Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance Partie I : les Etats-Unis et le monde depuis 1945 Exercice amorce 1 : Documents à utiliser : carte p. 66-67, carte p. 80-81 Consignes : Montrez que les Etats-Unis ont été une grande puissance de la Seconde Guerre Mondiale et du début de la Guerre Froide à nos jours mais que cette puissance a changé. Exercice amorce 2 : Consignes : A l’aide de la double page de cours et de documents p. 62-63, identifiez et expliquez les cinq grands principes qui guident la diplomatie des Etats-Unis depuis le début du XIXème siècle. Problématique : Comment les Etats-Unis ont-ils transformé et modelé la notion de puissance depuis 1945 en alternant entre interventionnisme de type wilsonien et unilatéralisme ? I. Une puissance globale qui se veut protectrice de la paix dans le monde (1945-1991) A. 1945, les Etats-Unis une superpuissance protectrice de la paix mondiale Documents à utiliser : Les buts de la guerre selon Roosevelt (F. D. Roosevelt, discours sur l’état de l’Union, janvier 1943), Roosevelt, héritier pragmatique de Wilson (A. Kaspi, Le monde selon Roosevelt, Les collections de l’histoire n° 56, p. 38-41), La guerre et la paix selon Roosevelt (A. Kaspi, Le monde selon Roosevelt, Les collections de l’histoire n° 56, p. 38-41). Document 1 : Les buts de la guerre selon Roosevelt Lors de son discours annuel devant le Congrès américain, le président Roosevelt expose la vision de la paix défendue par l’Amérique en guerre. Nous ne devons jamais oublié ce pour quoi nous combattons. […] Nous voulons une paix vraie et durable. Dans les années entre la fin de la Première Guerre mondiale et le début de la Seconde, nous ne vivions pas dans une telle [paix]. […] Rappelons-nous aussi que la sécurité économique pour l’Amérique du futur est menacée s’il n’y a pas une plus grande stabilité économique dans le reste du monde. Nous ne pouvons transformer l’Amérique en une île, du point de vue ni militaire, ni économique. […] La victoire dans cette guerre est notre premier et principal but. La victoire dans la paix est le prochain. […] Après la Première Guerre mondiale, nous avons tenté d’établir un système pour une paix durable, fondé sur un magnifique idéalisme. Nous avons échoué. Mais notre échec nous a appris que nous ne pouvons maintenir la paix seulement par de bonnes intentions. Cela veut dire s’engager dans l’agrandissement de la sécurité des hommes dans le monde entier. […] Source : F. D. Roosevelt, discours sur l’état de l’Union, janvier 1943. Document 2 : Roosevelt, héritier pragmatique de Wilson Isolationniste de raison jusqu'aux années 1930, Franklin Roosevelt engage toutes les forces des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Il décide qu'une fois la paix rétablie les Américains assumeront leurs responsabilités, celles d'une superpuissance. Franklin Roosevelt est un wilsonien réaliste. […] En avril 1917, les États-Unis entrent en guerre. Roosevelt participe, au premier rang, à la défense nationale. Il applaudit des deux mains les « quatorze points* » de Wilson, le projet d'une Société des Nations SDN qui instaurerait la sécurité collective, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. La politique 1 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance étrangère des États-Unis repose sur des valeurs universelles, la primauté du Droit, la Justice, la Liberté. […] Source : A. Kaspi, Le monde selon Roosevelt, Les collections de l’histoire n° 56, p. 38-41 Document 3 : La guerre et la paix selon Roosevelt Le 7 décembre 1941, le raid japonais sur Pearl Harbor détruit la quasi-totalité de la flotte américaine dans le Pacifique. […]Le spectateur engagé cède la place au belligérant. L'Amérique jette toutes ses forces dans la bataille. La guerre est mondiale. […] Après des années de frustrations, d'hésitations, de demi-mesures, Franklin Roosevelt devient un chef de guerre. Libre à lui maintenant d'imaginer ce que sera le monde, une fois que les démocraties et l'Union soviétique auront remporté la victoire. […]La priorité des priorités, l'objectif primordial, c'est de gagner la guerre. Quand la paix sera rétablie, les Américains assumeront leurs responsabilités, celles d'une superpuissance. La France, vaincue en 1940, ne retrouvera pas son rang. Le Japon et l'Allemagne seront reconstruits « à l'américaine ». La Chine occupera sans doute une place plus importante que celle qu'on lui attribue. Restent deux alliés avec lesquels il faut compter. […] La Grande-Bretagne de Winston Churchill est l'alliée privilégiée. Sans elle, pas d'après-guerre solide. L'Europe ne peut pas reprendre vie sans que les Britanniques y tiennent la place principale. […]Et l'Union soviétique ? Roosevelt n'éprouve aucune sympathie pour le régime stalinien - du moins jusqu'en 1942. Il constate, toutefois, que l'Armée rouge est indispensable pour défaire les armées hitlériennes. Il croit surtout que Staline évoluera. […]Les Russes ne domineront pas l'Europe. Il faut leur faire confiance. D'ailleurs, les États-Unis n'ont pas le choix. Ils doivent s'entendre avec l'URSS pour que l'après-guerre ne devienne pas une autre avant-guerre. L'opinion américaine est encore plus optimiste. […] Cependant, à son retour aux États-Unis [après Yalta], Roosevelt a bien compris que l'entente avec l'URSS est très fragile. Il nourrit peu d'illusions. Staline ne cédera rien en Europe et tâchera d'établir un glacis stratégique aux dépens de la démocratie. L'après-guerre n'instaurera pas la paix éternelle et universelle. Source : A. Kaspi, Le monde selon Roosevelt, Les collections de l’histoire n° 56, p. 38-41 Questions : 1. Expliquez quelle est la vision du conflit et celle de la paix défendues par Roosevelt ? Est-il pour autant certain d’y parvenir ? 2. A l’aide des connaissances de première et des documents, montrez que les Etats-Unis ont l’intention de participer au maintien de la paix à la fois comme « gendarmes du monde » et comme membre d’une organisation internationale de régulation de la paix. B. Les Etats-Unis, superpuissance responsable du déclenchement de la Guerre Froide ? Documents à utiliser : carte de l’internationalisation de la puissance américaine (manuel Belin TESL), Le plan Marshall, sauver un monde conforme aux intérêts des Etats-Unis (P. Melandri, le coup de génie du général Marshall, Les collections de l’histoire n° 56, p. 42), Les Etats-Unis, une puissance impérialiste après 1945 ? (P. Hassner, Un Empire pas comme les autres, Les collections de l’histoire n° 56, p. 49 et suiv.), L’action des Etats-Unis dans le monde pendant la Guerre Froide (P. Hassner, Un Empire pas comme les autres, Les collections de l’histoire n° 56, p. 49 et suiv.), document 3 p. 69. 