Métrologie électrique quantique et constantes fondamentales : vers une redéfinition des unités électriques Laurent Devoille [email protected] Laboratoire National de Métrologie et d'Essais 29 avenue Roger Hennequin 78197 Trappes Cedex Sommaire § Introduction : § Le système international d'unités § Les unités électriques § La métrologie quantique § La métrologie électrique quantique "opérationnelle" : § Représentation et conservation du volt : effet Josephson § Représentation et conservation de l'ohm : effet Hall quantique § La métrologie électrique quantique "en développement" : § Vers un étalon quantique de courant fondé sur l'effet tunnel à un électron § L'expérience du triangle métrologique § La dématérialisation du kilogramme : la balance du watt § Conclusion Introduction : le système international d'unités Système cohérent et rationalisé qui couvre l’ensemble du champ disciplinaire de la mesure physique Quelques unités dérivées 7 unités de base Grandeur physique Nom de l’unité SI Grandeur physique Nom de l’unité SI Définition de l’unité SI force newton (N) kg.m.s-2 mètre (m) pression pascal (Pa) kg.m-1.s-2(=N.m-2) masse kilogramme (kg) énergie joule (J) kg.m2.s-2 temps seconde (s) puissance watt (W) kg.m2.s-3 (=J.s-1) courant électrique ampère (A) charge électrique longueur température thermodynamique kelvin (K) mole (mol) intensité lumineuse candela (cd) A.s potentiel électrique volt (V) kg.m2.s-3.A-1 (=J.A-1.s-1) résistance électrique ohm (Ω Ω) kg.m2.s-3.A-2 (=V.A-1) conductance électrique quantité de matière coulomb © capacité électrique siemens (S) farad (F) kg-1.m-2.s3.A2 (=A.V-1=W-1) A2.s4.kg-1.m-2 (=A.s.V-1) flux d’induction magnétique weber (Wb) kg.m2.s-2.A-1 (=V.s) inductance henry (H) kg.m2.s-2.A-2 (=V.s.A-1) induction magnétique tesla (T) kg.s-2.A-1 L'organisation de la métrologie en France 4 laboratoires nationaux de métrologie 6 laboratoires associés CETIAT (Centre Technique des Industries Aérauliques et Thermiques) hygrométrie, débitmétrie liquide, anémométrie Observatoire de Besançon temps par satellites, fréquences, stabilité et dérive de fréquence LNE-LNHB LNE-SYRTE (Laboratoire National Henri Becquerel) CEA rayonnements ionisants Observatoire de Paris temps - fréquence LNE magnétisme - électricité mole Pilotage de la métrologie française LADG (Labo. Ass. de Débimètrie Gazeuse) ENSAM (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers) pression dynamique LNE-INM (Conservatoire National des Arts et Métiers) masse, longueur, intensité lumineuse et température thermodynamique LPMO (Labo. De Physique et Métrologie Des Oscillateurs) IRSN (Inst. De Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) dosimétrie des neutrons L'ampère : définition, réalisation Définition de l'ampère : "L'ampère est l'intensité d'un courant constant qui, maintenu dans deux conducteurs parallèles, rectilignes, de longueur infinie, de section circulaire négligeable et placés à une distance de 1 mètre l'un de l'autre dans le vide, produirait entre ces conducteurs une force égale à 2 x 10-7 newton par mètre de longueur." Réalisation directe de l'ampère : électrodynamomètre (incertitude : 10-5) Réalisation indirecte : rapport gyromagnétique du proton (10-6) Pratiquement : dans le SI, la conservation et la reproduction de l'ampère passe par les étalons de résistance (effet Hall quantique) et de force électromotrice (effet Josephson) en appliquant la loi d'Ohm. Electrodynamomètre (LNE) Chaîne des réalisations des unités électriques ampère µo ohm henry volt coulomb farad Unités Mécaniques Filiation des définitions des unités électriques ohm farad henry coulomb µo volt Unités Mécaniques Filiation des étalons réalisés en France ampère La définition du farad § Théorème de Thompson-Lampard (1956) : γ1−3, γ2−4: capacités linéïques (pF/m) e(-π/ε)γ + e(-π/ε)γ = 1 Mesure : K= γ1-3 / γ2-4 Théorème : 1-3 2-4 Si K=1 γ1−3 γ 1− 3 = γ 2 − 4 4 1 2 γ2−4 3 ε0 10 7 . ln 2 = . ln 2 = π 4 .