hypnose et chirurgie

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Institut de Formation de Professions de Santé
Formation Infirmière
44 chemin du Sanatorium
25030 Besançon Cedex
UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche.
UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques.
UE 6.2 S6 : Anglais rédaction de l’abstract du travail de fin d’étude.
HYPNOSE ET CHIRURGIE
Présenté par :
Emmanuel IMBERT-MATHIAS
Elodie ESTACHY
Sandra FELLMANN
Promotion 2013/2016
Formateur de guidance : Madame OBERON Françoise
Institut de Formation de Professions de Santé
Formation Infirmière
44 chemin du Sanatorium
25030 Besançon Cedex
UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche.
UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques.
UE 6.2 S6 : Anglais rédaction de l’abstract du travail de fin d’étude.
HYPNOSE ET CHIRURGIE
Présenté par :
Emmanuel IMBERT-MATHIAS
Elodie ESTACHY
Sandra FELLMANN
Promotion 2013/2016
Formateur de guidance : Madame OBERON Françoise
« Ton conscient est très intelligent, mais, à côté de ton inconscient, il est stupide»
M. ERICKSON
REMERCIEMENTS :
Au travers de ce travail de recherche sur un thème passionnant, nous tenons à
remercier toutes les personnes qui nous ont accompagnées et soutenues durant notre
parcours.
Notre formatrice de mémoire, Françoise OBERON pour toute l'aide qu'elle nous a
fournie, pour sa rigueur, sa réflexion mais aussi sa pédagogie et ses encouragements qui
nous ont apporté tout le soutien dont nous avions besoin.
A l'ensemble de nos formateurs pour leurs encouragements.
Aux professionnels qui ont bien voulu nous apporter leur expérience au travers des
entretiens.
Aux étudiants de notre promotion 2013-2016 pour l'amitié dont ils ont pu faire preuve,
ainsi que leur présence dans nos vies professionnelles et personnelles.
Enfin, à nos familles et nos proches qui nous ont soutenues tout au long de ces 3
années de formation.
LISTE DES ABREVIATIONS
AG ............... Anesthésie Générale
ALR .............. Anesthésie Loco-Régionale
AL ................. Anesthésie Locale
CHRU ........... Centre Hospitalier Régional Universitaire
CI .................. Contre- Indication
CPA .............. Consultation Pré-Anesthésique
CSP .............. Code de Santé Publique
DU ................ Diplôme Universitaire
EFH .............. Ecole Française d'Hypnose
EHF .............. Ecole d'Hypnose Francophone
IFH ................ Institut Français d'Hypnose
MAR ............. Médecin Anesthésiste-Réanimateur
IDE................ Infirmier Diplômé d'Etat
IADE ............. Infirmier Anesthésiste Diplômé d'Etat
IBODE .......... Infirmier de Bloc Opératoire Diplômé d’Etat
BO ................ Bloc Opératoire
SSPI ............. Salle de Surveillance Post-Interventionnelle
TEP Scan ...... Tomographie par Emission de Positon
SOMMAIRE
INTRODUCTION .................................................................................................................................. 1
SITUATION D’APPEL ......................................................................................................................... 2
I) CADRE CONCEPTUEL: HISTOIRE ET DEFINITION ............................................................... 3
A- Histoire de l’hypnose et cadre législatif : ........................................................................... 3
B- La structure anatomique liée à la transe hypnotique : ................................................... 5
C- Définition des concepts : ........................................................................................................ 5
D- Hypnose dans la chirurgie...................................................................................................... 7
1) Pré-opératoire : ........................................................................................................................ 7
2) Per-opératoire : ........................................................................................................................ 7
3) Post-opératoire :....................................................................................................................... 9
II) LE MODE OPERATOIRE : .......................................................................................................... 10
III) ANALYSE D’ENTRETIEN: ......................................................................................................... 13
IV) BENEFICES-CONTRAINTES-LIMITES ET RISQUES ......................................................... 15
A- Bénéfices : ................................................................................................................................ 15
1)
Au vu de l’équipe soignante :............................................................................................ 15
2)
Au vu du patient : ................................................................................................................ 15
B- Les limites et les risques :................................................................................................... 17
1)
Au vu de l’équipe soignante :............................................................................................ 17
2)
Au vu des patients : ............................................................................................................ 17
C -Les contre-indications : ........................................................................................................ 18
1)
Au vu des soignants :......................................................................................................... 18
2)
Au vu des patients : ............................................................................................................ 18
D- L’hypnose dans la société : ................................................................................................ 18
VI) CONCLUSION .............................................................................................................................. 20
VII) BIBLIOGRAPHIE-SITOGRAPHIE ........................................................................................... 21
VIII) ANNEXES ................................................................................................................................... 24
INTRODUCTION
1
INTRODUCTION
De la phytothérapie à la naturopathie, de la sophrologie à l'hypnose en passant par
l'ostéopathie ou l'homéopathie, aujourd'hui, les médecines alternatives, aussi appelées
médecines douces, prennent un essort particulier. En effet, les innovations scientifiques
permettent d’explorer de nouvelles techniques pour soigner et soulager les maux de notre
temps (stress, angoisse...). Ces médecines douces sont de plus en plus considérées comme
une alternative, mais aussi comme un complément possible à la médecine conventionnelle.
L'hypnose est un terme associé à des croyances religieuses ancestrales. Il est facile
de penser que l'hypnose de spectacle a ramené cette pratique au goût du jour et a éveillé
l'attention du public. Son développement progressif, dans le domaine de la santé, l'a amenée
à être considérée comme une médecine non conventionnelle visant à l'amélioration de l'état
de santé des personnes. Le but principal fut toujours de lutter contre la douleur et l'anxiété.
L'hypnose devient un outil à part entière, utilisée par divers professionnels de soin
(tabacologues, psychologues...), et entre petit à petit dans les hopitaux.
L'hypnose est lentement introduite lors d'interventions en bloc opératoire. La
connaissance des divers anesthésiques, de leurs nombreux effets secondaires mais aussi la
situation économique actuelle, ont amené les professionnels à se questionner. L'apparition
de l'hypnose lors des interventions chirurgicales pourraient induire une modification de la
prise en charge hospitalière.
Dans ce travail de recherches nous commencerons par exposer notre situation d'
d'appel qui nous amènera à notre questionnement. Nous exposerons ensuite le cadre de
réferences de nos recherches au regard de notre thématique ainsi que le côté pratique de
notre sujet. Nous ferons part de notre démarche d'analyse aboutissant à la problématique.
Puis nous étofferons notre reflexion grâce à l'analyse d'ouvrages et articles. Nous
concluerons notre travail en rendant compte de l'intérêt de l'ensemble de notre recherche et
en témoignant de l'intérêt de notre réflexion en tant que professionnel.
2
SITUATION D’APPEL
Description de la situation:
Notre situation se déroule lors d’un stage en Chirurgie, Madame L est hospitalisée
pour une opération de la coiffe des rotateurs sous arthroscopie. La patiente est née le
26/06/1939, retraitée, elle a un mari et une fille qui est la personne à prévenir. Elle n’a pas de
personne de confiance ni de directive anticipée. Elle est entrée dans l'établissement le
23/09/2015 pour une hospitalisation complète.
Madame L a comme antécédents une transfusion post-partum, une arthroscopie
bilatérale du genou, une opération de la cataracte en bilatérale, une coloscopie, une cure
d'éventration, une hémorroïdectomie, l'évacuation d'un hématome cervical, un épisode de
thrombose veineuse à l'oeil gauche et une phlébite aux membres inférieurs.
Ainsi tous ces éléments sont susceptibles de provoquer des douleurs intenses. De
plus, la patiente est allergique à la carbocystéine, à la pénicilline et à des antécédents
d'allergies aux analgésiques comme par exemple la codéine.
Suite à son opération, la patiente revient très endormie, sous 3L d'O2, difficilement
réveillable, somnolente et incapable d'ouvrir les yeux. Elle arrive tout de même à répondre
avec difficulté aux questions que nous lui posons.
Questionnement :
Face à cette situation, je me demande alors si l'anesthésie n'était pas trop
importante? Si la patiente l'a bien tolérée? Si son âge peut influencer l'effet des
anesthésiants? Si il existe des alternatives possibles aux anesthésies lors d'une opération
chirurgicale et quelles sont-elles? Quelles sont les risques et les bénéfices de ces pratiques?
