Chapitre 2, les chemins de la puissance, fiche exercice

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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
Partie I : les Etats-Unis et le monde depuis 1945
Exercice amorce 1 :
Documents à utiliser : carte p. 66-67, carte p. 80-81
Consignes : Montrez que les Etats-Unis ont été une grande puissance de la Seconde Guerre
Mondiale et du début de la Guerre Froide à nos jours mais que cette puissance a changé.
Exercice amorce 2 :
Consignes : A l’aide de la double page de cours et de documents p. 62-63, identifiez et
expliquez les cinq grands principes qui guident la diplomatie des Etats-Unis depuis le début
du XIXème siècle.
Problématique : Comment les Etats-Unis ont-ils transformé et modelé la notion de puissance
depuis 1945 en alternant entre interventionnisme de type wilsonien et unilatéralisme ?
I. Une puissance globale qui se veut protectrice de la paix dans le monde (1945-1991)
A. 1945, les Etats-Unis une superpuissance protectrice de la paix mondiale
Documents à utiliser : Les buts de la guerre selon Roosevelt (F. D. Roosevelt, discours sur
l’état de l’Union, janvier 1943), Roosevelt, héritier pragmatique de Wilson (A. Kaspi, Le
monde selon Roosevelt, Les collections de l’histoire n° 56, p. 38-41), La guerre et la paix
selon Roosevelt (A. Kaspi, Le monde selon Roosevelt, Les collections de l’histoire n° 56, p.
38-41).
Document 1 : Les buts de la guerre selon Roosevelt
Lors de son discours annuel devant le Congrès américain, le président Roosevelt expose la
vision de la paix défendue par l’Amérique en guerre.
Nous ne devons jamais oublié ce pour quoi nous combattons. […]
Nous voulons une paix vraie et durable. Dans les années entre la fin de la Première Guerre
mondiale et le début de la Seconde, nous ne vivions pas dans une telle [paix]. […]
Rappelons-nous aussi que la sécurité économique pour l’Amérique du futur est menacée s’il
n’y a pas une plus grande stabilité économique dans le reste du monde. Nous ne pouvons
transformer l’Amérique en une île, du point de vue ni militaire, ni économique. […] La
victoire dans cette guerre est notre premier et principal but. La victoire dans la paix est le
prochain. […] Après la Première Guerre mondiale, nous avons tenté d’établir un système pour
une paix durable, fondé sur un magnifique idéalisme. Nous avons échoué. Mais notre échec
nous a appris que nous ne pouvons maintenir la paix seulement par de bonnes intentions. Cela
veut dire s’engager dans l’agrandissement de la sécurité des hommes dans le monde entier.
[…]
Source : F. D. Roosevelt, discours sur l’état de l’Union, janvier 1943.
Document 2 : Roosevelt, héritier pragmatique de Wilson
Isolationniste de raison jusqu'aux années 1930, Franklin Roosevelt engage toutes les forces
des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Il décide qu'une fois la paix rétablie les
Américains assumeront leurs responsabilités, celles d'une superpuissance.
Franklin Roosevelt est un wilsonien réaliste. […] En avril 1917, les États-Unis entrent en
guerre. Roosevelt participe, au premier rang, à la défense nationale. Il applaudit des deux
mains les « quatorze points* » de Wilson, le projet d'une Société des Nations SDN qui
instaurerait la sécurité collective, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. La politique
1
Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
étrangère des États-Unis repose sur des valeurs universelles, la primauté du Droit, la Justice,
la Liberté. […]
Source : A. Kaspi, Le monde selon Roosevelt, Les collections de l’histoire n° 56, p. 38-41
Document 3 : La guerre et la paix selon Roosevelt
Le 7 décembre 1941, le raid japonais sur Pearl Harbor détruit la quasi-totalité de la flotte
américaine dans le Pacifique. […]Le spectateur engagé cède la place au belligérant.
L'Amérique jette toutes ses forces dans la bataille. La guerre est mondiale. […] Après des
années de frustrations, d'hésitations, de demi-mesures, Franklin Roosevelt devient un chef de
guerre. Libre à lui maintenant d'imaginer ce que sera le monde, une fois que les démocraties
et l'Union soviétique auront remporté la victoire. […]La priorité des priorités, l'objectif
primordial, c'est de gagner la guerre. Quand la paix sera rétablie, les Américains assumeront
leurs responsabilités, celles d'une superpuissance. La France, vaincue en 1940, ne retrouvera
pas son rang. Le Japon et l'Allemagne seront reconstruits « à l'américaine ». La Chine
occupera sans doute une place plus importante que celle qu'on lui attribue. Restent deux alliés
avec lesquels il faut compter. […] La Grande-Bretagne de Winston Churchill est l'alliée
privilégiée. Sans elle, pas d'après-guerre solide. L'Europe ne peut pas reprendre vie sans que
les Britanniques y tiennent la place principale. […]Et l'Union soviétique ? Roosevelt
n'éprouve aucune sympathie pour le régime stalinien - du moins jusqu'en 1942. Il constate,
toutefois, que l'Armée rouge est indispensable pour défaire les armées hitlériennes. Il croit
surtout que Staline évoluera. […]Les Russes ne domineront pas l'Europe. Il faut leur faire
confiance. D'ailleurs, les États-Unis n'ont pas le choix. Ils doivent s'entendre avec l'URSS
pour que l'après-guerre ne devienne pas une autre avant-guerre. L'opinion américaine est
encore plus optimiste. […] Cependant, à son retour aux États-Unis [après Yalta], Roosevelt a
bien compris que l'entente avec l'URSS est très fragile. Il nourrit peu d'illusions. Staline ne
cédera rien en Europe et tâchera d'établir un glacis stratégique aux dépens de la démocratie.
L'après-guerre n'instaurera pas la paix éternelle et universelle.
Source : A. Kaspi, Le monde selon Roosevelt, Les collections de l’histoire n° 56, p. 38-41
Questions :
1. Expliquez quelle est la vision du conflit et celle de la paix défendues par Roosevelt ?
Est-il pour autant certain d’y parvenir ?
2. A l’aide des connaissances de première et des documents, montrez que les Etats-Unis ont
l’intention de participer au maintien de la paix à la fois comme « gendarmes du monde »
et comme membre d’une organisation internationale de régulation de la paix.
B. Les Etats-Unis, superpuissance responsable du déclenchement de la Guerre
Froide ?
