Evaluation de la sonde de nucléotomie per cutanée de décompression dans la thérapeutique des lombosciatiques sur conflit disco-radiculaire résistantes au traitement médical N Amoretti (1), V Froment-Leonetti(1), F Huchot(1), P Flory(1), R Agopian(2), J-N Bruneton (1) (1) Nice-France, (2) Montpellier-France Introduction Les lombosciatiques sur hernies discales sont une des premières causes de morbidité en France et dans les pays industrialisés, elles sont responsables d’un important impact économique de part les dépenses engendrées par le traitement et les arrêts de travail. La démarche thérapeutique recommandée selon les services comporte un traitement médical par anti-inflammatoires, antalgiques, repos et rééducation, une infiltration radio-guidée peut être proposée. En cas d’échec du traitement médical, la seule alternative proposée est la discectomie chirurgicale. Cette intervention lourde se réalise sous anesthésie générale et comporte de nombreux risques inhérents à sa nature invasive (infectieux, échec ou récidive par fibrose post opératoire) (1,2,3). Ce continuum limité entre traitement médical et chirurgie a fait émerger de nouvelles options thérapeutiques grâce à l’évolution de l’imagerie interventionnelle. Introduction (2) Différentes techniques per-cutanées de mini-discectomie ont ainsi fait leur apparition ces dernières années afin de proposer aux patients une alternative non invasive au traitement de la lombosciatique sur conflit discoradiculaire . La première étude de la mini-discectomie de décompression réalisée par KENNETH(4) rapporte des résultats satisfaisants en terme d’efficacité clinique et fonctionnelle . L’objectif de ce poster électronique est de relater une étude préliminaire de la sonde de discectomie percutanée de décompression (DEKOMPRESSOR*) de 1,5 mm sur une cohorte de 10 patients avec un recul de 6 mois à 1 an. Patients et méthode Nous avons réalisé de septembre 2003 à mars 2004 une étude prospective non randomisée sur une cohorte de 10 patients présentant une lombosciatique sur hernie discale non exclue résistante au traitement médical. Nous avons utilisé la nucléotomie per-cutanée avec la sonde de décompression (DEKOMPRESSOR*) sous contrôle scanner et scopique: 2 femmes et 8 hommes, âgés en moyenne de 49,75 ans (extrêmes 24 et 63 ans). 6 nucléotomies pour sciatique L5 1 nucléotomie pour cruralgie 3 nucléotomies pour sciatique S1 Patients et méthode (2) Les critères d’inclusion étaient : -Patients atteints d’une lombosciatique sur conflit disco-radiculaire par hernie discale documentée par IRM -Résistance au traitement médical bien conduit. -Absence d’amélioration après infiltration sous contrôle scanner au-delà de 3 semaines. -EVA supérieure à 6 -Hydratation du disque satisfaisante (hypersignal T2 intra-discal) -Hauteur discale conservée. Patients et méthode (3) Les critères d’exclusion étaient: Hernie discale exclue Pincement discal supérieur à 50% Déficit moteur inférieur à 4 Syndrôme de la queue de cheval Troubles de la coagulation Infection Grossesse Instabilité rachidienne Fracture du rachis Lombosciatique sans conflit disco-radiculaire visible Clinique discordante avec l’IRM Patients et méthode (4) Une évaluation clinique de l’évolution de la douleur radiculaire mesurée par EVA est réalisée avant l’intervention puis à 24 heures, 48 heures, 7 jours, 1 mois, 3 mois, 6 mois et 1 an. La diminution ou l’arrêt du traitement antalgique ou AINS sont aussi notés. N° Sexe Age Clinique Disque Topographie herniaire EVA prenucleotomie Duré Durée suivi 1 H 43 Sciatique L5 droite L4L4-L5 Preforaminale droite 8 10 mois 2 H 39 Sciatique L5 droite L5L5-S1 Foraminale droite 9 10 mois 3 F 64 Sciatique L5 gauche L4L4-L5 Pré Pré-foraminale gauche 9 10 mois 4 H 49 Sciatique gauche L5L5-S1 L5L5-S1 Posté Postéroromédiane 7 9 mois 5 H 38 Sciatique L4 gauche L4L4-L5 