Épilepsie et anomalies du développement du cortex cérébral Épilepsies 2008 ; 20 (4) : 220-8 Développement du cortex cérébral : apports récents des études chez la souris et les primates Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Nicolas Narboux-Nême, Patricia Gaspar Inserm, U839, Paris, France et Université Pierre et Marie Curie, Paris, France <[email protected]> Institut du Fer à Moulin, 17 rue du Fer à Moulin, 75005 Paris <[email protected]> La mise en place du cortex cérébral est une opération complexe qui met en jeu la production d’une Résumé. variété remarquable de neurones excitateurs et inhibiteurs. Ces neurones sont assemblés en circuits fonctionnels qui s’organisent en couches et en aires. Le cortex a une expansion maximale chez l’homme, mais les grands principes de son organisation et de son développement sont conservés chez tous les mammifères. Ainsi les approches génétiques chez la souris, ont permis des avancées majeures de nos connaissances du développement cortical. On sait à présent qu’il existe différentes sources de neurones corticaux, venant rejoindre des cellules précurseurs qui leur servent de guide. Les gènes qui contrôlent la spécification, et la migration des neurones ont commencé à être identifiés, ainsi que les mécanismes permettant l’établissement des connexions nerveuses. Les explorations conduites chez les primates ont permis, de confirmer les observations faites chez le rongeur et dans certains cas d’identifier des différences. Ainsi les neurones glutamatergiques et gabaergiques ont des origines différentes, chez les rongeurs, alors que chez les primates, les interneurones proviennent majoritairement de la zone ventriculaire corticale, tout comme les neurones glutamatergiques. Des différences de régulations de la prolifération de différents précurseurs pourraient expliquer l’expansion du cortex des primates, en particulier des couches superficielles. Ces études apportent un nouvel éclairage sur les pathologies du développement cortical qui vont des défauts précoces de la corticogenèse jusqu’à des altérations subtiles du raffinement des connexions axonales. Mots clés : cortex cérébral, développement, corticogenèse, lamination, raffinement axonal Abstract. Development of the cerebral cortex : recent findings from studies in mouse and primate The development of the cerebral cortex is a protracted process implying the generation of many different neuronal cell types. These neurons organize in layers and set functional networks and areas whose function range from basic perception to abstract thought. Although cerebral cortex has a very large expansion in human, its development is been made over these last years in identifying genes that specify the identity of cortical neurons, their migration pattern, as well as more complex features of their organization such as arealization, and axon network formation. Tirés à part : N. Narboux-Nême Épilepsies, vol. 20, n° 4, octobre, novembre, décembre 2008 220 doi: 10.1684/epi.2008.0194 quite similar in mammals, from rodent to primates. Studies conducted in mice, using genetic approaches, allowed great advances in our understanding of cerebral cortical development during the last decade. Several sources for the cortical neurons were discovered, as well as different classes of pioneer cortical neurons. Tremendous progress has Développement du cortex cérébral : apports récents des études chez la souris et les primates Experiments conducted in primates confirmed these observations -or showed primate specificities. Thus, while principal glutamatergic and GABA interneurons originate from different primordia in mice, in primates, interneurones mostly arise from contical ventricular zone, as glutamatergic neurons do. Differences in the kinetics of cell division in the ventricular and subventricular cortical zone appear to control the expansion of the cerebral cortex and particularly of the upper cortical layers in primates. The better knowledge of the mechanism of cerebral cortex development that we have reached allows to understand better developmental disorders, from lamination defects to subtle disequilibrium in cortical networks. Such, anomalies underlie several neuropsychiatric disorders, including epilepsy. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Key words: cerebral cortex, development, corticogenesis, lamination, axonal refinement La mise en place du cortex cérébral est une opération complexe qui met en jeu la production d’une variété remarquable de neurones excitateurs et inhibiteurs (probablement plus d’une centaine de types cellulaires distincts). Ces neurones sont ensuite assemblés en circuits fonctionnels qui s’organisent en couches et en régions, formant des aires corticales dont la fonction est très variée, depuis les sensations élémentaires jusqu’à l’élaboration de pensées abstraites. Cette complexité implique des ratés, et de fait, les pathologies du développement cortical sont nombreuses et variées ; elles jouent un rôle important dans l’étiologie de nombreuses pathologies neuropsychiatriques, en particulier dans l’épilepsie. Dans certains cas, il s’agit de pathologies sévères de la mise en place du cortex à des stades précoces du développement comme des malformations et des désordres de lamination, mais souvent il peut s’agir d’altérations plus subtiles de la formation et du raffinement des connexions nerveuses qui altèrent la balance excitation/inhibition. Le cortex a une expansion maximale chez l’homme, où il représente une part importante du volume cérébral, mais les grands principes de son organisation sont conservés chez tous les mammifères, depuis les rongeurs jusqu’aux primates. Les modèles animaux, et en particulier les modèles issus des approches génétiques chez la souris ont permis de faire un bond remarquable dans nos connaissances au cours des dernières années, permettant de mieux comprendre les mécanismes des étapes majeures du développement cortical. Ainsi, le travail de nombreuses équipes dans le monde a permis de distinguer différentes sources (provenances) de neurones corticaux, d’identifier les gènes qui contrôlent leur spécification et leur migration ainsi que des mécanismes qui permettent l’établissement des connexions nerveuses et de cartes corticales fonctionnelles. Parallèlement aux études sur le modèle souris, des explorations conduites chez les primates, ont permis, de leur côté, de confirmer les observations faites chez le rongeur, et aussi d’identifier des particularités du développement cortical des primates, probablement liées à l’expansion particulièrement importante de cette structure dans cet ordre mammalien. Sans pouvoir ici couvrir l’ensemble de ce domaine très foisonnant, nous résumerons quelques unes des principales étapes de ce développement, en mentionnant, quand ces données existent, les particularités du développement cortical chez l’homme. 221 Mise en place de l’ébauche corticale : le télencéphale, le pallium et le subpallium A des stades précoces de l’embryogenèse, le système nerveux central est constitué par un tube nerveux peu différencié, formé par des cellules en prolifération qui constituent l’épithélium ventriculaire. Assez rapidement, des mouvements morphogénétiques modèlent ce tube neural en trois puis cinq vésicules. La vésicule la plus antérieure est le télencéphale, qui va donner naissance au cortex, qui va par la suite se diviser en 2 vésicules paires ; la troisième vésicule va former le diencéphale qui produit entre autres, le thalamus, une structure étroitement connectée au cortex (figure 1A, B). Dès la fermeture de la vésicule télencéphalique, aux alentours de un mois chez l’homme (Detrait et al., 2005), on distingue une partie dorsale du télencéphale, appelée “palliale” (manteau en latin), et une partie ventrale, appelée « sub-palliale » (figure 1B, C). Cette distinction, faite d’abord sur des critères morphologiques, correspond à des entités neurogéniques différentes. Ainsi, l’expression des gènes proneuraux se distribue différemment entre ces deux territoires, qui vont donner, comme on le verra, des populations neuronales distinctes. Ces gènes sont très conservés au cours de l’évolution, et leur expression dans des domaines exclusifs assure le maintien de l’identité des régions, et par extension l’identité des neurones qui y sont produits. Par exemple le gène « neurogenine » est exprimé dans le pallium, tandis que le gène Mash1 est exprimé dans le subpallium. Ces gènes identifiés initialement chez la drosophile (ath1, et ash1), ont des homologues, chez l’homme, il s’agit respectivement de Hath1 et Hash1 (Gradwohl et al., 1996 ; Ma et al., 1997 ; Ben-Arie et al., 1996 ; de Pontual et al., 2003), le préfixe « H », désignant l’homologue