Documents à utiliser : carte de l’internationalisation de la puissance américaine (manuel Belin
TESL), Le plan Marshall, sauver un monde conforme aux intérêts des Etats-Unis (P.
Melandri, le coup de génie du général Marshall, Les collections de l’histoire n° 56, p. 42), Les
Etats-Unis, une puissance impérialiste après 1945 ? (P. Hassner, Un Empire pas comme les
autres, Les collections de l’histoire n° 56, p. 49 et suiv.), L’action des Etats-Unis dans le
monde pendant la Guerre Froide (P. Hassner, Un Empire pas comme les autres, Les
collections de l’histoire n° 56, p. 49 et suiv.), document 3 p. 69.
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Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
Document 1 : L’internationalisation de la puissance américaine :
Document 2 : Le plan Marshall, sauver un monde conforme aux intérêts des Etats-Unis
A coups de milliards de dollars, le plan Marshall, l'acte « le plus désintéressé de l'histoire »
selon Churchill, a permis aux Américains de s'investir durablement dans les affaires du Vieux
Continent et a ramené la prospérité dans l'Europe de l'Ouest en ruines. De part et d'autre de
l'Atlantique, les réticences étaient pourtant grandes.
«La vérité, c'est que les besoins de l'Europe pour les trois ou quatre prochaines années en
nourriture ou autres produits essentiels en provenance de l'étranger - notamment des ÉtatsUnis - sont si supérieurs à sa capacité actuelle de financement qu'elle doit recevoir une
assistance supplémentaire substantielle ou faire face à une détérioration économique, sociale
et politique d'une extrême gravité. » Dans son célèbre discours du 5 juin 1947 à Harvard,
George C. Marshall, secrétaire d'État ministre des Affaires étrangères américain depuis le
mois de janvier, résume parfaitement le but du plan auquel son nom est demeuré attaché :
sauver un ordre [économique] international1 conforme aux intérêts des États-Unis. […]
Source : P. Melandri, le coup de génie du général Marshall, Les collections de l’histoire n° 56, p. 42
1
Cet ordre économique international repose sur les accords de Bretton Woods signés en 1944 qui font du dollar
la seule monnaie de compte internationale, gagée sur la valeur de l’or. Toutes les monnaies voient ensuite leurs
valeurs calculées par rapport au dollar.
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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
Document 3 : Les Etats-Unis, une puissance impérialiste après 1945 ?
Les Américains se voient en défenseurs du monde libre. Il y a là évidemment une part
d'hypocrisie. Car il existe bien des rapports de domination, de nature politique, militaire et
économique. Quand Truman déclare en mars 1947 que les États-Unis sont pour la première
fois en position d'établir la paix dans le monde, il parle de la liberté de pensée, de la liberté
politique mais aussi de la liberté du commerce : on retrouve là leur intérêt économique et l' «
open door policy » politique de la porte ouverte de la fin du XIXe siècle. […]Pour l'Europe,
en tout cas, on ne peut pas parler d'un impérialisme « classique » : les États-Unis donnaient le
plan Marshall* à condition que les Européens coopèrent entre eux. […]Parlons d'un
impérialisme éclairé, d'inspiration libérale, dans la mesure où il servait à la fois les intérêts
américains et ceux des Européens, qui émergeaient des décombres de la guerre.
Source : P. Hassner, Un Empire pas comme les autres, Les collections de l’histoire n° 56, p. 49 et suiv.
Document 4 : L’action des Etats-Unis dans le monde pendant la Guerre Froide
Si impérialisme il y a [en Europe], il n'est pas de même nature, en tout cas, que celui que
Washington pratique à l'égard de l'Amérique latine. Là, on est dans une configuration d'un
classicisme impeccable. Au Guatemala ou à Saint-Domingue, les Américains, sous
Eisenhower comme sous Kennedy, n'hésitent pas à financer des coups d'État pour renverser
des gouvernements légitimes.
La même politique se poursuit au Chili en 1973, sous Nixon, lorsque les États-Unis favorisent
la prise de pouvoir par Pinochet. Les Américains se considèrent comme chez eux, dans leur
pré carré. La doctrine Monroe formulée au début du XIXe siècle reste de mise. […]En Asie,
c'était encore différent, les Américains ont établi des relations bilatérales multiples avec le
Japon, avec Taïwan quand la Chine est devenue communiste, avec le Pakistan - l'Inde étant
non-alignée. Les différents alliés des États-Unis restaient souvent en mauvais termes entre
eux. […]En revanche, les relations des États-Unis avec les divers pays occupation,
rééducation, alliance avec le Japon, protection pour la Corée du Sud ou Taïwan, renversement
encouragé ou organisé de Sukarno en Indonésie, aux Philippines lutte contre la guérilla
révolutionnaire, puis soutien à la démocratie lors du renversement du dictateur Marcos,
renversement de Mossadegh par la CIA* en Iran ont été permanentes, encore que variables.
[…]Roosevelt avait fait le pari de la bonne foi de Staline, « le plus grand pari de l'histoire »,
comme il l'avait confié à son fils. Mal lui en a pris. […]Si, des diplomates - Averell Harriman,
Georges Kennan - ont fait part de leurs inquiétudes. Mais jusqu'en 1946, l'attitude officielle à
Washington reste constante : nous sommes alliés, c'est à nous de nous entendre pour régler les
affaires du monde au lendemain de la guerre. […] [La doctrine du containment] s'élabore au
terme d'une réflexion qui fait le constat de la dégradation irréversible des relations entre
Occidentaux et Soviétiques. En février 1946, le diplomate américain George Kennan, en poste
à Moscou, adresse à Washington un long télégramme où il invente la doctrine de
l'endiguement, le containment. […]Le 12 mars 1947, Truman prononce au Congrès un
discours dans lequel il propose l'aide des États-Unis aux pays qui veulent défendre leur
liberté. Une date souvent considérée comme la date de naissance de la guerre froide.
Source : P. Hassner, Un Empire pas comme les autres, Les collections de l’histoire n° 56, p. 49 et suiv.
Questions :
1. Identifiez les raisons qui expliquent que les Etats-Unis soient sortis de leur isolationnisme
après la Seconde Guerre Mondiale ?
2. Pourtant, montrez qu’en 1945, les Etats-Unis ne veulent pas gérer les relations
internationales comme seule et unique superpuissance (utilisez vos connaissances de
première).
3. A l’aide du document 3 du I. A., expliquez que le déclenchement de la Guerre Froide par
les Etats-Unis n’a rien d’inéluctable.
