I.3 Stabilité et variabilit é des … 6/6. Evolutio n et gé nétique Les innovations génétiques, telles que les mutations, apparaissent chez des individus, et la reproduction sexuée assure leur transmission de génération en génération au sein des populations. Comment cette transmission peut-elle être responsable de l’évolution des espèces ? Activité 1. La sélection naturelle : exemple de la Phalène du Bouleau. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? La phalène du Bouleau (Biston betularia) est un papillon de nuit d’environ 15 mm de long, dont les principaux prédateurs sont les oiseaux. Il existe naturellement deux formes interfécondes : une forme claire [typica], une forme noire [carbonaria]. Les phénotypes sont en page 110 de votre livre. Des croisements entre phalènes sombres et claires ont révélé que ces phénotypes étaient dus à un seul gène comportant deux allèles : C dominant et c récessif. Les individus de génotype Cc ou CC sont [carbonaria], ceux de génotype cc sont [typica]. En Angleterre, jusqu’en 1848, tous les papillons étaient exclusivement de couleur claire. Mais, vers 1950 : Dates dans les régions fortement industrialisées, plus de 90% des papillons observés sont [carbonaria] ; Fréquences (%) C c Doc1. Changement de la 1848 et 1858 0 100 fréquence des allèles dans la 1868 3 97 région de Manchester (région 1878 45 55 industrielle). © Hatier TS 2002. 1888 76 24 1898 1908 1918 et 1928 1938 et 1948 - 86 90 93 96 14 10 7 4 dans les régions rurales, la forme [typica] reste très largement prédominante. Dans les années 1950, des biologistes ont noté le nombre d’individus des deux formes capturés par piégeage lumineux dans une région industrielle (Birmingham) et dans une région rurale (la forêt de Dean End Wood) (expérience 1). Ils lâchèrent ensuite des papillons marqués des deux formes dans chacune des deux régions (expérience 2). Quelques jours après, ils ont déterminé le nombre d’individus marqués des deux formes recapturés dans les deux sites. Enfin, ils ont exposé à la prédation par les oiseaux le même nombre de papillons des deux formes sur chacun des deux sites (expérience 3) et ils ont mesuré le nombre de papillons capturés dans chaque cas. Phénotype Expérience 1 Expce 2 Nombre lâché Nombre capturé % de chaque forme recapturé. Expce 3 Nb de papillons exposés aux oiseaux Nb de papillons capturés par les oiseaux % de chaque forme capturé par des oiseaux. Birmingham Typica Carbonaria 63 528 64 154 16 82 58 43 58 15 Dean End Wood Typica Carbonaria 297 0 496 473 62 30 190 26 190 164 Doc2. Dans les années 1950, la Grande-Bretagne a mis en place un programme de dépollution (réduction des émissions de suie). On a suivi l’évolution de la proportion de formes sombres dans les régions jusqu’alors polluées. © Bordas TS 2002 Pour qu’il y ait sélection naturelle, 4 conditions doivent être remplies. 1. Il faut que les organismes se reproduisent. 2. Que cette reproduction soit conforme (= qu’il y ait hérédité). 3. Qu’il y ait variation des caractères individuels héréditaires parmi les membres d’une population. 4. Qu’un certain état d’un caractère héréditaire confère, (sous certaines conditions de l’environnement), à certains membres de la population une probabilité de reproduction plus grande que les autres (= avantage sélectif). Questions. 1. Proposer une hypothèse testable pour expliquer l’évolution de la composition phénotypique des populations de phalènes. 2. Compléter le tableau pour obtenir des résultats exploitables. Conclure (voir si l’hypothèse est justifiée ou non). 3. Expliquer l’évolut° de la fréquence des deux allèles au cours du temps en milieu pollué ; puis lorsque la pollution disparaît. 