ExtraExtra-foraminale gauche 10 9 mois 6 H 24 Sciatique S1 gauche L5L5-S1 PosteroPosteromédiane 8 9 mois 7 H 50 Sciatique L5 droite L4L4-L5 Posté Postéroromédiane 7 8 mois 8 F 54 Sciatique S1 droite L5L5-S1 ParaPara-médiane droite 8 8 mois 9 H 64 Sciatique L5 gauche L4L4-L5 Pré Pré-foraminale gauche 7 7 mois 10 H 54 Sciatique L5 droite L5L5-S1 Foraminale droite 10 6 mois du Technique: L’intervention se déroule sous contrôle tomodensitométrique et scopique. Le patient est installé en procubitus sous un arceau de scopie . Des coupes de repérage scanner sont réalisées à l’étage du conflit disco-radiculaire et guident la voie d’abord. Après désinfection cutanée chirurgicale on réalise une discographie de l’ étage concerné. L’introduction de la sonde se fait homolatéralement à la protrusion discale, latéro-pédiculaire ou extra-foraminale en fonction de la localisation herniaire. Technique (2): Installation du patient sous scanner, arceau de scopie Technique (3): Après anesthésie locale, une incision millimétrique cutanée permet le passage d’un trocart coaxial de 17 Gauges jusqu’au disque. Une pré-courbure manuelle peut être réalisée en cas d’accès difficile au disque en particulier à l’étage L5-S1. La sonde de décompression est alors introduite dans le trocart coaxial. L’opacification du disque par le produit de contraste a pour but de faciliter le repérage et de rendre la matière discale plus facile à extraire. La sonde fonctionne avec un système de vis sans fin qui pénètre le nucléus pulposus. Incision millimétrique Discographie Introduction du trocart co-axial Mise en place de la sonde Contrôle scopique de l’aspiration Introduction du co-axial Mise en place de la sonde Technique (4): Une fois la sonde en place, un contrôle scanner confirme le bon positionnement au niveau herniaire. L’opérateur actionne le moteur qui entraîne des mouvements rotatoires de l’extrémité de la sonde et dans le même temps réalise des mouvements de va-et-vient dans le disque. La matière pulpeuse discale remonte ainsi le long de l’aiguille et est recueillie dans un réservoir. mouvements de va-et-vient dans le disque extraction de matière pulpeuse le long de la sonde Matière pulpeuse Technique (5): La procédure se termine lorsque plus aucune matière pulpeuse n’est extraite, ou lorsque l’opérateur juge la décompression suffisante. La durée de l’intervention varie de 30 à 45 minutes. Un repos au lit strict pendant 24 heures est nécessaire en hospitalisation traditionnelle. Aucune antibiothérapie péri-interventionnelle n’a été prescrite. Le traitement antalgique est progressivement diminué voire arrêté en fonction de l’EVA du patient immédiatement après l’intervention. Résultats Aucun échec technique n’est survenu. Une difficulté d’abord d’un disque L5-S1 encastré entre des ailes iliaques hautes a été constatée, une courbure du trocart d’introduction a permis un accès au disque satisfaisant. Aucune complication n’a été notée au décours immédiat de la procédure, ni dans le suivi. En particulier, aucune complication neurologique, infectieuse ou hémorragique. Le résultat de notre série montre un succès de 80% . 8 patients présentent une diminution de plus de 70% de l’EVA initiale avec arrêt complet du traitement médical. 7 d’entre-eux ont repris leur activité professionnelle normale, le dernier, retraité, a repris ses occupations habituelles. Résultats (2): Un patient a présenté une nette amélioration initiale avec chute de l’EVA à plus de 80% puis une récidive des douleurs radiculaires non calmées par un traitement médical antalgique et nécessitant à J14 une intervention chirurgicale. Une relecture de l’imagerie pré-nucléotomie laissait suspecter une hernie transligamentaire. Un patient a eu une diminution initiale de la douleur puis une recrudescence à 1 mois calmée par un traitement antalgique simple. Discussion Le traitement