π 2 .c 2 γ1-3= γ2-4= γ = [(ε0ln2)/π] F/m = 1, 953 549 043 … pF/m Relation directe entre capacité et longueur § Étalon calculable de capacité de Thompson-Lampard : Interféromètre Laser 1 3 et 4 ∆ C = C1 − C 2 = γ (L1 − L2 ) Electrode Garde mobile Réglage de cylindricité Incertitude : 5.10-8 Etalon de Lampard du LNE à 5 électrodes La métrologie quantique (1) La définition des étalons de référence évolue avec les moyens technologiques ! Exemple : la dématérialisation du mètre • Système métrique adopté officiellement en 1799 : le mètre fut défini comme la dix millionième partie de la distance entre l’équateur et le pôle mesurée le long de la surface de la terre. → Construction d’un mètre étalon en platine iridié placé au pavillon de Breteuil à Sèvres. Prototype du mètre : section ayant la forme d'un X à talons, longueur 102 cm, deux traits transversaux marquent les extrémités de l'unité. Il se trouve depuis le 28 septembre 1889 dans le dépôt souterrain du Pavillon de Breteuil. • 1960 : la référence est devenue la longueur d’onde d’une émission de lumière particulière de l’atome de krypton 86 multipliée par 1 650 763 730. • 1983 : nouvelle définition du mètre en se référant à la vitesse de la lumière dans le vide : La seconde est définie comme étant égale à 9 192 631 770 fois la fréquence d’une horloge atomique de césium 133. 1 m = distance parcourue par la lumière dans le vide en 1 / 299 792 458,6 s. c = vitesse de la lumière dans le vide fixée La métrologie quantique (2) Afin d’obtenir une exactitude plus grande des références, des recherches ont cours sur l’utilisation et la mise en œuvre de phénomènes de physique fondamentale. En métrologie électrique : mise au point d'étalons fondés sur des phénomènes quantiques bien établis : grande stabilité dans le temps grande reproductibilité bas niveaux d'incertitudes - Étalon de force électromotrice fondé sur l'effet Josephson - Étalon de résistance fondé sur l'effet Hall quantique Mise en jeu de constantes fondamentales (h, e …) qui revêtent un caractère universel… Développements en cours : - Étalon de courant fondé sur l'effet tunnel à un électron - Balance du watt : dématérialisation du kilogramme Sommaire § Introduction : § Le système international d'unités § Les unités électriques § La métrologie quantique § La métrologie électrique quantique "opérationnelle" : § Représentation et conservation du volt : effet Josephson § Représentation et conservation de l'ohm : effet Hall quantique § La métrologie électrique quantique "en développement" : § Vers un étalon quantique de courant fondé sur l'effet tunnel à un électron § L'expérience du triangle métrologique § La dématérialisation du kilogramme : la balance du watt § Conclusion Représentation et conservation du Volt : effet Josephson (1) Effet Josephson : associé au passage des paires de Cooper par effet tunnel au travers d'une barrière isolante placée entre 2 supraconducteurs. Jonction Josephson à couche minces : I Effet Josephson continu : si V=0, courant de paires IJ dans la jonction jusqu'à une valeur critique IC. e ~ nm W Effet Josephson alternatif : si V≠0, le courant de paire L isolant isolant oscille à une fréquence f qui dépend uniquement de V et 2eV de constantes fondamentales (e, h) : f= h Supraconducteur Supraconducteur V V = N. 1 .f KJ I f KJ KJ : constante Josephson KJ = IN 2e h Courant Courant Inversement, si une tension alternative de fréquence f (qq GHz) est appliquée à la jonction par irradiation HF, le courant de paires a tendance à se synchroniser avec cette fréquence et il apparaît une tension continue aux bornes de la jonction. Cette synchronisation se révèle dans les caractéristiques courant-tension par l’apparition de marches de tension à des multiples entiers de la valeur V = (h/2e)fa, appelées marches de Shapiro. Te n sion 1 2 3 4 V RF nce RF a s s i u P Représentation et conservation du Volt : effet Josephson (2) Définition du volt : "f.