1 Le continent américain se caractérise par de très fortes

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Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
Le continent américain se caractérise par de très fortes disparités de riche entre le Nord
(Canada, EU, pôle de la Triade) et le Sud (Amérique latine) en développement marqué
également par une grande diversité. Cette opposition traverse le bassin caraïbe qui joue à la
fois le rôle d’interface américaine majeure et d’interface mondiale.
Toutefois, cette opposition est atténuée par la mise en place d’associations régionales de
coopération qui cherchent à intégrer les Etats du continent dans son ensemble, mais sous la
domination économique des Etats-Unis (ALENA = Accord de libre-échange nord-américain,
projet de la ZLEA= Zone de libre-échange des Amériques), ce qui provoque en réaction des
associations économiques rivales comme le Mercosur. Ainsi, les tensions restent multiples,
avec toujours l’idée de l’hégémonie étatsunienne qui se profile sur le continent entier.
Cette domination de la superpuissance est contestée par l’émergence du Brésil à l’échelle
régionale et mondiale : deux géants désormais sur le même continent, animés tous deux par la
volonté de défendre leurs intérêts. Les dynamiques régionales des deux Etats reflètent leur
puissance respective.
Etude de cas (livre p. 200 à 205) : Le bassin caraïbe : une interface américaine, interface
mondiale
Une interface américaine
Le bassin caraïbe correspond aux rivages de la mer des Caraïbes et du golfe du Mexique. Il
comprend :
- d’une part un chapelet d’îles constituant l’archipel des Antilles. Il forme un arc de
cercle de plus de 4 000 km allant de Trinidad et Tobago au Sud aux Bahamas au Nord.
- d’autre part, la façade caraïbe des différents Etats continentaux. 34 Etats et territoires
sous tutelle en font partie même si les limites en sont floues.
En définitive, le bassin caraïbe est d’abord une mer qui met en relation un espace insulaire
avec les littoraux latino-américains et étatsuniens.
Ce bassin est avant tout une zone de contact entre Nord et Sud, entre monde atlantique et
monde pacifique, donc un espace ouvert, jadis sur l’Europe par la colonisation, devenu
aujourd’hui un carrefour majeurs des échanges mondialisés.
L’espace caraïbe s’apparente à une véritable mosaïque reposant, en premier lieu, sur un
morcellement insulaire croissant d’ouest en est.
S’y superpose une forte fragmentation politique :
- huit micro-États des Petites Antilles (Trinidad-et-Tobago, Saint-Vincent, la Barbade,
Sainte-Lucie / sans compter la dizaine de territoires aux statuts très divers sous
administration de la France, des Pays-Bas ou du Royaume-Uni : Guadeloupe,
Martinique, Iles Vierges, Saint-Martin)
- les pays des Grandes Antilles (cinq États – Cuba, Haïti, la République Dominicaine,
Jamaïque, les Bahamas et un territoire sous administration des États-Unis :
Porto-Rico)
- ceux de Méso-Amérique au nombre de sept, deux États d’Amérique du Sud et, bien
entendu, le Mexique et les États-Unis.
Le bassin caraïbe fait aussi figure de mosaïque linguistique, malgré la domination de
l’anglais et de l’espagnol (le français et le néerlandais restent très minoritaires), héritée de
l’époque coloniale. A ces langues, s’ajoute le créole, langue héritée de la réduction en esclave
d’Africains et de leur transport dans la région, via le commerce triangulaire ou « traite des
Nègres ». Cependant, malgré son existence dans l’ensemble du bassin Caraïbes, la diversité
de ces pratiques, rend impossible de l’utiliser comme langue commune du bassin caraïbe. On
parle d’un espace de rencontres et de métissage.
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Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
Le bassin Caraïbe se marque aussi par la présence américaine. L’hégémonie américaine se
manifeste essentiellement dans le domaine économique. Les États-Unis concentrent les
métropoles et les ports les plus actifs (Houston, Miami, La Nouvelle-Orléans) contribuant à
l’attractivité migratoire de ce pays pour les populations caribéennes.
Leurs multinationales dominent largement l’économie du bassin Caraïbe qu’il s’agisse de
l’exploitation des gisements pétroliers ou de la mise en valeur des plantations tropicales.
D’ailleurs, l’expression « républiques bananières » désignent les pays (Cuba, Costa Rica,
Honduras, Panama) où les coups d’Etat et les dictatures militaires étaient financés par les
compagnies étatsuniennes comme United Fruit Company (désormais Chiquita Brands
International) ou Dole Food Company. L’économie de plantation concourt à entretenir les
inégalités sociales puisque la possession de la terre est restée très inégalitaire depuis la
conquête coloniale (pas de réforme agraire) et les travailleurs sont dépendants de ces FTN
étrangères pour leur maigre salaire. Ces FTN ont toujours bloqué les initiatives de
redistribution des terres sauf à Cuba d’où elles ont été chassées par Castro. Voilà pourquoi les
EU imposent toujours un embargo économique à cette île.
Le réseau des bases militaires contribue aussi à en faire la Méditerranée des États-Unis en
vue de sécuriser le détroit de Floride et le canal de Panamá dont les États-Unis sont les
principaux utilisateurs. Ce dispositif stratégique est complété par un réseau d’alliances
politiques qui suscite d’ailleurs des réactions défensives de la part de certains pays
(Venezuela de Chavez et Cuba de Castro, Nicaragua).