Situation idéale:
La situation la plus adaptée, idéale selon nous serait que la patiente puisse bénéficier
de son intervention en ressentant le moins de douleur possible, voire aucune douleur. De
plus, au vu de ses antécédents d'allergies il serait plus favorable qu'elle bénéficie de son
intervention sans avoir recours à une anesthésie générale.
En quoi l'hypnose dans la prise en charge des patients en pré- per- et post-opératoire
complète-t-elle l'anesthésie contemporaine ?
DEVELOPPEMENT
3
I) CADRE CONCEPTUEL: HISTOIRE ET DEFINITION
A- Histoire de l’hypnose et cadre législatif :
Depuis des siècles, l'hypnose est utilisée pour traiter des troubles, tant physiques que
psychiques.
Dans la mythologie grecque, le sommeil est représenté par Hypnos qui était à la fois
le fils de la nuit mais aussi le frère jumeau de la mort. Son étymologie est associée aux
thérapeutiques provoquant le sommeil (hypnotiques) et à ce qui est identifiable d'un point de
vue de la clinique (immobilité, fermeture des yeux possible, respiration lente, régulière,..) lors
d'une hypnose [1, p3].
Au temps des égyptiens, l'analyse des hiéroglyphes démontrent que l'hypnose faisait
partie intégrante de la religion. Il existait Amon (dieu de Thèbes) qui soignait sans remèdes
et le dieu Horus (dieu à tête de faucon) qui, grâce à la parole, diminuait la fièvre.
L'art de l'hypnose et de la communication thérapeutique fut également retrouvé en
Asie avec la religion bouddhiste, au Mexique avec les Aztèques ou encore en Europe avec
les « temples du sommeil » [9].
La révolution Française marque en France le début d'une libération de pensée avec
un développement scientifique mais également le début de l'hypnose médicale [2, p3]. Son
appellation n'était pas encore celle que l'on connaît actuellement mais portait le terme de
« magnétisme animal ». Le Dr Messmer, médecin allemand (1734-1815), est l'un des
principaux précurseurs de cette pratique [2, p4].
De la fin du 18ème au début du 19ème siècle, la recherche portée sur les moyens
antalgiques expérimente des produits plus extraordinaires les uns des autres (alcool,
laudanum,..). Parallèlement, des opérations chirurgicales sous hypnose sont tentées. Une
ablation de cancer du sein sous hypnose a été faite par le Dr Jules Cloquet en 1829 où
aucune douleur n'en est ressortie [annexe 1].
L’intérêt croissant apporté à l’hypnose amène le Dr James Braid, médecin écossais,
à y apposer le nom d' « hypnotisme » en 1843 voulant se référer au dieu grec du sommeil
« Hypnos ».
En 1925, un étudiant en médecine américain, Milton H. Erickson se forme à l'hypnose.
Il deviendra l'un des acteurs les plus influents qu'y ait existé. Il se séparera ainsi en 1950 du
courant développé en France pour créer l'hypnose éricksonienne. Il la définit comme un état
naturel qui se trouve amplifié par un échange verbal et non-verbal entre le thérapeute et le
patient. Avec sa technique, 100% des patients tests peuvent être mit en transe hypnotique
contre 25% des patients testés avec l'hypnose classique. [2, p7-8].
De nos jours, les patients se voient proposer l’hypnose dans les centres anti-douleurs.
Des formations se développent (EFH, EHF, IFH, psynapse) et cette pratique touche de plus
en plus de professionnels médicaux et paramédicaux [Annexe 6]. Par exemple, une
4
thyroïdectomie sous hypnose d'une durée d'une heure trente a été réalisée à la clinique
Louis-Pasteur d'Essey-lès-Nancy [3]. Seuls des produits antalgiques ont été administrés.
Ainsi, l'opération se déroula le jeudi et la patiente reprit le travail le lundi suivant, ce qui
traduit une réelle rapidité de rétablissement. Au CHRU de Besançon, l'hypnose trouve peu à
peu sa place avec les formations initiales médicales et paramédicales, telle que lors de la
formation IADE. Actuellement, quatre types d'hypnoses sont enseignées : l'hypnose
classique, la nouvelle hypnose, l'hypnose ericksonienne et l'hypnose humaniste. Trois
formes sont utilisées dans la pratique soignante : hypno-analgésie, hypnothérapie et hypnosédation.
Du point de vue législatif, la gestion de la douleur et de l'anxiété ont une place
prépondérante dans l'exercice du soignant et dans tout établissement de santé. Tout d’abord
vis-à-vis du patient, selon l'Article 2 de la charte du patient hospitalisé définit dans la
Circulaire n°95-22 du 6 mai 1995 : « Au cours de ces traitements et soins, la prise en compte
de la dimension douloureuse, physique et psychologique des patients et le soulagement de
la souffrance doivent être une préoccupation constante de tous les intervenants. Tout
établissement doit se doter des moyens propres à prendre en charge la douleur des patients
qu'il accueille et intégrer ces moyens dans son projet d'établissement, en application de la loi
n°95-116 du 4 février 1995. » . Donc le patient se trouve protégé au niveau législatif. De plus,
la loi du 4 mars 2002 concernant les droits des malades cadre ce propos : « toute personne
a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toute
circonstance prévenue, évaluée, prise en compte et traitée. » [18]
Les infirmiers ont, quand à eux, leurs propres articles de loi dans le CSP. Ces articles
font partis du décret n°2004-11-28-802 du 29 juillet 2004 relatif à la profession d'infirmier, à
l'exercice de la profession et aux actes infirmiers. Ainsi, selon l'article R.4311-2 alinéa
5 : « Les soins infirmiers (…) ont pour objet (…) de participer à la prévention, à l'évaluation et
au soulagement de la douleur. ».
Ce soulagement peut alors intégrer les traitements médicamenteux comme ceux nonmédicamenteux. C'est donc tout à fait compréhensible que l'hypnose fasse partie intégrante
de ces traitements non-médicamenteux. L'alinéa 19 poursuit en énonçant : « Dans le cadre
de son rôle propre l'infirmier (…) dispense les soins visant (…) à assurer le confort de la
personne » sur l'évaluation de la douleur. L’hypnose peut donc intégrer cet article et
s’exercer dans les différents services de soin (BO, SSPI, service de chirurgie) [19]. Pour le
moment, l'hypnose (dans ses trois formes) ne fait pas partie d'un ensemble d'actes définis
dans une profession. Elle peut donc logiquement être pratiquée par toute personne
cherchant à optimiser son accompagnement et sa relation avec les patients dans un but bien
précis. Une charte d’éthique à par ailleurs vu le jour à l’IFH où la profession d’infirmier est
citée [annexe 7]. Des formations voient le jour ce qui permet une transmission de ce savoir.
Celle-ci se fait également entre professionnels sur le terrain. Actuellement, les formations
5
certifiantes sont celles données par le Collège d'Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris,
HYPNOTIM, l'Institut de Formation en Thérapies Brèves de Marseille, EMERGENCES ou
encore l’IFH.
B- La structure anatomique liée à la transe hypnotique :
Le
développement
de
l'imagerie
médicale
et
des
neurosciences,
avec
l'électroencéphalogramme entre autres, a permis en 1949 de définir l'hypnose comme un
état de veille et non un état de sommeil ou de coma. Des échelles d'hypnotisabilité voient
également le jour dont les principales sont celles mises au point par les universités de
Stanford et Harvard [exemple d’échelles de suggestibilité : Annexe 2-Annexe 3].
Dans les années 90, avec l'avènement du TEP scan et de la résonnance magnétique,
de nombreux scientifiques, notamment le docteur Pierre Rainville prouvent l'existence
précise de zones cérébrales impliquées dans la gestion physiologique de la douleur (cortex
cingulaire antérieur, zone somato-sensorielle
S2, cortex insulaire, occiput pariétal,..)
[Annexe 4]. Ces examens démontrent qu'une augmentation de la sensation douloureuse
provoque une augmentation d'activité de cette partie de l'encéphale. Mais également que le
cortex cingulaire antérieur est capable de modifier la perception nociceptive ressentie. De
plus, il a été prouvé que les zones cérébrales activées par les antalgiques, tels que la
morphine, sont identiques aux zones sollicitées par l'hypnose. L'hypnose va, quant à elle,
permettre le recrutement de zones cérébrales annexes au cortex cingulaire antérieur
entrainant alors une disperception de la perception douloureuse et au final une diminution,
voire une disparition de la sensation algique [2, p10-11].