2 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance Document 1 : L’internationalisation de la puissance américaine : Document 2 : Le plan Marshall, sauver un monde conforme aux intérêts des Etats-Unis A coups de milliards de dollars, le plan Marshall, l'acte « le plus désintéressé de l'histoire » selon Churchill, a permis aux Américains de s'investir durablement dans les affaires du Vieux Continent et a ramené la prospérité dans l'Europe de l'Ouest en ruines. De part et d'autre de l'Atlantique, les réticences étaient pourtant grandes. «La vérité, c'est que les besoins de l'Europe pour les trois ou quatre prochaines années en nourriture ou autres produits essentiels en provenance de l'étranger - notamment des ÉtatsUnis - sont si supérieurs à sa capacité actuelle de financement qu'elle doit recevoir une assistance supplémentaire substantielle ou faire face à une détérioration économique, sociale et politique d'une extrême gravité. » Dans son célèbre discours du 5 juin 1947 à Harvard, George C. Marshall, secrétaire d'État ministre des Affaires étrangères américain depuis le mois de janvier, résume parfaitement le but du plan auquel son nom est demeuré attaché : sauver un ordre [économique] international1 conforme aux intérêts des États-Unis. […] Source : P. Melandri, le coup de génie du général Marshall, Les collections de l’histoire n° 56, p. 42 1 Cet ordre économique international repose sur les accords de Bretton Woods signés en 1944 qui font du dollar la seule monnaie de compte internationale, gagée sur la valeur de l’or. Toutes les monnaies voient ensuite leurs valeurs calculées par rapport au dollar. 3 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance Document 3 : Les Etats-Unis, une puissance impérialiste après 1945 ? Les Américains se voient en défenseurs du monde libre. Il y a là évidemment une part d'hypocrisie. Car il existe bien des rapports de domination, de nature politique, militaire et économique. Quand Truman déclare en mars 1947 que les États-Unis sont pour la première fois en position d'établir la paix dans le monde, il parle de la liberté de pensée, de la liberté politique mais aussi de la liberté du commerce : on retrouve là leur intérêt économique et l' « open door policy » politique de la porte ouverte de la fin du XIXe siècle. […]Pour l'Europe, en tout cas, on ne peut pas parler d'un impérialisme « classique » : les États-Unis donnaient le plan Marshall* à condition que les Européens coopèrent entre eux. […]Parlons d'un impérialisme éclairé, d'inspiration libérale, dans la mesure où il servait à la fois les intérêts américains et ceux des Européens, qui émergeaient des décombres de la guerre. Source : P. Hassner, Un Empire pas comme les autres, Les collections de l’histoire n° 56, p. 49 et suiv. Document 4 : L’action des Etats-Unis dans le monde pendant la Guerre Froide Si impérialisme il y a [en Europe], il n'est pas de même nature, en tout cas, que celui que Washington pratique à l'égard de l'Amérique latine. Là, on est dans une configuration d'un classicisme impeccable. Au Guatemala ou à Saint-Domingue, les Américains, sous Eisenhower comme sous Kennedy, n'hésitent pas à financer des coups d'État pour renverser des gouvernements légitimes. La même politique se poursuit au Chili en 1973, sous Nixon, lorsque les États-Unis favorisent la prise de pouvoir par Pinochet. Les Américains se considèrent comme chez eux, dans leur pré carré. La doctrine Monroe formulée au début du XIXe siècle reste de mise. […]En Asie, c'était encore différent, les Américains ont établi des relations bilatérales multiples avec le Japon, avec Taïwan quand la Chine est devenue communiste, avec le Pakistan - l'Inde étant non-alignée. Les différents alliés des États-Unis restaient souvent en mauvais termes entre eux. […]En revanche, les relations des États-Unis avec les divers pays occupation, rééducation, alliance avec le Japon, protection pour la Corée du Sud ou Taïwan, renversement encouragé ou organisé de Sukarno en Indonésie, aux Philippines lutte contre la guérilla révolutionnaire, puis soutien à la démocratie lors du renversement du dictateur Marcos, renversement de Mossadegh par la CIA* en Iran ont été permanentes, encore que variables. […]Roosevelt avait fait le pari de la bonne foi de Staline, « le plus grand pari de l'histoire », comme il l'avait confié à son fils. Mal lui en a pris. […]Si, des diplomates - Averell Harriman, Georges Kennan - ont fait part de leurs inquiétudes. Mais jusqu'en 1946, l'attitude officielle à Washington reste constante : nous sommes alliés, c'est à nous de nous entendre pour régler les affaires du monde au lendemain de la guerre. […] [La doctrine du containment] s'élabore au terme d'une réflexion qui fait le constat de la dégradation irréversible des relations entre Occidentaux et Soviétiques. En février 1946, le diplomate américain George Kennan, en poste à Moscou, adresse à Washington un long télégramme où il invente la doctrine de l'endiguement, le containment. […]Le 12 mars 1947, Truman prononce au Congrès un discours dans lequel il propose l'aide des États-Unis aux pays qui veulent défendre leur liberté. Une date souvent considérée comme la date de naissance de la guerre froide. Source : P. Hassner, Un Empire pas comme les autres, Les collections de l’histoire n° 56, p. 49 et suiv. Questions : 1. Identifiez les raisons qui expliquent que les Etats-Unis soient sortis de leur isolationnisme après la Seconde Guerre Mondiale ? 2. Pourtant, montrez qu’en 1945, les Etats-Unis ne veulent pas gérer les relations internationales comme seule et unique superpuissance (utilisez vos connaissances de première). 3. A l’aide du document 3 du I. A., expliquez que le déclenchement de la Guerre Froide par les Etats-Unis n’a rien d’inéluctable. 4 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance 4. Expliquez quels sont les intérêts qui expliquent que les Etats-Unis ne soient pas favorables à ce que l’Europe sombre dans la dépression économique, voire dans le communisme ? 