Espèces nouvelles en Méditerranée Pr Patrice Francour Université de Nice-Sophia Antipolis EA 4228 ECOMERS [email protected] Les espèces nouvelles en Méditerranée • des espèces nouvelles, absentes originellement de Méditerranée • les voies d’arrivée ? • entrées par l’Atlantique ou par le canal de Suez • conséquences écologiques • quel avenir pour la Méditerranée Cette présentation est téléchargeable à l’adresse suivante : http://www.unice.fr/LEML/Francour_Internet/ Impacts visibles du réchauffement climatique pour les plongeurs ? • oui, la faune et la flore changent, sans contestation possible • est-ce un changement récent, unidirectionnel, ou régulier et cyclique ? • mais est-ce lié seulement à la température ? • une prédilection pour l’eau chaude seulement ? • alors ? Pas assez de données historiques le plus souvent ! Nombreux autres facteurs : turbidité, protection, ou ? Plus une sténothermie qu’une thermophilie ? Seules les espèces méditerranéennes étaient concernées ! Par contre, des espèces réellement nouvelles sont observées en Méditerranée Sargocentrum rubrum (cliché PF) Fistularia commersonii (cliché PF) Pteragogus pelycus (cliché PF) Pempheris vanicolensis (cliché PF) Stephanolepis diaspros (cliché PF) Stephanolepis diaspros (cliché PF) Hermodice carunculata (cliché PF) Herdmania momus (cliché PF) Synaptula reciprocans (cliché PF) Acanthurus monroviae Kyphosus sectator Caulerpa taxifolia (cliché PF) Comment arriver en Méditerranée ? 3 voies possibles Anthropique Atlantique Mer Rouge (1869) (Google Earth) Comment arriver en Méditerranée ? 3 voies possibles • introduction accidentelle par l’homme • en provenance de l’Atlantique • en provenance de la Mer Rouge Plus de 560 espèces « exotiques » en Méditerranée Depuis quand ? Une accélération nette depuis les années 50-60 (d’après Galil, 2008) De quelles provenances ? Une nette majorité de l’IndoPacifique ou de la Mer Rouge (d’après Galil, 2008) Quels organismes ? Une nette majorité de Mollusques, d’Arthropodes et de Poissons (d’après Galil, 2008) Comment ? Majoritairement les détroits (naturel) et les bateaux (anthropique) Ostréiculture en particulier (d’après Galil, 2008) Comment devient-on une espèce exotique ? • une espèce est considérée comme exotique quand elle observée en dehors de son aire de répartition connue ou supposée • l’espèce doit pouvoir se déplacer seule ou être déplacée (vecteur) • seuls quelques individus peuvent « passer » en Méditerranée • l’espèce ne sera considérée comme installée que si de nombreux individus sont présents et si la reproduction a réellement lieu (l’augmentation d’effectif n’est plus due aux seules arrivées) Espèce bien installée : nombreux individus; reproduction probable en Méditerranée Espèce non installée : très peu d’individus; pas de reproduction en Méditerranée (d’après Ben Rais Lasram et al., 2008) Comment devient-on une espèce exotique ? • une espèce est considérée comme exotique quand elle observée en dehors de son aire de répartition connue ou supposée • l’espèce doit pouvoir se déplacer seule ou être déplacée (vecteur) • seuls quelques individus peuvent « passer » en Méditerranée • l’espèce ne sera considérée comme installée que si de nombreux individus sont présents et si la reproduction a réellement lieu (l’augmentation d’effectif n’est plus due aux seules arrivées) • si la prolifération est telle que l’espèce se développe aux dépens d’autres espèces « indigènes » (méditerranéennes ici), elle peut devenir envahissante Où s’installent ces espèces exotiques ? • si le vecteur d’introduction est anthropique, il n’y a pas de « logique » géographique; cela dépend du vecteur : Caulerpa taxifolia, algues japonaises dans l’étang de Thau, eaux de ballast (à proximité des zones portuaires), etc Où s’installent ces espèces exotiques ? • si le vecteur d’introduction est anthropique, il n’y a pas de « logique » géographique; cela dépend du vecteur : Caulerpa taxifolia, algues japonaises dans l’étang de Thau, eaux de ballast (à proximité des zones portuaires), etc • si le vecteur est naturel (un détroit) : ¾ préférentiellement à l’Ouest pour les espèces atlantiques ¾ à l’Est pour les espèces indo-pacifiques ou de Mer Rouge Les espèces de poissons exotiques en Méditerranée - dans les années 80 - en 2006 (d’après Ben Rais Lasram & Mouillot, 2008) Où s’installent ces espèces exotiques ? Provenance Atlantique • pour les poissons, moins de 50% des espèces se