C- Définition des concepts :
Plusieurs définitions de l’hypnose sont données. Certaines d’entre elles placent cette
pratique comme une capacité innée à laquelle chaque individu aurait accès. En effet chaque
individu peut, de lui-même se plonger dans une sorte d’hypnose pour se protéger des stress
trop importants de la vie. [4, p457]
De nombreux textes évoquent aussi le concept « d’hypnosédation ». Bien souvent
c’est cette technique qui est utilisée lors des interventions chirurgicales. Elle combine
hypnose et AL ou ALR. Cela permet d’éviter l’anesthésie générale et toutes les
complications qui en découlent [4, p459]. Le terme anesthésie vient du grec anaisthêtos
signifiant « insensible ». Il s'agit de « la perte locale ou générale de la sensibilité, en
particulier de la sensibilité douloureuse ». C'est « l'action d'endormir quelqu'un » ou une
partie seulement du corps [13].
Les prémices de l'hypnose passent par la communication thérapeutique. Cette
technique vise à utiliser de manière répétée certains mots à connotation positive et
6
marquants, amenant aisément le patient vers une transe, un état second ou positivement
modifié [2, p64].
Quatre types d'hypnoses sont aujourd'hui définis :
-L'hypnose classique est la technique semi-directionnelle et dissociante vers où le
thérapeute va guider et « diriger » le patient.
-L'hypnose Ericksonienne est dite « permissive ». Elle provoque une modification
de conscience à l'aide d'anecdotes et de ruses cognitives permettant d'approfondir l'état
d'hypnose. Cette pratique a pour but la disparition du problème initialement identifié (anxiété,
douleur, etc..).
-L'hypnose Humaniste cherche un « état augmenté de conscience ». Elle n'induit
pas d'état de veille ou de manipulation mais amène le patient vers une re-connection au
monde vis-à-vis de lui-même et des autres personnes.
-La nouvelle Hypnose est une pratique participative où le patient gardera une liberté
d'action et choisira un souvenir permettant d'induire la transe. Le thérapeute interviendra
seulement en cas de transe négative [11].
Tous ces types d’hypnoses peuvent participer à l'hypnosédation qui correspond à
un couplage entre les différentes techniques hypnotiques et l'utilisation de médicaments
anesthésiques ou analgésiques [10]. A différentier de l'hypnothérapie qui va être le
traitement de troubles plus profond (troubles alimentaires, tabagisme, phobie...) ou encore
de l'hypnoanalgésie qui va chercher la diminution de la douleur par des techniques
hypnotiques sans avoir recours à des thérapeutiques médicamenteuses à visée antalgique.
Durant l'hypnosédation des transes hypnotiques ou provoquées peuvent être
installées. C'est un ensemble de techniques dont l'objectif est d'amener progressivement le
patient vers un état de bien-être et de sécurité permettant d'atteindre le but fixé. Cette transe
est induite par une tiers personne [2, p42].
La gestion de la douleur est un des objectifs de cette prise en charge. La définition
professionnelle de la douleur donnée par la SFETD (Société Française d'Etude et de
Traitement de la Douleur) est « une sensation et une expérience émotionnelle désagréable
en réponse à une atteinte tissulaire réelle ou potentielle ou décrites en ces termes » [12]. La
gestion de l'anxiété est un autre objectif. Elle se définit alors comme : « Trouble émotionnel
se traduisant pas un sentiment indéfinissable d'insécurité. » [13]
7
D- Hypnose dans la chirurgie
1) Pré-opératoire :
L’important à mettre en évidence est que ce n’est pas le professionnel qui choisit
d’utiliser l’hypnose mais le patient lui-même qui en décide.
Lors de la préparation de l’intervention, du premier rendez-vous avec le chirurgien et
si l’intervention le permet, celui-ci peut proposer de pratiquer l’intervention sous hypnose. Si
le patient accepte cette méthode, l’anesthésiste peut effectuer sa consultation en spécifiant
la prise en charge. Si le patient refuse, l’hypnose pourra lui être proposée de nouveau à la
consultation anesthésique. Rien n’oblige le patient à choisir l’hypnose mais cela permet de
proposer un accompagnement différent à l’anesthésie conventionnelle. S’il accepte au
deuxième rendez-vous, le professionnel qui pratiquera l’hypnose viendra rendre visite au
patient la veille ou juste avant l’opération pour définir quelle technique il veut mettre en place.
De nombreuses expériences relatées montrent qu’avant de réaliser une hypnose, le
patient et le professionnel se rencontrent afin de déterminer une situation, un thème qui
servira de trame pour permettre au sujet de s’évader (randonnée, voyages, livres …) [5.p
115]. Lors de ce rendez-vous précédant l’intervention, l’hypnothérapeute va déterminer
comment le sujet perçoit l’environnement : c’est le canal sensoriel ou préférentiel [6.p 45]. En
effet chaque personne perçoit le monde selon ses sens et certaines personnes seront plus
axées sur la vision tandis que d’autres seront plus axées sur l’audition. C’est l’échelle
VAKOG (Vue, Audition, Kinesthésie, Odorat et Goût) du diagnostic sensoriel.
Le thérapeute sait généralement, avec l’expérience, l'observation et l'écoute de la
personne, déterminer les préférences sensorielles de celle-ci. Cela va permettre de mettre
en place une première stratégie. Ensuite l’hypnothérapeute prend connaissance de lieux, de
moments ou de situations heureuses qui apaisent la personne [14]. Cette recherche
préalable permet à l’hypnothérapeute de conduire le patient vers l’hypnose durant
l’intervention [16].
Le niveau de préparation de l'intervention en elle-même reste identique à celui d'une
anesthésie conventionnelle. En effet, le patient aura une préparation pré opératoire
protocolisée, avec une douche bétadinée, et au bloc une asepsie de la zone opérée. Le
champ opératoire sera sensiblement placé de la même façon que lors de l'anesthésie
conventionnelle mais l'hypnothérapeute sera placé à la tête du patient ou plus ou moins loin
selon les besoins du patient.
2) Per-opératoire :
L'hypnose est un moyen de détourner l'attention du patient sur quelque chose d'autre
que l’opération. C'est un état de conscience particulier, modifié entre la veille et le sommeil
provoqué par la suggestion, le patient ne dort pas. Dans le cadre de l'hypnosédation, une
induction de l'hypnose est réalisée au sein du bloc opératoire où on suggère au patient une
expérience positive à revivre pour que le corps ''oublie'' ce qu'on lui fait subir.
8
L'hypnosédation est une association de deux techniques : l'hypnose et l'analgésie.
Selon les études réalisées, le patient reçoit de faibles doses d'hypnotiques et d'analgésiques,
parfois 10 fois inférieures à celles utilisées lors d'une intervention conventionnelle.
Cependant lors de l'intervention, si le patient n'est plus réceptif à l'hypnose du fait d'une
douleur ou d'un inconfort trop intense ou encore d'une complication durant l'intervention,
l'anesthésiste est prêt à passer à une anesthésie générale. L'anesthésiste peut « tester » le
confort du patient en posant des questions bannissant la négation. A titre d'exemple, « Avezvous mal? » est une question négative. L'utilisation du mot « mal » peut induire l'inconfort. Le
patient se concentre sur le mot négatif et cela peut provoquer un sentiment de gêne, de
douleur ou d'anxiété. De plus, le patient est scopé comme lors d'une intervention
conventionnelle. Ces deux points peuvent donner des indications sur l'état du patient et
comment il subit la chirurgie sans pour autant avoir besoin de faire sortir celui-ci de son état
de conscience modifié. Cependant, le thérapeute a toujours la possibilité de communiquer
avec ce dernier lorsque le besoin s'en fait sentir.
Dans toutes les expériences partagées par les patients, l'hypnothérapeute guide ces
derniers dans la transe et dans le chemin que ceux-ci veulent prendre concernant leur
souvenir agréable. Lors des interventions, ceux-ci ressentiraient parfois une gène dans les
premières minutes lorsqu'ils sentent les mains du chirurgien sur eux. Quand on demande à
certains patients d'expliquer comment ils se sentaient, la plupart font part d'une expérience
de calme et de détente. Quand l'anesthésiste leur fait part d'une agitation lors de
l'intervention, la majorité de ces derniers sont étonnés et ne pensent pas avoir ressenti une
quelconque douleur, ou gène.