é.m. entre 2 points d'un conducteur supportant un courant de 1 ampère quand la puissance dissipée entre ces 2 points est de 1 watt." → Réalisation du volt : dépend d'expériences qui relient l'ampère et le volt aux unités mécaniques. → Incertitude trop grande par rapport aux exigences actuelles. → Utilisation de l'effet Josephson alternatif comme représentation du volt: Adoption en 1990 d'une valeur commune pour KJ : KJ-90 = 483 597,9 GHz/V Reproductibilité relative : 10-10 § Les réseaux de jonctions Josephson : Circuits intégrés : mise en série de milliers de jonctions Josephson + ligne de transmission HF Valeurs de tension jusqu'à 10 V 24 mm § Les réseaux programmables : Répartition des jonctions Josephson en séquences binaires : segments Tension de sortie = somme des tensions développées par chaque segment Tension max = ± N f / KJ-90, N = nombre total de jonctions Perspective : génération de tensions alternatives 1.5 Sources de courant programmables V1 2V1 4V1 8V1 Tension (V) f Sinusoïde d'amplitude 1,25 V, de fréquence 100 Hz, échantillonnée à 100 kHz, générée à partir d ’un réseau programmable 1 V de la PTB au LNE (2003) 1 0.5 0 -0.5 -1 Tension de sortie -1.5 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 Tem ps (ms) 2 3 4 5 Représentation et conservation de l'ohm : effet Hall quantique (1) Effet Hall Quantique (EHQ) : apparaît dans un gaz d'électrons bidimensionnel (2DEG) soumis à un champ magnétique perpendiculaire. V VH H → En pratique : 2DEG réalisé à l'interface d'une hétérostructure AlGaAs/GaAs B 40 1000 µm RH = RK / i, Avec : 2DEG VVxx XX i entier RK = h / e2, constante de von Klitzing GaAs / AlGaAs 16000 14000 → Quantification de la résistance transverse Pour i = 1 Pour i = 2 RH(1) = 25 812,807 Ω RH(2) = 12 906,4035 Ω R H (Ω) Valeurs : LPN-S922 1400 LPN-S606 -1 12000 -1 µ=26 T µ=145 T 15 -2 15 -2 n s =4.1x10 m n s =4.2x10 m 1200 10000 8000 1000 T=1.3 K; I=10 µA 800 6000 NB : Au milieu du plateau de quantification, Rxx = 0 → Annulation de la résistance longitudinale 1600 R H = R K /2 600 R xx ~ 0 4000 400 2000 200 0 0 0 2 4 6 B (T) 8 10 12 R xx (Ω ) A basse T (typiquement 1,5 K) et fort champ magnétique, la résistance de Hall RH = VH / I prend les valeurs quantifiées 0µ m I Représentation et conservation de l'ohm : effet Hall quantique (2) § Conservation de l'ohm : Recommandation du Comité Consultatif des Poids et Mesures (CIPM) en 1990 : utilisation de l'EHQ pour la conservation de l'ohm Étalon de résistance de valeur RK / i (i = 2 ou 4) avec une reproductibilité relative de 10-10 Adoption en 1990 d'une valeur conventionnelle pour RK : RK-90 = 25 812,807 Ω § Développement des étalons Nouvelle génération d'étalons quantiques de résistances : QHARS : Quantum Hall Arrays of Resistance Standards A B B 100 µm A 950 µm 200 µm Intégration de nombreuses barres de Hall élémentaires connectées entre elles sur un seul échantillon Étalons quantiques de valeurs nominales comprises entre 100 Ω et 1 MΩ LNE leader dans ce domaine (collaborations avec Laboratoire d'Électronique de Philips et CNRS/LPN) Photographie et schéma d’un étalon de résistance nominale RK/200 (i = 2) (QHARS129) : 100 barres de Hall connectées en parallèle La détermination directe de RK au LNE Méthode : comparaison entre les valeurs de résistances obtenues - d’une part, avec l’étalon calculable