humain. Les neurones qui composent le cortex cérébral proviennent de ces deux régions : – le pallium qui donne naissance à la majorité des structures corticales (figure 1B). Les neurones issus de ces régions sont en général glutamatergiques et ont une migration de type radial. La région médiane de ce pallium devient l’hippocampe (archicortex), la partie dorsale donne le cortex cérébral (le néocortex) et la partie latérale se différencie en cortex limbique (paléocortex). Le néocortex occupe la plus grande part du pallium. Il est Épilepsies, vol. 20, n° 4, octobre, novembre, décembre 2008 N. Narboux-Nême, P. Gaspar A C B Tube neural à cinq vesicules Tube neural à trois vesicules Télencéphale humain origine des neurones excitateurs Diencéphale Mésencéphale Cortex cérébral Pallium Télencéphale ZV Ventricule Proéncéphale Diencéphale Sub-pallium EGL ZV EGM Mésencéphale Mésencéphale Cervelet Métencéphale D Rhombencéphale Myélencéphale Bulbe rachidien Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Télencéphale humain origine des interneurones Sub-pallium Cortex cérébral ZV Ventricule Interneurones GABAergiques extrinsèques du cortex : 70% Interneurones GABAergiques intrinsèques du cortex : 30% Neurones glutamatergiques Sub-pallium EGL ZV EGM Figure 1. Développement de l’encéphale et origine des neurones du cortex cérébral. A) Au cours du développement précoce du système nerveux, le tube neural se modèle en trois puis cinq vésicules préfigurant les grandes divisions de l’encéphale ; B) schéma de l’origine des neurones du cortex cérébral humain. Les neurones du cortex cérébral ont deux origines, palliale et subpalliale, correspondant à deux compartiments du télencéphale ; C) tous les neurones excitateurs, glutamatergiques, sont générés localement dans la zone proliférative palliale (ZV pour zone ventriculaire) ; D) chez l’homme, les interneurones ont deux origines : 70 % d’entre eux ont, comme pour les neurones excitateurs, une origine locale (D-droite), tandis que les 30 % restants ont une origine extrinsèque. Ils sont générés dans le sub-pallium, par les éminences ganglionnaires latérales et médianes (EGL, EGM) et migrent tangentiellement pour rejoindre le cortex (D-gauche). caractérisé par une structure en six couches, tandis que l’archicortex et le paléocortex ont des structures cellulaires relativement plus simples, formées de 3 ou 4 couches ; – le subpallium qui est situé dans la partie ventrale du télencéphale et comporte deux épaississements des parois du tube neural. Il s’agit des éminences ganglionnaires latérales (EGL) et médianes (EGM) (figure 1B). Ces structures génèrent des interneurones de type GABAergique, dont le mode de migration est tangentiel, c’est-à-dire qu’ils traversent des distances assez longues, avant de rejoindre leur localisation finale et de commencer à se différencier. Les éminences ganglionnaires latérales produisent les neurones du striatum et du pallidum, tandis que les éminences ganglionnaires médianes et caudales produisent les interneurones corticaux et hippocampiques (néocortex, archicortex et paléocortex). Premiers stades de la neurogenèse corticale : formation de la préplaque Pendant une première période de 10 jours chez la souris, et de 1 à 2 mois chez l’homme, le neuroépithélium pallial a un comportement purement prolifératif qui lui permet d’accroître la surface globale du télencéphale et donc du futur cortex. Pendant cette période, les progéniteurs se divisent de manière symétrique, donnant deux progéniteurs qui sont eux- mêmes capables de proliférer (Noctor et al., 2004). Ce mode de division accroît de manière exponentielle le nombre de précurseurs corticaux. Mais aucun neurone au sens strict, n’est produit à ce moment là. Épilepsies, vol. 20, n° 4, octobre, novembre, décembre 2008 Aux alentours du 11e jour de vie embryonnaire chez la souris, et de deux mois chez l’homme (Meyer et Wahle, 1999), le neuroépithélium cortical opère une transition lui permettant de produire les premiers neurones. C’est le début de la neurogenèse. Les progéniteurs passent d’un mode prolifératif symétrique à un mode dit « asymétrique » où chaque division cellulaire produit d’une part un progéniteur qui demeure dans le neuroépithélium, et un neuroblaste qui migre radialement hors de l’épithélium ventriculaire, en se dirigeant vers la surface du télencéphale. Cette première