des hernies discales lombaires a beaucoup évolué ces dernières années, une alternative à la chirurgie moins invasive et moins radicale s’imposait . De nombreuses équipes ont étudié la pathologie discale et ont proposé à leur tour des techniques de nucléotomie peu invasives. La première est la chémonucléolyse à la papaïne apparue dans les année 1970 avec LYMAN SMITH (5).Ce traitement très efficace a été retiré du marché en raison de chocs anaphylactiques fatals décrits. Discussion (2) En 1975, HIJIKATA(6) introduit la première sonde de nucléotomie manuelle, ONIK (7)en 1985 mettait au point une sonde automatisée avec un système de succion et section du nucleus pulposus au centre du disque. En 1987 une autre technique de nucléotomie par vaporisation du disque à l’aide d’une fibre laser est proposée par CHOY (8). Toutes ces évolutions techniques montrent une réelle recherche d’alternative à la chirurgie classique. Discussion (3) Ce nouveau type de procédure par décompression à la sonde de minidiscectomie (DEKOMPRESSOR*) semble présenter de nombreux avantages : L’épaisseur maximale de la sonde est de 16 gauges soit 1,5 mm, ce faible diamètre diminue le risque de lésion du ligament vertébral commun postérieur et de l’annulus et permet un passage transcanalaire si nécessaire. La sonde de décompression et le trocart d’introduction peuvent être précourbés pour des abords plus difficiles. Le système rotatif permet une aspiration du nucléus aussi bien au niveau médian, latéro-médian mais aussi foraminal et extraforaminal. Ainsi les hernies foraminales peuvent bénéficier d’une décompression efficace en limitant les risques de lésion nerveuse. Discussion (4) Le retrait de quelques centimètres cubes permet une diminution importante de la pression discale en périphérie et lève le conflit disco-radiculaire. Une sélection rigoureuse des patients s’impose, un disque d’hydratation et de volume conservés est obligatoire pour que le changement de volume du nucléus entraîne la diminution de pression périphérique escomptée. Cette étude préliminaire est encourageante mais doit être confirmée par une étude multicentrique avec une cohorte de patients plus importante . Les critères d’inclusion et d’exclusion doivent être rigoureusement respectés pour un résultat clinique satisfaisant. Conclusion La nucléotomie per-cutanée par sonde de décompression (DEKOMPRESSOR*) sous contrôle scannographique et scopique est une technique fiable, efficace et peu invasive. Une sélection rigoureuse des patients est primordiale pour un résultat optimal. Cette étude préliminaire montre des résultats encourageants devant être confirmés par une série plus importante . Références 1. Stolke D, Sollmann WP, Seifert V (1989) Intra- and postoperative complications in lumbar disc surgery. Spine 14:56-9 2. Ramirez LF, Thisted R (1989) Complications and demographic characteristics of patients undergoing lumbar discectomy in community hospitals. Neurosurgery 25:226-30 3. Ramirez LF, Thisted R (1989) Using a national health care data base to determine surgical complications in community hospitals: lumbar discectomy as an example. Neurosurgery 25:218-25 4. Kenneth M, Robert E (2004) Percutaneous Lumbar Discectomy: Clinical Response in an Initial Cohort of Fifty Consecutive Patients With Chronic Radicular Pain. Pain Practice 4:19-27 5. Smith L, Garvin PJ, Gesler RM, Jennings RB (1963) Enzyme dissolution of the nucleus pulposus. Nature 198:1311-12. 6. Hijikata S (1989) Percutaneous nucleotomy. A new concept technique and 12 years' experience. Clin Orthop 238:9-23 7. Onik G, Helms CA, Ginsburg L, Hoaglund FT, Morris J (1985). Percutaneous lumbar diskectomy using a new aspiration probe. Am J Roentgenol 144:113740 8. Choy DS (1985) Percutaneous laser disc decompression (PLDD): 352 cases with an 8 1/2-year follow-up. J Clin Laser Med Surg 13:17-21