de capacité de Lampard à 3 fréquences (R liée à m, s et µ0) - d’autre part, par des mesures en continu avec l’EHQ Capacité calculable ε γ= π0 ln 2 pF/m 5-1 1 EHQ RK RH (i)= i mètre 2 5 4 3 i= 2 ou 4 1 pF Ponts de capacités h i.e 2 10 pF 100 Ω 100 pF 200 Ω ou 10 kΩ 1000 pF DC RCω=1 10 nF R D C seconde ω (rd/s) 2500 5000 10000 AC 4C 40 kΩ 20 kΩ 10 kΩ Pont de quadrature Dernière détermination (2000) : RK = 25 812,808 1(14) Ω Sommaire § Introduction : § Le système international d'unités § Les unités électriques § La métrologie quantique § La métrologie électrique quantique "opérationnelle" : § Représentation et conservation du volt : effet Josephson § Représentation et conservation de l'ohm : effet Hall quantique § La métrologie électrique quantique "en développement" : § Vers un étalon quantique de courant fondé sur l'effet tunnel à un électron § L'expérience du triangle métrologique § La dématérialisation du kilogramme : la balance du watt § Conclusion Vers un étalon quantique de l'ampère : effet tunnel à un électron § Les dispositifs à effet tunnel à un électron (anglais : SET, Single Electron Tunneling) : Reposent sur le principe du blocage de Coulomb qui apparaît lorsqu'un morceau de circuit, appelé "îlot" est isolé électriquement du reste du circuit grâce à deux jonctions tunnel de capacité C. Apparition d'une énergie électrostatique : EC = e2 / 2CΣ , énergie de Coulomb nécessaire pour pouvoir ajouter un électron sur l'îlot § Transistor SET : C Jonctions tunnel (Al2O3) Al Source Al C Al îlot Drain Cg Vp Vg Grille Les dispositifs SET : Principe C C Diagrammes d'énergie : L'énergie de Coulomb entraîne l'apparition d'une bande d'énergie interdite de largeur e2/CΣ Cg Vp e- e.Vp EFSource En+1 e2 e e.Vp CΣ En EFDrain îlot e2 CΣ e- EFDrain En Drain Vg= 0 En+1 > EFSource + e.Vp Transfert d'e- entre source et drain impossible Etat bloquant En+1e- EFSource n Source Barrière tunnel Barrière tunnel Vg Source îlot Drain Vg≠ 0 En+1 < EFSource + e.Vp Transfert d'e- entre source et drain possible Etat passant Transistor SET : contrôle du passage ou non des e- à travers le dispositif, mais système "tout ou rien" : pas de contrôle quantitatif du courant La pompe à électron Diagramme de stabilité : C C C 20 I (pA) 0 15 3,000 10 4,000 7,000 Vp Vg1 Vg2 Vg2 (mV) 5 30,00 40,00 0 70,00 90,00 -5 120,0 140,0 150,0 -10 -15 État passant pour des couples de valeurs (Vg1,Vg2) bien déterminés -20 -20 -15 -10 -5 0 V g1 (mV) Permet le contrôle du courant électron par électron en appliquant sur les grilles des tensions harmoniques à la fréquence f déphasées de Φ ~ 90° : Vg1 = Vg10 + A cos(2πft) Vg2 = Vg20 + A cos(2πft + Φ) 5 10 15 20 Principe de fonctionnement d'une pompe à électron Vg1 = Vg10 + A cos(2πft) Vg2 = Vg20 + A cos(2πft + Φ) e- (0,0) Vp e- (1,0) Vp Vg1 Vg1 Vg2 Vg2 (1,1) (0,1) N e- (0,1) Vg2 Vp P (0,0) Vg1 e- (0,0) Vp Vg2 Vg1 Vg2 (1,0) AnimPompe.exe 3,6 f = 10 MHz 2,6 Courant quantifié : I=e.f I (pA) Vg1 1,6 0,6 Marche de courant -0,4 -350 0 V p (µV) 350 L'amplification et la mesure du courant issu d'un dispositif SET (1) Le Comparateur Cryogénique de Courants Continus (4C) Principe : Mise en œuvre : I2 I1 Bobine de détection I I1 Squid (a) B=0 I4C I2 (1) Théorème d’Ampère sur le contour (a) : ∫ (a) B.dl = µ 0 ( I1 + I2 - I ) (2) Etat Meissner : B = 0 dans le supra Blindage toroïdal Enroulement 1 (N1 tours) Enroulement 2 (N2 tours) I4C = N1I1 – N2I2 (1) & (2) I = I1 + I2 I4C = 0 → N1I1 = N2I2 L'amplification et la mesure du courant issu d'un dispositif SET (2) • Utilisation du 4C en ampli de faibles courants : 4C Squid I1 N1 N2 R I2 Vout I1 = faible courant à mesurer (qq pA) Squid : mesure de I4C = N1I1 - N2I2 Contre-réaction du Squid : ajuste I2 tel que I4C = 0 R : Résistance étalonnée