migration se fait sans support glial, et forme l’ébauche corticale (figure 2A). (Noctor et al., 2004 ; Kosodo et al., 2004 ; Shen et al., 2002). Ces neurones ne sont en fait pas les premiers, car ils rejoignent, à la surface du télencéphale, une population de neurones « précurseurs » que sont les cellules de Cajal-Retzius. Les cellules de Cajal-Retzius sont, quant à elles, générées à la périphérie du pallium dès le jour embryonnaire 10 chez la souris (Bielle et al., 2005) et migrent tangentiellement pour se positionner à la surface corticale lors de stades très précoces. Chez l’homme, une population de neurones encore plus précoces a été récemment décrite. Il s’agit de neurones « prédécesseurs » qui colonisent la surface du neuroépithélium dès la fermeture du tube neural, au 30 e jour de l’embryogenèse. Ces neurones n’ont jusqu’à présent pas été identifiés dans d’autres espèces (Bystron et al., 2006). C’est donc un ensemble de neurones hétérogènes s’assemblant en une première ébauche corticale qui constitue la « préplaque ». La plupart des neurones de la préplaque disparaissent par mort cellulaire programmée au cours de la maturation du 222 Développement du cortex cérébral : apports récents des études chez la souris et les primates A B C ZM PC ZM Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. PC SP SP PP n pb cgr ZV ZV ZV Figure 2. Schéma de génération des neurones excitateurs au cours de la corticogenèse. A) Les cellules de la glie radiaire (cgr) de la zone ventriculaire corticale (ZV) produisent les premiers neuroblastes (n) qui forment la préplaque (PP) ; B) Les neurones de la plaque corticale (PC) sont générés dans un second temps. Les neuroblastes des couches corticales migrent sur le support de la glie radiaire pour se positionner au milieu de la préplaque, qui est scindée en deux régions : la zone marginale en surface (ZM) et la sous-plaque (SP) ; C) Les neurones des couches corticales sont générés successivement, des couches profondes aux couches superficielles. Au lieu de produire un neuroblaste, les cgr peuvent générer un progéniteur basal (pb) capable de se diviser en au moins deux neuroblastes. cortex cérébral. C’est le cas des cellules de Cajal-Retzius qui meurent pendant la vie postnatale chez les rongeurs (del Rio et al., 1995 ; Price et al., 1997), alors qu’une partie de ces neurones survit chez l’homme. Quoi qu’il en soit, ces neurones « précurseurs » jouent un rôle fondamental au cours du développement embryonnaire. En effet, la préplaque se comporte comme une ébauche de cortex, facilitant les migrations cellulaires et l’établissement des projections axonales. Par exemple, les cellules de Cajal-Retzius, régulent le positionnement des neurones corticaux dans l’épaisseur corticale en sécrétant une protéine de matrice extracellulaire, appelée la « reelin » (D’Arcangelo et al., 1995). D’autres neurones précurseurs pourraient servir de pionniers en envoyant des projections axonales longues vers le cortex controlatéral, mais aussi vers des régions extra-corticales, comme le thalamus, ou le tronc cérébral. Ces projections précoces immatures pourraient servir de guide pour les neurones corticaux suivants (De Carlos et O’Leary, 1992 ; McConnell et al., 1989). Réciproquement, les cellules de la préplaque guident les axones d’origine extra-corticale vers leurs cibles spécifiques dans le cortex cérébral (Molnár et Blakemore, 1995 ; Shimogori et Grove, 2005). Des interactions entre les axones thalamo223 corticaux et des axones cortico-thalamiques en développement pourraient ainsi contribuer à guider ces projections vers leur cible spécifique (Molnár et Blakemore, 1995). Après la mise en place de la préplaque commence une période de production de neurones de la plaque corticale, et de migration des interneurones, qui formeront ensemble les circuits fonctionnels du cortex mature. Les vagues successives des nouveaux neurones (voir paragraphe suivant) s’intercalent au milieu des neurones de la préplaque, la scindant en deux parties, une zone marginale en surface, et la sous-plaque près de la zone ventriculaire (figure 2B). Au terme du développement, les reliquats de la zone marginale deviendront la couche I du cortex cérébral, très pauvre en corps cellulaires, tandis que certains neurones survivants de la sous-plaque intégreront la partie ventriculaire de la couche la plus basale, la couche