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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
4. Expliquez quels sont les intérêts qui expliquent que les Etats-Unis ne soient pas favorables
à ce que l’Europe sombre dans la dépression économique, voire dans le communisme ?
5. Dans quelles mesures peut-on dire qu’une fois la Guerre Froide débutée, les Etats-Unis
ont été interventionnistes, mais à des degrés différents selon les continents (utilisez aussi
les connaissances de première) ?
C. Les Etats-Unis jusqu’aux années 1960, entre domination économique et Soft
power
Documents à utiliser : Le plan Marshall, pourvoyeur d’un nouvel modèle d’économie libérale
pour le monde (P. Melandri, le coup de génie du général Marshall, Les collections de
l’histoire n° 56, p. 42), document 5 p. 71, Le Soft Power, une autre forme de la puissance
américaine (J. M. Gaillard, Les Etats-Unis sont-ils tous puissants, Les collections de l’Histoire
n° 7, 2000)
Document 1 : Le plan Marshall, pourvoyeur d’un nouvel modèle d’économie libérale
pour le monde
Dans son célèbre discours du 5 juin 1947 à Harvard, George C. Marshall, secrétaire d'État
ministre des Affaires étrangères américain depuis le mois de janvier, résume parfaitement le
but du plan auquel son nom est demeuré attaché : sauver un ordre international conforme aux
intérêts des États-Unis.
Aussi les Américains cherchent à appliquer au monde les méthodes auxquelles ils attribuent
leur prospérité. Discernant dans un vaste marché national une des clés de leur succès, ils
comptent sur l'abolition des discriminations douanières pour réaliser à l'échelle de la planète
cette division optimale du travail qui accroît la productivité. Voyant dans l'initiative privée le
meilleur gage d'efficacité, ils sont décidés à la protéger des nationalisations. Mais comprenant
aussi, New Deal oblige, l'intérêt d'un interventionnisme tempéré, ils financent la création
d'organisations internationales afin d'atténuer les fluctuations économiques trop brutales.
Tandis qu'une Organisation des Nations unies ONU est mise en place pour gérer la paix, de
nouvelles institutions sont chargées d'assurer le rétablissement de la prospérité : la Banque
internationale pour la reconstruction et le développement BIRD, le Fonds monétaire
international FMI et une Organisation internationale du commerce qui ne verra pas le jour
mais aboutira en 1947 au General Agreement on Tariffs and Trade GATT, Accord général sur
les tarifs douaniers et le commerce.
Pour les États-Unis, ce système est le plus favorable qui se puisse imaginer. Il institutionnalise
leur leadership économique tandis que leur statut plus modeste de « primus inter pares » au
Conseil de sécurité des Nations unies limite le coût de leurs nouvelles responsabilités. Cette
illusion est de courte durée. […]
Le 3 avril 1948, le président Harry Truman signe enfin la loi qui lance le Plan de
reconstruction européenne European Recovery Program. Les pays assistés doivent signer une
convention collective qui institue l'Organisation européenne de coopération économique
OECE. Par ailleurs, chaque pays bénéficiaire doit conclure avec les États-Unis un accord
bilatéral par lequel il s'engage à utiliser au mieux les ressources à sa disposition, à stabiliser sa
monnaie, à coopérer avec les autres participants pour libérer les échanges commerciaux, à
ouvrir aux Américains l'accès à ses ressources naturelles, enfin à accueillir une mission de
l'Economic Cooperation Administration ECA, l'agence chargée de la gestion du plan.
Source : P. Melandri, le coup de génie du général Marshall, Les collections de l’histoire n° 56, p. 42
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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
Document 2 : Le Soft Power, une autre forme de la puissance américaine
Considérant les biens culturels comme des produits comme les autres qui se vendent et
s'achètent, s'importent et s'exportent, les États-Unis s'efforcent d'obtenir la libéralisation
complète des échanges dans ce secteur [...].
Bien qu'ils se heurtent à la résistance des pays tiers, en particulier des Européens, et parmi eux
des Français [...], les États-Unis occupent déjà une position prééminente. Dans le domaine du
cinéma, les « blockbusters », succès mondiaux, sont, à quelques exceptions près, produits aux
États-Unis par les sept grands studios d'Hollywood. Peu nombreux encore dans les années
1960 James Bond ou 1980 Indiana Jones, ils sont maintenant monnaie courante, de Jurassic
Park à Titanic, de Matrix à La Menace fantôme. [...].
Le symbole de cette industrie est peut-être, plus que les compagnies Viacom ou Time Warner,
Walt Disney qui s'est alliée en 1997 avec Coca-Cola et McDonald's dans un partenariat de dix
ans, chacune s'engageant à diffuser les produits des deux autres.
Et l'on peut en dire autant de la télévision : émissions pour enfants, sitcoms, feuilletons ont
envahi les écrans du monde entier. En Europe, il est des heures et des pays où les productions
américaines occupent 70 % du temps d'antenne hors émissions d'information et de variétés.
De Dallas, Dynasty, Starsky et Hutch, dans les années 1980, aux séries cultes des années 1990
et succès d'aujourd'hui tels New York Police Blues, Friends, X-Files ou Ally Mac Beal, [CSI,
Bones, Dr House, Desesperate Housewives], c'est bien l'Amérique qui donne le tempo.
Son industrie culturelle rapporte 18 milliards de dollars par an et représente le deuxième poste
à l'export. Elle recouvre aussi bien les matériels que les programmes, au cinéma, à la
télévision, y compris dans le domaine particulier de l'information : les États-Unis possèdent
deux réseaux à couverture mondiale par satellite, Worldnet public et CNN privé dont on a
souligné le rôle lors de la guerre du Golfe.
[...] C'est donc la « culture américaine » au sens large — en y incluant musique, vêtement,
façon de se nourrir — qui semble s'imposer. [...].
Source : J. M. Gaillard, Les Etats-Unis sont-ils tous puissants, Les collections de l’Histoire n° 7, 2000
Questions :
1. En dehors de l’influence politique et diplomatique, expliquez comment s’exerce la
puissance américaine à partir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale ?
2. Expliquez comment la domination économique a-t-elle été mise en place.
3. En dehors de l’économie, quel autre moyen a été utilisé par les Etats-Unis pour
développer son influence dans le monde et ce, dès la Guerre Froide ?