En ce qui concerne l’anesthésiste en lui-même, il est nécessaire que celui-ci modifie
ses habitudes de travail. En effet, l’hypnosédation nécessite la présence permanente d’un
MAR/IADE/IDE formé et une implication personnelle importante pendant toute la durée de
l’intervention [20]. Sa présence permet de maintenir le patient dans l'état d'hypnose, même si
la présence du MAR est parfois très ponctuelle lors de l'intervention (exemple : une AG).
Certains bruits ou alarmes nécessaires (scope) et incontournables lors d'une intervention
pourront cependant être intégrés au discours de l'anesthésiste durant l'induction. Les
modifications des habitudes de travail ne concernent pas seulement les anesthésistes mais
l'équipe toute entière. Etant donnée la nécessité d'un endroit calme et silencieux, les
différents professionnels devront communiquer et agir différemment par rapport à une
organisation dite classique.
Un chirurgien interrogé dans le cadre d'un reportage avoue qu'il a aussi du
« réapprendre » à opérer. Il explique que ses mouvements ont du être plus légers et que ce
genre d'intervention nécessite une grande concentration.
De part une façon de communiquer nouvelle mais aussi avec une réorganisation du
bloc où le MAR/IADE/IDE formé devient presque « le chef d'orchestre ». Le chirurgien
9
interrogé porte un grand intérêt à cette pratique, pour la nouveauté que cela implique dans
sa pratique et pour le développement de ses capacités. Il précise aussi l'intérêt majeur de
cette pratique pour le patient.
3) Post-opératoire :
La prise en charge post-opératoire est un enjeu important pour la pratique de
l'hypnose en chirurgie. On observe de nombreux bénéfices pour le patient mais pas
seulement.
La prise en charge post-opératoire, pour les patients ayant subi une intervention sous
hypnosédation ne diffère pas d'une prise en charge des suites d’une anesthésie
conventionnelle. En effet, le patient bénéficiera des mêmes soins en post-opératoire
(réfection de pansement par exemple) et d'une hospitalisation plus longue si l'intervention la
nécessite. Aujourd'hui, nous n'observons pas de corrélation notable entre la cicatrisation
post-chirurgicale et la pratique de l'hypnose au bloc. Cependant certaines études montrent
une diminution du stress en post opératoire, et celui ci serait un facteur de perturbation du
processus de cicatrisation [21].
De plus, lors d'une intervention sous hypnose, le patient ne reçoit pas les mêmes
posologies de morphinique ce qui peut permettre d'améliorer et de réduire la phase de
convalescence. On sait que les morphiniques ont des effets secondaires importants
(détresse respiratoire, rétention urinaire, constipation, confusion, prurit,…), la pratique de
l’hypnose permet de les réduire. Pour des interventions ambulatoires (cure de hernie,
endoscopie...), le temps d'hospitalisation est lui aussi réduit : pour une cure de hernie par
exemple, la pratique de l'hypnose permet une sortie environ 2h30 après l'entrée dans le
circuit opératoire contre 10h d'hospitalisation pour une anesthésie générale. [22] D'après les
professionnels, pratiquant et recevant les patients en post-opératoire, en SSPI notamment,
le temps de récupération est nettement diminué, une demi heure environ contre deux heures
lors d'une anesthésie générale.
La réduction du temps d'hospitalisation, plus particulièrement pour les interventions
ambulatoires est un véritable avantage pour les hôpitaux, qui cherchent de plus en plus à
réduire les temps d'hospitalisations. Enfin, l'hypnosédation pourrait aussi permettre de faire
des économies au niveau des produits utilisés (exemple avec le Sufentanil, une estimation
donne un prix entre 10 et 150 euros) : certaines opérations nécessitant une anesthésie
générale tels que des tumorectomies du sein, des prélèvements de ganglions sentinelles
ainsi que des mastectomies ont pu être pratiquées sous hypnosédation à l'institut Curie [16].
10
II) LE MODE OPERATOIRE :
De nombreuses techniques ont vu le jour, celle que nous allons développer est une
technique réalisée au bloc opératoire. Le schéma ci-dessous adopte la forme d'une pyramide.
On va partir d'une base pour arriver au sommet, puis retourner à la base opposée en suivant
un déroulement inverse par rapport aux étapes initiales.
Chaque étape peut prendre plus ou moins de temps en fonction du besoin du patient
mais aussi du thérapeute. Cette transe provoquée à pour objectif le bon déroulement du soin
et elle est alors établie au préalable entre le thérapeute et le patient volontaire.
L'utilisation des 5 sens se fera par à l'aide du VAKOG (le goût étant difficile
d'utilisation) dans un sens puis dans l’autre au terme de la relation thérapeutique. [2, p94]
Ainsi tout commence par la mise en place de la relation. Un simple « bonjour » suivi
d'un nom impliquant entièrement la personne avec un échange informel permet l'évaluation
de l'état du patient (stress, regard, expressions, contact physique,...). Les questions les plus
banales vont permettre au thérapeute de connaître son patient, ses centres d'intérêts, de
loisirs, ses souvenirs qui seront essentiels pour l'induction de l'hypnose [3, p94]. Ces
questions
peuvent
être
« comment
êtes-vous
arrivé ? »
ou
encore
« Qui
vous
accompagne ? », « Quels sont vos loisirs ? ». La formulation des questions est essentielle,
elle va influencer directement le patient. Toute personne peut comprendre la différence entre
11
« Savez vous comment sera votre respiration ? » et « Comment sera votre respiration ? ».
Dans la seconde le patient va rester en transe positive spontanée et va chercher à imaginer
effectivement comment elle sera, facilitant alors son induction par la suite.
Ensuite le choix du thème entre en jeu. Toutes les informations recueillies de
manière précise (couleur, lieu, type époque, moment journalier) vont permettre aux deux
protagonistes de se mettre d'accord sur un souvenir ou une expérience positive et
importante pour le patient. Les thèmes peuvent être multiples mais dépendent aussi de l'état
psychologique du thérapeute (impossible en cas de phobie, au niveau émotionnel avec le
décès d'un proche, de vertige par exemple. En cas de conflit de valeur comme un patient se
rappelant un steak mangé dans un grand restaurant avec un thérapeute végétarien). Ce
thème est cadré par un champ lexical positif, bannissant les termes dangereux et la négation
puisque l’inconscient ne le comprend tout simplement pas. Si le patient entend « n’avez-vous
pas mal », il retiendra seulement « mal » et cela l’orientera sur de l’inconfort. Ce thème guide
le patient vers une sécurité renforcée et facilite encore une fois la mise en place de l'hypnose
[2, p99-101].
Le « signaling », 3ème étape, va instaurer un moyen de communication entre le
patient et le thérapeute. A l'aide d'un mouvement de doigt, de paupière, de tête, le patient va
dire au thérapeute s’il est confortable ou non. Le plus grand problème est la réactivation de
la conscience critique du patient avec une possible sortie de son état. Le plus important sera
d'établir une communication la plus facile possible entre les deux [2, p103].
La phase d'induction entre alors en jeu :
Elle commence par l'installation du patient. En effet, l'échappement psychique sera
plus réalisable si l'individu est confortablement installé. On peut toujours s'en rendre compte
avec de simples questions.
Une orientation est ensuite mise en place dite spatio-temporelle ou encore « ici et
maintenant ». Ces repères donnés au patient vont permettre à sa conscience critique
d'identifier les lieux de manière plus ou moins précise et donc de le placer dans un sentiment
de sécurité. Cette conscience peut être comparée à un vigile qui va rester réactif et attentif
face à tout problème apparaissant pendant que l'imaginaire du patient se laisse guider. On
peut citer à titre d'exemple la phrase « Plus votre esprit aura de repères avec cette pièce,
avec l'extérieur, plus il sera facile d'aller dans votre monde intérieur. »[2, p105]. C'est dans
cette phase que nous utilisons le VAKOG, méthode respectant cet ordre. Plus la description
se fera, plus la voix du thérapeute deviendra basse, régulière, monotone, et donc hypnotique.
Le confort et la sécurité s'installeront alors progressivement
La prochaine étape concerne la respiration et la fermeture des yeux. Le thérapeute,
grâce au « mirroring », amène le patient à une respiration profonde et lente, en initiant par sa
propre respiration ce qu'il désire provoquer chez le patient. Plusieurs respirations profondes
seront proposées, le patient s'orientera alors sur lui-même plutôt que sur les bruits alentours.
12
Le thérapeute peut même proposer subtilement ces respirations afin d'orienter, de guider le
patient. La fermeture des yeux suivra, une proposition est toujours possible comme : « plus
votre respiration sera profonde, sera lente, sera douce.., plus vos paupières seront lourdes.