I2 = N1 I1 N2 Très grande exactitude du gain = rapport d’enroulements Mesure de : Vout = R N1 I1 N2 Mesure de I1 avec une très grande précision • Caractéristiques du 4C utilisé pour les mesures de dispositifs SET : N1 = 20 000 - N2 = 2 Niveau de bruit blanc : 4 fA/Hz1/2 à 1Hz Aspects expérimentaux Contraintes expérimentales : Atténuateurs –20dB à 4K Capacités ~ 10-17 F → Surfaces d'objet < 0,01 µm2 Passages étanches → Nanofabrication Pot à 1K PMMA 1 23 oxy Jonction Jonction Al/AlOx/Al Al/ AlO x/Al Atténuateurs –20dB à 800mK Diviseur résistif Polarisation Câble bifilaire Échangeur tubulaire COMA substrat Polarisation thermocoax® Grilles "undercut" Échangeur à poudre en argent fritté Fluctuations thermiques : EC >> kBT Chambre de mélange Filtres méandres → Très basses T : réfrigérateur à dilution Bruit électromagnétique : → Blindage, filtrage Cellule de mesure contenant l'échantillon Squid Blindage ferromagnétique Niobium 4C N1 = 20 000 N2 = 2 Plomb Résultats obtenus au LNE sur des pompes à électrons Mesures de marches de courant sur des pompes à 3 jonctions de type R fabriquées par la PTB : Rq : Les résistances de part et d'autre de la pompe permettent de limiter l'effet tunnel concomitant, source d'erreur de pompage. R Vp R Vg1 Vg2 0,2 0,15 I-I o (p A ) 0,1 f = 10 MHz 200 µV ∆(Ι−Ι ο )=30 fΑ Α 0,05 0 -0,05 3,6 2,6 I (pA) -0,1 -0,15 1,6 0,6 -0,4 -0,2 -200 -100 0 100 200 Tension de polarisation Vp (µV) 0,2 0,15 f = 30 MHz φ +180° 0,05 0 -0,05 -0,1 8 4 φ I (p A ) I-I o (pA) 0,1 -0,15 -0,2 -200 0 I = +e .f -4 I = -e .f -8 -100 0 100 Tension de polarisation (µV) 200 Meilleure incertitude relative mesurée sur le courant : 1,6.10-5 (mesure à 50 MHz pendant 36,75 h) L'expérience du triangle métrologique Réalisation d'une loi d'Ohm quantique : application de U = RI directement à partir des quantités fournies par l'effet Josephson, l'effet Hall quantique et l'effet tunnel à un électron f fJ I=ef pompe à e- RH VJ Effet Josephson KJ = 2e h Effet tunnel à un électron Pompe à électron Réseau de jonctions Josephson Qx = e U=n KJ-1.f1 J I=Qx.f2 Réseau QHARS I U I=Ui/RK Effet Hall quantique RK = h e2 Mesure de la quantité RKKJQX, théoriquement égale à 2 But : Vérifier à un niveau d'incertitude de 10-8 la cohérence des 3 constantes RK, KJ et QX impliquées dans les 3 phénomènes. → Renforcement de la confiance dans les relations entre RK, KJ, QX et h, e Le triangle métrologique au LNE Générateur de fonctions Référence 10 MHz Source Source hyperfréquence Contrôle en temps réel Résistance de Hall UH T = 1.2 1.2 KK I B = 10 T Réseau de jonctions Josephson programmable Pompe à électrons SQUID DC Pompe à électrons SET SET 10 kΩ Résistance matérielle étalonnée SQUID DC Détecteur de zéro T = 4.2 K T = 300 K T = 30 mK 000)optionnel optionnel T = 4.2 K 44CC(N(N==11000) T = 4.2 K 4C C (N (N ==50 4 30000) 000) Originalité : Application directe de la loi d'Ohm U = RI, rendue possible par l'utilisation du 4C Objectif : Fermeture du triangle métrologique à 10-6 à l'horizon 2008 Le triangle métrologique : la variante Q = CV (1) NIST (Etats-Unis), METAS (Suisse), PTB (Allemagne) Principe : collecter les électrons fournis par un dispositif SET aux bornes d'une capacité cryogénique et comparer la tension induite à ses bornes avec la tension Josephson. fJ Q = Ne pompe à econtrolée par un électromètre C VJ J Expérience en 2 phases : 1ère phase : pompage des électrons et charge de n électrons sur les armatures de la capacité cryogénique 2ème phase : comparaison entre la capacité cryogénique et une capacité de référence Le triangle métrologique : la variante Q = CV (2) 1ère phase : 2ème phase : Tension de contre-réaction reliée à l'EJ : U = n3KJ –1f3 VCR capacité cryogénique Ccryo ≈ 1 pF N2 N1 Ccryo