II. De « l’hyperpuissance » des années 1990 à la contestation de la puissance américaine
dans les années 2000
A. Le Nouvel Ordre Mondial dans les années 1990, un réel multilatéralisme ?
Documents à utiliser : carte p. 80-81, Le Nouvel Ordre mondial selon G. Bush (Site de la
Maison Blanche), Les Etats-Unis, une « hyperpuissance » dans les années 1990 ? (Ph. Golub,
Le spectre de la décadence, Les collections de l’histoire n° 56, p. 69-70).
Document 1 : Le Nouvel Ordre Mondial selon Georges Bush
[…] Ce soir, je veux vous parler de ce qui est en jeu, de ce que nous devons faire ensemble
pour défendre partout les valeurs du monde civilisé et pour maintenir la force économique de
notre pays.
Nos objectifs dans le golfe Persique sont clairs, précis et bien connus :
- L’Irak doit se retirer du Koweït complètement, immédiatement et sans condition ;
- le gouvernement légitime du Koweït doit être rétabli ;
- la sécurité et la stabilité dans le golfe Persique doivent être garanties ;
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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
- les ressortissants américains à l’étranger doivent être protégés.
Ces objectifs ne sont pas seulement les nôtres. Ils ont été approuvés par le Conseil de sécurité
de l’Organisation des Nations Unies […]. La plupart des pays partagent notre volonté de faire
respecter les principes. […] Il est clair qu’aucun dictateur ne peut plus compter sur
l’affrontement Est-Ouest pour bloquer l’action de l’ONU contre toute agression.
Un nouveau partenariat des nations a vu le jour.
[…] De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir
le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la
justice et plus sûre dans la quête de la paix. Une ère où tous les pays du monde, qu’ils soient à
l’Est ou à l’Ouest, au Nord ou au Sud, peuvent prospérer et vivre en harmonie. […]
Aujourd’hui, ce nouveau monde cherche à naître. Un monde tout à fait différent de celui que
nous avons connu. Un monde où la primauté du droit remplace la loi de la jungle. Un monde
où les états reconnaissent la responsabilité commune de garantir la liberté et la justice. Un
monde où les forts respectent les droits des plus faibles.
[…] Les Etats-Unis et le monde doivent défendre leurs intérêts communs vitaux. Et ils le
feront.
Les Etats-Unis et le monde doivent soutenir la primauté du droit. Et ils le feront.
Les Etats-Unis et le monde doivent se dresser contre l’agression. Et ils le feront.
Et une dernière chose : dans la poursuite de ces objectifs, les Etats-Unis ne se laisseront pas
intimider.
[…] Les récents évènements ont certainement montré qu’il n’existe pas de substitut au
leadership américain. Face à la tyrannie, que personne ne doute de la crédibilité et du sérieux
des Etats-Unis. Que personne ne doute de notre détermination. Nous défendrons nos amis.
[…]
Source : Discours du président G. Bush devant le Congrès, 11 septembre 1990
Document 2 : Les Etats-Unis, une « hyperpuissance » dans les années 1990 ?
La dissolution de l'URSS en 1991 a entraîné une disparité stratégique extraordinaire. Les
États-Unis se sont retrouvés dans une configuration inédite « d'unipolarité », c'est-à-dire de
suprématie militaire mondiale incontestée. […] L'avantage économique américain était
beaucoup moins marqué, mais les États-Unis étaient redynamisés par leur avance dans la
révolution, encouragée par l'État, des technologies de l'information. Du fait de l'afflux de
capitaux venant s'investir aux États-Unis, ces derniers ont pu financer leur expansion
économique à faible coût.
Leurs principaux concurrents s'étaient simultanément affaiblis. Du fait des coûts de la
réunification allemande, l'Europe devait connaître une décennie de croissance molle. Le
Japon, qui paraissait économiquement triomphant dans les années 1980, était tombé dans une
longue période de stagnation dont l'archipel n'est pas encore vraiment sorti. Au plan des
représentations, le modèle américain semblait triompher, tant dans les modes de
consommation qu'au niveau politique avec la vague de démocratisation en Amérique latine et
en Asie orientale. En somme, à l'abord de l'an 2000, les États-Unis paraissaient dans le
meilleur des mondes possibles.
Le résultat fut un accès de triomphalisme. […] Voix parmi tant d'autres, début 2001, Henry
Kissinger écrivait : « A l'aube du nouveau millénaire, les États-Unis jouissent d'une
prééminence qui n'a jamais été égalée, même par les plus grands empires du passé. De
l'armement à l'esprit d'entreprise, de la science à la technologie, de l'éducation supérieure à
la culture populaire, l'Amérique exerce un ascendant sans parallèle sur la planète. » Pour
leur part, les néoconservateurs se mirent à rêver d'un « nouveau Siècle américain » et à
bricoler une stratégie pour pérenniser la « nouvelle ère d'unipolarité ».
Source : Ph. Golub, Le spectre de la décadence, Les collections de l’histoire n° 56, p. 69-70
Questions :
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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
1. Après avoir replacé le document 1 dans son contexte, vous en présenterez l’auteur.
2. En quoi ce texte montre-t-il que les Etats-Unis sont une « hyperpuissance » ?
3. Montrez que la position des Etats-Unis dans le monde repose sur une vision
multilatérale ?
4. Pour autant, cette vision multilatérale n’est-elle pas marquée par une volonté de
supériorité des Etats-Unis et un rôle de leadership dans le monde ?
5. Selon le terme d’Hubert Védrine, les Etats-Unis étaient-ils une « hyperpuissance » dans
tous les domaines ?
B. Le retour à l’unilatéralisme après 2001
Documents à utiliser : Le choix de l’unilatéralisme (Ph. Golub, Le spectre de la décadence,
Les collections de l’histoire n° 56, p. 70), document 2 p. 75, document 1 p. 77, les Etats-Unis
et le monde au lendemain du 11 septembre 2001 (cartothèque science-po).
Document 1 : Le choix de l’unilatéralisme
Les attentats ont révélé une vulnérabilité à un défi de type nouveau - le terrorisme
transnational non étatique - et profondément atteint le moral des Américains. Mais ils n'ont
pas modifié la nouvelle donne des relations internationales. Les grands équilibres n'ont pas été
rompus.