VIb (Heuer et al., 2003). Les progéniteurs basaux Au cours de la corticogenèse, les étapes d’amplification des progéniteurs jouent un rôle important pour déterminer le nombre de neurones adultes dans chaque couche. Récemment il a Épilepsies, vol. 20, n° 4, octobre, novembre, décembre 2008 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. N. Narboux-Nême, P. Gaspar été montré, qu’en plus de l’amplification des progéniteurs dans l’épithélium ventriculaire, discutée précédemment, il y avait une amplification de certains neuroblastes. Ainsi, à la suite d’une division asymétrique, le progéniteur cortical peut produire un progéniteur détaché du neuroépithélium avec des propriétés limitées de prolifération. Typiquement, ces progéniteurs détachés ne peuvent se diviser qu’une fois (figure 2B, C). Ces progéniteurs basaux existent chez la souris comme chez l’homme où ils peuvent être suivis par des marqueurs spécifiques (tbr2) (Haubensak et al., 2004 ; Carpenter et al., 2001), mais dans des proportions différentes. Il semble que ce soit par la modulation de cette étape d’amplification que le cortex cérébral humain acquière une telle expansion de sa surface au cours de l’évolution, sans commune mesure avec l’augmentation de taille des autres régions du système nerveux central (Finlay et Darlington, 1995). Formation de la plaque corticale, les neurones principaux des couches du cortex cérébral Les neurones excitateurs, glutamatergiques, du cortex cérébral sont produits localement dans la zone ventriculaire corticale (Mione et al., 1997). Ils sont à la base de la communication rapide à courte et longue distance dans le cortex cérébral. Ces neurones migrent radialement à partir de la zone ventriculaire, impliquant des interactions étroites avec la glie radiaire (Nadarajah et al., 2001). Les neurones des couches profondes sont les premiers produits, tandis que les neurones les plus superficiels sont les plus jeunes. Dans les couches intermédiaires, les neurones suivent globalement la règle selon laquelle plus ils sont générés tard, plus ils sont localisés superficiellement, avec un patron « inside-out » (figure 2C ; Angevine et Sidman, 1961 ; McConnell, 1988). Les neurones produits dans la région ventriculaire migrent vers la surface piale, guidés par le prolongement de leur cellule mère, une cellule de glie radiaire (Malatesta et al., 2000 ; Noctor et al., 2001). Les cellules de la glie radiaire sont en fait à la fois des précurseurs et des guides, elles génèrent les neuroblastes tout en leur servant de guide pour se positionner en colonnes dans l’épaisseur corticale. Ce rôle prend tout son sens chez l’homme, où la déformation de la surface corticale par la formation de sillons et de circonvolutions complique la trajectoire de migration des neurones (Rakic, 1974). Des expériences de greffes hétérochroniques de progéniteurs corticaux dissociés chez la souris ont montré que l’identité de couche corticale est acquise à un moment précis du cycle cellulaire, mais aussi qu’il existe une horloge cellulaire interdisant la génération du type de neurones déjà produits. Ceci permet de restreindre progressivement la multipotence des progéniteurs corticaux (McConnell et Kaznowski, 1991 ; Desai et McConnell, 2000 ; Frantz et McConnell, 1996). Récemment des études faites à partir de cellules souches embryonnaires, ont montré, qu’in vitro il était possible de reproduire cette séquence d’émergence de différentes catégories de neurones corticaux (Gaspard et al., 2008). La migration radiaire, conduit les jeunes neuroblastes à se positionner à la surface de la plaque corticale, formant une Épilepsies, vol. 20, n° 4, octobre, novembre, décembre 2008 224 structure dense, composée de neuroblastes récemment produits, et encore peu différenciés. Ce n’est que dans un second temps, après un délai nécessaire pour « sortir » de la plaque corticale, que les neurones corticaux prennent leur place définitive dans l’épaisseur corticale (Boulder Committee, 1970 ; Bayer et Altman, 1991). Chez l’homme, ces migrations radiaires connaissent un pic entre les troisième et sixième mois de grossesse, et se terminent au cours du troisième trimestre de la grossesse (Sidman et Rakic, 1973 ; Rakic et al., 1994 ; Gressens, 2000). Ce n’est qu’à partir du septième mois de grossesse que l’on peut observer clairement sur le plan structural l’organisation