5. Dans quelles mesures peut-on dire qu’une fois la Guerre Froide débutée, les Etats-Unis ont été interventionnistes, mais à des degrés différents selon les continents (utilisez aussi les connaissances de première) ? C. Les Etats-Unis jusqu’aux années 1960, entre domination économique et Soft power Documents à utiliser : Le plan Marshall, pourvoyeur d’un nouvel modèle d’économie libérale pour le monde (P. Melandri, le coup de génie du général Marshall, Les collections de l’histoire n° 56, p. 42), document 5 p. 71, Le Soft Power, une autre forme de la puissance américaine (J. M. Gaillard, Les Etats-Unis sont-ils tous puissants, Les collections de l’Histoire n° 7, 2000) Document 1 : Le plan Marshall, pourvoyeur d’un nouvel modèle d’économie libérale pour le monde Dans son célèbre discours du 5 juin 1947 à Harvard, George C. Marshall, secrétaire d'État ministre des Affaires étrangères américain depuis le mois de janvier, résume parfaitement le but du plan auquel son nom est demeuré attaché : sauver un ordre international conforme aux intérêts des États-Unis. Aussi les Américains cherchent à appliquer au monde les méthodes auxquelles ils attribuent leur prospérité. Discernant dans un vaste marché national une des clés de leur succès, ils comptent sur l'abolition des discriminations douanières pour réaliser à l'échelle de la planète cette division optimale du travail qui accroît la productivité. Voyant dans l'initiative privée le meilleur gage d'efficacité, ils sont décidés à la protéger des nationalisations. Mais comprenant aussi, New Deal oblige, l'intérêt d'un interventionnisme tempéré, ils financent la création d'organisations internationales afin d'atténuer les fluctuations économiques trop brutales. Tandis qu'une Organisation des Nations unies ONU est mise en place pour gérer la paix, de nouvelles institutions sont chargées d'assurer le rétablissement de la prospérité : la Banque internationale pour la reconstruction et le développement BIRD, le Fonds monétaire international FMI et une Organisation internationale du commerce qui ne verra pas le jour mais aboutira en 1947 au General Agreement on Tariffs and Trade GATT, Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce. Pour les États-Unis, ce système est le plus favorable qui se puisse imaginer. Il institutionnalise leur leadership économique tandis que leur statut plus modeste de « primus inter pares » au Conseil de sécurité des Nations unies limite le coût de leurs nouvelles responsabilités. Cette illusion est de courte durée. […] Le 3 avril 1948, le président Harry Truman signe enfin la loi qui lance le Plan de reconstruction européenne European Recovery Program. Les pays assistés doivent signer une convention collective qui institue l'Organisation européenne de coopération économique OECE. Par ailleurs, chaque pays bénéficiaire doit conclure avec les États-Unis un accord bilatéral par lequel il s'engage à utiliser au mieux les ressources à sa disposition, à stabiliser sa monnaie, à coopérer avec les autres participants pour libérer les échanges commerciaux, à ouvrir aux Américains l'accès à ses ressources naturelles, enfin à accueillir une mission de l'Economic Cooperation Administration ECA, l'agence chargée de la gestion du plan. Source : P. Melandri, le coup de génie du général Marshall, Les collections de l’histoire n° 56, p. 42 5 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance Document 2 : Le Soft Power, une autre forme de la puissance américaine Considérant les biens culturels comme des produits comme les autres qui se vendent et s'achètent, s'importent et s'exportent, les États-Unis s'efforcent d'obtenir la libéralisation complète des échanges dans ce secteur [...]. Bien qu'ils se heurtent à la résistance des pays tiers, en particulier des Européens, et parmi eux des Français [...], les États-Unis occupent déjà une position prééminente. Dans le domaine du cinéma, les « blockbusters », succès mondiaux, sont, à quelques exceptions près, produits aux États-Unis par les sept grands studios d'Hollywood. Peu nombreux encore dans les années 1960 James Bond ou 1980 Indiana Jones, ils sont maintenant monnaie courante, de Jurassic Park à Titanic, de Matrix à La Menace fantôme. [...]. Le symbole de cette industrie est peut-être, plus que les compagnies Viacom ou Time Warner, Walt Disney qui s'est alliée en 1997 avec Coca-Cola et McDonald's dans un partenariat de dix ans, chacune s'engageant à diffuser les produits des deux autres. Et l'on peut en dire autant de la télévision : émissions pour enfants, sitcoms, feuilletons ont envahi les écrans du monde entier. En Europe, il est des heures et des pays où les productions américaines occupent 70 % du temps d'antenne hors émissions d'information et de variétés. De Dallas, Dynasty, Starsky et Hutch, dans les années 1980, aux séries cultes des années 1990 et succès d'aujourd'hui tels New York Police Blues, Friends, X-Files ou Ally Mac Beal, [CSI, Bones, Dr House, Desesperate Housewives], c'est bien l'Amérique qui donne le tempo. Son industrie culturelle rapporte 18 milliards de dollars par an et représente le deuxième poste à l'export. Elle recouvre aussi bien les matériels que les programmes, au cinéma, à la télévision, y compris dans le domaine particulier de l'information : les États-Unis possèdent deux réseaux à couverture mondiale par satellite, Worldnet public et CNN privé dont on a souligné le rôle lors de la guerre du Golfe. [...] C'est donc la « culture américaine » au sens large — en y incluant musique, vêtement, façon de se nourrir — qui semble s'imposer. [...]. Source : J. M. Gaillard, Les Etats-Unis sont-ils tous puissants, Les collections de l’Histoire n° 7, 2000 Questions : 1. En dehors de l’influence politique et diplomatique, expliquez comment s’exerce la puissance américaine à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale ? 2. Expliquez comment la domination économique a-t-elle été mise en place. 