Extrait du dictionnaire des communes de l’Eure par l’Abbé Caresme et Mr Charpillon Juge de Paix Edition originale de 1868 – 1879 TROUVILLE LA HAULE : Paroisse des : Vic., Elec. Et Baill. de Pont Audemer. – Dioc., Parl et Gén. De Rouen. On a trouvé sur cette commune des traces du passage des Gaulois et des Romains. Un pêcheur en défrichant la portion de pâture communale qui lui était échue en partage, a mis au jour deux meules antiques en poudingue. Un douanier à trouvé une vingtaine de hachettes en cuivre dont se servaient jadis les Gaulois. Des poteries, des tuiles à rebord constatent l’occupation romaine. La voie de Juliabona (Lillebonne) à Noviomagus (Lisieux), probablement antérieure aux Romains, traverse sur une assez grande longueur le territoire de Trouville. Les titres les plus anciens désignent Trouville sous le nom de Turulfvilla et Turotvilla demeure ou propriété de Turold, ce qui indique une origine normande ; sa fondation n’est donc pas antérieure au Xe siècle. En 1026, le duc Richard II donna aux religieux de Jumièges le domaine de Trouville, l’église dédiée à la vierge, avec les dimes. L’Abbaye en prenant possession, donna satisfaction aux besoins religieux des paroissiens en faisant agrandir et restaurer l’église ; le mur de la nef du coté du Nord remonte certainement à cette époque ; les trois petites fenêtres byzantines qui sont percées à une grandes hauteur au dessus du sol, et les contreforts plats sont un signe caractéristique du roman primitif. A différentes reprises les ducs de Normandie confirmèrent les possessions des religieux à Trouville. Dans le cours du XIIe siècle, l’abbaye de Jumièges avait emprunté une somme d’argent à un nommé Raoul de Quillebeuf, une contestation s’étant élevée entre l’abbaye et son créancier, l’archevêque de Rouen intervint et par un acte épiscopal ordonna, qu’à partir de 1172, on servirait pendant cinq ans au créancier, une rente de 60s. payable à la St-Rémy, sur les revenus de l’abbé de Jumièges à Trouville. Vers 1180, l'église de Trouville étant devenue insuffisante; fut considérablement agrandie, on refit un nouveau chœur et on ajouta au corps de la nef, le bas côté où se trouve la chapelle de St-Eloi, second patron de la paroisse. A côté, les moines avaient fondé un grand établissement agricole et bâti une vaste haine ou grange assez remarquable pour servir de surnom distinctif à la paroisse. En 1205, l'archevêque Gautier le Magnifique conféra la cure de Trouville sur la présentation d'Alexandre, abbé de Jumièges. Les vassaux du fief de la Mare, assis à Ste Opportune, non loin de Trouville, prétendait avoir des droits de coutume dans les bois de l'abbé; il y eut procès et un arrêt de l'Échiquier, de 1'47, décida chie tous les vassaux dols Mare à l'exception de neuf, avaient des droits de coutume comme les hommes de l'abbé à Trouville et que si les neuf exceptés étaient pris en délit, l'abbé pourrait les condamner jusqu'à une amende de 30 s. t. envers lui. En exécution d'une bulle du pape Innocent IV, l'abbaye de Jumièges devait, en 1255, à Albert de la Roquette une pension de 30 marcs sterlings et à M° Rémy, chapelain et médecin de ce seigneur, une autre de 100 1. t. Les revenus des bénéfices de Trouville et de Guiseniers furent appliqués au paiement de ces deux pensions (1). Robert encore simple clerc, fut nommé à la cure de Trouville en 1257. L'année suivante, les habitants de Quillebeuf, vassaux de l'abbaye se plaignirent de ce que les chartes qui leur avaient été octroyées par