Plus vous aurez une respiration profonde, plus vous vous rendrez compte que vos paupières
s'abaissent, tranquillement, en toute sécurité, et vous vous sentirez confortable ». La
dissociation permet également d'approfondir l'état d'hypnose.
La phase d'accompagnement correspond au sommet de la pyramide. C'est le
moment du voyage, du souvenir où on va amener le patient sur une plage de Guadeloupe ou
en promenade dans les Alpes. Le temps ne sera plus qu'une notion subjective tant pour le
patient que pour le thérapeute. Si un problème survient, le « signaling » permettra au
thérapeute de le repérer et pourra demander « Est-ce que tout va bien ? », « Etes-vous
assez confortable ? ». Autre élément, le flou aide le patient à orienter son imaginaire et le
thérapeute peut transformer l'odeur du bistouri électrique en action en une viande qui grille
sur un barbecue sous un soleil rassurant.
Nous partons maintenant sur le chemin du retour qui passe par les suggestions
post-hypnotiques. Elles permettent au patient de partir doucement de son état de
« transe ». Le thérapeute invoquera chez le patient la possibilité de garder ses sensations
agréables lors de son réveil et qu'il pourra y faire référence à tout moment désagréable. Dès
que le patient sent que ce souvenir est conservé dans sa mémoire, une profonde respiration
lui sera proposée pour revenir à sa conscience critique [2, p120].
La respiration, puis l'ouverture des yeux et l'orientation « ici et maintenant » se
fera dans cet ordre toujours en utilisant les techniques vues précédemment. L'énonciation du
jour, de l'heure, et l'utilisation du VAGOK en respectant les repères donnés initialement vont
favoriser le retour du patient en toute sécurité. Si ce n'est pas le cas, un repère peut avoir été
oublié ou alors le patient cherche encore un élément dans son souvenir avant de
« réapparaître ».
Enfin, les mouvements volontaires confortables et l'évaluation de la voix,
conscience, respiration, etc.., vont aider le thérapeute à finaliser le bon retour du patient en
conscience critique.
Pour finir, la séquence est clôturée. Un « au revoir » et une poignée de main sont
une bonne façon de terminer ce soin.
13
III) ANALYSE D’ENTRETIEN:
Les professionnels interrogés sont des IADEs. L’IADE1 a réalisé un stage lors de ses
études d’infirmier anesthésiste où il a effectué son mémoire de fin d’étude sur le thème de
l’hypnose. Il fait de la communication thérapeutique depuis un an après une formation de
trois jours. Il n’a pas encore reçu la formation d’hypnose au bloc opératoire. L’autre
professionnel appelé ici IADE2 interrogé exerce depuis 15 ans en tant que IADE. Elle fut
formée à l’hypnose en 2014 (la formation dure une année), et pratique depuis 1 an et demi.
Suite à la rencontre de ces professionnels, nous sommes en mesure d’identifier des
similitudes mais également quelques divergences.
Concernant les similarités, ces deux professionnels sont d’accord sur le fait que
l’hypnose thérapeutique n’est pas l’hypnose « spectacle », qu’il s’agit d’un « état de
conscience modifié ». L’hypnosédation est ensuite définit comme l’association de l’hypnose
avec des produits morphiniques. L’IADE1 précise d’ailleurs « c’est une induction
anesthésique avec un maintien d’une transe hypnotique qui va amener une hypnose plus
naturelle. ». De plus, ils citent la communication thérapeutique comme étant la base de
l’hypnose et que la relation soignant-soigné s’en trouve améliorée. Ils s’accordent à dire que
la formation de référence est EMERGENCE. La technique du VAKOG est d’après l’IADE2
« la base » et pour compléter la réponse, l’IADE1 énonce « que c’est une façon d’identifier
les gens par rapport à leurs sens ». Ceci facilite l’entrée en transe hypnotique. Cette
technique installe le patient dans un cadre spatio-temporel permettant de revenir, selon
l’IADE2, dans « l’ici et maintenant ». Au bloc opératoire, les deux intervenants se rejoignent
sur l’importance de la motivation des différents protagonistes « le trio patient chirurgien et
IADE » mais aussi IBODE selon l’IADE1. Le confort et la sécurité sont des éléments
primordiaux et ils s’accordent à dire que le patient est maître de son parcours dans l’hypnose.
L’IADE1 précise la nécessité de bannir la négation. Dans le même temps, l’IADE2 explique
qu’un froncement de sourcil ne doit pas toujours être interprété comme de la douleur. C’est
dans ce but que tout deux nous évoquent le « signaling » permettant au patient d’échanger
avec le thérapeute lors de l’opération. Par rapport aux bénéfices pour le patient, la
satisfaction et la réduction du temps en SSPI sont soulignés ainsi que l’utilisation de « moins
de médicaments ».
Au niveau du soignant, tout les deux trouvent des bénéfices personnels dans
l’utilisation de cette pratique. Les limites restent « limitées par les interventions » ou plus
précisément la complexité de l’intervention d’après l’IADE2 pendant que l’IADE1 précise les
limites en le « manque d’expérience de l’hypnothérapeute ».
En pratique les patients peuvent demander l’hypnose mais bien souvent ce sont les
médecins anesthésistes qui la proposent à des personnes âgées présentant de nombreux
14
antécédents. Par cela on peut en déduire, que dans ce cas, l’hypnose est une alternative
envisageable à l’anesthésie générale.
Concernant les divergences, nous pouvons mettre en avant que les deux
professionnels ont un avis différent sur l’avenir de l’hypnose. En effet, pour l’IADE2 l’avenir
de l’hypnose « dépend du chirurgien ». Alors que l’IADE1 met en avant que la pratique de
l’hypnose dépend de la « volonté du patient ». Tous ne souhaitent pas bénéficier d’une
intervention sous hypnose. On observe peu de divergence dans les deux discours. Nous
constatons qu’ils sont complémentaires. Cependant l’IADE1 apporte plus de précision et
complète le discours de l’IADE2.
Nous constatons, dans le discours de cette dernière, certaines hésitations quant aux
questions posées, parfois même une certaine retenue.
Dans ces hésitations, nous ressentons un besoin de recherche afin de trouver les
bons mots pour se faire bien comprendre : « je ne sais pas si je me suis bien fait
comprendre. » Les silences pendant les entretiens vont dans ce sens.
Pour tous deux, il s’agissait de leurs premier entretien. Dans l’échange avec l’IADE2,
nous avons constaté un certain malaise dans la communication. Nous pouvons l’expliquer
par le fait qu’elle avait deux étudiants face à elle, ainsi que par son envie de réaliser
correctement son premier entretien.
Pour l’IADE1, malgré les hésitations, nous ressentons une certaine aisance et une
envie de transmettre son expérience, son savoir.
Enfin, nous pouvons faire un point de comparaison entre la théorie vu précédemment
et les entretiens des deux infirmiers spécialisés. Tout d’abord, nous constatons que l’élément
VAKOG exprimé par les deux professionnels est mis en avant par nos recherches sur le
mode de réalisation de l’hypnose. Ceci semble être alors une connaissance essentielle
transmise lors de l’apprentissage de l’hypnose. Les professionnels ayant écrit sur le sujet
ainsi que les deux intervenants ciblent l’hypnose comme étant un outil permettant
d’améliorer la communication et la relation avec les patients. Il est cependant important que
les équipes adhèrent à cet outil qui impose une nouvelle organisation au sein du bloc
opératoire tout en soignant l’accueil du patient. La plupart des soignants qui y ont recours
s’accordent sur le fait qu’il s’agit d’un réel gain dans leurs pratiques. Ensuite, d’autres
techniques sont aussi évoquées telles que le « signaling », le « pacing » (le thérapeute se
synchronise en accompagnant le patient d’un point de vu physiologique et psychologique
pendant plusieurs minutes) que nous avons également retrouvés dans les ouvrages. Cela
confirme une nouvelle fois la bonne transmission des savoirs et la rigueur de l’enseignement.
Pour terminer, la majorité des bénéfices mais également des contre-indications et des limites
exprimés dans les études publiées nous ont été rappelés par les deux professionnels grâce
à leur expérience. D’ailleurs, l’étude menée par l’IADE1 lors de sa formation de
spécialisation valide ces écrits: «j'ai remarqué sur l'enquête que j'ai mené ça permettait une
15
sortie de salle de réveil plus rapide, un quart d'heure une demi heure à peu près contre 1h à
1h30 pour l'AG des fois. ». Cependant, les seuls éléments pouvant diverger semblent être la
façon de proposer l’hypnose au patient. Tout comme les techniques utilisées qui diffèrent
d’un professionnel à un autre mais aussi en fonction du terrain du patient.