3. En dehors de l’économie, quel autre moyen a été utilisé par les Etats-Unis pour développer son influence dans le monde et ce, dès la Guerre Froide ? II. De « l’hyperpuissance » des années 1990 à la contestation de la puissance américaine dans les années 2000 A. Le Nouvel Ordre Mondial dans les années 1990, un réel multilatéralisme ? Documents à utiliser : carte p. 80-81, Le Nouvel Ordre mondial selon G. Bush (Site de la Maison Blanche), Les Etats-Unis, une « hyperpuissance » dans les années 1990 ? (Ph. Golub, Le spectre de la décadence, Les collections de l’histoire n° 56, p. 69-70). Document 1 : Le Nouvel Ordre Mondial selon Georges Bush […] Ce soir, je veux vous parler de ce qui est en jeu, de ce que nous devons faire ensemble pour défendre partout les valeurs du monde civilisé et pour maintenir la force économique de notre pays. Nos objectifs dans le golfe Persique sont clairs, précis et bien connus : - L’Irak doit se retirer du Koweït complètement, immédiatement et sans condition ; - le gouvernement légitime du Koweït doit être rétabli ; - la sécurité et la stabilité dans le golfe Persique doivent être garanties ; 6 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance - les ressortissants américains à l’étranger doivent être protégés. Ces objectifs ne sont pas seulement les nôtres. Ils ont été approuvés par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies […]. La plupart des pays partagent notre volonté de faire respecter les principes. […] Il est clair qu’aucun dictateur ne peut plus compter sur l’affrontement Est-Ouest pour bloquer l’action de l’ONU contre toute agression. Un nouveau partenariat des nations a vu le jour. […] De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. Une ère où tous les pays du monde, qu’ils soient à l’Est ou à l’Ouest, au Nord ou au Sud, peuvent prospérer et vivre en harmonie. […] Aujourd’hui, ce nouveau monde cherche à naître. Un monde tout à fait différent de celui que nous avons connu. Un monde où la primauté du droit remplace la loi de la jungle. Un monde où les états reconnaissent la responsabilité commune de garantir la liberté et la justice. Un monde où les forts respectent les droits des plus faibles. […] Les Etats-Unis et le monde doivent défendre leurs intérêts communs vitaux. Et ils le feront. Les Etats-Unis et le monde doivent soutenir la primauté du droit. Et ils le feront. Les Etats-Unis et le monde doivent se dresser contre l’agression. Et ils le feront. Et une dernière chose : dans la poursuite de ces objectifs, les Etats-Unis ne se laisseront pas intimider. […] Les récents évènements ont certainement montré qu’il n’existe pas de substitut au leadership américain. Face à la tyrannie, que personne ne doute de la crédibilité et du sérieux des Etats-Unis. Que personne ne doute de notre détermination. Nous défendrons nos amis. […] Source : Discours du président G. Bush devant le Congrès, 11 septembre 1990 Document 2 : Les Etats-Unis, une « hyperpuissance » dans les années 1990 ? La dissolution de l'URSS en 1991 a entraîné une disparité stratégique extraordinaire. Les États-Unis se sont retrouvés dans une configuration inédite « d'unipolarité », c'est-à-dire de suprématie militaire mondiale incontestée. […] L'avantage économique américain était beaucoup moins marqué, mais les États-Unis étaient redynamisés par leur avance dans la révolution, encouragée par l'État, des technologies de l'information. Du fait de l'afflux de capitaux venant s'investir aux États-Unis, ces derniers ont pu financer leur expansion économique à faible coût. Leurs principaux concurrents s'étaient simultanément affaiblis. Du fait des coûts de la réunification allemande, l'Europe devait connaître une décennie de croissance molle. Le Japon, qui paraissait économiquement triomphant dans les années 1980, était tombé dans une longue période de stagnation dont l'archipel n'est pas encore vraiment sorti. Au plan des représentations, le modèle américain semblait triompher, tant dans les modes de consommation qu'au niveau politique avec la vague de démocratisation en Amérique latine et en Asie orientale. En somme, à l'abord de l'an 2000, les États-Unis paraissaient dans le meilleur des mondes possibles. Le résultat fut un accès de triomphalisme. […] Voix parmi tant d'autres, début 2001, Henry Kissinger écrivait : « A l'aube du nouveau millénaire, les États-Unis jouissent d'une prééminence qui n'a jamais été égalée, même par les plus grands empires du passé. De l'armement à l'esprit d'entreprise, de la science à la technologie, de l'éducation supérieure à la culture populaire, l'Amérique exerce un ascendant sans parallèle sur la planète. » Pour leur part, les néoconservateurs se mirent à rêver d'un « nouveau Siècle américain » et à bricoler une stratégie pour pérenniser la « nouvelle ère d'unipolarité ». Source : Ph. Golub, Le spectre de la décadence, Les collections de l’histoire n° 56, p. 69-70 Questions : 7 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance 1. Après avoir replacé le document 1 dans son contexte, vous en présenterez l’auteur. 2. En quoi ce texte montre-t-il que les Etats-Unis sont une « hyperpuissance » ? 3. Montrez que la position des Etats-Unis dans le monde repose sur une vision multilatérale ? 4. Pour autant, cette vision multilatérale n’est-elle pas marquée par une volonté de supériorité des Etats-Unis et un rôle de leadership dans le monde ? 5. Selon le terme d’Hubert Védrine, les Etats-Unis étaient-ils une « hyperpuissance » dans tous les domaines ? B. Le retour à l’unilatéralisme après 2001 Documents à utiliser : Le choix de l’unilatéralisme (Ph. Golub, Le spectre de la décadence, Les collections de l’histoire n° 56, p. 70), document 2 p. 75, document 1 p. 77, les Etats-Unis et le monde au lendemain du 11 septembre 2001 (cartothèque science-po). Document 1 : Le choix de l’unilatéralisme Les attentats ont révélé une vulnérabilité à un défi de type nouveau - le terrorisme transnational non étatique - et profondément atteint le moral des Américains. Mais ils n'ont pas modifié la nouvelle donne des relations internationales. Les grands équilibres n'ont pas été rompus. Ce qui a modifié la donne, du moins en partie, est la réponse de l'administration Bush aux attentats du 11-Septembre. Cette dernière a choisi une stratégie de rupture en officialisant une doctrine de guerre préventive, en abandonnant les institutions multilatérales et le droit humanitaire international, et en engageant une mobilisation militaire de grande ampleur dont la finalité n'était pas logiquement liée au terrorisme transnational. L'objectif sous-jacent était de remodeler les relations internationales. Le 12 octobre 2001, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld déclarait dans une interview accordée au New York Times, que les événements du 11-Septembre représentent « le genre d'opportunités que la Seconde Guerre mondiale avait offertes de refaçonner une grande partie du monde ». Source : Ph. Golub, Le spectre de la décadence, Les collections de l’histoire n° 56, p. 69-70 8 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance Document 2 : Questions : 1. Montrez que les Etats-Unis adoptent une position unilatérale après les attentats du 11 septembre 2001. 