Henri II, n'étaient pas observées et que leurs franchises étaient méconnues par les agents dus religieux. L'abbé de Jumièges fit dire aux bourgeois de Quillebeuf de venir lui parler à Trouville. Irrité peut-être des remontrances de ses vassaux, l'abbé en fit arrêter cinq qu'il envoya en prison à Jumièges; les autres n'en continueront pas moins leurs réclamations et finirent par obtenir gain de cause (2). Au mois d'avril 1265, Eudes Rigaud réunit à Rougemontiers les curés des 54 paroisses dont se composait le doyenné de Pont-Audemer. Le curé de Trouville était le seul qui dans cette nombreuse assemblée n'était pas revêtu de la cappe, l'archevêque lui ordonna d'en acheter une. D'après un bail de 1393, la ferme des religieux à Trouville se composait de 58 actes de terre. En 1413, deux habitants de Jumièges qui avaient été condamnés comme complices d'un assassinat, obtinrent le privilège de lever la fierté (3). Une inscription placée dans le chœur de l'église de Trouville nous apprend que le clocher a été construit en 1448, par Nicolas Le Bocmare, charpentier. En 1474, René de Poix, esc., vicomte et capitaine de Pont-Audemer, exigeait des paroisses de sa vicomté une rente de 10 s. par chaque feu pour le paiement du Guet Trouville et huit autres paroisses résistèrent et portèrent leurs doléances à l'Échiquier qui leur donna gain de cause. Au même Échiquier se présenta un autre procès entre le seigneur de la Mare et l'abbaye de Jumièges et les habitants de Trouville et autres paroisses au sujet des bois communaux de Trouville ce procès durait encore lors de la Révolution qui chassa les seigneurs et les moines et donna ainsi gain de cause aux paroisses. En 1488, il s'était formé des atterrissements considérables sur la rive gauche de la Seine, sur tout le littoral depuis St Aubin et Quillebeuf jusqu' à Trouville. Les habitants des cinq paroisses (4) de la baronnie entreprirent de se rendre maîtres des terrains à leur portée et s’unirent pour soutenir leur usurpation ; cependant, en 1499, il y eut transaction entre les paroissiens de Trouville, Ste Opportune, Vieux-Port et les religieux dont la propriété fut reconnue. Cependant pareil procès était engagé entre les mêmes paroisses et le seigneur de la mare, au sujet des anciens marais, un arrêt de 1513 décida que ces marais, dont la contenance citait de 702 acres, seraient divisés en deux portions égales que 350 acres appartiendraient un pleine propriété aux enfants mineurs de Jean de Gouvis et que le surplus serait commun eutre les cinq paroisses. Malgré cet arrêt, Louis de Gouvis, fils de Jean, étant devenu majeur, présenta aveu au roi pour son fief le 1er juin 1519, et dans cet acte il s'attribue la propriété de la Grande-Mare et de toutes les prairies qui l'environnent (5). Le 28 mars 1526, François de Fontenay abbé de Jumièges, rendant aveu au roi des biens de son monastère, déclare posséder la baronnie, terre et seigneurie de Trouville ayant un manoir nommé la Haule, granges, colombier à pied, plusieurs terres et domaines non fieffés contenant 80 à 100 acres Ils terre en labour, francs et exempts de dîmes outre différentes pièces de pré et bois, les marais de Trouville et de St Aubin, deux moulins sur la Risle, justice basse et moyenne, court et usage, gage plège, prisons, etc., rentes en deniers et en nature, patronage et droit de l'église paroissiale de N.