Quelques pôles majeurs se dessinent dans le bassin Caraïbe, notamment les ports. Les ports
des Etats-Unis, notamment Houston ou Miami jouent alors un rôle majeur. Mais certains ports
de îles des Caraïbes ou comme celui de Carthagène en Colombie jouent aussi un rôle majeur
dans la redistribution des marchandises entre l’Atlantique et le Pacifique via le canal de
Panama.
Houston est à la tête de la production pétrochimique du pays, elle est la capitale mondiale des
équipements de forage pétrolier. Le complexe industrialo-portuaire de Houston s’est
spécialisé dans la transformation du pétrole issu des gisements du golfe du Mexique et du
Texas. Il s’agit de la plus vaste zone pétrochimique du monde (fabrication de plastique, de
caoutchouc synthétique, d’insecticides et de produits fertilisants). Le CBD à l’arrière-plan
abrite les bureaux des majors (Exxon Mobil, Chevron…). Cette activité liée au pétrole
participe au dynamisme de la façade du golfe du Mexique, notamment à son intégration dans
l’économie mondialisée.
La présence de silos et de conteneurs témoigne néanmoins d’une certaine diversification.
Houston constitue donc une gateway majeur sur l’interface entre le Texas, espace dynamique
de la Sun Belt des États-Unis, et le golfe du Mexique dont la métropole portuaire polarise une
partie des flux. Le trafic du port de Houston le place au seizième rang mondial et au deuxième
rang national.
Le produit urbain brut (PUB) de Houston n’en reste pas moins un des plus élevés du continent
américain : il avoisine à lui seul le PIB de la Colombie ou encore celui du Venezuela.
Houston possède le plus grand stade couvert au monde, l’Astrodome, ainsi que l’imposant
complexe du Civic Center dans le centre des affaires.
Elle est mondialement connue pour le Texas Medical Center (travaux de recherche en
chirurgie, cardiologie et cancérologie). Elle abrite depuis 1963 le centre pour les vols habités
de la NASA (national aeronotics & space administration).
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Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
Une interface mondiale
Le bassin Caraïbe est une interface qui met en contact la première puissance du monde (les
EU) et des Etats parmi les pauvres (Haïti qui est un PMA). Au regard de l’IDH, elle présente
des niveaux de développement très contrastés opposant un pays du Nord (les États-Unis) à
une Amérique latine qui fait encore partie des « Sud ». Ainsi, l’IDH des EU est de 0,91 alors
que celui d’Haïti est de 0,45 (retard de développement aggravé par les calamités naturelles
comme les séismes et les cyclones).
Mais, les pays du Sud ne présentent pas tous le même profil car la majorité se trouve dans une
situation intermédiaire (Mexique, Cuba, Venezuela). Cette idée d’un « entre-deux » est
confortée par la présence d’îlots de développement notamment dans les territoires des Petites
Antilles sous administration des États-Unis ou de pays européens (DROM : départements et
régions d’outre-mer ; PTOM : pays et territoires d’outre-mer (de l’UE).
Le bassin, berceau de la découverte des Amériques (Christophe Colomb accoste aux Bahamas
à San Salvador avant de prendre pieds à Hispaniola-Saint-Domingue), est encore
partiellement sous influence européenne par les langues parlées et la souveraineté, mais le
poids économique et géopolitique des EU est dominant, si bien qu’on parle de
« Méditerranée » américaine.
Ce qui nous amène à la seconde interface que constitue le bassin caraïbe ; il constitue un
espace de transition entre les deux Amériques, anglo-saxonne et latine. L’influence
hispanique tend à s’étendre sur tout le Sud des EU, constituant la Mexamérique. C’est une
sorte de reconquête silencieuse des territoires perdus par le Mexique dans le milieu du XIXe
siècle (Floride, Texas, Nouveau-Mexique, Californie, Azizona, Nevada).
L’interface n’est pas nécessairement une ligne : il s’agit le plus souvent d’une bande plus ou
moins large, voire d’une zone. De la même façon, les échanges et les dynamiques qui
l’animent ne s’y répartissent pas uniformément : des synapses (ports, postes frontières, cols,
détroits…) concentrent les flux tandis que d’autres zones, moins actives, présentent un
caractère plus périphérique.
Les contrastes de développement entre les pays du bassin Caraïbe génèrent des avantages
comparatifs qui stimulent certains échanges bien que ceux-ci soient dissymétriques. Ainsi,
l’Amérique centrale a vu s’implanter en nombre les usines maquiladoras qui profitent d’une
main-d’œuvre très bon marché et peu revendicative dans des secteurs de manutention à faible
valeur ajoutée (textile, électronique, équipements automobiles). Elles ont vu le jour dans les
années 1960 en vertu d’accords bilatéraux avec les EU et sont souvent implantées dans des
zones franches (exonérations fiscales et régime fiscal plus que favorable). Les EU sont la
première source d’IDE de la région et d’aide publique au développement.
Les pays d’Amérique Centrale bénéficient d’une interface à la fois avec l’Atlantique et avec
le Pacifique attirant ainsi des investissements croissants, notamment en provenance d’Asie
(Chine).
Le Panamá, localisé dans la partie la plus étroite de l’isthme est une plaque tournante du
transport maritime mondial grâce au canal interocéanique = carrefour de rang mondial.
En moyenne, plus de 14 000 navires empruntent le canal de Panamá chaque année. Les
travaux d’élargissement ont été lancés en 2007 et cette voie commerciale stratégique à
l’échelle mondiale, joue surtout un rôle majeur dans les échanges entre les deux façades
maritimes des États-Unis. Chaque année, les droits de passage du canal rapportent en
moyenne 1,5 milliard de dollars au Panamá dont l’économie est une des plus prospères de la
rive sud de la Caraïbe. Panamá City, la capitale, abrite un des plus grands centres financiers
d’Amérique latine, haut lieu du blanchiment d’argent.
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Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
Les micro-États insulaires ont multiplié les stratégies d’insertion dans la mondialisation,
notamment en valorisant leur proximité géographique avec le territoire américain (paradis
fiscaux, zones touristiques, zones franches, économie parallèle).
Les États les mieux pourvus en ressources énergétiques (Mexique, Venezuela) exportent aussi
vers les États-Unis. Les ports de la façade étatsunienne du golfe du Mexique, parmi les plus
actifs au monde, contribuent à dynamiser cette interface en polarisant les flux de
marchandises (Houston, la Nouvelle-Orléans) autant que ceux de touristes (Miami).
À l’échelle régionale, l’intégration de l’espace Caraïbe s’effectue par les flux humains :
- flux touristiques nord-américains en direction des stations balnéaires des littoraux des
Antilles ou du Mexique ce qui traduit leur haut niveau de vie. Le tourisme de croisière
est aussi le plus développé du monde dans la région. Le port de Miami possède 7
embarcadères et en 2012 a permis le passage de 4,5 millions de touristes de croisière à
destination de toute l’aire caraïbe. Les plus gros géants des mers de croisières peuvent
avoir à bord jusqu’à 3500 personnes. La moyenne est de 2500 personnes
- flux migratoires en provenance d’Amérique Centrale et des Grandes Antilles à
destination des États-Unis, facteurs de diffusion de la culture caraïbe. Ces flux
migratoires économiques trahissent le retard de développement et le tropisme des EU,
vus comme le véritable Eldorado. Le Bassin Caraïbe est le second plus grand courant
migratoire de la planète.
Mais le bassin est aussi parcouru par des flux commerciaux :
- importation d’hydrocarbures du Mexique et du Venezuela par les EU
- le pétrole vénézuélien alimente aussi certains pays des Antilles comme Cuba. Il y a
donc intégration par les flux d’hydrocarbures.
- les pays d’Amérique Centrale exportent aussi des produits tropicaux vers l’Amérique
du Nord = intégration commerciale.
Il ne faut pas oublier également les flux illicites notamment de stupéfiants en provenance de
Colombie ou le trafic d’armes.
Du nord proviennent aussi des aides au développement et des investissements attirés par les
zones franches et les paradis fiscaux.
À l’échelle continentale, le bassin Caraïbe constitue une plaque tournante pour des trafics
illicites vers le nord, notamment la drogue en provenance des pays andins, les produits de
contrebande venant d’Asie mais aussi les flux d’argent sale alimentant les paradis fiscaux.
La continuité géographique entre les EU et le bassin explique l’importance des flux
légaux et illégaux qui créent ainsi une interdépendance économique, démographique et
culturelle.
Il en va de même des flux humains sont aussi tournés vers l’Europe : l’espace Caraïbe
accueille massivement les touristes européens (République Dominicaine, Guadeloupe…)
tandis que de nombreux Antillais ont fait le choix d’aller vivre en métropole : l’influence
européenne est donc encore présente. On retrouve l’espoir d’une vie meilleur et l’inégal
niveau de vie.
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Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud
Avec une superficie de plus de 42 millions de km², c'est le deuxième continent de la planète,
couvrant 8,3 % de la superficie totale et 28,2 % des terres émergées. De plus, l'Amérique
concentre environ 13,5 % de la population humaine avec plus de 950 millions de personnes.
Ainsi, la diversité est-elle plus la norme que l’homogénéité.
Problématique : En quoi le continent américain présente-t-il un développement inégal ?
I.
Le continent américain : une traduction de la fracture Nord-Sud ?
A. Des écarts de développement à l’échelle du continent
On retrouve à l’échelle du continent américain dans son ensemble, les constats effectués à
propos du bassin Caraïbe. Les inégalités de développement sont criantes entre une Amérique
du Nord riche et, du Mexique au Cône de sud1, des pays au statut intermédiaire – producteurs
et exportateurs de matières premières, de matières agricoles ou pays ateliers –, tandis que
quelques États souffrent encore de graves retards (Haïti, Nicaragua, Bolivie, Paraguay). Un
seul pays cependant est classé dans les PMA : Haïti, le seul PMA du continent américain. Ce
retard de développement est autant dû à retards structurels, aux conséquences des dictatures
(celle des tontons macoutes par exemple) et des difficultés de résilience face aux multiples
catastrophes naturelles qui touchent régulièrement l’île.
Etats-Unis
Canada
Amérique latine
Haïti
Moyenne mondiale
Indice de développement humain (IDH)
0,910
0,908
0,731
0,454
0,682
Source : Rapport sur le développement humain 2011, PNUD.
L’Amérique latine demeure la région la plus inégalitaire au monde, caractérisée par des
sociétés duales, nées de la conquête coloniale. En 2008, le taux de pauvreté s’élevait à 33 %,
soit 251 millions de pauvres (mais 47 millions de moins qu’en 2002). La pauvreté dans les
zones rurales est le double de celle des villes et elle se réduit beaucoup moins vite. Les
communautés indigènes amérindiennes sont parmi les plus pauvres, et ce depuis la conquête
espagnole dans les pays andins.
Loin d’être unifié, l’espace économique américain peut-être qualifié de bipolaire.
Il s’organise autour des États-Unis auxquels sont arrimés le Mexique et le Canada, tandis que
le Brésil s’affirme comme puissance régionale en Amérique du Sud.
Dès lors, les dynamiques d’intégration se font moins à l’échelle continentale qu’au niveau de
ces deux sous-ensembles au sein des blocs de l’ALENA et du MERCOSUR.
Depuis le début du XXIe siècle, une nouvelle Amérique latine est en marche : elle a tourné la
page des dictatures militaires des années 1980 et a adopté la démocratie, la stabilité politique
(fin des pronunciamentos) facteur indispensable à la croissance économique et aux progrès
sociaux.
Deux Amériques latines se dessinent :
- l’Amérique émergente qui regroupe les Etats du sous-continent riches en ressources
naturelles et qui connaissent un taux de croissance compris entre 5 et 7 % (Argentine,
1
Cet terme est utilisé notamment pour désigner les pays du Mercosur
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Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
Brésil, Chili, Mexique = surnommés les jaguars). Ces pays ont signé des accords
commerciaux avec l’UE et l’Asie, diversifiant leurs partenaires extérieurs.
Dans les années 1990, la municipalité de Mexico planifie l’aménagement d’un quartier
d’affaires, sur le modèle de La Défense à Paris, dans ce qui était jusqu’alors une zone de
stockage des déchets située au sud-est du centre de la capitale.
Les principales entreprises mexicaines y ont leur siège social (supermarché Superama, grands
magasins Sanborns, banque Banamex…) aux côtés des bureaux de nombreuses
multinationales (Ford, General Electric, Hewlett Packard, Toyota, Danone, Sony, Ericsson…)
reflétant la volonté des entreprises étrangères (notamment états-uniennes) d’investir les
marchés émergents.
L’implantation de nombreux sièges sociaux et de bureaux de représentation de nombreuses
firmes multinationales, la présence de vastes campus universitaires et d’infrastructures
destinées à accueillir touristes et hommes d’affaires (hôtels de standing international)
confirment l’ambition du Mexique de s’insérer dans la mondialisation. L’architecture de ce
quartier d’affaires est bien sûr celle des métropoles internationalisées.
Le Mexique est le premier investisseur latino-américain à l’étranger et bénéficie de
l’intégration liée à l’ALENA.
- « L’autre Amérique » en développement qui présente une grande diversité de
situations, allant du Venezuela riche en ressources pétrolières (7e exportateur mondial
de pétrole mais possédant peut-être les plus grandes ressources de la planète) aux Etats
enclavés comme le Paraguay et la Bolivie jusqu’au pays le plus défavorisé
Haïti marqué par la très grande pauvreté avec des richesses confisquée par une infime
minorité blanche ou métisse, héritage de la société esclavagiste, des calamités
naturelles telles que les cyclones et séisme, une absence de culture démocratique, et de
la corruption….
Les espaces agricoles de l’Altiplano (plaine d’altitude en espagnole, altitude moyenne de
3 300 mètres), de la Bolivie, du Pérou, de l’Équateur, de la Colombie, témoignent des
capacités d’adaptation des sociétés andines aux contraintes de la haute montagne. Dans ce
berceau de la culture de la pomme de terre qui, avec les haricots et le quinoa, représente
l’aliment de base, l’agriculture est uniquement vivrière. Employant une main-d’œuvre
nombreuse, presque exclusivement indigène, elle s’avère peu intensive et peu productive, ce
qui ne lui permet pas de dégager des surplus commercialisables.
L’agriculture andine incarne les difficultés de certains territoires et de certains groupes
sociaux à tirer profit de la mondialisation. Dans ce contexte, la culture de la coca apparaît
souvent comme une opportunité pour s’insérer dans des circuits commerciaux dépassant
l’échelle locale.
B. L’hégémonie des Etats-Unis : une réalité ancienne mais en recul
Les EU sont la puissance économique dominante du continent américain puisqu’ils polarisent
les flux migratoires en provenance des Caraïbes et du sous-continent sud-américain. De plus,
ils sont à l’origine des principaux IDE. La mise en place de l’ALENA a intégré les économies
de ses voisins à l’économie étatsunienne : le Canada fournit ainsi de nombreuses matières
premières issues de ses gisements et ressources (fer, uranium, cuivre, nickel, bois, eau,
pétrole, hydroélectricité). L’intégration aux EU sur la frontière des Grands Lacs a donné
naissance à une vaste région transfrontalière appelée Main Street. Cette région transfrontalière
s’articule sur une exceptionnelle voie d’eau : la Saint-Laurent Seaway qui relie les métropoles
des Grands Lacs (Chicago, Détroit, Toronto) à l’Atlantique via le Saint-Laurent. Cette voie
d’eau est navigable toute l’année grâce aux brise-glace l’hiver.
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Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
Le poids des EU est lisible à travers l’exemple de Miami et des relations qu’elle a su tisser
avec l’Amérique latine. Son aire urbaine compte 5,5 millions d’habitants et est peuplée à plus
de 60 % de latinos, avec une forte communauté cubaine, ce qui en fait une des métropoles de
l’Amérique latine au cœur des EU. Son cosmopolitisme en fait un pont entre l’Amérique
anglophone et l’Amérique latine.
La métropole occupe une situation d’interface :
- elle est un trait d’union entre l’Amérique latine et les EU, accueillant les flux
migratoires (exilés cubains, Argentins ayant fui la crise économique), touristiques,
ainsi que les narcotrafics.
- Miami est une interface financière avec l’Amérique latine par les capitaux
sud-américains qu’elle accueille. Ainsi, de nombreux Argentins ont placé leur fortune
dans des banques de Miami par méfiance vis-à-vis des dévaluations monétaires dans
leur pays ; Miami propose une excellente desserte depuis l’Amérique latine par des
vols nombreux et réguliers.
- elle est aussi la porte d’entrée des Caraïbes puisque les principales croisières partent
de Miami (4,5 millions de passagers en 2012)
Toutes ces activités sont révélatrices de la métropolisation de Miami qui commande non
seulement à la Floride mais aussi à toute l’Amérique latine.
De façon globale, l’influence des EU est multiforme : dollarisation des économies,
investissements massifs, hard power et soft power. Mais, à l’échelle du continent, on observe
un gradient de dépendance qui est fort pour ses voisins immédiats (Canada, Mexique) et sur le
bassin caraïbe ; mais il décroît au sud du continent où le Brésil et les pays du cône Sud
gardent une plus grande autonomie.
C. Amérique anglo-saxonne / Amérique latine : une opposition culturelle à nuancer
Le continent présente une césure culturelle entre l’Amérique anglo-saxonne au Nord,
majoritairement protestante et l’Amérique latine au Sud, plus métissée, catholique. Elle est le
résultat de la conquête coloniale menée par les différents royaumes européens.
Les civilisations amérindiennes ont été abattues par la conquête mais les Amérindiens sont
parvenus à maintenir leur culture et leur langue en Amérique centrale et dans les Andes. Les
Noirs et les mulâtres sont les descendants des esclaves importés d’Afrique et sont très
nombreux dans les Antilles, au Venezuela et au Brésil, pays fortement métissés mais où les
classes dirigeantes restent blanches et entre elles.
Les pays du cône Sud présente une population majoritairement de souche européenne.
Il faut nuancer la césure culturelle car la culture des EU est largement répandue dans tout le
continent avec l’américanisation des modes de vie. En retour, l’influence latino-américaine est
très forte aux EU du fait de l’immigration des latinos, première minorité du pays = très forte
hispanisation.
II.
Un continent de plus en plus intégré
A. Le Nord : l’extension du libre-échange par l’ouverture des frontières
Le continent américain est marqué par un grand nombre d’accords établissant des zones de
libre-échange. Le plus marquant est signé en 1994 entre les EU, le Canada et le Mexique
(ALENA), soit 450 millions de personnes. L’ALENA se définit par la suppression des
barrières douanières, la libre circulation des capitaux, mais sans permettre la libre-circulation
des personnes. Il s’agit en fait d’intégrer les potentialités du Canada et du Mexique à
l’économie étatsuniennes (ressources canadiennes, main-d’œuvre et pétrole mexicains) :
garantir les approvisionnements énergétiques. Si la hausse des échanges et la croissance des
7
Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
trois économies est une réalité, le Canada et le Mexique sont devenus encore plus dépendants
de leur puissant voisin (75 % des exportations canadiennes à destination des EU / 78 % des
exportations mexicaines).
La frontière entre les États-Unis et le Mexique met en contact des territoires dont la
complémentarité stimule les échanges. D’un point de vue économique, il s’agit de flux
dissymétriques (capitaux des États-Unis investis dans les maquiladoras qui, en retour,
alimentent le marché nord-américain en produits manufacturés). D’autres flux sont d’origine
douteuse ; ainsi, l’argent de la drogue écoulée aux États-Unis alimente le trafic d’armes vers
le Mexique.
Aux flux migratoires du Sud vers le Nord, répondent des flux de remises du Nord vers le Sud
mais aussi des flux touristiques. Les villes jumelles (Ciudad Juarez / El Paso au Texas ;
Tijuana / San Diego en Californie) matérialisent cette intégration territoriale.
Ces dynamiques d’intégration reposent sur des logiques de fracture propres à une interface
entre des pays aux niveaux de développement contrastés. La richesse des États-Unis et la
fascination du mode de vie nord-américain attirent massivement les Mexicains. Le faible coût
de la main-d’œuvre et de la vie au Mexique stimule les investissements états-uniens et le
tourisme d’achat.
Cette fracture peut être source de violence et se matérialise dans l’espace et les paysages par
des barrières de moins en moins perméables pour les Mexicains. Cartes
Forts de ce succès, les EU ambitionnent d’étendre cette zone de libre-échange à tout le
continent par la création de la ZLEA (zone de libre-échange des Amériques). Bien entendu,
les FTN américaines, plus solides et plus étendues que leurs concurrentes, auraient raflé les
contrats pour l’exploitation des ressources du continent, au détriment des FTN « nationales ».
Voilà pourquoi le projet a été rejeté en 2005 par les pays du Sud du continent.
B. L’Amérique latine : la recherche du développement du bloc régional
Les relations de l’Amérique latine avec les EU est ambivalente : d’une part, les échanges
commerciaux sont toujours très forts, d’autres part, elle a recherche à se libérer de la tutelle de
ces mêmes EU.
Ainsi, en 1991, est créé le MERCOSUR (marché commun du Sud) qui est une union
économique entre le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay, le Venezuela (libre
circulation des biens, des services et des moyens de production). Il regroupe 270 millions
d’habitants, et plusieurs Etats de la Communauté andine (Bolivie, Equateur) y sont associés. Il
a été pensé comme une alternative à la ZLEA autour de la puissance émergente brésilienne.
L’intégration au sein de cet ensemble régional passe par de grands projets : couloirs biocéaniques qui sont des infrastructures de transport reliant les deux façades océaniques
(transamazonienne prolongée) ou oléoduc Venezuela-Brésil-Argentine. Ces projets sont
toutefois freinés par le poids des distances et des contraintes naturelles (chaînes des Andes
point culminant Aconcagua 6 959 mètres, Amazonie).
A l’échelle du continent, l’intégration n’existe guère et l’Organisation des Etats américains
(OEA) n’est qu’un forum de discussions.
L’hégémonie américaine est même contestée dans l’organisation régionale menée par le
Vénézuela, qui comprend notamment Cuba.
C. Des tensions limitées mais réelles
La domination géopolitique des EU s’est mise en place au début du XIXe siècle avec la
doctrine Monroe (voir cours sur la puissance des EU) ; l’Amérique latine est devenue ensuite
l’arrière-cour de ce puissant voisin qui intervenait militairement ou par le biais de la CIA là
où leurs intérêts semblaient menacés.
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Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
Pour contrecarrer le projet de ZLEA, le président vénézuélien Hugo Chavez propose en 2001
une alternative bolivarienne pour les Amériques : l’ALBA (alliance bolivarienne pour les
peuples d’Amérique). Simon Bolivar avait tenté de mettre en place dans le premier quart du
XIXe siècle une fédération d’Amérique latine.
Cette alliance se veut une alternative économique et politique à la domination des EU sur le
continent ; mais elle ne fonctionne réellement qu’entre le Venezuela et Cuba (+ Nicaragua,
Equateur, Bolivie).
Le sentiment anti-américain (les gringos) est très présent non seulement sur l’île marxiste de
Cuba, toujours sous embargo, mais dans les Etats anti-impérialistes menés par Chavez.
L’adversaire est autant l’Administration américaine que les FTN étatsuniennes.
Les EU doivent par ailleurs faire face à l’influence croissante du Brésil en Amérique latine.
Les EU interviennent indirectement par le biais de la lutte contre les narcotrafics en soutenant
la lutte des autorités contre les guérillas (FARC en Colombie) et les cartels (Colombie,
Mexique). Les sociétés sud-américaines sont très violentes et connaissent les taux d’homicide
les plus fort au monde (5 homicides mensuels pour 100 000 habitants aux EU, 22 au Brésil,
61 au Honduras).
Enfin, des contentieux liés à des contestations de frontières existent toujours, notamment entre
la Bolivie, le Chili et le Pérou (ou entre le Venezuela et le Guyana) ; cela constitue un
obstacle aux intégrations régionales.
III.
Etats-Unis, Brésil : des puissances rivales ?
A. Des nations multiculturelles d’immigrants
Les deux pays ont été fondés par des colons venus d’Europe par la mer ; les Portugais arrivent
au XVIe siècle sur la côte Nord-Est alors que les Anglais ne fondent leurs premières colonies
qu’au XVIIe siècle (Virginie). Cependant, la conquête et la mise en valeur du territoire a été
bien plus rapide aux EU, avec la conquête de l’Ouest qui permet d’atteindre la Pacifique dès
le milieu du XIXe siècle, une fois les montagnes rocheuses franchies. Au Brésil, l’intérieur du
pays n’a été que tardivement mis en valeur, en suivant les fleuves pour pénétrer la forêt dense.
Longtemps le Brésil s’est résumé à une frange littorale s’épaississant.
Tous deux ont été peuplés par immigration et demeurent attractifs ; la population est de 312
millions d’habitants aux EU, contre 197 millions au Brésil. Mais l’attractivité des EU, à
l’échelle mondiale (dont brain-drain) est sans commune mesure avec celle du Brésil qui attire
seulement les migrants des pays voisins. Tous deux ont connu l’économie de plantation,
l’esclavage et ont été les points d’arrivée de navires négriers.
La société des EU est multiculturelle, cosmopolite, non exempte de racisme. La société
brésilienne est métissée mais le pouvoir économique est encore aux mains des Blancs ; le
racisme existe aussi. La conquête, l’esclavage et les inégalités sociales font de ces deux
sociétés des sociétés marquées par la violence et le meurtre.
B. Deux géants économiques dans la mondialisation
Les EU et le Brésil sont deux centres d’impulsion de la mondialisation. Les EU occupent les
premiers rangs dans les secteurs de l’agriculture (Monsanto), les services (Delta Airlines,
Wal-Mart), l’industrie (Boeing) et dominent la Triade. En 2010, leur PIB est supérieur à la
somme des trois suivants (Chine, Japon, RFA).
Si le PIB du Brésil est bien plus faible (6e rang mondial), le pays est une puissance émergente
avec un taux de croissance de 7,5 % (+ 53 % entre 2000 et 2010).
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Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
Leur place dans le commerce mondial est inégale puisque les EU sont le 2e exportateur
mondial, et le Brésil le 22e. Cependant, les exportations brésiliennes sont de plus en plus
diversifiées, et en forte hausse (multipliées par 3,6 entre 2000 et 2010). Le commerce
extérieur est excédentaire (+ 14 %) alors qu’il est déficitaire pour les EU (- 54 % en 2010, au
profit de la Chine essentiellement).
Enfin, les EU sont la première puissance financière mondiale : dollar monnaie de référence
mondiale, places boursières de premier ordre avec le NYSE (New York Stock Exchange), le
NASDAQ, firmes transnationales dominantes…
La bourse de Sao Paulo, la Bovespa, n’est qu’au 44e rang mais les FTN brésiliennes
s’affirment, surtout en Amérique latine.
Les 5 premières FTN Domaine d’activité
brésiliennes
Chiffre d’affaires en Rang mondial en 2011
2010, en milliards de $
PetroBras
Banco do Brasil
Banco Bradesco
Vale
JBS
120
63
53
45
31
hydrocarbures
finances
finances
Extraction minière
agroalimentaire
34
117
156
186
307
Source : Fortune, 2012. En 2011, le Brésil compte 7 FTN parmi les 500 premières mondiales.
Les découvertes d’immenses gisements de pétrole offshore en 2007 au large de Rio et Santos
ont été permises par la PetroBras, entreprise publique brésilienne figurant parmi les rares
compagnies du monde à forer sous plus de 2000 m d’eau.
Suite à la découverte de pétrole dans des couches ultra-profondes de sa ZEE, le Brésil figure
parmi les nations disposant des réserves les plus élevées de pétrole (14 milliards de barils) et
est appelé à en devenir un des plus gros exportateurs. D’où l’intérêt des FTN étatsuniennes et
occidentales en général.
Les deux pays sont aussi des géants agricoles (voir ensemble documentaire p. 228-229). On
les désigne par le terme « ferme du monde » même si ce dernier est le plus souvent appliqué
au Brésil
Des points communs apparaissent entre les deux agricultures :
- Des agricultures intensives et productives, modernes et exportatrices, ce qui les place
en concurrence. Le très large recours aux plants génétiquement modifiés est une autre
caractéristique.
- Même stratégie de diversification de leurs débouchés commerciaux, entrant en
concurrence sur certains marchés (Chine, Europe, Japon). L’UE a signé des accords
commerciaux avec le MERCOSUR d’où la forte part des exportations du Brésil vers
cette destination.
La domination des États-Unis demeure cependant sans égale pour ce qui est des industries
agro-alimentaires (PepsiCo, Cargill, Philips Morris…).
C. Quelle influence mondiale ?
Les EU jouent toujours un rôle mondial majeur grâce au hard power qui comprend la
puissance dure : influence dans les instances internationales (ONU, FMI, OMC), influence
économique, militaire avec des flottes US sur tous les océans du monde, réseau d’alliances
(OTAN) = gendarmes du monde. Leur modèle politique et économique exerce un pouvoir
de séduction inégalé appelé soft power : c’est l’image positive renvoyée par les EU,
l’american way of life (attraction de 11 % des IDE mondiaux, attraction sur les élites et les
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Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
savants). On parle même de net power pour qualifier leur puissance médiatique (Internet,
FTN de divertissement telles que Disney, AOL Time-Warner…).
Le Brésil ne possède pas une telle influence : il n’est pas membre permanent du Conseil de
sécurité de l’ONU, n’est pas une puissance militaire capable de se projeter en dehors du
continent. Cependant, il apparait comme un contrepoids à l’impérialisme étatsunien à
l’échelle du continent (MERCOSUR) et est un des leaders des BRICS ou puissances
émergentes ; membre du G20, sa voix défend les intérêts des pays du Sud, même si ses
voisins dénoncent un néo-impérialisme brésilien (Argentine, Bolivie) à cause des IDE dans
ces pays.
Synthèse : voir les documents 1 p. 220 et 2 p. 221
IV.
Etats-Unis, Brésil : des territoires reflets de la puissance
A. L’immensité des territoires et des ressources
Les deux territoires sont de taille comparable : 9,6 millions de km2 pour les EU, 8,5 millions
pour le Brésil, formant une masse compacte et d’un seul tenant (exception de l’Alaska). Le
bassin hydrographique des EU constitue un couloir au cœur des Grandes Plaines de premier
ordre aux EU ; alors que l’immense bassin de l’Amazone reste enserré par la forêt vierge et
son milieu hostile. Mais cette forêt recule par l’avancée du front pionnier ce qui pose le
problème de la déforestation. Les deux territoires présentent des réserves d’espaces très
abondantes (avec les ressources qui vont avec) comme l’Alaska, le Mato Grosso, l’Amazonie.
La maîtrise de l’espace est inégale : elle est achevée aux EU qui possèdent le réseau de
transport et de télécommunication le plus vaste et le plus complet de la planète ; au Brésil, elle
décroît à mesure que l’on avance à l’intérieur des terres ; le territoire brésilien est donc un
territoire « à maîtriser ».
Les logiques de construction des territoires sont comparables et résultent de la combinaison
de facteurs historiques et de facteurs économiques : ce sont deux territoires du Nouveau
monde, où les densités sont relativement faibles (34 hab. /km2 aux EU, 23 hab. /km2 au
Brésil). Les fortes densités des littoraux reflètent l’arrivée des migrants d’Europe, alors que
les régions de l’intérieur sont beaucoup moins peuplées. Cependant, ces pays sont
« ouverts » : la mobilité interne est forte vers les régions dynamiques, entretenant la mentalité
pionnière des origines.
B. Métropoles et façades maritimes profitent de la mondialisation aux EU
La majorité de la population et des activités à forte valeur ajoutée (tertiaire supérieur,
industrie de pointe) se concentrent dans une quarantaine de métropoles de plus d’un million
d’habitants dont le poids se renforce = métropolisation. Elles se concentrent dans la
Mégalopolis et dans la région des Grands Lacs (appelée également la Main Street
America). Elles sont particulièrement dynamiques dans la Sun Belt : Californie, Miami,
Triangle texan (Dallas, Houston, San Antonio), Seattle.
De façon globale, le Nord-Est demeure le « centre moteur » du territoire. La Mégalopolis est
toujours l’hypercentre avec 45 millions d’habitants sur 2 % du territoire et 40 % du PNB
américain. Sa puissance se mesure par la concentration des institutions économiques (Bourse
de Wall Street, FMI, sièges sociaux), politiques (ONU, OTAN, Maison Blanche, Congrès,
Pentagone) et culturelles et scientifiques (musées comme le Metropolitan Museum de New
York, universités, laboratoires comme le Biotech Corridor de Washington le long de
l’autoroute 270, technopôle de la route 128 de Boston).
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Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
Pour le géographe Jean Gottmann, à l’origine de l’expression Mégalopolis, elle joue un rôle
charnière entre les EU (hinterland) et le reste du monde. C’est pour lui la « Grande Rue de
la Nation », avec le rôle historique de ses villes (Boston, Philadelphie à l’origine de
l’indépendance), leur concurrence pour rester les principaux centres de commerce
international et les grands ports du commerce transatlantique.
La Sun Belt est ancrée dans la mondialisation et ouverte sur l’Amérique latine ou/et l’Asie
orientale. Elle n’est pas un ensemble régional uniforme. On distingue :
- de grandes régions motrices (Californie, Texas, Floride), des métropoles dynamiques
(Los Angeles, San Francisco, Houston, Miami, Seattle), des technopôles à
rayonnement mondial (Silicon Valley)
- des espaces dynamiques traditionnels (Etat de Washington), reconvertis (Géorgie) ou
émergents (Arizona, Nouveau Mexique)
- des périphéries plus pauvres et en difficultés (Louisiane, Mississipi, Caroline du Sud)
Plusieurs facteurs sont à l’origine du dynamisme de la Sun Belt :
- une population jeune, cosmopolite et en croissance (31 millions d’habitants en
Californie) qui croit en l’american dream = grand dynamisme, audace de
l’entreprise…
- un important développement des fonctions de recherche concernant la haute
technologie (recherche privée et publique)
- de puissantes infrastructures de transport, à l’échelle nationale et mondiale (hub
aéroportuaire de Dallas)
- une situation géographique d’interface (façade pacifique, du Golfe du Mexique,
frontière américano-mexicaine, canaco-américaine)
- une compétitivité préservée grâce aux délocalisations dans les usines maquiladoras
- une très forte influence culturelle : Hollywood ; la Californie apparaît comme
« l’archétype du rêve américain »
Les régions motrices bénéficient du dynamisme de l’industrie high-tech (micro-électronique,
informatique, biotechnologies, aéronautique) et du renom de ses entreprises Apple, HewlettPackard, Lycos, Microsoft, Boeing). Ces hautes technologies sont très liées aux commandes
de l’Etat fédéral par le biais des crédits militaires.
C. Le Brésil, des disparités territoriales très fortes
Selon H. Théry, le Brésil c’est à la fois « la Suisse, le Pakistan et le Far West ».
Le Sudeste est la région la plus riche et la plus intégrée à la mondialisation. C’est le véritable
« centre » du pays, véritable aire de puissance et centre d’impulsion.
Avec le Sud, elle concentre les principales activités modernes : agriculture commerciale
(canne à sucre, café, agrumes, soja), industrie diversifiée (automobile) recevant la majorité
des IDE, tourisme, activités de commandement économiques en tous genres dans les
mégapoles.
Le cœur du Brésil est formé par le triangle (30 millions d’habitants au total, dont 17 millions à
Sao Paulo) comprenant :
- la capitale économique São Paulo
- la capitale culturelle Rio de Janeiro
- Belo Horizonte
Là sont aussi les disparités socio-spatiales les plus criantes.
- le Nordeste est marqué par les industries traditionnelles et un tourisme moins
prospère ; seule la région côtière est dynamique. Cette région, ancien centre historique
du Brésil, est une périphérie qui cumule les problèmes : les sécheresses (région semiaride du Sertao), les échecs hydrauliques provoque un exode rural vers les favelas.
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Thème 3 : Dynamiques géographiques de grandes aires continentales
Chapitre 6 : l’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud
On parle de région « épave » où vit près de la moitié des 55 millions de démunis.
- les régions pionnières : l’Amazonie et la partie septentrionale du Centre-Ouest : ces
territoires sont des périphéries « en réserve », riches en ressources minières, en bois et
en espaces pour l’élevage extensif une fois la forêt défrichée. L’avancée du front
pionnier provoque d’inquiétants problèmes écologiques : disparition de la biodiversité
amazonienne, dégradation du couvert végétal par le lessivage des sols, rejet des
industries minières.
V.
Etats-Unis, Brésil : les faiblesses de deux géants
Voir cours du livre : § 1, 2, 3 p. 232
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