Au vu de ces entretiens et de nos recherches, nous pouvons nous demander si
l’hypnose est réellement un complément ou une alternative à l’anesthésie contemporaine ?
IV) BENEFICES-CONTRAINTES-LIMITES ET RISQUES
A- Bénéfices :
1) Au vu de l’équipe soignante :
Peu d’études explicites les bénéfices de l’hypnose sur les soignants, cependant une
étude Suisse a été menée au Centre des brûlés du Centre hospitalier universitaire vaudois.
Cette enquête montre une diminution du stress [annexes 3] des soignants et par conséquent
diminution du risque de burn-out. Ce phénomène est surtout observable sur les soignants
exerçant dans des services difficiles (soins intensifs). Cela s’explique par le fait que les
soignants se sentent plus efficace dans l’accompagnement du patient et par conséquent se
sentent plus utiles. [21]
Nous observons également que la plupart des professionnels mettent en avant la
relation privilégiée qui se crée avec le patient. Celui-ci partage avec l’hypnothérapeute un
souvenir qui lui appartient et lui fait confiance pour l’aider à revivre ce moment fort, pour cela
une réelle relation de confiance est nécessaire. [14]
Lors de l’hypnose, les conditions de travail changent, afin d’aider le patient à entrer
en transe et à conserver cet état, il faut que les soins soient réalisés dans une ambiance plus
calme et plus détendue que d’ordinaire [21].On remarque, en effet, que toute l’équipe
partage la pratique de l’hypnose, ainsi chaque soignant respecte ce moment. [22]
Contrairement aux représentations, la pratique de l’hypnose ne nécessite pas plus de
temps, la plupart des hypnothérapeutes ont même l’impression de perdre la notion du temps
[22]. Pour finir, plus un hypnothérapeute s’exerce à l’hypnose et plus il est à l’aise et donc
plus imaginatif [2, p100].
2) Au vu du patient :
La pratique de l’hypnose rend le patient acteur et donc le valorise dans sa prise en
charge, pendant l’intervention. Il garde le contrôle, il ne dort pas, il est physiquement
présent seul sa conscience est projetée vers un souvenir agréable. [14]
La pratique de l’hypnose permet une intervention plus douce et plus respectueuse du
patient, celui-ci n’étant pas endormi il peut à tout moment signaler son inconfort grâce à un
signal. A ce signal, le chirurgien s’arrête pour que la transe reprenne le dessus. [14]
16
Pendant l’intervention sous hypnose, les soignants remarquent une diminution de la
variation de la tension artérielle mais aussi de la fréquence cardiaque. De plus, l’un des
bénéfices non négligeable est que les voies aériennes supérieures restent libres. [8, p 81]
Après l’intervention, les patients relatent une perte de la notion de temps. Pour une
intervention ayant duré une heure, le patient a l’impression que celle-ci n’a duré que 30
minutes environ. De plus, comme vu précédemment, l’hypnose pratiquée pour une
intervention chirurgicale entraine un réveil plus doux, ils ont l’esprit très clair, cette pratique
améliore le vécu de l’opération et permet une meilleure récupération, en effet les patients se
sentent moins fatigués et la reprise de la vie courante est plus rapide. [14]
La pratique de l’hypnose permet d’apporter au patient plus de confort en post
opératoire. En effet la douleur ressentie est égale à celle des patients ayant eu une
anesthésie générale, cependant les doses de morphiniques sont moindres pour les
personnes ayant eu une hypnose.[8, p81]
La preuve des bénéfices de l’hypnose est que les patients recommenceraient
l’expérience à l’avenir. Pour la plupart ils ont eu recours à l’hypnose afin d’éviter l’anesthésie
générale.[8, p61] Enfin, l’hypnose favorise les soins ambulatoires, elle permet de modifier la
vision que les patients ont de l’hôpital, des soignants mais aussi de leur maladie.
De nombreuses études vont d’ailleurs dans ce sens. L’une d’elles, menée sur la
réduction des douleurs ostéoarticulaires par Marie-Claire Gay (psychologue), Pierre Philippot
(psychothérapeute) et Olivier Luminet (professeur de psychologie et maître de recherches au
Fonds belge de la recherche scientifique FRS-FNRS), se base sur trois groupes présentant
des douleurs chroniques. Cette étude compare le traitement par hypnose et par relaxation.
Les résultats obtenus montrent une diminution de la douleur ressentie de plus de 50% en
quatre semaines (contre 30% en huit semaines pour la relaxation) avec une diminution des
doses médicamenteuses [28].
Une autre étude apporte des résultats extrêmement intéressants. En effet, lors de la
séance d’hypnose, il s’avère que 100% des patients ont eu une expérience agréable. Pour
50% d’entre eux cette expérience a été profondément agréable et pour l’autre moitié elle a
été relativement agréable. Sur la douleur, c’est 92% des patients qui ont côté leur douleur
entre 0 et 3 (à savoir que cette évaluation se base sur le patient t ne prend pas en
considération le protocole anesthésique). Ces études tendent en définitive vers des
bénéfices indéniables pour le patient [29].
17
B- Les limites et les risques :
1) Au vu de l’équipe soignante :
Comme pour toute pratique, l’hypnose comporte des limites et des risques. Tout
d’abord, pour pratiquer cette discipline au bloc opératoire il est nécessaire de préparer ce
dernier différemment. L’hypnothérapeute peut mettre en place une pancarte où il est inscrit
« hypnose », afin d’avertir les personnes extérieures de ne pas les déranger. De plus, les
téléphones et les bippeurs sont éteints, les alarmes sont réduites au maximum afin de ne
pas perturber la transe [14].
Une des autres limites à mettre en avant est le manque d’expérience de la part de
l’hypnothérapeute. Cette pratique demande d’énormes efforts de concentration de sa part.
Son discours doit être fluide et les idées doivent lui venir assez facilement pour que la transe
s’installe progressivement en toute sécurité [14].
L’hypnose est un travail d’équipe. Donc pour pratiquer une intervention sous hypnose
il est nécessaire que le chirurgien soit d’accord (ce n’est pas toujours le cas), en effet pour le
chirurgien l’hypnose va lui demander plus de concentration pour que ses gestes soient plus
doux. De plus, il devra accepter d’être ''guidé'' par l’hypnothérapeute [14].
Comme vu précédemment, la principale motivation de cette pratique est d’éviter
l’anesthésie générale. Cependant il est nécessaire parfois de convertir cette hypnose vers
une anesthésie générale lorsque la situation la nécessite [8, p 82].
2) Au vu des patients :
Du côté des patients, la première limite est le manque d’information concernant
l’hypnosédation [8, p60]. Celle-ci entraine une réticence de la part des patients pour adopter
cette pratique. La plupart des patients ont une représentation de l’hypnose qui se rapproche
plus du folklore et donc craignent d’être ''contrôlés'' par l’hypnothérapeute et que celui-ci leur
fassent faire des choses contre leurs volontés.
La pratique nécessite alors une adhésion et une collaboration de la part du patient. Si
celui-ci est réticent, l’hypnose et surtout l’état de transe ne sera pas réalisable [7]. Le patient
a le droit de douter du résultat mais s’il est réfractaire, l’hypnothérapeute ne pourra pas le
transporter dans le souvenir que le patient aura choisi.
L’un des risques à mettre aussi en avant est la perte du lien de confiance entre
l’hypnothérapeute et le patient. L’hypnose nécessite d’entrer en relation avec le patient.
Cette relation doit être basée sur la confiance. L’autre est de perdre l’état de transe. Cet état
n’est pas linéaire, il varie sans arrêt et c’est grâce au « signaling » que le patient peut avertir
l’hypnothérapeute.
18
C -Les contre-indications :
1) Au vu des soignants :
Dans
l’hypnose
c’est
le patient qui décide
où il
veut
aller,
cependant
l’hypnothérapeute peut refuser le thème si celui-ci est trop compliqué. Certaines
interventions ne peuvent pas être réalisées sous hypnose comme par exemple une chirurgie
abdominale importante, une chirurgie thoracique ou encore une prothèse totale de hanche,
car ce sont des opérations lourdes et longues [14]. De plus, les chirurgies qui présentent un
risque de décompensation brutale ne sont pas proposées sous hypnose [7].