V1 N2 îlot 1 fF DZ Ve électromètre pompe à e- V2 Cref = 10 pF Capacité parasite 10 pF Vg5 Vg6 Cref / Ccryo = V1 / V2 Charge pompée reliée à QX : nQX C = KJQX / [(n3/n)f3] îlot T < 100 mK Vg1 Vg2 N1 Meilleure incertitude obtenue au NIST sur cette expérience : 1.10-6 Perspectives futures sur l'étalon de courant et le triangle métrologique Incertitude requise pour l'expérience du triangle métrologique : 1.10-8 Situation actuelle : • Étalons quantiques de tension et de résistances : < 10-9 sur les représentations du volt et de l'ohm • Étalon de courant : 1,6.10-5 Limitation ! Améliorations futures de l'incertitude : 2 voies 1.Développement de nouveaux 4C à plus grand gain et bruit réduit : - 4C "conventionnels" réalisés à base de bobinages - 4C fabriqués à partir de pistes microlithographiées (gain de place à nombre de tour équivalent, T de fonctionnement plus basse possible) - utilisation de Squids optimisés 2. Nouveaux dispositifs SET délivrant des courants plus importants : - dispositifs supraconducteurs (pompes et écluses à paires de Cooper) - dispositifs semi-conducteurs en silicium (transistors SET à barrières réglables) Sommaire § Introduction : § Le système international d'unités § Les unités électriques § La métrologie quantique § La métrologie électrique quantique "opérationnelle" : § Représentation et conservation du volt : effet Josephson § Représentation et conservation de l'ohm : effet Hall quantique § La métrologie électrique quantique "en développement" : § Vers un étalon quantique de courant fondé sur l'effet tunnel à un électron § L'expérience du triangle métrologique § La dématérialisation du kilogramme : la balance du watt § Conclusion La balance du watt (1) Le kilogramme étalon Le kilogramme : unité de masse dans le S.I. "Le kilogramme est égal à la masse du prototype international du kilogramme" (artefact en platine iridié conservé au pavillon de Breteuil au BIPM à Sèvres) Copies officielles de cet artefact dans les laboratoires nationaux de métrologie Problème : les inter-comparaisons entre les copies officielles et le prototype international montrent des dérives relatives avec le temps depuis la 1ère inter-comparaison (fin 19e) Dispersion relative ~ 10-7 Photo BIPM Variation par rapport à la vérification de 1889 (µg) Dérive moyenne entre proto. international et copies ~ 3.10-8 80 60 40 20 0 -20 -40 -60 -80 1889 1946/53 1989/92 "Vérification périodique" des prototypes nationaux 7 8(41) 32 K1 34 5 6 12 16 18 20 21 24 35 36 37 38 40 3 La balance du watt (2) Le kilogramme : seule unité de base du S.I. définie par un artefact matériel unique, avec, depuis la première mesure, une dispersion relative de l’ordre de 1.10-7 → Vers une nouvelle définition du kilogramme ? • Basée sur une grandeur invariante • Matérialisable en tout lieu et tout moment Conditions • Changement transparent pour l'utilisateur (exigence en incertitude) • Prenant en compte les théories physiques établies • Consensus international basé sur plusieurs résultats § L'expérience de la balance du watt : Objectif : établir une relation entre unité de masse et grandeurs électriques (incertitude espérée : 1.10-8) pour caractériser le comportement en fonction du temps du kilogramme en le reliant à une grandeur invariante (h, constante de Planck) qui pourrait à terme servir de base à l’élaboration d’une nouvelle définition de l’unité de masse. L'expérience en cours au LNE, en collaboration avec le LNE-INM (CNAM) et le LNE-SYRTE (Observatoire de Paris) ambitionne de contribuer à l'effort international en vue d'établir une nouvelle définition de l'unité de masse. Autres laboratoires travaillant sur un projet "balance du watt" : NPL (Royaume-Uni), NIST (Etats-Unis), METAS (Suisse). La balance