caractéristique en six couches du neocortex (Chenn et al., 1997 ; Chan et al., 2002). Les interneurones du cortex cérébral Les interneurones constituent environ 20 % des neurones du cortex, ils ont une fonction inhibitrice essentielle dans la mise en place de circuits neuronaux fonctionnels. Les interneurones corticaux constituent une population très hétérogène : des catégories d’interneurones se distinguent par leur morphologie, leur localisation, ou encore sur la base de leur profil d’expression protéique, et de leurs propriétés physiologiques (DeFelipe, 1997). De fait nombre d’interneurones sont capables de produire et de libérer des neuropeptides en plus du GABA, permettant une modulation de l’activité des circuits. Contrairement aux neurones excitateurs, les interneurones ont une origine extrinsèque chez les rongeurs. Ils sont principalement générés au niveau des éminences ganglionnaires, dans le subpallium, et ils colonisent l’ébauche corticale par migration tangentielle à longue distance depuis cette région (figure 1D gauche, Anderson et al., 1997). Cette migration dépend de nombreux facteurs intrinsèques (motilité des neurones) et extrinsèques (molécules de guidage), et elle est perturbée dans différentes mutations responsables de syndromes épileptiques. Par exemple la perte de fonction de la protéine double cortine (cause de retard mental avec épilepsie chez l’homme) provoque des anomalies caractéristiques de la migration des interneurones corticaux (Leger et al., 2008). Il existe cependant une particularité de la production des interneurones chez les primates. Chez le singe, les interneurones d’origine extrinsèque ne représentent que 30 % des interneurones corticaux (Letinic et al., 2002). Les autres sont générés localement par le neuroépithélium cortical (figure 1D, droite). De manière intéressante c’est une possibilité qui existe aussi chez la souris dans certaines conditions expérimentales (Gulacsi et Lillien, 2003, Anderson et al., 1999 ; Bellion et al., 2003), mais qui est vraisemblablement inhibée in vivo chez les rongeurs. La singularité de l’origine des interneurones pourrait avoir été sélectionnée par l’évolution pour s’adapter à la gigantesque augmentation de la surface palliale qui est beaucoup plus importante proportionnellement que l’augmentation de la taille des zones sous-palliales (source habituelle des interneurones dans les autres espèces). Développement du cortex cérébral : apports récents des études chez la souris et les primates Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. Régionalisation corticale Le néocortex cérébral adulte est régionalisé en aires corticales fonctionnelles, dévolues à une tâche. Ces aires ont des frontières franches et se distinguent, parfois aisément, sur des critères cytoarchitectoniques, des profils d’expression de gènes, et des profils de connectivité neuronale. Bien que le nombre de couches soit le même dans l’ensemble du cortex, l’épaisseur relative des différentes couches varie d’une région à l’autre. Par exemple la couche IV, qui est la cible principale des afférences thalamiques sensorielles est beaucoup plus développée dans les aires sensorielles primaires, alors qu’elle est absente dans le cortex moteur (cortex agranulaire). Des facteurs contrôlant cette régionalisation ont pu être identifiés. Un des facteurs identifiés est le contrôle de la prolifération cellulaire Par exemple dans le cortex visuel, deux régions voisines, l’aire visuelle primaire (A17) et une aire visuelle secondaire (A18) ont un développement différent de leurs couches corticales, avec un développement beaucoup plus important de la couche IV dans l’aire 17. Cette caractéristique a pu être reliée à une dynamique différente du cycle cellulaire entre ces 2 régions (Polleux et al., 1997). A l’opposé, des différences régionales du taux de mort cellulaire dans différentes régions corticales, pourraient contribuer à moduler l’apparence des aires (Finlay, 1992 ; Verney et al., 2000). Ces caractéristiques sont la marque d’une régionalisation précoce du neuroépithélium cortical, malgré une apparence initialement homogène. Altérer l’expression de certains gènes modifie la carte des aires corticales Au moment de la génération des premiers neurones postmitotiques dans le cortex cérébral, il est difficile de déterminer la position des futures aires corticales sur la