Ce qui a modifié la donne, du moins en partie, est la réponse de l'administration Bush aux
attentats du 11-Septembre. Cette dernière a choisi une stratégie de rupture en officialisant une
doctrine de guerre préventive, en abandonnant les institutions multilatérales et le droit
humanitaire international, et en engageant une mobilisation militaire de grande ampleur dont
la finalité n'était pas logiquement liée au terrorisme transnational. L'objectif sous-jacent était
de remodeler les relations internationales. Le 12 octobre 2001, le secrétaire à la Défense
Donald Rumsfeld déclarait dans une interview accordée au New York Times, que les
événements du 11-Septembre représentent « le genre d'opportunités que la Seconde Guerre
mondiale avait offertes de refaçonner une grande partie du monde ».
Source : Ph. Golub, Le spectre de la décadence, Les collections de l’histoire n° 56, p. 69-70
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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
Document 2 :
Questions :
1. Montrez que les Etats-Unis adoptent une position unilatérale après les attentats du 11
septembre 2001.
2. Montrez que depuis 2008 et l’arrivée de Barack Obama, les idées issues du wilsonisme
sont de nouveau à l’ordre du jour, de même que le multilatéralisme.
C. Une « hyperpuissance » économique depuis les années 1990 ?
Conclusion : organigramme p. 83
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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
Partie II : La Chine et le monde depuis le « mouvement du 4 mai 1919 »
Exercice amorce : Comparez la situation décrite par l’affiche et celle montrée par la photo.
Que pouvez-vous en déduire de l’évolution de la situation de la Chine depuis le début du
XXème siècle ?
Document 1 : Le communisme chinois entre influence étrangère et patriotisme :
Affiche réalisée par le parti communiste chinois en 1952 au moment de la parution des
Œuvres Complètes de Mao Zedong. La phrase écrite en chinois signifie : « Etudions avec
ardeur le marxisme-léninisme pensée de Mao Zedong, et construisons une nouvelle Chine
prospère, riche et puissante ».
Document 2 : La Chine accueille le monde :
Source : Photo de la cérémonie d’ouverture des J.O. de Pékin, le 8 août 2008.
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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
Problématique : Comment la Chine, puissance communiste naissante inspirée par sa grande
sœur soviétique en 1949, est-elle devenue aujourd’hui un des plus grands leaders du monde,
tout en gardant les bases du communisme ?
I.
La République populaire de Chine sous l’influence maoïste (1949-1978)
A. Le parti communiste chinois, résistance à l’Occident et restauration de la
puissance chinoise
Documents à utiliser : document 1 p. 93, le parti communiste, un parti nationaliste et
révolutionnaire (A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24), la victoire
communiste née de la seconde guerre mondiale (A. Roux, le retour du Guomindang,
L’histoire n° 365, p. 24-25)
Document 1 : Le parti communiste, un parti nationaliste et révolutionnaire :
[…]Rappelons d'abord que les communistes n'étaient pas moins nationalistes que les autres
[…]Persuadé que Lénine était en train de moderniser une Russie arriérée, maint intellectuel
nationaliste était impatient de transposer en Chine une méthode qui avait pu faire ses preuves.
Le politologue Chalmers Johnson a même identifié les communistes chinois à des
nationalistes qui auraient gagné le soutien des masses paysannes en animant la résistance à
l'envahisseur nippon1. Bien que cette thèse soit excessive et unilatérale, c'est
incontestablement l'invasion japonaise qui a permis aux communistes de l'emporter : la
révolution chinoise fille de la Seconde Guerre mondiale, comme la révolution russe de la
Première. […] Si les révolutionnaires voulaient tous édifier une Chine forte et prospère, les
communistes prétendaient aussi défendre les déshérités contre leurs exploiteurs. Dans un pays
agricole où le prolétariat industriel représentait en 1949 moins de 2 % de la population, les
pauvres dont il importait de promouvoir la condition, c'était avant tout les paysans. […] C'est
la principale raison du choix de Mao Zedong, qui transfère, à partir de 1927, le combat
révolutionnaire des villes aux campagnes.
Source : A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24
Document 2 : La victoire communiste née de la seconde guerre mondiale
De 1927 à 1934, Mao tente de mobiliser les paysans pauvres du Jiangxi en leur distribuant la
terre des riches. Non pas dans tout le Jiangxi, mais dans ses régions les plus sousdéveloppées, et ce pour des raisons stratégiques et non sociales : il est plus facile de se terrer
et de maintenir une armée dans les collines et montagnes mal administrées que le long des
voies de communication. Mao y fonde en 1931 une « République soviétique chinoise ». […]
Lorsque la « république soviétique du Jiangxi » s'effondre, […] les communistes entament
leur Longue Marche. […] Épopée et plus encore mythe, la Longue Marche est d'abord une
retraite, une fuite éperdue pour préserver l'instrument de la conquête du pouvoir : l'armée et
ses chefs politiques et militaires. […] Les « masses paysannes » chères à l'historiographie
maoïste ont-elles aidé cette expansion ? Pas au début, pas spontanément ensuite. Dès les
premiers mois de son épopée du Jiangxi, en 1928, Mao a jugé les masses « froides et
réservées ». Dix ans plus tard, lorsque l'invasion japonaise leur donne de nouveaux atouts, les
communistes font certes de nombreuses recrues, mais à peu près exclusivement parmi les
jeunes intellectuels patriotes, accessoirement parmi les fils de propriétaires fonciers ; les
paysans ont, eux, d'autres chats à fouetter. […]
Baptisée « libération » jiefang en Chine populaire, la révolution communiste est d'abord le
remplacement d'une domination par une autre, plus rigoureuse mais plus efficace. Efficace
pour rétablir la loi et l'ordre qui a tellement fait défaut. Moins efficace toutefois pour
promouvoir l'indispensable modernisation qu'a, à l'origine, incarnée le projet révolutionnaire.
Source : A. Roux, le retour du Guomindang, L’histoire n° 365, p. 24-25
11
Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
Questions :
1. Identifiez le fondement de l’idéologie communiste chinoise.
2. Montrez que le parti communiste chinois (PCC) est un parti nationaliste.
3. Identifiez les différentes actions menées par le parti communiste afin d’arriver au pouvoir.
4. Montrez quel est l’objectif principal du PCC une fois le pouvoir entre ses mains ?
B. Construire un Etat fort
Documents à utiliser : la constitution de la République populaire de Chine du 20 septembre
1954 (Ministère chinois des affaires étrangères)
Document 1 : La constitution de la République populaire de Chine du 20 septembre
1954
[…] En l’an 1949, après plus d’un siècle de lutte héroïque, le peuple chinois, guidé par le parti
communiste chinois, a finalement remporté la grande victoire dans la révolution populaire
contre l’impérialisme, le féodalisme, et le capitalisme bureaucratique […] et a fondé la
République Populaire de Chine – une dictature populaire démocratique. Le système de la
démocratie populaire – le système d’une nouvelle démocratie – de la République populaire de
Chine garantit que notre pays peut, de manière pacifique, éliminer l’exploitation et la pauvreté
et construire une société socialiste heureuse et prospère.