2. Montrez que depuis 2008 et l’arrivée de Barack Obama, les idées issues du wilsonisme sont de nouveau à l’ordre du jour, de même que le multilatéralisme. C. Une « hyperpuissance » économique depuis les années 1990 ? Conclusion : organigramme p. 83 9 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance Partie II : La Chine et le monde depuis le « mouvement du 4 mai 1919 » Exercice amorce : Comparez la situation décrite par l’affiche et celle montrée par la photo. Que pouvez-vous en déduire de l’évolution de la situation de la Chine depuis le début du XXème siècle ? Document 1 : Le communisme chinois entre influence étrangère et patriotisme : Affiche réalisée par le parti communiste chinois en 1952 au moment de la parution des Œuvres Complètes de Mao Zedong. La phrase écrite en chinois signifie : « Etudions avec ardeur le marxisme-léninisme pensée de Mao Zedong, et construisons une nouvelle Chine prospère, riche et puissante ». Document 2 : La Chine accueille le monde : Source : Photo de la cérémonie d’ouverture des J.O. de Pékin, le 8 août 2008. 10 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance Problématique : Comment la Chine, puissance communiste naissante inspirée par sa grande sœur soviétique en 1949, est-elle devenue aujourd’hui un des plus grands leaders du monde, tout en gardant les bases du communisme ? I. La République populaire de Chine sous l’influence maoïste (1949-1978) A. Le parti communiste chinois, résistance à l’Occident et restauration de la puissance chinoise Documents à utiliser : document 1 p. 93, le parti communiste, un parti nationaliste et révolutionnaire (A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24), la victoire communiste née de la seconde guerre mondiale (A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24-25) Document 1 : Le parti communiste, un parti nationaliste et révolutionnaire : […]Rappelons d'abord que les communistes n'étaient pas moins nationalistes que les autres […]Persuadé que Lénine était en train de moderniser une Russie arriérée, maint intellectuel nationaliste était impatient de transposer en Chine une méthode qui avait pu faire ses preuves. Le politologue Chalmers Johnson a même identifié les communistes chinois à des nationalistes qui auraient gagné le soutien des masses paysannes en animant la résistance à l'envahisseur nippon1. Bien que cette thèse soit excessive et unilatérale, c'est incontestablement l'invasion japonaise qui a permis aux communistes de l'emporter : la révolution chinoise fille de la Seconde Guerre mondiale, comme la révolution russe de la Première. […] Si les révolutionnaires voulaient tous édifier une Chine forte et prospère, les communistes prétendaient aussi défendre les déshérités contre leurs exploiteurs. Dans un pays agricole où le prolétariat industriel représentait en 1949 moins de 2 % de la population, les pauvres dont il importait de promouvoir la condition, c'était avant tout les paysans. […] C'est la principale raison du choix de Mao Zedong, qui transfère, à partir de 1927, le combat révolutionnaire des villes aux campagnes. Source : A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24 Document 2 : La victoire communiste née de la seconde guerre mondiale De 1927 à 1934, Mao tente de mobiliser les paysans pauvres du Jiangxi en leur distribuant la terre des riches. Non pas dans tout le Jiangxi, mais dans ses régions les plus sousdéveloppées, et ce pour des raisons stratégiques et non sociales : il est plus facile de se terrer et de maintenir une armée dans les collines et montagnes mal administrées que le long des voies de communication. Mao y fonde en 1931 une « République soviétique chinoise ». […] Lorsque la « république soviétique du Jiangxi » s'effondre, […] les communistes entament leur Longue Marche. […] Épopée et plus encore mythe, la Longue Marche est d'abord une retraite, une fuite éperdue pour préserver l'instrument de la conquête du pouvoir : l'armée et ses chefs politiques et militaires. […] Les « masses paysannes » chères à l'historiographie maoïste ont-elles aidé cette expansion ? Pas au début, pas spontanément ensuite. Dès les premiers mois de son épopée du Jiangxi, en 1928, Mao a jugé les masses « froides et réservées ». Dix ans plus tard, lorsque l'invasion japonaise leur donne de nouveaux atouts, les communistes font certes de nombreuses recrues, mais à peu près exclusivement parmi les jeunes intellectuels patriotes, accessoirement parmi les fils de propriétaires fonciers ; les paysans ont, eux, d'autres chats à fouetter. […] Baptisée « libération » jiefang en Chine populaire, la révolution communiste est d'abord le remplacement d'une domination par une autre, plus rigoureuse mais plus efficace. Efficace pour rétablir la loi et l'ordre qui a tellement fait défaut. Moins efficace toutefois pour promouvoir l'indispensable modernisation qu'a, à l'origine, incarnée le projet révolutionnaire. Source : A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24-25 11 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance Questions : 1. Identifiez le fondement de l’idéologie communiste chinoise. 2. Montrez que le parti communiste chinois (PCC) est un parti nationaliste. 3. Identifiez les différentes actions menées par le parti communiste afin d’arriver au pouvoir. 