du watt (3) : Principe de la double mesure Phase statique Phase dynamique Un conducteur de longueur l parcouru par un courant I est placé dans un champ radial d’induction B de telle sorte que la force de Laplace s’exerçant sur lui soit verticale. On ré-équilibre la balance grâce à une masse m. B I v v m Fz Le même conducteur est déplacé dans le même champ radial avec une vitesse verticale v. B ε P Apparition d'une tension induite : Fz = mg = BlI Fz v = ε I ε=− Kibble (1976) Puissance mécanique = puissance électrique mgv = εV R dΦ dz = Bl = Blv dt dt avec I = V R La balance du watt (4) mgv = εV R Effet Josephson : ε = n1 f1 / KJ , V = n2 f2 / KJ Effet Hall quantique : R = RK / i Balance LNE mgv = A K J2 R K avec A = n1 f1 n2 f2 i KJ = 2e / h et RK = h / e2 m = h. A 4 gv Relation entre la masse et la constante de Planck si on mesure les fréquences (f1,f2), l'accélération de la pesanteur et la vitesse. § Valeur d'incertitude : Détermination de la constante de Planck (NIST 2005) : h = 6,626 069 01(34) x 10-34 J Incertitude relative sur le rapport εV / Fzv : 52 nW/W Conclusion § Développements en cours : - étalon quantique de courant - triangle métrologique - balance du watt → Redéfinition des unités électriques et du kilogramme à partir de constantes fondamentales § Autres unités : Température (kelvin) Définition actuelle : artefact (point triple de l'eau) Nouvelle définition reliant le kelvin à la constante de Boltzmann kB Quantité de matière (mole) Définition actuelle : liée au nombre d'atomes dans 0,012 kilogramme de carbone 12 Nouvelle définition la reliant à la Constante d'Avogadro NA → Avènement d'un nouveau système d'unités fondé sur des constantes fondamentales… → Refonte du Système International ? Nouvelles définitions des unités et des grandeurs à mesurer Les équipes § Projet Balance du watt : Gérard Genevès, Pierre Gournay, François Villar, Christian Hauck, Darine Haddad, Marwan Wakim, Sébastien Merlet § Métrologie Électrique Fondamentale: François Piquemal Projet Étalon calculable de capacité de Thompson-Lampard : Olivier Thévenot, Christophe Consejo, Jean Claude Lacueille, Alexandre Bounouh Métroloqie électrique quantique: Conservation du volt - Effet Josephson : Sophie Djordjevic, Philippe Cancela, Olivier Séron Conservation de l'ohm - Effet Hall Quantique : Wilfrid Poirier, Félicien Schopfer, Haïm Fhima Étalon quantique de courant – Effet tunnel à un électron : Nicolas Feltin, Laurent Devoille, Barthélemy Steck, Adriana Gonzales-Cano Quelques publications Constantes fondamentales et système d'unités : C. J. Bordé, Base units of the SI, fundamental constants and modern quantum physics, Phil. Trans. R. Soc. A 363, 2177-2201 (2005). P.J. Mohr and B.N. Taylor, CODATA recommended values of the fundamental physical constants: 2002, Rev. Mod. Phys. 77, 1-107 (2005). Métrologie électrique fondamentale : G. Trapon et al., Determination of the von Klitzing constant RK in term of the BNM calculable capacitor – fifteen years of investigations, Metrologia 40, 159-171 (2003). F. Piquemal et al., Fondamental electrical standards and the quantum metrological triangle, C. R. Phys. 5, 857-879 (2004). N. Feltin et al., Un nouvel outil pour la métrologie quantique : le dispositif à un électron, Revue Française de Métrologie 2005-2, 11-34 (2005). Triangle métrologique : F. Piquemal et G. Genevès, Argument for a direct realization of the quantum metrological triangle, Metrologia 37, 207-211 (2000). J. Gallop, The quantum electrical triangle, Phil. Trans. R. Soc. A 363, 2221-2247 (2005). M.W.Keller et al., A Capacitance Standard Based on Counting Electrons, Science, Vol. 285, 1706-1709, Sept. 1999. Balance du watt : B.P. 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