. Cette circonscription administrative n’existera que de 1809 à 1813. Malgré sa brièveté elle a permis d’instaurer d’importantes réformes sur le plan économique, juridique « code civil » et sur celui de l’instruction publique. Hémicycle Les croates se souviennent avec reconnaissance de cette parenthèse dans leur histoire. 3 La journée se termina par l’entretien à l’ambassade de France avec Madame Clelia Chevrier, Premier Conseiller en l’absence de notre ambassadrice. association. Il nous a montré combien la langue française était en développement favorable. Consul honoraire de France, dans un français impeccable il fit un brillant tableau de l’histoire de son pays. La journée s’acheva par un dîner sur les hauteurs de la ville. Notre invité d’honneur étant le représentant de l’Alliance française, Alan Kesovija, Directeur de l’Agence, correspondant de notre organisateur parisien et dont les services nous permirent d’effectuer un séjour dans les meilleures conditions. Remise de la médaille de l’association à Monsieur Gérard Dénégri Se joint au déjeuner un joueur de football de nationalité croate et son épouse. Il fut l’un des grands joueurs de l’équipe de Marseille et les spécialistes de ce sport reconnaîtront son nom. De cet entretien, on retiendra un excellent exposé permettant de synthétiser les réflexions de la journée. S’ajoute une anecdote : Monsieur Kesovija, qui vécut les 11 premières années de son enfance à Paris est le fils unique de la chanteuse croate « Teresa » qui sait toujours faire profiter les foules de son talent et qui plusieurs fois a chanté à l’Olympia. Elle fut la première interprète de « la chanson de Larra ». Les jours suivants nous permirent de découvrir Zadar, les chutes de la Krka et Trogir. A Split la seconde ville du pays nous fûmes reçus à l’Alliance française par Monsieur Gérard Dénégri, l’un des animateurs de cette Une réception officielle à la Mairie de Split nous permit de rencontrer les élus locaux sous l’autorité de Madame Aida Batarelo, premier adjoint au Maire. Rencontre avec les élus de Split 4 eut l’avantage de découvrir le Monténégro, avec des entretiens avec notre ambassadrice et les députés, avant de se rendre en BosnieHerzégovine pour une visite de Sarajevo, hautement symbolique en cette année du premier centenaire de la Grande Guerre. La commission « Voyages » pourrait peut être parfaire nos connaissance des Balkans par une découverte de la Slovénie par exemple. Remise d’une médaille du Groupe des anciens Députés Le reste du voyage fut consacré plus largement au tourisme en profitant du rivage de la Dalmatie. Après une escale dans l’île de Korcula, nous atteignîmes Dubrovnik dont la renommée est bien établie. Cette ville martyre durant la guerre contre les serbes, attire les touristes du monde entier dont de nombreux asiatiques. Hélas nous eûmes a subir quelques foudres du ciel. Une partie du groupe Le groupe sympathique que nous formions a su profiter au maximum des paysages et personnalités rencontrées, mais il faut mentionner les qualités exceptionnelles de celle qui fut notre guide pendant la première partie du voyage : Thea Buljevac. S’exprimant dans un français impeccable, elle a su nous apporter par ses connaissances un regard très attachant sur la Croatie. Le Président Alain LEVOYER 5