4. Montrez quel est l’objectif principal du PCC une fois le pouvoir entre ses mains ? B. Construire un Etat fort Documents à utiliser : la constitution de la République populaire de Chine du 20 septembre 1954 (Ministère chinois des affaires étrangères) Document 1 : La constitution de la République populaire de Chine du 20 septembre 1954 […] En l’an 1949, après plus d’un siècle de lutte héroïque, le peuple chinois, guidé par le parti communiste chinois, a finalement remporté la grande victoire dans la révolution populaire contre l’impérialisme, le féodalisme, et le capitalisme bureaucratique […] et a fondé la République Populaire de Chine – une dictature populaire démocratique. Le système de la démocratie populaire – le système d’une nouvelle démocratie – de la République populaire de Chine garantit que notre pays peut, de manière pacifique, éliminer l’exploitation et la pauvreté et construire une société socialiste heureuse et prospère. […] Les tâches générales de l’Etat durant la période de transition consistent, pas à pas, à provoquer l’industrialisation socialiste du pays et, pas à pas, d’accomplir la transformation socialiste de l’agriculture, de l’industrie artisanale et capitaliste et du commerce. […] Au cours des dernières années, notre peuple a mis en place avec succès la réforme du système agraire, la résistance contre l’agression des Etats-Unis et l’aide à la Corée, l’élimination des contre-révolutionnaires, la réhabilitation de notre économie nationale et d’autres luttes à grande échelle, préparant ainsi les conditions nécessaires pour la construction d’une économie planifiée et la transition graduelle vers une société socialiste. […] L’unité des nationalités de notre pays continuera à gagner en force sur la base du futur développement de ponts fraternels et d’aide mutuelle, et sur la base de l’opposition à l’impérialisme, l’opposition aux ennemis publics dans nos rangs, et l’opposition à la fois au chauvinisme des grandes nations et du nationalisme local. Sur le chemin de la construction économique et du développement culturel, l’Etat sera concerné par les besoins des différentes nationalités, et, dans le but de la transformation socialiste, fera pleinement cas des caractéristiques spéciales dans le développement des nationalités. […] Article 2. Tous les pouvoirs de la République populaire de Chine appartiennent au peuple. Les organes à travers lesquels le peuple exerce le pouvoir sont le Congrès populaire national et les congrès populaires locaux à différents niveaux. […] Le Congrès populaire national, les congrès populaires locaux et les autres organes de l’Etat pratique le centralisme démocratique. Source : Ministère chinois des affaires étrangères Questions : 1. Après avoir replacé le document dans son contexte, vous en présenterez rapidement le ou les auteurs. 2. Présentez les caractéristiques du gouvernement de la République Populaire de Chine. 3. Identifiez les principes sur lesquels repose le nouveau gouvernement. 4. Identifiez contre qui ou quoi se bat la République Populaire de Chine. 5. Montrez que l’Etat ainsi créé est un Etat fort qui tente d’unifier la Chine sous son contrôle mais aussi se donner une envergure internationale. 12 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance C. Reconquérir son influence en Asie Documents à utiliser : Le traité sino-soviétique (Traité d’amitié sino-soviétique, 14 février 1950), document 2 p. 96 et document 4 p. 97, Influencer l’Asie et s’opposer à l’Occident (Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 136-137), document 1 p. 95. Document 1 : Le traité sino-soviétique : Le 14 février 1950, la République Populaire de Chine signe un traité d’amitié avec l’URSS. Théoriquement, il s’agit d’un traité de défense contre une éventuelle agression japonaise. Dans les faits, ce sont les Etats-Unis, puissance protectrice du Japon qui sont visés. Article I. Les parties contractantes entreprennent de prendre conjointement toutes les mesures nécessaires en leur pouvoir pour empêcher une répétition de l’agression [japonaise]. Si l’une des parties contractantes était attaquée par le Japon […], l’autre partie contractante lui fournira immédiatement une assistance militaire et autre, avec tous les moyens à sa disposition. […] Art. 3. Aucune des parties contractantes n’entrera dans une alliance dirigée contre l’autre partie, ou ne participera à une coalition ou à toute autre action ou mesures dirigées contre l’autre partie. Art. 4. Les deux parties contractantes se consulteront sur toutes les questions internationales importantes impliquant les intérêts communs de la Chine et de l’Union Soviétique. Source : Traité d’amitié sino-soviétique, 14 février 1950. Document 2 : Influencer l’Asie et s’opposer à l’Occident La rupture de l’Occident avec la Chine populaire n’est pas une résultante de la prise de pouvoir des communistes, ni de son engagement dans le camp socialiste. Elle est provoquée par l’intervention militaire de la Chine en Corée. [Les 8000 « volontaires » chinois] repoussent les troupes onusiennes, sauvant le régime de Kim Il-Sung. Cette confrontation va peser sur les relations sino-américaines […]. Pékin intervient plus discrètement mais de manière tout aussi efficace dans le conflit qui sévit en Indochine. Après avoir reconnu implicitement le gouvernement d’Hô Chi Minh en janvier 1950, elle lui apporte un soutien militaire et diplomatique, mais cette fois, elle évite toute implication directe qui risquerait une riposte occidentale. […] Dans le même temps, la Chine entend récupérer ce quelle considère comme être historique son territoire. En 1950, les troupes chinoises occupent le Tibet. En août 1954, Zhou Enlai fait de la libération de Taïwan un de ses principaux objectifs2. […] Enfin, la Chine entend se positionner en leader du Tiers-Monde et participe au mouvement des non-alignés lors des conférences de Bandung en 1955 et de Belgrade en 1961. […] Source : Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 136-137 Questions : 1. Identifiez quelle est l’alliance formée par la République Populaire de Chine afin de lui donner un poids international. Identifiez-en les fondements. 2. Identifiez les raisons de la querelle avec l’Occident, et notamment les Etats-Unis ? 3. Expliquez par quelles actions la Chine se présente-t-elle comme une puissance incontournable en Asie ? 4. Identifiez l’autre moyen utilisé par la Chine pour tenter de devenir une grande puissance en Asie, mais aussi dans le reste du monde dans les années 1950-1960. 