base d’expressions géniques. Des expériences réalisées chez la souris ont montré que l’expression de certains gènes contrôle la position et la taille des aires. C’est notamment le cas de deux facteurs de transcription exprimés en gradients complémentaires selon l’axe rostrocaudal dans le cortex en développement. Emx2 est exprimé fortement dans les régions caudales et Pax6 dans les régions rostrales. Chez des souris mutantes pour l’un ou l’autre de ces gènes, les aires corticales sont présentes, mais leur taille et leurs positions relatives sont déplacées rostralement ou caudalement, selon le cas. Ainsi, des souris mutantes pour Emx2, ont un cortex rostralisé : le territoire cortical rostral augmente en taille au détriment du cortex caudal (Bishop et al., 2000 ; Mallamaci et al., 2000). Emx2 régule l’expression de FGF8, une protéine sécrétée dans la région rostrale ayant précocement un puissant rôle morphogène sur la mise en place du télencéphale (Ye et al., 1998 ; Shimamura et Rubenstein, 1997), puis une forte influence sur l’identité rostrale au cours du développement cortical (Fukuchi-Shimogori et Grove, 2003). Les souris hypomorphes pour FGF8 ont un cortex rostral atrophié, ainsi qu’une caudalisation corticale générale (Garel et al., 2003), indiquant 225 que la sécrétion de FGF8 dans la région rostrale est indispensable à l’identité rostrale du cortex. De tels signaux morphogènes sont aussi sécrétés en contrepoint dans la partie caudale du cortex, au niveau d’une région corticale médiale appelée « hem ». Des protéines de la famille Wnt sont sécrétées par les cellules du hem et contribuent à former des gradients (Shimogori et al., 2004). La position et la taille des aires corticales sont donc largement régulées génétiquement, bien que les mécanismes de formations des frontières franches entre les différentes aires ne soient pas encore bien élucidés. Des expériences de cultures de neuroépithélium cortical embryonnaire ont montré que les cultures de territoire présomptif d’aire somatosensorielle expriment au bout de la culture des marqueurs spécifiques de cette aire (Gitton et al., 1999). L’acquisition définitive d’identité d’aire est donc très précoce, vraisemblablement dès la génération des premiers neurones de la plaque corticale (Barbe et Levitt, 1991 ; Ebrahimi-Gaillard et al., 1994). Projections Les neurones corticaux, dès leur différenciation, établissent les connexions axonales spécifiques selon un processus qui se poursuit bien après la naissance. Une aire corticale donnée, reçoit par exemple des afférences spécifiques du thalamus et communique avec les aires voisines par des connexions ipsilatérales et avec le cortex controlatéral par des projections callosales. La mise en place de ces connexions corticales nécessite l’intervention séquentielle de nombreux facteurs génétiques et épigénétiques. Les axones sont d’abord guidés par des molécules de guidage vers leur cible selon une topographie grossière, suivie d’un remodelage secondaire de ces axones pour obtenir des connexions précises et ciblées. La plupart des connexions corticales immatures comportent initialement un certain degré d’exubérance axonale, les axones dépassant leur cible. Le remodelage implique un élagage des collatérales exubérantes et le branchement focalisé des axones dans leurs cibles (O’Leary et al., 1990 ; Yates et al., 2001). L’activité neuronale, spontanée, des circuits immatures est nécessaire à l’établissement des cartes grossières de projection (Nicol et al., 2007). Dans un deuxième temps, c’est l’activité fonctionnelle qui est requise pour le raffinement de ces projections et la stabilisation des réseaux fonctionnels. Dans ces conditions, une activité électrique non spécifique, comme celle induite par des crises épileptiques par exemple, provoque la stabilisation de collatérales immatures qui auraient du se rétracter au cours de la maturation des réseaux (Represa et al., 1994 ; Lamantia et Rakic, 1990). Développement des projections corticales Dans le cas des projections cortico-corticales (80 % des afférences corticales), les connexions excitatrices se répartissent en deux catégories. Les projections ipsilatérales, connectant entre elles des régions corticales précises et les connexions controlatérales. Ces dernières contactent principalement l’aire homologue controlatérale via le corps calleux. Les connexions