4. Montrer que cet exemple illustre le phénomène de sélection naturelle. -1- Activité 2. Mutation neutre et répartition dans une population. Une mutation dite neutre est une mutation qui n’est pas soumise à la sélection naturelle. Comment expliquer l’existence de mutations neutres ? L’hémoglobine est présente chez tous les Vertébrés : elle était donc déjà présente chez leur ancêtre commun. Elle est toujours stockée dans les érythrocytes (ou hématies). Ses deux sous-unités (chaînes α et β) sont codées par des gènes qui dérivent d’un même gène ancestral par duplication, transposition et divergence (TP1.3.1/6). On compare les chaînes β de l’hémoglobine humaine et de l’hémoglobine de la carpe par rapport à la chaîne α de l’homme prise comme référence et on recherche l’origine des différences. Dans la colonne de gauche, on a réparti les codons déterminant chaque acide aminé en catégorie : pas de changement entre les deux chaînes comparées, un changement dû à une substitution de nucléotide, un changement dû à deux substitutions de nucléotides, discontinuité par délétion ou addition d’un acide aminé dans l’une des deux chaînes. Les lignées de l’homme et de la carpe ont divergé il y a 400 millions d’années. Le nombre de différences constatées est donc à rapporter à cette durée de temps. Type de changement Comparaison des chaînes α et β de l’homme 62 55 21 9 Comparaison de la chaîne α de l’homme et de la chaîne β de la carpe 61 49 29 10 Pas de changement Un nucléotide modifié Deux nucléotides modifiés Discontinuité par addition ou délétion d’un acide aminé Total des codons examinés 147 149 Doc1. Comparaison des sous-unités de l’hémoglobine de l’homme et de la carpe. © Belin TS 2002 Questions. 1. En comparant les fonctions de ces polypeptides, justifier le qualificatif de neutres utilisé pour définir ces mutations. 2. Montrer en quoi la comparaison de la vitesse d’accumulation des mutations dans deux espèces confirme leur caractère neutre. A partir de la date de divergence entre deux lignées de deux espèces (déterminée grâce à la paléontologie) et d’une comparaison de la séquence d’une protéine entre ces deux espèces, on peut calculer une vitesse d’évolution globale de la protéine. Elle s’exprime en nombre de substitutions par acide aminé et par 109 ans. Il est de même possible de comparer la vitesse d’évolution de différentes régions d’une même protéine. Protéine ou peptide Fibrinopeptide Fonction de la protéine ou du peptide Vitesse d’évolution Fragment du fibrinogène qui intervient dans la 8,3 coagulation du sang. Le fibrinopeptide issu du fibrinogène n’a pas de fonction connue. Ribonucléase pancréatique Enzyme digestive 2,1 Globine a Transport du dioxygène dans les érythrocytes 1,2 Cytochrome C Molécule de la mitochondrie indispensable à la 0,3 respiration cellulaire dans toutes les cellules. Doc2. Comparaison des vitesses d’évolution de différentes protéines. La vitesse est exprimée en nombre de substitutions par acide aminé par 109 ans. © Belin TS 2002. Questions. 3. Confronter les vitesses d’évolution attendues pour ces protéines à l’hypothèse admise d’un taux de mutation par nucléotide constant au cours du temps. Proposer une hypothèse explicative aux différences constatées, fondée sur les conséquences sélectives de mutations sur les gènes codant ces protéines. 4. Montrer que des mutations peuvent se répandre dans une population sans le processus de sélection naturelle. -2- Activité 3. Mutations et gènes du développement. Où comment de petites mutations peuvent avoir de grandes conséquences… Chimpanzé jeune adulte Homme jeune adulte Doc1. Crânes de Chimpanzé et d’Homme (jeune et adulte). D’après J. Chaline. © Bordas TS 2002. Modifié © 2005 1. Remplir le tableau ci-dessous à partir de l’exploitation du document 1. Conclure. Trou occipital Chimpanzé Bipédie ou quadrupédie Bourrelet susorbitaire Canines Prognathisme Jeune Adulte Homme Jeune Adulte Âge Chimpanzé P. embryonnaire* : 2 semaines. P. fœtale* : 238 jours. Homme P. embryonnaire* : 8 semaines. P. fœtale* : 266 jours. Âge Chimpanzé 1 2 