[…] Les tâches générales de l’Etat durant la période de transition consistent, pas à pas, à
provoquer l’industrialisation socialiste du pays et, pas à pas, d’accomplir la transformation
socialiste de l’agriculture, de l’industrie artisanale et capitaliste et du commerce. […]
Au cours des dernières années, notre peuple a mis en place avec succès la réforme du système
agraire, la résistance contre l’agression des Etats-Unis et l’aide à la Corée, l’élimination des
contre-révolutionnaires, la réhabilitation de notre économie nationale et d’autres luttes à
grande échelle, préparant ainsi les conditions nécessaires pour la construction d’une économie
planifiée et la transition graduelle vers une société socialiste.
[…] L’unité des nationalités de notre pays continuera à gagner en force sur la base du futur
développement de ponts fraternels et d’aide mutuelle, et sur la base de l’opposition à
l’impérialisme, l’opposition aux ennemis publics dans nos rangs, et l’opposition à la fois au
chauvinisme des grandes nations et du nationalisme local. Sur le chemin de la construction
économique et du développement culturel, l’Etat sera concerné par les besoins des différentes
nationalités, et, dans le but de la transformation socialiste, fera pleinement cas des
caractéristiques spéciales dans le développement des nationalités.
[…] Article 2. Tous les pouvoirs de la République populaire de Chine appartiennent au
peuple. Les organes à travers lesquels le peuple exerce le pouvoir sont le Congrès populaire
national et les congrès populaires locaux à différents niveaux. […] Le Congrès populaire
national, les congrès populaires locaux et les autres organes de l’Etat pratique le centralisme
démocratique.
Source : Ministère chinois des affaires étrangères
Questions :
1. Après avoir replacé le document dans son contexte, vous en présenterez rapidement le ou
les auteurs.
2. Présentez les caractéristiques du gouvernement de la République Populaire de Chine.
3. Identifiez les principes sur lesquels repose le nouveau gouvernement.
4. Identifiez contre qui ou quoi se bat la République Populaire de Chine.
5. Montrez que l’Etat ainsi créé est un Etat fort qui tente d’unifier la Chine sous son contrôle
mais aussi se donner une envergure internationale.
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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
C. Reconquérir son influence en Asie
Documents à utiliser : Le traité sino-soviétique (Traité d’amitié sino-soviétique, 14 février
1950), document 2 p. 96 et document 4 p. 97, Influencer l’Asie et s’opposer à l’Occident
(Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 136-137), document 1 p. 95.
Document 1 : Le traité sino-soviétique :
Le 14 février 1950, la République Populaire de Chine signe un traité d’amitié avec l’URSS.
Théoriquement, il s’agit d’un traité de défense contre une éventuelle agression japonaise.
Dans les faits, ce sont les Etats-Unis, puissance protectrice du Japon qui sont visés.
Article I. Les parties contractantes entreprennent de prendre conjointement toutes les mesures
nécessaires en leur pouvoir pour empêcher une répétition de l’agression [japonaise]. Si l’une
des parties contractantes était attaquée par le Japon […], l’autre partie contractante lui
fournira immédiatement une assistance militaire et autre, avec tous les moyens à sa
disposition. […]
Art. 3. Aucune des parties contractantes n’entrera dans une alliance dirigée contre l’autre
partie, ou ne participera à une coalition ou à toute autre action ou mesures dirigées contre
l’autre partie.
Art. 4. Les deux parties contractantes se consulteront sur toutes les questions internationales
importantes impliquant les intérêts communs de la Chine et de l’Union Soviétique.
Source : Traité d’amitié sino-soviétique, 14 février 1950.
Document 2 : Influencer l’Asie et s’opposer à l’Occident
La rupture de l’Occident avec la Chine populaire n’est pas une résultante de la prise de
pouvoir des communistes, ni de son engagement dans le camp socialiste. Elle est provoquée
par l’intervention militaire de la Chine en Corée. [Les 8000 « volontaires » chinois]
repoussent les troupes onusiennes, sauvant le régime de Kim Il-Sung. Cette confrontation va
peser sur les relations sino-américaines […].
Pékin intervient plus discrètement mais de manière tout aussi efficace dans le conflit qui sévit
en Indochine. Après avoir reconnu implicitement le gouvernement d’Hô Chi Minh en janvier
1950, elle lui apporte un soutien militaire et diplomatique, mais cette fois, elle évite toute
implication directe qui risquerait une riposte occidentale. […]
Dans le même temps, la Chine entend récupérer ce quelle considère comme être historique
son territoire. En 1950, les troupes chinoises occupent le Tibet. En août 1954, Zhou Enlai fait
de la libération de Taïwan un de ses principaux objectifs2. […]
Enfin, la Chine entend se positionner en leader du Tiers-Monde et participe au mouvement
des non-alignés lors des conférences de Bandung en 1955 et de Belgrade en 1961. […]
Source : Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 136-137
Questions :
1. Identifiez quelle est l’alliance formée par la République Populaire de Chine afin de lui
donner un poids international. Identifiez-en les fondements.
2. Identifiez les raisons de la querelle avec l’Occident, et notamment les Etats-Unis ?
3. Expliquez par quelles actions la Chine se présente-t-elle comme une puissance
incontournable en Asie ?
4. Identifiez l’autre moyen utilisé par la Chine pour tenter de devenir une grande puissance
en Asie, mais aussi dans le reste du monde dans les années 1950-1960.
2
Après la victoire des communistes en Chine continentale, les membres du Guomindang se sont réfugiés à
Taïwan créant un Etat nationaliste chinois qui est officiellement le représentant chinois à l’ONU jusqu’en 1971,
date à laquelle la République Populaire de Chine est reconnue par les Etats-Unis.
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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
D. Une nouvelle puissance régionale
Documents à utiliser : L’opposition Moscou-Pékin (Dictionnaire de la Guerre Froide,
p. 137-138), La normalisation des relations entre la Chine et l’Occident (Dictionnaire de la
Guerre Froide p. 138-139), document 5 p. 97.