Épilepsies, vol. 20, n° 4, octobre, novembre, décembre 2008 N. Narboux-Nême, P. Gaspar A Cortex CC Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. B C Figure 3. Schéma du développement de projections callosales. A) Les neurones à projection callosale représentés envoient initialement leur axone dans les deux hémisphères : controlatéral, via le corps calleux (CC), et ipsilatéral ; B) ces axones explorent les deux hémisphères et envoient des prolongements dans les régions les plus favorables, selon leur programme de guidage axonal, sous l’influence de l’activité spontanée des neurones ; C) L’activité fonctionnelle des réseaux stabilise les collatérales fonctionnelles et les autres sont rétractées. Dans notre exemple, seule demeure la projection controlatérale callosale. callosales ne sont pas homogènes dans une aire donnée et dans le cas du cortex somatosensoriel, par exemple, elles prédominent au niveau des représentations axiales du corps (Innocenti, 1982). Pourtant, initialement, les neurones corticaux projettent à la fois du côté ipsilatéral et controlatéral (figure 3A, B) ; et c’est dans un second temps que la très grande majorité de ces projections se spécialise, les neurones corticaux ne maintenant ensuite des connexions que dans un hémisphère, soit ipsi- soit controlatéral (figure 3C ; Innocenti, 1981 ; Chalupa et Killackey, 1989 ; Schwartz et Goldman-Rakic, 1991 ; Bullier et al., 1990). La consolidation des projections callosales est sensible à l’activité et le nombre de ces projections, initialement exubérantes, se réduit de 70 % au cours de la maturation du réseau (Lamantia et Rakic, 1994). La proportion des axones ainsi stabilisés n’est donc pas entièrement programmée génétiquement comme cela peut être le cas dans d’autres régions du système nerveux, mais est la résultante d’un filtre fonctionnel. On peut ainsi, par exemple, influer sur la quantité de projections stabilisées. Chez des animaux affectés d’un strabisme, il y a une augmentation du champ visuel binoculaire. Cette partie de l’aire visuelle nécessitant des projections controlatérales, on observe une augmenta- Épilepsies, vol. 20, n° 4, octobre, novembre, décembre 2008 226 tion des axones callosaux stabilisés chez ces animaux (Innocenti, 1981 ; Koralek et Killackey 1990). Cette maturation des projections axonales ne conserve que les interactions fonctionnelles entre aires corticales. Dans l’aire visuelle primaire, la mise en place des synapses, qui a débuté pendant la deuxième moitié de la grossesse chez l’homme devient maximale aux alentours de huit mois, avant de régresser pour ne demeurer selon le profil adulte, mature, que vers 11 ans (de Courten et Garey, 1983). Conclusion Bien que la corticogenèse se déroule avant la naissance, la maturation corticale est un processus extrêmement long, s’étalant chez l’homme sur plusieurs années. La maturation des projections corticales a lieu au cours de fenêtres de temps permissives appelées périodes critiques. Une fois passée la période critique pour une région donnée, la carte est consolidée, avec une marge limitée de réarrangements. Les différentes aires corticales maturent « en cascade », les aires primaires sensorielles en premier puis les aires associatives mettant en jeux les aires Développement du cortex cérébral : apports récents des études chez la souris et les primates Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017. primaires (Gogtay et al., 2004). Une fois le processus entièrement terminé, il demeure une plasticité du système qui admet des modifications subtiles des réseaux constitués. Il demeure donc une marge de manœuvre du système qui peut toujours s’adapter, via notamment des phénomènes de plasticité synaptique, et de dynamique des épines dendritiques qui font que le système n’atteint jamais une phase terminale où aucune modification n’est possible. D’une certaine manière, le développement de l’encéphale, et du cortex en particulier, ne s’arrête jamais. M Chenn A, Braisted JE, McConnell SK, et al. Development of the cerebral cortex : mechanisms controlling cell fate, laminar and areal patterning, and axonal connectivity. In : Cowan WM, Jessell TM, Zipursky SL, eds. Molecular and Cellular Approaches to Neural Development. New York : Oxford University Press, 1997. D’Arcangelo G, Miao GG, Chen SC, et al. 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