2 Après la victoire des communistes en Chine continentale, les membres du Guomindang se sont réfugiés à Taïwan créant un Etat nationaliste chinois qui est officiellement le représentant chinois à l’ONU jusqu’en 1971, date à laquelle la République Populaire de Chine est reconnue par les Etats-Unis. 13 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance D. Une nouvelle puissance régionale Documents à utiliser : L’opposition Moscou-Pékin (Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 137-138), La normalisation des relations entre la Chine et l’Occident (Dictionnaire de la Guerre Froide p. 138-139), document 5 p. 97. Document 1 : L’opposition Moscou-Pékin Après une phase de reconstruction, la Chine de Mao adopte le modèle de développement stalinien d’édification du socialisme, mais elle ne peut en aucun cas être considérée comme un satellite de Moscou. L’URSS apporte l’aide financière et technique nécessaire à la mise en œuvre du plan quinquennal lancé en 1953. […] En 1956, des désaccords apparaissent entre les deux pays après la tenue du XXème Congrès du PCUS. […] Le fossé idéologique se creuse progressivement. Mao […] se montre de plus en plus hostile à la détente et reproche ouvertement à l’URSS d’abandonner la stratégie révolutionnaire pour rechercher la paix à tout prix. […] Mao tourne le dos au modèle soviétique. Il se lance dans l’industrialisation à outrance et lance son pays dans l’aventure du « Grand Bon en avant » et des communes populaires. Parallèlement, il renforce ses liens avec les éléments les plus révolutionnaires du Tiers-Monde. Le voyage de Khrouchtchev aux Etats-Unis en 1960 envenime un peu plus la situation et, en 1960, la rupture est consommée. […] Malgré leur isolement et l’échec patent du « Grand Bon en avant », les communistes chinois ne plient pas. […] La Chine utilise la crise de Cuba pour contester à Moscou le rôle de leader du mouvement communiste international. [En 1964], la Chine se dote de la bombe A et en juin 1967 […], elle se dote de la bombe H, aggravant l’inquiétude des soviétiques. […] De son côté, Moscou fomente des troubles à la frontières du Xinjiang pour dresser la population contre le pouvoir central. […] Les relations diplomatiques sont rompues et l’URSS envisage une frappe nucléaire préventive sur les installations atomiques du nord de la Chine. Source : Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 137-138 Document 2 : La normalisation des relations entre la Chine et l’Occident [La menace de guerre avec l’URSS] provoque un revirement total de la diplomatie chinoise, qui reçoit au même moment des signes d’apaisement de la part de Washington. […] Les échanges de biens et de personnes reprennent entre les deux pays. En 1971, la Chine populaire est admise aux Nations-Unies et retrouve sa place dans la communauté internationale. Le président Nixon se rend en visite officielle à Pékin du 21 au 28 février 1972. Lors de sa rencontre avec Mao Zedong, il manifeste son désir de normaliser les relations entre les deux pays. […] L’alliance sino-américaine, destinée à contrer « l’impérialisme russe », est abandonnée après la disparition du grand timonier (=Mao Zedong) en raison du soutien américain à Taïwan, mais que soit pour autant rompue la coopération économique. Source : Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 138-139 Questions : 1. Expliquez comment la Chine entend s’opposer à l’URSS dans les années 1960-1970. Identifiez les raisons de cette opposition. 2. Expliquez en quoi la normalisation des rapports avec l’Occident sont directement liés avec la querelle avec l’URSS. 3. Montrez que la Chine s’est dotée des attributs de la puissance internationale mais qu’elle est marquée intérieurement par de grandes difficultés économiques (utilisez des recherches personnelles). 4. Prouvez que l’influence chinoise n’est pas aussi importante que sa propagande semble le laisser entrevoir. 14 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance II. L’ouverture économique de la Chine à la mort de Mao A. L’acquisition de la puissance économique et financière Documents à utiliser : L’ouverture économique de Deng Xiaoping (François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300), document 1 p. 99, document 1 p. 106, vue de la skyline de Shanghai (Luxury Travel, 11 décembre 2013). Document 1 : L’ouverture économique de Deng Xiaoping […] Deng a d’abord enrayé un nouveau mouvement de mobilisation de masse dans l’agriculture. Il lance à cette occasion la critique des impostures de la politique économique et sociale de l’ère maoïste*. Puis il ouvre les vannes de la réhabilitation des victimes de la Révolution culturelle, lance une politique de hausse des prix d’achat des récoltes aux paysans. Il restaure aussi la légalité le droit même avait été suspendu pendant la dernière phase de la Révolution culturelle. […]Dès janvier 1979, dans la province du Sichuan, gouvernée par Zhao Ziyang, une réforme de l’entreprise est lancée : elle réhabilite les profits et rend aux entreprises d’État une autonomie de gestion. En juin 1979, des zones économiques spéciales ZES sont ouvertes aux étrangers, qui y implantent très vite des usines. Au début 1981, l’ensemble des terres cultivées est rendu aux familles paysannes, même si l’État en conserve la propriété théorique. […]En 1984, on libéralise une partie des prix industriels. On autorise la création d’entreprises privées en principe à échelle réduite. […]La généralisation des marchés libres réduit la portée des restrictions officielles à la mobilité de la population - on pourra désormais se déplacer plus facilement. Commence un afflux migratoire vers les villes chinoises, qui va bouleverser la répartition de la population. Toujours cette même année 1984, la libéralisation du commerce extérieur conduit à un gonflement des importations de biens de consommation et à un dérapage économique en 1985 : déficit commercial, effondrement des réserves de change, inflation des prix et du crédit. Ainsi s’achève le premier cycle économique de l’ère des réformes et de l’ouverture. Il sera suivi d’une deuxième vague de réformes au début des années 1990. Source : François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300, p. 103 Document 2 : Réformes économiques mais répression politique En 1986, le lieutenant le plus libéral de Deng, Hu Yaobang, propose de séparer le parti de l’État et de promouvoir la liberté d’expression. Il est désavoué par Deng et perd son poste en janvier 1987. Il faut dire que l’expansion des projets économiques et de la consommation conduit à un nouveau dérapage inflationniste à l’été 1988. C’est un moment clé. L’alliance de 1976 se disloque et les conservateurs reprennent le pouvoir. Les intellectuels, les étudiants et les classes urbaines se mobilisent alors pour appuyer les dirigeants réformateurs menacés, tandis que le refroidissement économique entraîne des difficultés sociales pour les petits entrepreneurs et les artisans. Ce sera la base économique et sociale du mouvement de Tian’anmen. […] La proclamation de la loi martiale, l’intervention sanglante d’une partie de l’armée, l’absence aussi d’alternative politique constituée, permettront de rétablir l’ordre ; la répression entraîne la chute de toute l’aile réformatrice du régime. On évalue à plusieurs milliers le nombre de morts, sans compter les nombreux blessés. Deng reste au pouvoir. Il a choisi la préservation du régime aux dépens de la réforme et de l’ouverture. La stabilité politique, le maintien du noyau dirigeant, seront désormais sa ligne directrice jusqu’à sa mort, en février 1997. Il a pourtant relancé la politique d’ouverture et de réforme, suscitant un flot sans précédent d’investissements étrangers vers la Chine. […] Source : François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300, p. 105 15 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance Document 3 : La Skyline de Shanghai : Source : Luxury travel, 11 décembre 2013 Questions : 1. Identifiez les réformes menées par Deng Xiaoping. 