Document 1 : L’opposition Moscou-Pékin
Après une phase de reconstruction, la Chine de Mao adopte le modèle de développement
stalinien d’édification du socialisme, mais elle ne peut en aucun cas être considérée comme un
satellite de Moscou. L’URSS apporte l’aide financière et technique nécessaire à la mise en
œuvre du plan quinquennal lancé en 1953. […] En 1956, des désaccords apparaissent entre les
deux pays après la tenue du XXème Congrès du PCUS. […] Le fossé idéologique se creuse
progressivement. Mao […] se montre de plus en plus hostile à la détente et reproche
ouvertement à l’URSS d’abandonner la stratégie révolutionnaire pour rechercher la paix à tout
prix.
[…] Mao tourne le dos au modèle soviétique. Il se lance dans l’industrialisation à outrance et
lance son pays dans l’aventure du « Grand Bon en avant » et des communes populaires.
Parallèlement, il renforce ses liens avec les éléments les plus révolutionnaires du
Tiers-Monde. Le voyage de Khrouchtchev aux Etats-Unis en 1960 envenime un peu plus la
situation et, en 1960, la rupture est consommée. […]
Malgré leur isolement et l’échec patent du « Grand Bon en avant », les communistes chinois
ne plient pas. […] La Chine utilise la crise de Cuba pour contester à Moscou le rôle de leader
du mouvement communiste international. [En 1964], la Chine se dote de la bombe A et en
juin 1967 […], elle se dote de la bombe H, aggravant l’inquiétude des soviétiques. […] De
son côté, Moscou fomente des troubles à la frontières du Xinjiang pour dresser la population
contre le pouvoir central. […] Les relations diplomatiques sont rompues et l’URSS envisage
une frappe nucléaire préventive sur les installations atomiques du nord de la Chine.
Source : Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 137-138
Document 2 : La normalisation des relations entre la Chine et l’Occident
[La menace de guerre avec l’URSS] provoque un revirement total de la diplomatie chinoise,
qui reçoit au même moment des signes d’apaisement de la part de Washington. […] Les
échanges de biens et de personnes reprennent entre les deux pays. En 1971, la Chine populaire
est admise aux Nations-Unies et retrouve sa place dans la communauté internationale. Le
président Nixon se rend en visite officielle à Pékin du 21 au 28 février 1972. Lors de sa
rencontre avec Mao Zedong, il manifeste son désir de normaliser les relations entre les deux
pays. […]
L’alliance sino-américaine, destinée à contrer « l’impérialisme russe », est abandonnée après
la disparition du grand timonier (=Mao Zedong) en raison du soutien américain à Taïwan,
mais que soit pour autant rompue la coopération économique.
Source : Dictionnaire de la Guerre Froide, p. 138-139
Questions :
1. Expliquez comment la Chine entend s’opposer à l’URSS dans les années 1960-1970.
Identifiez les raisons de cette opposition.
2. Expliquez en quoi la normalisation des rapports avec l’Occident sont directement liés avec
la querelle avec l’URSS.
3. Montrez que la Chine s’est dotée des attributs de la puissance internationale mais qu’elle
est marquée intérieurement par de grandes difficultés économiques (utilisez des
recherches personnelles).
4. Prouvez que l’influence chinoise n’est pas aussi importante que sa propagande semble le
laisser entrevoir.
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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
II.
L’ouverture économique de la Chine à la mort de Mao
A. L’acquisition de la puissance économique et financière
Documents à utiliser : L’ouverture économique de Deng Xiaoping (François Godement, La
première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300), document 1 p. 99, document 1 p. 106, vue
de la skyline de Shanghai (Luxury Travel, 11 décembre 2013).
Document 1 : L’ouverture économique de Deng Xiaoping
[…] Deng a d’abord enrayé un nouveau mouvement de mobilisation de masse dans
l’agriculture. Il lance à cette occasion la critique des impostures de la politique économique et
sociale de l’ère maoïste*. Puis il ouvre les vannes de la réhabilitation des victimes de la
Révolution culturelle, lance une politique de hausse des prix d’achat des récoltes aux paysans.
Il restaure aussi la légalité le droit même avait été suspendu pendant la dernière phase de la
Révolution culturelle. […]Dès janvier 1979, dans la province du Sichuan, gouvernée par Zhao
Ziyang, une réforme de l’entreprise est lancée : elle réhabilite les profits et rend aux
entreprises d’État une autonomie de gestion. En juin 1979, des zones économiques spéciales
ZES sont ouvertes aux étrangers, qui y implantent très vite des usines. Au début 1981,
l’ensemble des terres cultivées est rendu aux familles paysannes, même si l’État en conserve
la propriété théorique. […]En 1984, on libéralise une partie des prix industriels. On autorise la
création d’entreprises privées en principe à échelle réduite. […]La généralisation des marchés
libres réduit la portée des restrictions officielles à la mobilité de la population - on pourra
désormais se déplacer plus facilement. Commence un afflux migratoire vers les villes
chinoises, qui va bouleverser la répartition de la population.
Toujours cette même année 1984, la libéralisation du commerce extérieur conduit à un
gonflement des importations de biens de consommation et à un dérapage économique en
1985 : déficit commercial, effondrement des réserves de change, inflation des prix et du
crédit. Ainsi s’achève le premier cycle économique de l’ère des réformes et de l’ouverture. Il
sera suivi d’une deuxième vague de réformes au début des années 1990.
Source : François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300, p. 103
Document 2 : Réformes économiques mais répression politique
En 1986, le lieutenant le plus libéral de Deng, Hu Yaobang, propose de séparer le parti de
l’État et de promouvoir la liberté d’expression. Il est désavoué par Deng et perd son poste en
janvier 1987. Il faut dire que l’expansion des projets économiques et de la consommation
conduit à un nouveau dérapage inflationniste à l’été 1988. C’est un moment clé. L’alliance de
1976 se disloque et les conservateurs reprennent le pouvoir.
Les intellectuels, les étudiants et les classes urbaines se mobilisent alors pour appuyer les
dirigeants réformateurs menacés, tandis que le refroidissement économique entraîne des
difficultés sociales pour les petits entrepreneurs et les artisans. Ce sera la base économique et
sociale du mouvement de Tian’anmen. […]
La proclamation de la loi martiale, l’intervention sanglante d’une partie de l’armée, l’absence
aussi d’alternative politique constituée, permettront de rétablir l’ordre ; la répression entraîne
la chute de toute l’aile réformatrice du régime. On évalue à plusieurs milliers le nombre de
morts, sans compter les nombreux blessés.