sont réellement installées • installation dans le bassin occidental • installation dans les zones superficielles (seuil à 300 m pour Gibraltar) • plus de 60% des espèces colonisent un seul côté du bassin • parmi elles, 70% sur la côte nord (sud de l’Espagne) ! Plus grand effort d’échantillonnage ? meilleure productivité primaire ? • par contre elles vont plus loin vers l’Est le long de la rive Sud (portées par le courant) Où s’installent ces espèces exotiques ? Provenance Atlantique (d’après Ben Rais Lasram et al., 2008) Où s’installent ces espèces exotiques ? Provenance Mer Rouge et Indo-Pacifique • presque autant de poissons en provenance de l’Atlantique que de la Mer Rouge ou de l’Indo-Pacifique : 62 contre 67 (Ben Rais Lasram & Mouillot, 2008) • environ 15 % de la faune de poissons de Méditerranée orientale est exotique • peu d’espèces méditerranéennes passent en Mer Rouge • les espèces s’installent d’abord dans le bassin oriental • dans le bassin oriental, colonisation par le nord (courant dominant, barrière du Nil), puis dispersion vers l’ouest 9 8 42 9 25 8 18 67 (modifié d’après Mavruk & Avsar, 2008) Où s’installent ces espèces exotiques ? Provenance Mer Rouge et Indo-Pacifique • presque autant de poissons en provenance de l’Atlantique que de la Mer Rouge ou de l’Indo-Pacifique : 62 contre 67 (Ben Rais Lasram & Mouillot, 2008) • environ 15 % de la faune de poissons de Méditerranée orientale est exotique • peu d’espèces méditerranéennes passent en Mer Rouge • les espèces s’installent d’abord dans le bassin oriental • dans le bassin oriental, colonisation par le nord (courant dominant, barrière du Nil), puis dispersion vers l’ouest • pas de passage dans le bassin occidental en raison des différences de température et de salinité 15°C et 36.2‰ 21°C et 39‰ (d’après Mavruk & Avsar, 2008) Où s’installent ces espèces exotiques ? Provenance Mer Rouge et Indo-Pacifique • presque autant de poissons en provenance de l’Atlantique que de la Mer Rouge ou de l’Indo-Pacifique : 62 contre 67 (Ben Rais Lasram & Mouillot, 2008) • environ 15 % de la faune de poissons de Méditerranée orientale est exotique • les espèces s’installent d’abord dans le bassin oriental • peu d’espèces méditerranéennes passent en Mer Rouge • dans le bassin oriental, colonisation par le nord (courant dominant, barrière du Nil), puis dispersion vers l’ouest • pas de passage dans le bassin occidental en raison des différences de température et de salinité • passage très récent d’espèces lessepsiennes dans le bassin occidental : Siganus luridus, Fistularia commersoni Siganus luridus Siganus rivulatus (cliché PF) Siganus luridus (SL), Siganus rivulatus (SR) SL: 07/2008 SR: 10/2000 SL: 03/2004 SL: 03/2004 SL: 1956 SR: 1927 (d’après Daniel et al., in prep.) Fistularia commersonii (cliché PF) Fistularia commersonii 11-12/2006 09/07 – 01/08 2008 01/2004 01/2000 (d’après Kara et al., in prep.) Quelles conséquences pour la flore et la faune méditerranéennes ? • installation d’une espèce si une niche écologique est vide • impacts sur les écosystèmes en place pas souvent connus • arrivée d’un herbivore strict peut profondément modifier les paysages algaux Les 3 herbivores de Méditerranée (cliché PF) Quelles conséquences pour la flore et la faune méditerranéennes ? • installation d’une espèce si une niche écologique est vide • impacts sur les écosystèmes en place pas souvent connus • arrivée d’un herbivore strict peut profondément modifier les paysages algaux • si exploitation des mêmes ressources trophiques, généralement une ségrégation spatiale • succès très important pour certaines : 43% des ressources halieutiques en Turquie sont d’origine lessepsienne (Taskavak et al., 1998); 72% des poissons observés au Liban sont des Siganus rivulatus (Bariche & Saad, 2005) • pas encore d’impacts aussi marqués en Méditerranée occidentale Banc de Siganus luridus (cliché PF) Quel avenir pour la Méditerranée ? • le réchauffement climatique se poursuivra • les arrivées en Méditerranée orientale devraient se poursuivre, voire augmenter ? • l’intensité du transport maritime ne devrait pas décroître • les introductions accidentelles continueront et augmenteront d’intensité • passage de plus en plus fréquent d’espèces lessepsiennes dans le bassin occidental • les impacts seront d’autant plus importants que les peuplements d’origine seront perturbés ou affaiblis • impact moindre dans les aires marines protégées ?