Phase infantile 3 4 5 Sevrage 6 Phase juvénile Bipédie temporaire (Sevrage) Phase infantile Bipédie permanente 7 8 Maturité sexuelle 9 10 11 Phase adolescente 12 13 14 15 16 Phase adulte 17 Longévité : 50 ans Homme Phase juvénile Maturité sexuelle Phase adolescente Phase adulte Longévité : 75 ans Doc2. Les étapes de développement du chimpanzé et de l’homme. © Didier TS 2002. Modification © 2005 « C’est durant la seule phase embryonnaire* que se multiplient les cellules nerveuses, jusqu’à 5 000 neurones par seconde, ce qui aboutit à nos quelque cent milliards de neurones. Chez l’homme, cette multiplication par ……… de la durée de la phase embryonnaire peut être interprétée comme une hétérochronie*. Cela signifie qu’au cours des millions d’années pendant lesquelles s’est produite l’évolution humaine, la régulation des étapes du développement a été modifiée. » D’après J. Chaline, La Recherche, n° 316 (janvier 1999). Un peu de vocabulaire. Phase embryonnaire* : période précoce du développement, depuis la cellule-œuf jusqu’au fœtus. Phase Juvénile* : qualifie la période de l’enfance qui précède la maturité sexuelle. Hétérochronie : modification de la durée ou de la vitesse du développement au cours de l’évolution. 2. Préciser les caractères fondamentaux de l’espèce humaine qui paraissent résulter d’une modification de la durée ou de la vitesse de développement ? -3- Ainsi, la durée des phases du développement est différente entre l’Homme et le Chimpanzé. Mais, comment cette durée est-elle déterminée ? Des expériences menées chez différents Mammifères apportent des éléments de réponse. Les photos ci-dessous présentent le squelette de pattes de deux souriceaux nouveau-nés. Le cartilage est coloré en gris et l’os en noir. A droite, la mutation d’un gène du développement, le gène Hoxd-13 (qui est un gène homéotique, voir exercice), se traduit par un raccourcissement des doigts et notamment l’absence total des deuxièmes phalanges dans deux doigts. Ces anomalies résultent d’un retard de croissance chez le fœtus : la mutation du gène Hoxd-13 a pour conséquence un retard du développement des membres. Ainsi les deuxièmes phalanges n’ont pas le temps de se former. Doc3. L’effet d’une mutation d’un gène du développement. © Bordas TS 2002 « Le monde vivant est réglé par toute une série d’horloges internes, sous contrôle génétique, allant du rythme cardiaque et des rythmes circadiens à la détermination des étapes du développement. Lorsque les horloges qui règlent ces dernières se décalent, elles sont susceptibles de faire évoluer une espèce. Les contraintes de l’organisation morphologique étant considérables, le passage d’un stade de l’évolution à un autre doit se faire rapidement. On est loin de la conception selon laquelle nous serions uniquement le produit de la sélection naturelle s’exerçant sur une myriade de micromutations. Il est clair désormais qu’une simple mutation, autorisant, réprimant ou modifiant l’expression d’un gène à une étape donnée du développement – étape de préférence précoce – peut suffire à changer, chez un individu, la morphologie d’un ou de plusieurs caractères, les fonctions d’un ou de plusieurs organes, voire un plan d’organisation, et transmettre ces modifications à sa descendance. » D’après J. Chaline, La Recherche, n° 316 (janvier 1999). Questions. 3. Quel rôle du gène Hoxd-13 est ici mis en évidence ? 4. Montrer que des mutations finalement assez limitées peuvent expliquer des différences importantes entre des espèces. Clés : allèle ; gène ; innovations génétiques ; cellules germinales ; évolution ; population ; mutations (neutre ; favorable ; défavorable) ; gène du développement (gène homéotique) ; sélection naturelle ; hétérochronie. Liens internet : http://www.cnrs.fr/Cnrspresse/n366a2.htm Pour en revenir à l’évolution humaine : Darwinisme ou créationnisme ? http://www.hominides.com/ -4-