Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous Par Benoît Delabre , n o s in k r a P e d ie d la a m la Sur la recherche avance… Tout en continuant leurs recherches pour soigner les symptômes de la maladie de Parkinson, les scientifiques explorent différentes pistes pour ralentir, voire bloquer la dégénérescence neuronale. a maladie de Parkinson est devenue un véritable enjeu de société. Deuxième cause d’invalidité en France, après les accidents vasculaires cérébraux, cette maladie dégénérative du cerveau touche environ 120 000 personnes en France. Et probablement beaucoup plus demain… L’allongement progressif de la durée de vie risque en effet de voir doubler le nombre de malades en Europe occidentale d’ici à 2030. Un constat inquiétant mais face auquel la science n’est plus totalement impuissante. En effet, la recherche a fait des progrès considérables dans le décryptage du fonctionnement du cerveau et des lésions occasionnant la maladie de Parkinson. La maladie de Parkinson est caractérisée par la mort de neurones situés dans une petite partie L RACINES du cerveau : la substance noire ou substantia nigra. Dans cette région du cerveau, qui ne mesure que quelques millimètres cubes, sont concentrées 500 000 cellules au rôle fondamental : les neurones dopaminergiques. Peu nombreux si l’on considère les quatre milliards de neurones que compte le cerveau, ils produisent la dopamine, un neurotransmetteur, qui régule notamment la motricité et les émotions, et qui pilote le cerveau pour lui permettre d’effectuer plusieurs tâches simultanément. La L-dopa, traitement de base La destruction de ces neurones dopaminergiques va de fait réduire 26 novembre 2009 la production de dopamine. Ce qui va peu à peu faire apparaître les symptômes. “À la différence de la maladie d’Alzheimer, le cerveau du parkinsonien fonctionne très bien, explique Yves Agid, chef du service neurologie à l’hôpital de la PitiéSalpêtrière. Mais c’est en quelque sorte sa mise en route qui est affectée.” On estime que ces symptômes, dont le principal est l’akinésie (lenteur générale des mouvements) s’expriment et sont détectables lorsqu’il ne reste que 10 000 de ces neurones dopaminergiques. Dès lors que les chercheurs ont découvert que les symptômes de la maladie étaient dus à ce déficit en dopamine, ils ont bien évidemment envisagé le traitement en conséquence : administrer de la dopamine au patient. Ou plus La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine Magazine Racines, le temps de vivre près de chez vous exactement de la L-dopa, qui est depuis les années 1970, le traitement de référence de la maladie de Parkinson. Il s’agit d’une molécule “précurseuse”, c'est-à-dire que sous l’action d’une enzyme (la dopa-décarboxylase), elle est transformée en dopamine. “La dopa-décarboxylase est présente naturellement en grande quantité dans l’organisme, explique le professeur Jean Costentin, directeur de l’unité de neurobiologie clinique au CHU de Rouen. En donnant de la L-dopa au patient, on peut donc reconstituer le niveau de dopamine normal.” Ralentir la dégénérescence Voilà la théorie. Seul hic, la L-dopa se dégrade très vite dans l’organisme. Il a donc fallu trouver des substances pour éviter qu’elle ne soit attaquée par les enzymes avant son arrivée dans le cerveau. En outre, il faut impérativement stabiliser la libération de dopamine dans le temps. C’est pourquoi il a fallu ajouter au traitement des médiateurs à libération lente. Bref, la recherche progresse autour de ce traitement à la L-dopa, contournant peu à peu les effets secondaires qu’il peut générer (constipation, hypotension, perte d’appétit, nausées…). “Le problème, c’est que ces traitements agissent sur les conséquences de la maladie et non sur les causes, explique le professeur Costentin. Ils ne stoppent en rien la dégénérescence neuronale. Et pour ralentir, voire stopper, ce processus dégénératif, il faut que nous parvenions à comprendre complètement le pourquoi de cette dégénérescence.” C’est là tout l’enjeu des recherches actuelles. Pour le Professeur Agid, ce n’est “malheureusement pas pour tout de suite. D’autant qu’il n’y a pas une mais cent maladies différentes de Parkinson. Alors n’ayons pas de faux espoir : on ne trouvera pas le remède miracle du jour au lendemain. Mais on va y arriver, nuance-il, car on a commencé à comprendre le mécanisme de destruction de ces cellules.” L a stimulation cérébrale profonde Un pace-maker dans le cerveau… Voilà une idée qui est explorée pour soigner la maladie de Parkinson et qui donne des résultats encourageants. Cette technique de la stimulation cérébrale profonde consiste à implanter deux électrodes de façon définitive au cœur du cerveau, dans la substance noire, et à la relier à un stimulateur électrique. Situé sous la peau, au niveau de la clavicule, celui-ci envoie des impulsions électriques qui vont stimuler les neurones dopaminergiques. Cette technique peut donner des résultats spectaculaires. Mais elle est réservée à des candidats aux critères très restrictifs, et manque actuellement de moyens pour se développer. Cette technique est aussi employée pour traiter la maladie de Gilles-de-la-Tourette ou les troubles obsessionnels compulsifs (Toc). Deux électrodes implantées dans le cerveau vont stimuler les neurones. V rai ou faux ? - Le principal symptôme de la maladie de Parkinson est le tremblement. Faux. Le tremblement est l’un des symptômes de cette maladie, mais il n’est pas le seul. Il n’est constaté que chez 70 % des malades. Ces tremblements sont toutefois caractéristiques : ils surviennent au repos et de manière asymétrique (un seul côté du corps) généralement au niveau de la main, mais aussi parfois du pied ou de la tête. Le principal symptôme, rencontré chez tous les malades, reste l’akinésie, c'est-à-dire la lenteur des mouvements. La personne marche à petits pas, est gênée dans ses gestes courants et son visage devient moins expressif. - La maladie de Parkinson touche plus les hommes que les femmes. Faux. Selon le professeur Yves Agid, chef du service neurologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le nombre de patients est à peu près identique pour les deux sexes. - Il y a dans la maladie de Parkinson un facteur héréditaire. Vrai. Même s’il n’est pas prépondérant, il y a dans cette maladie comme dans toutes les autres (ou presque) un facteur génétique. Mais les porteurs de gênes de prédisposition ne contracteront pas forcément la maladie. - Les pesticides sont responsables de la maladie. Vrai et faux. Certaines molécules utilisées dans les pesticides (herbicides, fongicides et insecticides) ont un rôle toxique sur les neurones dopaminergiques qui a été démontré. Le plus connu d’entre eux est le Paraquat qui a d’ailleurs été retiré du marché. Mais l’exposition aux pesticides n’explique pas tout. D’autres raisons peuvent exister, voire cohabiter. On sait, par exemple, que les microtraumatismes répétés, comme chez les boxeurs, peuvent être une cause de la maladie. Mais dans la grande majorité des cas, la maladie de Parkinson est multifactorielle. Celui-ci serait dû à un dysfonctionnement des mitochondries, éléments des cellules jouant le rôle de centrale énergétique. De là, une piste thérapeutique prometteuse : la stimulation RACINES 27 novembre 2009 de ces mitochondries, grâce à des médicaments comme la créatine. Et comme d’autres pistes sont, en outre, suivies : un vrai espoir est en train de naître. La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine