LASC - Faculté des Sciences Sociales

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SEMINAIRE DE METHODOLOGIE
LES APPORTS DE L’ANTHROPOLOGIE DE L’ENFANCE (V)
LE CORPS ETHNOGRAPHIQUE.
D’UN CORPS A L’AUTRE SUR UN TERRAIN AVEC DES ENFANTS
7 décembre 2013
9 h - 17 h 15
Salle 2/COM1 (A1)
Université de Liège
Place du XX Août
4000 Liège
(Entrée libre)
COORDINATRICE : Élodie RAZY
Pour des raisons logistiques, l’inscription des participants est souhaitée à l’adresse
suivante : [email protected]
Ce séminaire se veut être un lieu d’échanges entre étudiants (M1 et M2), doctorants, postdoctorants et chercheurs confirmés à partir de la restitution de leurs terrains ethnographiques
menés auprès d’enfants, aussi bien en Europe qu’ailleurs dans le monde. Il s’agit de confronter les
différentes approches mises en œuvre par les intervenants à partir d’une thématique spécifique et
de discuter de l’intérêt de ces approches dans le champ de l’anthropologie de l’enfance et des
enfants ; ce faisant, la pertinence – tant méthodologique que théorique et épistémologique – des
questions soulevées pour l’anthropologie générale peut être débattue.
Cette année, le séminaire porte sur les dimensions méthodologiques qui convoquent le
corps sur un terrain ethnographique avec des enfants.
Si la question du corps – et son corrolaire, la personne pour la tradition africaniste – sont
au cœur du projet ethnologique et anthropologique dès ses début – notamment dans le champ du
religieux –, le corps a définitivement acquis ses lettres de noblesse en étant revisité à nouveaux
frais depuis une vingtaine d’années dans des perspectives très variées qui, toutes, interrogent à
leur manière la frontière entre nature et culture, entre individu et société, entre universel et
particulier. Pour l’heure, on retiendra de ces travaux la notion polysémique d’embodiment (Csordas
1990) et les questions très discutées du sujet et des émotions. Cependant, aussi passionnants et
incontournables soient ces travaux, force est de constater qu’il y est généralement question du
1
corps de l’ethnographié et que le corps de l’ethnographe fait tout au plus figure de fantôme,
lorsqu’il n’est pas tout simplement absent – alors même que le tournant réflexif n’est plus remis
en question. Et pourtant ! S’il est un lieu et un temps où l’ethnographe peut difficilement oublier
qu’il a un corps, c’est bien celui du terrain : qu’il soit rappelé par/à son corps ou que ses hôtes le
lui rappellent, le corps de l’ethnographe est bien un corps agissant, éprouvant, ressentant, pensant
et non un « pur esprit » dès lors qu’il s’agit de mener une ethnographie au-delà de la seule
conduite d’entretiens (Fainzang 1994) et au-delà du point de vue selon lequel l’observation
participante, dans une version instrumentalisée, ne serait qu’une simple technique d’enquête, un
outil parmi d’autres.
La réflexion menée dans le cadre de ce séminaire s’inscrit dans les questionnements et
propositions variés d’anthropologues, qui se sont intéressés à cette dimension du terrain
ethnographique, et au rôle de média que constitue le corps de l’ethnographe (cf. notamment
Favret-Saada 1977, 1990 ; Stoller 1997 ; Caratini 2004 ; Jackson ; Johnson 2002 ; Csordas 2007 ;
Halloy 2007 ; Ingold 2008 ; Berliner 2013) dans la production de connaissances, mais porte plus
particulièrement sur les terrains menés auprès d’enfants, ces « derniers primitifs » (Opie & Opie
1959).
On trouve une réflexion, le plus souvent indirecte et peu approfondie, sur le corps du
chercheur dans les travaux sur les enfants à travers la question des relations de pouvoir et de
domination entre adulte et enfant, du statut, de la place et du rôle du chercheur sur le terrain
(Fine 1987 ; Waksler 1986 ; Mandell 1991 ; Laerke 1998 ; Christensen 2004 ; Christensen & James
2008 ; Delalande 2001 ; Delalande, Danic, & Rayou 2006 ; Hejoaka & Zotian à paraître). Si les
connaissances sur le corps ethnographié, celui des enfants, pourront être abordées dans le cadre
de ce séminaire, c’est bien la question du corps sur le terrain auprès d’enfants qui retiendra plus
particulièrement notre attention : corps de l’ethnographe, corps des enfants, interactions
corporelles ethnographe/enfants et circulation des affects sont encore insuffisamment
documentés alors même qu’ils jouent un rôle crucial lorsque le chercheur s’engage dans
l’observation participante et construit pas à pas une relation ethnographique (Fogel & Rivoal
2009).
En conséquence, les participants sont invités à interroger la dimension méthodologique
de leur pratique du terrain, notamment à partir des questions suivantes : Quel rôle jouent les
corps dans la construction de la relation ethnographique ? Que font l’ethnographe et les enfants
de la réalité empirique de leurs corps respectifs et de son corrolaire (autorité, relation asymétrique,
etc.) ? L’« homme-caméléon » (ou la femme-caméléon) dont parle Berliner (2013) peut-il (elle)
(re)devenir un enfant ? Est-ce acceptable par l’enfant et son entourage familial et/ou
institutionnel ? Quelle place occupe le corps de l’ethnographe dans les stratégies mises en œuvre
ou la disposition à se laisser assigner des places par les enfants sur le terrain ? Comment
l’ethnographe (ré)apprend-il des techniques du corps enfantines ? Les corps-à-corps ont-ils des
limites ? Quel traitement des affects ? Plus largement, on pourra se demander quelle est la nature
du savoir produit à partir des corps et de leurs interactions.
Si des questions spécifiques se posent, notamment en raison de la nature-même des
interactions (au plus proche), des représentations de l’altérité tant social que culturelle (enfant
versus adulte) des acteurs en présence (enfants, ethnographe et entourage de l’enfant) ou encore
du statut de ces mêmes acteurs, il n’en demeure pas moins que les questions générales se posent
dans les mêmes termes que sur un terrain auprès d’adultes (Christensen & James 2008 ;
Montgomery 2009). Le terrain auprès d’enfants, par le caractère saillant et incontournable des
problèmes qu’il soulève, induit un effet-loupe propre à mettre en lumière des questionnements
anthropologiques plus généraux souvent ignorés.
Au-delà de leur dimension méthodologique, nombre de pratiques mobilisées sur le terrain
avec les enfants et impliquant les corps posent des questions tant éthiques que théoriques et
épistémologiques que ce séminaire souhaite aborder dans un dialogue constructif entre
anthropologie de l’enfance et anthropologie générale.
2
BERLINER, D. 2013 « Le désir de participation ou comment jouer à être un autre », L’Homme, 206 : 151-170.
CARATINI, S. 2004 Les non-dits de l’anthropologie, Vendôme : Presses Universitaires de France.
CHRISTENSEN, P. 2004 « Children’s Participation in Ethnographic Research : Issues of Power and Representation », Children &
Society, 18: 165-176.
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CSORDAS, T.J.
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DELALANDE, J. 2001 La cour de récréation. Pour une anthropologie de l’enfance, Rennes : Presses Universitaires de Rennes.
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Rennes : Presses Universitaires de Rennes.
FAINZANG, S. 1994 « L'objet construit et la méthode choisie : l'indéfectible lien », Terrain, 23 : 161-172.
FAVRET-SAADA, J.
1977 Les mots, la mort, les sorts. La sorcellerie dans le bocage, Paris : Gallimard.
1990 « Etre affecté », Gradhiva, 8 : 3-10.
FINE, G.A. 1987 With the Boys : Little League Baseball and Preadolescent Culture, Chicago: University Of Chicago Press.
FOGEL, F. & RIVOAL, I. 2009 « Introduction », Ateliers, 33 : http://ateliers.revues.org/8162
HALLOY A., 2007 « Un anthropologue en transe. Du corps comme outil d'investigation ethnographique » in J. Noret & P. Petit
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HEJOAKA, F. & ZOTIAN, E. à paraître, « Performances générationnelles et rôles sociaux de genre dans l’enquête avec les enfants.
Approche comparative à partir de terrains ethnographiques à Marseille (France) et à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) » in M.
Jacquemin, D. Bonnet, C. Deprez, M. Pilon & G. Pison, Enfance et genre, regards croisés Nord-Sud.
INGOLD, T. 2008 « Anthropology is Not Ethnography », Proceedings of the British Academy (Radcliffe-Brown Lecture in Social
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JACKSON, M. 1998 Minima Ethnographica : Intersubjectivity and the Anthropological Project. Chicago: University of Chicago Press.
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MONTGOMERY, H. 2009 An Introduction to Childhood. Anthropological Perspectives on Children’s Lives, Singapor : Wiley-Blackwell.
OPIE, I. & Opie, P. 1959 The Lore and Language of School-children. Oxford, UK: Clarendon Press.
STOLLER 1997 « Sensuous Scholarship », Philadelphia : University of Pennsylvania Press.
WAKSLER, F.C. (ed.) 1991 Studying The Social Worlds of Children, London : Falmer Press.
***
Matinée : 9 h à 13 h 15
9 h : Élodie RAZY (Chargée de cours en anthropologie, LASC, ULg & LAU – IIAC, UMR 8177,
CNRS/EHESS) – Ouverture de la journée
Modératrice : Élodie RAZY (Chargée de cours en anthropologie, LASC, ULg & LAU – IIAC,
UMR 8177, CNRS/EHESS)
9 h 15 - 9 h 45 : Alice Sophie SARCINELLI (Doctorante en anthropologie IRIS – EHESS, France)
– « Corps de chavé, corps de gagjé. De la recherche avec les enfants à la recherche à partir des
corps de l’enfant et de l’ethnographe »
9 h 45 - 10 h 15 : Jeannett MARTIN, Research Director of the DFG-Research Project « Child
fosterage in the context of ethnic heterogenity », University of Bayreuth – « Embodied experience:
lessons from an orphanage in Benin »
10 h 15 - 10 h 30 : Discussion
10 h 30 - 10 h 45 : Pause-café
3
Modératrice : Rachel DOBBELS (Master en anthropologie, ULg)
10 h 45 -12 h 30 : La médiation corporelle : le corps comme support et
instrument
10 h 45 - 11 h 15 : Jean Paul FILIOD, Maître de conférences, Université de Lyon (Lyon 1 –
ESPÉ), Centre Max Weber (CNRS – UMR 5283) – « Des cadrages en mouvement. Le chercheur-filmeur et
ses postures corporelles dans un atelier d’exploration photographique dirigé par une artiste photographe en école
maternelle (Lyon, France) »
11 h 15 - 11 h 30 : Coralie MIGEOTTE (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg) – « Le corps de
l'ethnographe: un outil pour rendre compte des normes mobilisées par des enfants? Le cas d'une communauté
alternative (Belgique) »
11 h 30 - 11 h 45 : Discussion
11 h 45 - 12 h05 : Amélie AUBERT-PLARD (Doctorante CIFRE, Université Paris Ouest Nanterre
La Défense, LESC & IRD, PaLoc) – « La malnutrition chronique chez les jeunes enfants en Bolivie :
comment ethnographier un corps pathologique ‘invisible’ ? »
12 h 05 -12 h 20 : Dale KONINCKX (Étudiant en Anthropologie, M2, ULg) – « La mise en scène
ludique du corps : découverte, comparaison et information dans un service de soins pédiatriques (Liège, Belgique) »
12 h 20 - 12 h 30 : Discussion
12 h 30 - 13 h 15 : Le corps de l’ethnographe : un horizon indépassable ?
12 h 30 - 12 h 50 : Marie CAMPIGOTTO (Doctorante Non-Fria, LASC, ULg) – « Le corps de
l’ethnographe comme ‘jouet’. Manipulations et détournements sur un terrain auprès d’enfants de premier cycle (5-8
ans) dans une école fondamentale à Liège (Belgique) »
12 h 50 - 13 h 05 : Rudy TESTA (Étudiant en Anthropologie, M2, ULg) – « L'âge de l'apprentianthropologue est-il un obstacle à ses observations ? L'exemple d'un camp d'initiation au métier de musher pour
enfants en Suisse »
13 h 05 - 13 h 15 : Discussion
13 h 15 - 14 h 15 : Pause déjeuner
Après-midi : 14 h 15 à 17 h 15
Modératrice : Marie CAMPIGOTTO (Doctorante Non-Fria, LASC, ULg)
14 h 15 - 15 h 35 : L’expérience corporelle partagée : un lieu productif ?
14 h 15 - 14 h 30 : Manon RAJACIC (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg) – « Autisme et culture
enfantine. Construction et destruction d’un mur de briques en carton par des jeunes autistes scouts (Beaufays,
Belgique) »
4
14 h 30 : 14 h 45 : Arlette Sandrine TOUKAM (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg) – « Le corps
façonné par le religieux. L'exemple d’une ASBL camerounaise en Belgique »
14 h 45 - 14 h 55 : Discussion
14 h 55 - 15 h 10 : Louise SAWITZKAJA (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg) – Titre à préciser
15 h 10 - 15 h 25 : Isabelle BORSUS (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg) – « ‘Tu peux te mettre là
?’ L'espace négocié au sein d'une mini-crèche liégeoise (Belgique) ».
15 h 25 - 15 h 35 : Discussion
15 h 35- 16 h 35 : Double casquette: le corps double ou le corps comme
frontière ?
15 h 35 - 15 h 50 : Christophe RICHARD (Étudiant en Anthropologie, M2, ULg) – « Un corps qui
contraint: le problème de la double casquette sur un terrain avec des louveteaux dans la périphérie liégeoise
(Belgique) »
15 h 50 - 16 h 05 : Julie CULOT (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg) – « ‘Faire l’animée’ au sein
d’une troupe de scouts dans les Ardennes belges ou comment porter une double casquette ! »
16 h 05 - 16 h 20 : Olivier MARTENS (Étudiant en Anthropologie, M2, ULg) – « Discipline du corps
et arts martiaux : Quel rôle pour l’anthropologue auprès des élèves (Liège, Belgique) ? »
16 h 20 - 16 h 35 : Discussion
16 h 35 - 17 h 15 : Circulation des affects et subjectivité incorporée
16 h 35 - 16 h 50 : Noura MHEDHBI (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg) – « Intervenir ou non
lors d'une situation conflictuelle dans une école primaire: entre maîtrise de soi et réaction émotionnelle (Liège,
Belgique) »
16 h 50 - 17 h 05 : Louise DEBOUNY (Étudiante en Anthropologie, M2, ULg) – « L'ethnologue à son
corps défendant, ou comment j'ai pincé un enfant (classe de maternelle, Liège, Belgique) »
17 h 05 - 17 h 15 : Discussion
17 h 15 : Conclusion
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