2) Au vu des patients :
Les contre-indications pour les patients sont nombreuses. Evidemment le refus du
patient constitue le premier facteur. Il y a aussi le niveau de suggestibilité du sujet, ou
encore la collaboration du patient [7].
La communication est au centre de l’hypnose, sans celle-ci rien n’est possible. Donc
il est nécessaire que le patient et l’hypnothérapeute se comprennent. C’est pour cela que la
langue parlée doit être la même et le patient ne doit pas non plus présenter de problèmes
auditifs.
Ensuite, l’hypnose est peu utilisée sur les enfants. Lorsqu'on y a quand même
recours, l’hypnothérapeute pratique l’hypnose avant l’intervention [14]. Les enfants sont très
faciles à hypnotiser puisque le monde imaginaire est très présent en eux, mais ils sortent
également très facilement de ce monde et donc de cette transe, ce qui représente un risque
[7, p229]. Néanmoins, à mesure que les connaissances s’acquièrent, que la maîtrise de
l’hypnose s’améliore et que les études se multiplient, la pratique de l’hypnoanalgésie en
chirurgie pédiatrique se développe.
Enfin, l’hypnose ne peut pas être pratiquée sur les personnes atteintes de
schizophrénie. Les personnes psychotiques entrent très difficilement en relation avec le
monde extérieur. Etablir une relation de confiance est très compliqué pour l’hypnothérapeute
[1, p 81], et les dissociations réalisées sous hypnose peuvent aggraver les troubles.
D- L’hypnose dans la société :
L’hypnose, à l’heure actuelle, possède encore une image peu positive. De
nombreuses personnes ont conservé l’image de l’hypnose « folklore », et ne dissocient pas
l’hypnose thérapeutique de l’hypnose dite spectacle. Comme vu précédemment, l’hypnose
permet d’utiliser moins de thérapeutique, ce qui entraine une diminution du coût des soins,
ce qui est recherché dans l’évolution de la société actuelle [1, p86]. Actuellement, l’hôpital
vise à prioriser les soins ambulatoires ce qui s’avère plus aisé grâce à la pratique.
19
La place de l’hypnose devient plus importante dans le domaine des soins. En effet de
nombreux professionnels souhaitent se former. On dénombre actuellement, par l’institut
Emergences, 2772 professionnels formés dont 801 infirmiers diplômés d’état. [23]
Enfin, hors du cadre thérapeutique, une nouvelle pratique se développe depuis peu
dans toute la France : l’hypnose de rue. Grâce à internet ou à des cours de quelques jours
l’hypnose peut être apprise par tous. Les personnes formées ainsi proposent ensuite
d’hypnotiser des personnes dans la rue. Cela pose problème puisque de nombreux sévices
ont été constatés (violes, vols, mise en danger de la vie d’autrui …) grâce à la suggestion
[24].
CONCLUSION
20
VI) CONCLUSION
Notre travail nous a permit de nous rendre compte de l’engouement croissant dont
fait preuve l’hypnose depuis de nombreuses années. Au niveau du soin et plus
particulièrement de la chirurgie, nos recherches et nos entretiens nous ont appris que
l’hypnose au bloc opératoire assurait un accompagnement personnalisé du patient ainsi
qu’une diminution des doses anesthésiques. Bien que dans chaque profession de santé,
l’accompagnement du patient soit une compétence essentielle et intrinsèque à sa pratique,
l’hypnose offre une approche particulière et intime avec le patient. La relation de confiance
est indispensable pour une prise en charge optimale sous hypnose où l’infirmier y trouve
alors toute sa place. En quoi l’hypnose est-elle alors un complément de l’anesthésie
contemporaine dans la prise en charge pré-, per-, et post-opératoire?
On a pu identifier les méthodes utilisées pour accompagner le patient dans le bloc
opératoire. Il est important que l’équipe soignante adhère à ce nouvel outil, qu’elle y soit
formée, qu’aucune contre-indication ne soit relevée vis-à-vis du patient et que celui-ci en
fasse bien sûr la demande. N’étant qu’à ses débuts tant du point de vue pratique que
legislatif, l’hypnose vise une expérience et un accompagnement spécifique de qualité. Elle
trouve alors toute sa place dans le rôle propre infirmier et se fixe pour le moment comme un
complément à l’anesthésie contemporaine. Ceci à condition que l’enseignement soit précis
et continu.
La sécurité et le confort sont des facteurs déterminants permettant au patient de bien
vivre cette expérience et pour que l’hypnose se déroule selon les règles. Un passage vers
une AG est toujours possible ce qui constitue une seconde sécurité pour le patient en cas de
besoin. Les professionnels avec qui nous nous sommes entretenus nous ont expliqué
l’importance de la pratique et de l’expérience. La connaissance de soi, qui nous a aussi été
confiée par ces derniers, est essentielle pour une hypnose efficace.
Le plan de lutte contre la douleur 2006-2010, comporte un volet concernant l'hypnose
et les techniques alternatives, ce qui traduit un début de reconnaissance. De plus, de
nombreux DU voient le jour montrant une volonté de la part des soignants d’acquérir un
nouvel outil reconnu professionnellement. Mais cette évolution constante et rapide de
l’hypnose dans le soin ne risque-t-elle pas d’entraîner des dérives telles que son
expérimentation sur de nouvelles opérations ou de nouveaux soins?
21
VII) BIBLIOGRAPHIE-SITOGRAPHIE
Bibliographie :
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4. Sciences humaines. L’imaginaire du voyage. N° 240S. Juillet- Aout 2012, 78p.
5. La Revue Du Praticien. Médecine des voyages. Tome 65 N°4. Avril 2015. 143p.
6. Michel LE VAN QUYEN, Préface de Thierry JANSSEN, Les pouvoirs de l’esprit,
Transformer son cerveau
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22
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Cèdres. (en ligne) http://www.cliniquedescedres.com/actualites/nouveautes/items/13-toutesles-actualites/216-consultations-et-interventions-sous-hypnose-a-la-clinique-des-cedres.html
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18/04/2016)
23
25. INSERM. GUEGUEN Juliette, BARRY Caroline. Evaluation de l'efficacité de la pratique
de l'hypnose (en ligne). Disponible sur: http://www.inserm.fr/mediatheque/infr-grandpublic/fichiers/thematiques/sante-publique/rapports-publies/hypnose_rapport-evaluation-juin2015 (Consulté le 18/04/2016)
26. France 2 – Envoyé spécial, Hypnose de rue (en ligne). Disponible sur :
http://www.france2.fr/(Consulté le 22/04/2016)
27.
IFH.
Charte
éthique
de
l’IFH
(en
ligne).
Disponible
sur :
http://www.hypnose.fr/ifh/charte_ethique/ (Consulté le 02/05/2016)
28. Sciences Humaines. L’hypnose, le thérapeute et la science (en ligne). Disponible sur :
http://www.scienceshumaines.com/l-hypnose-le-therapeute-et-la-science_fr_14723.html#3/
(Consulté le 09/05/2016)
29. Auto Hypnotic Progress. Préparation par hypnose en vue d’une intervention lourde et/ou
invalidant (en ligne). Disponible sur : http://www.autohypnoticprogress.com/preparation-parhypnose/
(Consulté
le
09/05/2016)
24
VIII) ANNEXES
Annexe 1 : photo d'une ablation de sein sous hypnose. 1829
Annexe 2 : Exemple d’échelle de suggestibilité n°1
Annexe 3 : Exemple d’échelle de suggestibilité n°2
Annexe 4 : Image comparative entre les zones cérébrales activées normalement lors d'un
stimulus douloureux et les zones activées sous hypnose pour le même stimulus.
Annexe 5 : Tableau comparatif du niveau de stress ressenti face à différentes situations,
avec et sans hypnose.
Annexe 6 : Pourcentage des professions formées à l'Institut Français d'Hypnose.
Annexe 7 : Charte éthique de l’IFH
Annexe 8 : Trame d'entretien : bloc opératoire
25
Annexe 1 [17]
Ablation de sein sous hypnose. 1829
26
Annexe 2
Exemple d’échelle de suggestibilité n°1
27
Annexe 3
Actions
Stimulations motrices Lévitations du bras,
mouvement du corps...
Réactions
Concentration du bras, catalepsie
des paupières (bloquées en
position ouvertes)
Stimulations
Hallucinations visuelles,
Hallucinations négatives (cécité,
Mentales
auditives, olfactives...
surdité...)
Exemple d’échelle de suggestibilité n°2
28
Annexe 4 [15]
Zones cérebrales activent à la stimulation douloureuse avec et sans hypnose
29
Annexe 5
Ressenti soignant face à différentes situations avec et sans hypnose.
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Annexe 6
Diagramme cylindrique sur les différentes professions formées à l’hypnose au sein de l’IFH.
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Annexe 7 [25]
Charte éthique de l’Institut Français d’Hypnose:
L’Institut Français d’Hypnose propose des formations à la pratique thérapeutique de
l’hypnose. Il est demandé aux étudiants formés par notre institut de souscrire à la charte
éthique présentée ci-dessous :
Article 1.- L’intérêt et le bien-être du patient ou du sujet expérimental doivent toujours
constituer un objectif prioritaire.
1.1.- L’hypnopraticien respectera les standards de relation patient-thérapeute
qui correspondent au champ dans lequel la pratique de l’hypnose est impliquée.
1.2.- Des conditions de sécurité adéquates et l’accord informé du patient ou
du sujet seront requis pour toute situation exposant le patient à un stress inhabituel
ou à tout autre risque.
Article 2.-L’hypnose est considérée comme un complément à d’autres formes de
pratiques scientifiques ou cliniques. Il en résulte que la connaissance des techniques
d’hypnose ne saurait constituer une base suffisante pour l’activité thérapeutique ou pour
l’activité de recherche. L’hypnopraticien doit donc avoir les diplômes requis lui permettant
d’exercer dans le champ où s’exerce son activité hypnotique.
Article 3.- L’hypnopraticien limitera son usage clinique et scientifique de l’hypnose
aux aires de compétences que lui reconnaît le règlement de sa profession.
Article 4.- L’hypnose ne sera pas utilisée comme une forme de distraction. Tout
particulièrement, toute participation à des spectacles publiques, ludiques, sera proscrite.
Article 5.- L’hypnopraticien ne facilitera ni ne soutiendra la pratique de l’hypnose par
des personnes non qualifiées (cf. ci dessus point 2):
5.1.- L’hypnopraticien ne donnera en aucun cas des enseignements
impliquant l’apprentissage des techniques hypnotiques à des personnes ne disposant pas
d’une qualification adéquate. Des exceptions seront faites à ce principe pour les étudiants en
fin de qualification dans les champs professionnels où doit s’inscrire leur pratique de
l’hypnose: Médecins, Dentistes, Psychologues, Infirmiers. Dans tous ces cas, le passage à
la pratique de l’hypnose reste conditionné à l’obtention de la qualification complète dans le
champ professionnel considéré. Pour les professions paramédicales, la mise en place d’une
structure de travail supervisée, selon le champ d’application, par un hypnopraticien médecin,
psychiatre, psychologue ou chirurgien dentiste, est recommandée.
5.2.- La communication d’informations relatives à l’hypnose auprès des
différents médias est encouragée dans la mesure où elle s’appuie sur des connaissances
précises et permet de minimiser les distorsions et les représentations erronées relatives à
l’hypnose. Réciproquement, il est demandé aux hypnopraticiens formés par l’I.F.H. d’éviter
toute action (communications, publications, etc.) tendant à compromettre l’aspect scientifique
et la dimension éthique de la pratique hypnotique en donnant de celle ci une représentation
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tendancieuse (amalgame avec la magie et les para-sciences) et simpliste et incitant par làmême, à une pratique non qualifiée.
33
Annexe 8
TRAME D'ENTRETIEN: bloc opératoire
I: Définition de l'hypnose
♦Pour commencer nous souhaiterions savoir quelle définition vous donneriez à l'hypnose
thérapeutique?
♦Avez-vous déjà vécu l'hypnose? Si oui, qu'avez vous ressenti?
II: La formation
♦Qu'est ce qui vous a amené à pratiquer cet acte alors que l'on en est encore qu'au début de
sa maitrise?
♦Où avez-vous fait votre formation? Depuis quand êtes vous formé? Avez-vous eu des
craintes ou des retenues vis-à-vis de cette pratique?
♦Quel genre d'hypnose utilisez-vous lors de la prise en charge des patients?
III: Les conditions requises
♦Existe-t-il une certaine sensibilité à l'hypnose?
♦Comment arrivez-vous à amener le patient dans l'état que vous souhaitez? Voyez-vous le
patient en rendez-vous avant l'opération pour évaluer sa capacité à être dans un état
hypnotique et est-ce nécessaire de le voir avant?
♦Voyez vous le patient avant l'acte chirurgical? Si oui, dans quel but?
♦Comment mettez vous en place l'hypnose au bloc?
♦Quels mécanismes mettez vous en place lors de l'hypnose?
♦Y a-t-il des règles ou des principes à respecter? Des contre-indications? Des précautions
ou des limites
♦Concernant la douleur, comment arrivez-vous à la gérer? Comment arrivez-vous à l'inhiber
en cas d'apparition de signes de douleur?
♦Quelles sont les éléments nécessaires au niveau personnel soignant pour le bon
déroulement de cette technique?
IV: Analyse de pratique
♦Quels bénéfices identifiez-vous au niveau soignant mais aussi au niveau du patient?
♦Avez-vous déjà eu des retours de patients? Si oui, pouvez-vous développer?
♦Pensez-vous que dans un futur proche, l'hypnose pourrais être étendue à des opérations
plus lourdes?
♦Comment analysez-vous alors la prise en charge globale du patient avec cette pratique?
Est-elle, selon vous, simplifiée ou au contraire complexifiée? Pourquoi?
IX) ABSTRACT :
Titre : Hypnose et Chirurgie
L'hypnose a connu dès le XXème siècle un regain d'intérêt de la part de la population scientifique.
Les professionnels du spectacle ont appris à la maitriser dans leurs représentations pour le plus grand
plaisir des spectateurs. Mais cette pratique commence à trouver une réelle crédibilité ainsi qu'un réel intérêt
thérapeutique dans le milieu de la santé et plus particulièrement de la chirurgie.
Le but de cette recherche est de vérifier en quoi l'hypnose dans la prise en charge globale d'un
patient opéré complète l'anesthésie actuelle.
En premier lieu, des recherches théoriques à l'aide d'articles et de livres sur le sujet ont été
réalisées par nos soins. Ainsi nous avons pu développer sur l'histoire et les concepts, la prise en charge
pré- per- et post-opératoire, et tout ce qui concerne les bénéfices, les limites, les risques et les contreindications.
Ensuite, nous avons réalisé deux entretiens. L'un avec un IADE pratiquant de la communication
thérapeutique et l'autre avec une infirmière anesthésiste utilisant l'hypnose au bloc opératoire.
Face aux résultats théoriques obtenus et à l'aide des entretiens réalisés, il est possible de conclure
que le principal intérêt est la diminution significative des doses anesthésiques administrées en gardant un
niveau de douleur le plus bas possible mais également une rapidité dans la sortie de SSPI. Le point
important reste toutefois une communication et une confiance essentielle pour une prise en charge de
qualité avec l'hypnose.
Mots clés : rôle propre infirmier, douleur, anxiété, hypnose, hypnosédation, anesthésie, relation de
confiance
Title: Hypnosis and Surgery
Hypnosis has regained interest in the scientific community from the XXth century. The show
business has come to master this practice to be performed for the pleasure of the crowd (spectators). But
this practice starts to be given real credibility as well as a genuine therapeutic interest for health institutions
and particularly in the field of surgery.
The purpose of this research is to verify to which extent, in the global care of an operated patient,
does hypnosis completes the current process of anesthesia. After carefully reading through the theoretical
literature on this topic we have been able to develop our understanding of its concepts and history, the pre
and post-operative care, as well as all its benefits and limits such as risks and counter-indications.
Then, we realized two interviews. The one with an IADE practising some therapeutic communication
and the other one with a nurse anaesthetist the hypnosis in the operating block.
Thanks to these interviews it is possible to conclude that the main interest is the significant decrease
of the anesthetic adminiters doses by guarding a level of pain as low as possible but also a speed in the
release of SSPI. The second benefit is the decrease of the unwanted effects connected to drugs and a
personal satisfaction both for the patient and the nursing staff. The main point remains communication and
trust for a good quality care regarding the hypnosis.
Keys words : nursing role, pain, anxiety, hypnosis, hypnosedation, anaesthesia, trust relationship.
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