-Dame de Trouville et les deux parts de toutes les dimes. Au mois d'avril 1527, lors de la réunion annuelle des pieds de la baronnie de Trouville, un règlement concernant le pâturage des biens communaux fut rédigé ; il fut convenu qu'on cesserait d'envoyer les moutons dans les prairies du Marais et les droits de chacun furent spécifiés. Les procès soulevés entre les habitants de la baronnie et l'abbaye de Jumièges, au XVe siècle, se continuèrent sans interruption pendant les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, et ne furent tranchés que par la Révolution. Fiefs : I° COURVAL Sur l'ordre de St Louis, une enquête fut ouverte, en 1248, pour savoir si le port de Courval se trouvait dans la baillie de Pont-Audemer où dans celle de Caux, et l'Echiquier tenu à Rouen au mois de septembre de la même année jugea que le port de Courval était situé dans la baillie de Pont-Audemer, que le droit et domaine dudit port appartenait à l'abbé de Jumièges (6). En 1497, les moines furent troublés dans leur possession par Louis Picard, chevalier, seigneur d'Etelan, qui les menaça de mille outrages et de briller leur bateau, s'ils continuaient à s'en servir. L'abbé s'adressa au duc d'Orléans, gouverneur de Normandie, pour en obtenir des lettres de sauvegarde. Plus tard les religieux cédèrent ce passage à Charles de Cossé, comte de Brissac, maréchal de France, auquel appartenait alors la seigneurie d'Etelan ; 2o GUEVILLE. Nicolas de Gueville se trouvait à une réunion de la noblesse, tenue à Rouen en 1350. Au milieu du XVIe siècle, Charles le Neveu était seigneur de Gueville et se disait Seigneur de Trouville; sa fille, Isabeau, porta ce fief à François du Quesne, qu'elle épousa le 5 janvier 1586. Jean du Quesne, sieur de Gueville, etc., maitre des comptes, à Rouen, épousa, le 16 mai 1631, Catherine Roque, d'où Philippe, sieur de Gueville, qui fut parrain à Bourneville en 1670 ; 3o LA MOISSONNIÉRE appartenait, dès le XVIe siècle, à la famille Lengeigneur; nous citerons, au XVIIe siècle, Jean, Pierre et Georges Lengeigneur. Ce dernier mourut laissant deux filles ; la seconde, nommée Marguerite, épousa, le 10 novembre 1665, Pierre de la Bouque 1er capitaine au régiment de Grancey. TROUVILLE-LA-HAULE, cant de Quillebeuf, à 12.5 m. d'alt. - Sol : alluvium ancien et diluvium. - Ch. de gr. com. N° 44 (le Quillebeuf à Routot, n° 77 de Trouville à Ste Opportune. - Surf. terr. 4,199 hect. -Pop., 799 hab. - 4 cont. 9,121 fr. en ppal. - Rec. ord., budg. 4,648 fr. M de Quillebeuf -Percep. et roc., cent. ind. de Bourneville. - Paroisse. - Presbyt. -. Ecole spéciale de 62 garçons et de 74 filles. - Bur. de bienf. -6 déb. de boissons. 12 perm. de chasse. - Dist. en kil. au ch.-1. de dép., 73; d'arr., 9; de cant., 7. Dépendances : LE BOUT-DES-HAYES, LA CATELLERIE LA CAVERIE, LE CHEMIN-PERREY, LA DAMAISERIE, LES FAYELS, LE FOSSÊ-ROGER , GAIVILLE, LA HAULE, LE HAUT-BOSC, LES HEMERY, LE HAUT DE LA COTE DU VIEUX PORT, LA LAQUAIZE, LE LIEU-RIDEAU, LE MANOIR-FAUVEL, LA MOISSONNERIE, LA MOTTE, LES TOPSENTS, LE VAL-AUGER, LE VAL-DE-LA-BRIQUETERIE, LE VAL-PIGRON, VAUCORNE. Agriculture : Céréales, lins.-2,400 arbres à cire. Industrie : 1 four à chaux. Patentés : 22. (1) Registre d'Eudes Rigaud. (2) Ils réclamaient autre autres, un droit de coutume dans les bois de Trouville appartenant à l'abbé. (3) Privilège de St-Romain t, par M. Floquet. (4) Quillebeuf, St-Aubin, Trouville, Ste-Oppor. tune et Vite:-Port. (5) C'est ainsi que les cinq communes se trouvèrent évincées de la jouissance exclusive en commun des marais de Ste Opportune. (6) Vicomté de l'Eau M. de Beaurepaire. Roles Normands, Léop. Delisle.