Deng reste au pouvoir. Il a choisi la préservation du régime aux dépens de la réforme et de
l’ouverture. La stabilité politique, le maintien du noyau dirigeant, seront désormais sa ligne
directrice jusqu’à sa mort, en février 1997. Il a pourtant relancé la politique d’ouverture et de
réforme, suscitant un flot sans précédent d’investissements étrangers vers la Chine. […]
Source : François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300, p. 105
15
Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
Document 3 : La Skyline de Shanghai :
Source : Luxury travel, 11 décembre 2013
Questions :
1. Identifiez les réformes menées par Deng Xiaoping.
2. Montrez les effets de ces réformes sur l’économie chinoise ?
3. Expliquez en quoi, l’organisation de la ville de Shanghai reflète-t-elle aujourd’hui le
caractère incontournable de la Chine dans les échanges économiques mondiaux.
4. Si la Chine s’est ouverte économique, peut-on estimer qu’il existe une ouverture
politique ?
B. Un nouveau centre géopolitique en Asie orientale
Documents à utiliser : la Chine, une intégration progressive dans les instances internationales
(François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300), carte 4 p. 105,
carte 1 p. 106, document 1 p. 101.
Document 1 : La Chine, une intégration progressive dans les instances internationales
Deng a mené une politique d’ouverture, j’y ai fait allusion, qui a permis à la Chine de
réintégrer pleinement la communauté internationale : l’entrée de la Chine dans tous les
organismes financiers internationaux FMI, Banque mondiale en 1980-1981, participation à
l’APEC, en 1993, et finalement entrée à l’OMC en 2001.
Cela n’empêche pas que Deng se soit révélé un nationaliste à certains égards plus exigeant
que Mao. Les hostilités contre le Vietnam en 1979, c’est lui qui en prend l’initiative - la Chine
tente alors d’envahir son voisin. C’est lui qui négocie le rattachement de Hongkong à la Chine
qui se fera finalement en 1997 et, quand, en 1983, un général affirme que l’Armée rouge ne
stationnera pas dans la colonie revenue dans le giron chinois, il le dément aussitôt.
Les dirigeants actuels de Pékin démentent toute volonté hégémonique en Asie. Ils se plient au
précepte de Deng selon lequel il vaut mieux cacher ses forces et attendre son heure. Mais la
Chine est décidée à jouer le premier rôle en Asie. Aucun doute n’est permis : elle veut se
servir de son dynamisme économique pour étendre son rayonnement sur la région.
Par réalisme, Pékin accepte l’équilibre géostratégique asiatique, marqué par l’alliance entre
Washington et Tokyo.
Source : François Godement, La première puissance mondiale ?, L'Histoire n°300, p. 106
Questions :
1. Montrez que la Chine est une puissance diplomatique et militaire mais qu’elle doit aussi
faire face à des nombreuses tensions géopolitiques dans sa zone d’influence.
2. Montrez que la Chine commence à sortir de sa zone d’influence asiatique aussi bien au
point de vue politique, militaire qu’économique.
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Thème 2 : Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945
Chapitre 2 : Les chemins de la puissance
C. La Chine, une puissance incomplète ?
Documents à utiliser : les défis actuels de la population chinoise (Atlas de la Chine, 2012,
p. 21), Pourquoi la Chine n’éclate-t-elle pas ? (Atlas de la Chine, 2012, p. 40), Une puissance
militaire face à de nouveaux défis (Atlas de la Chine, 2012, p. 71), document 3 p. 104,
document 2 p. 100.
Document 1 : Les défis actuels de la population chinoise
La population de Chine devrait se stabiliser vers 1,5 milliards d’habitants dans les 30 ans à
venir. […] Mais les conséquences du boom démographique dans les années 1950 et 1960,
puis de la politique de l’enfant unique pèseront longtemps sur le pays. Une main d’œuvre
pléthorique, insuffisamment formée, est le défi majeur depuis 30 ans déjà. […] Le
vieillissement de cette classe d’âge nombreuse constitue un autre défi. […] Un déséquilibre
des sexes inquiète enfin les autorités chinoises : compte 123 garçons pour 100 filles parmi les
enfants de moins de 5 ans en 2005.
Source : Atlas de la Chine
Document 2 : Pourquoi la Chine n’éclate-t-elle pas ?
L’hypothèse du prochain éclatement territorial dû à l’essor économique actuel souligne une
disparité régionale aggravée par les inégalités de croissance face à un Etat idéologiquement
affaibli. Mais les principaux acteurs à la tête des logiques régionales ne sont plus aujourd’hui
l’ancienne élite foncière et commerciale, ni des « seigneurs de la guerre ». Une solidarité dans
leur appartenance au Parti communiste les lie entre eux et leur fait partager un discours
commun.
Premier acquis de la Chine socialiste, il faut en souligner une unité interne de nature
politico-administrative. La fragmentation en cours entre les régions n’est pas radicale.
Source : Atlas de la Chine
Document 3 : Une puissance militaire face à de nouveaux défis.
Les ambiguïtés de la puissance. Si sa doctrine reste strictement défensive, l’armée chinoise
contribue aussi au maintien de l’ordre intérieur et au renforcement de la stratégie
diplomatique du pays grâce à l’acquisition de moyens crédibles de coercition. La question
taïwanaise et les possibilités d’une intervention américaine sont les principaux défis avancés
en interne.
Des forces armées à plusieurs vitesses. L’accent est mis sur la création d’unités disposant de
moyens technologiques les plus modernes, notamment en technologie de l’information. Par
contre, la grande majorité des forces militaires demeure très mal équipée.
Un retard à combler. Les capacités navales et aériennes accusent un retard considérable face à
celle des pays occidentaux, et notamment des principales puissances présentes dans la région,
les Etats-Unis et le Japon.
Le soutien russe. Alors que l’embargo européen sur les ventes d’armes date de la répression
de 1989, la Russie est devenue le premier d’armes de la Chine dans les années 1990.
Source : Atlas de la Chine
Question : Montrez que malgré l’importance de la puissance économique et financière de la
Chine à l’heure actuelle, les nombreux défis auxquels elle doit faire face ne lui permettent pas
de prétendre au statut de superpuissance.
Conclusion : organigramme p. 109
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