2. Montrez les effets de ces réformes sur l’économie chinoise ? 3. Expliquez en quoi, l’organisation de la ville de Shanghai reflète-t-elle aujourd’hui le caractère incontournable de la Chine dans les échanges économiques mondiaux. 4. Si la Chine s’est ouverte économique, peut-on estimer qu’il existe une ouverture politique ? B. Un nouveau centre géopolitique en Asie orientale Documents à utiliser : la Chine, une intégration progressive dans les instances internationales (François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300), carte 4 p. 105, carte 1 p. 106, document 1 p. 101. Document 1 : La Chine, une intégration progressive dans les instances internationales Deng a mené une politique d’ouverture, j’y ai fait allusion, qui a permis à la Chine de réintégrer pleinement la communauté internationale : l’entrée de la Chine dans tous les organismes financiers internationaux FMI, Banque mondiale en 1980-1981, participation à l’APEC, en 1993, et finalement entrée à l’OMC en 2001. Cela n’empêche pas que Deng se soit révélé un nationaliste à certains égards plus exigeant que Mao. Les hostilités contre le Vietnam en 1979, c’est lui qui en prend l’initiative - la Chine tente alors d’envahir son voisin. C’est lui qui négocie le rattachement de Hongkong à la Chine qui se fera finalement en 1997 et, quand, en 1983, un général affirme que l’Armée rouge ne stationnera pas dans la colonie revenue dans le giron chinois, il le dément aussitôt. Les dirigeants actuels de Pékin démentent toute volonté hégémonique en Asie. Ils se plient au précepte de Deng selon lequel il vaut mieux cacher ses forces et attendre son heure. Mais la Chine est décidée à jouer le premier rôle en Asie. Aucun doute n’est permis : elle veut se servir de son dynamisme économique pour étendre son rayonnement sur la région. Par réalisme, Pékin accepte l’équilibre géostratégique asiatique, marqué par l’alliance entre Washington et Tokyo. Source : François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300, p. 106 Questions : 1. Montrez que la Chine est une puissance diplomatique et militaire mais qu’elle doit aussi faire face à des nombreuses tensions géopolitiques dans sa zone d’influence. 2. Montrez que la Chine commence à sortir de sa zone d’influence asiatique aussi bien au point de vue politique, militaire qu’économique. 16 Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945 Chapitre 2 : Les chemins de la puissance C. La Chine, une puissance incomplète ? Documents à utiliser : les défis actuels de la population chinoise (Atlas de la Chine, 2012, p. 21), Pourquoi la Chine n’éclate-t-elle pas ? (Atlas de la Chine, 2012, p. 40), Une puissance militaire face à de nouveaux défis (Atlas de la Chine, 2012, p. 71), document 3 p. 104, document 2 p. 100. Document 1 : Les défis actuels de la population chinoise La population de Chine devrait se stabiliser vers 1,5 milliards d’habitants dans les 30 ans à venir. […] Mais les conséquences du boom démographique dans les années 1950 et 1960, puis de la politique de l’enfant unique pèseront longtemps sur le pays. Une main d’œuvre pléthorique, insuffisamment formée, est le défi majeur depuis 30 ans déjà. […] Le vieillissement de cette classe d’âge nombreuse constitue un autre défi. […] Un déséquilibre des sexes inquiète enfin les autorités chinoises : compte 123 garçons pour 100 filles parmi les enfants de moins de 5 ans en 2005. Source : Atlas de la Chine Document 2 : Pourquoi la Chine n’éclate-t-elle pas ? L’hypothèse du prochain éclatement territorial dû à l’essor économique actuel souligne une disparité régionale aggravée par les inégalités de croissance face à un Etat idéologiquement affaibli. Mais les principaux acteurs à la tête des logiques régionales ne sont plus aujourd’hui l’ancienne élite foncière et commerciale, ni des « seigneurs de la guerre ». Une solidarité dans leur appartenance au Parti communiste les lie entre eux et leur fait partager un discours commun. Premier acquis de la Chine socialiste, il faut en souligner une unité interne de nature politico-administrative. La fragmentation en cours entre les régions n’est pas radicale. Source : Atlas de la Chine Document 3 : Une puissance militaire face à de nouveaux défis. Les ambiguïtés de la puissance. Si sa doctrine reste strictement défensive, l’armée chinoise contribue aussi au maintien de l’ordre intérieur et au renforcement de la stratégie diplomatique du pays grâce à l’acquisition de moyens crédibles de coercition. La question taïwanaise et les possibilités d’une intervention américaine sont les principaux défis avancés en interne. Des forces armées à plusieurs vitesses. L’accent est mis sur la création d’unités disposant de moyens technologiques les plus modernes, notamment en technologie de l’information. Par contre, la grande majorité des forces militaires demeure très mal équipée. Un retard à combler. Les capacités navales et aériennes accusent un retard considérable face à celle des pays occidentaux, et notamment des principales puissances présentes dans la région, les Etats-Unis et le Japon. Le soutien russe. Alors que l’embargo européen sur les ventes d’armes date de la répression de 1989, la Russie est devenue le premier d’armes de la Chine dans les années 1990. Source : Atlas de la Chine Question : Montrez que malgré l’importance de la puissance économique et financière de la Chine à l’heure actuelle, les nombreux défis auxquels elle doit faire face ne lui permettent pas de prétendre au statut de superpuissance. Conclusion : organigramme p. 109 17