« La France et son Empire colonial (1945

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Hugo Billard Concours Sciences Po Sujet type corrigé Correction Concours Blanc Instituts d’Etudes Politiques
« La France et son Empire colonial (1945-1962). »
1. Le sujet
Sujet peu classique dans sa formulation, mais qui permet d’aborder à la fois la situation de l’Empire
colonial français après la Seconde Guerre mondiale, le poids des relations internationales,
notamment la guerre froide, dans les étapes de la difficile décolonisation de l’Empire, et les relations
entre les Français et les territoires concernés.
Le sujet permet de croiser trois chapitres du programme de Terminale : la guerre froide, la
décolonisation, la vie politique dans la France de la IVe République et lors de la naissance de la Ve
République.
Les bornes chronologiques ne sont pas anodines. 1945 marque certes la fin de la Seconde Guerre
mondiale mais également la répression des émeutes indépendantistes de Sétif et Guelma, en Algérie
(8-9 mai 1945) et la déclaration d’indépendance du Vietnam (2 septembre 1945). 1962 marque tout
autant la fin de la guerre d’Algérie par les accords d’Evian (18 mars 1962) que le référendum qui
permet l’élection du président de la République au suffrage universel direct (28 octobre 1962), le
plaçant ainsi au cœur des institutions et permettant à Charles de Gaulle de réaffirmer son pouvoir
après ce qui pouvait apparaître comme une défaite majeure.
2. Difficultés liées au sujet
Traiter un tel sujet pour le concours des IEP implique non seulement une bonne maîtrise des faits,
des mutations à l’œuvre et des acteurs, mais également une capacité à traiter un sujet sans répéter les
mêmes faits.
Traiter de l’évolution des relations entre la France et son Empire colonial implique également une
maîtrise des idées à l’œuvre : les causes des mouvements de décolonisation, les causes des
oppositions à ces mouvements en France, les difficultés de l’Etat à maîtriser l’armée, l’administration,
et les hésitations des gouvernements.
Il ne s’agit pas ici de raconter par le menu toutes les décolonisations ni toutes les relations
internationales, ni encore les soubresauts de la vie politique française entre 1945 et 1962. En
respectant la chronologie, il faut expliquer ici l’évolution du regard porté par la France sur les
volontés manifestées par les indépendantistes et autonomistes au sein d’un Empire colonial qui est
encore, en 1945, le second au monde par son ampleur.
3. Proposition de plan détaillé.
Il ne s’agit bien entendu ici que d’une proposition.
1 Hugo Billard Concours Sciences Po Sujet type corrigé « La France et son Empire colonial (1945-1962). »
En guise d’accroche, on peut utiliser, selon la formation que l’on a suivi, telle ou telle expression.
Comme le sujet insiste sur l’évolution des relations entre la France et son Empire, on peut utiliser
une expression du président René Coty, qui dans un discours, à Metz, le 17 juin 1956, affirmait la
volonté française de ne pas abandonner l’Algérie : « Qu’on ne compte pas sur nous pour
abandonner, sur l’autre rive de la Méditerranée, une autre Alsace-Lorraine. »
Problématique : Comment évolue la France face à la progressive affirmation
d’indépendance de son Empire colonial, entre 1945 et 1962 ?
1. Un difficile maintien de l’Empire en temps de guerre froide
•
En 1945, la France est officiellement victorieuse, mais seule l’Afrique noire s’est ralliée à la
Résistance. Elle est alliée aux Etats-Unis, ancienne colonie britannique, et membre de l’ONU, qui a
placé le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes dans sa charte.
•
Guerre d’Indochine (1947-1954) : avec l’aide de l’URSS, puis de la Chine à partir de
1947, la guérilla du communiste Hô Chi Minh devient une guerre de guerre froide (les Etats-Unis
aident indirectement la France en l’approvisionnant en armements). Après une série de défaites,
dont la défaite finale de Dien Bien Phû, la France se retire et par les accords de Genève (1954)
accorde l’indépendance aux territoires de l’Indochine, conquis à la fin du XIXe siècle : Vietnam du
nord, Vietnam du sud, Laos et Cambodge.
•
En France, l’opinion publique est en grande partie indifférente à ce conflit, malgré le
militantisme important d’un Parti Communiste Français plus que jamais indépendantiste.
 La France, économiquement à bout en 1945, cherche à maintenir son Empire malgré l’opposition
des deux Grands.
2. La solution ambiguë d’une Communauté d’Etats
•
Les Constitutions de 1946 et de 1958 ont créé ou réaffirmé une Communauté d’Etats, une
alliance politique entre la France et ses colonies dans un cadre qui ressemble au Commonwealth
britannique né en 1936 : affaires étrangères, défense et certains secteurs économiques resteraient
contrôlés par la France, le reste par les peuples rendus autonomes.
•
En France, les mouvements intellectuels de la négritude (Aimé Césaire) influencés par la
conférence de Bandung, le parti communiste français et un certain nombre d’intellectuels, comme
Jean-Paul Sartre, appellent à l’indépendance.
•
En 1956, l’indépendance de la Tunisie (leader : Habib Bourguiba) et du Maroc (leader :
Mohammed V) permettent de maintenir des liens économiques et militaires avec la métropole.
2 Hugo Billard Concours Sciences Po Sujet type corrigé •
En Afrique noire, la France accompagne les élites des nouveaux pays (Félix HouphouëtBoigny en Côte d’Ivoire, Léopold Sédar Senghor au Sénégal, présidents lors de l’indépendance de
leurs pays, ont été ministres de gouvernements français sous la IVe République) . Organisation de
référendums en 1960 en AOF et en AEF : l’Afrique noire française accède pacifiquement à
l’indépendance.
 Maintien, depuis les années 1960, de relations économiques et militaires entre l’ancienne
métropole et ses anciennes colonies. Un système nommé depuis, par dérision, la Françafrique.
3. L’Algérie, entre guerre civile et bouleversements constitutionnels
(1954-1962)
•
L’Algérie form e trois départem ents français, elle est partie intégrante de la
métropole. Colonie de peuplement : 15% de sa population est d’origine européenne. Depuis
l’entre-deux-guerres, naissance de mouvements autonomistes de Messali Hadj et de Ferhat Abbas.
•
La guerre froide s’invite dans ces tensions. Les mouvements autonomistes sont
dépassés en 1954 par un mouvement politique, le FLN, et son armée, l’ALN, aidés par l’URSS et
l’Egypte de Nasser. Les « événements » se précipitent après le 1er novembre 1954 (attentats de la
Toussaint rouge en Algérie), envoi de conscrits, usage de la torture, porteurs de valises (réseau
communiste de Jeanson), et contestation progressive des gouvernements de la IVe République face à
la stagnation des opérations militaires.
•
La guerre d’Algérie devient en 1958 une arm e politique. Sous la pression de
l’armée française en Algérie, Charles de Gaulle est nommé président du conseil en juin 1958. Il met
en place la constitution de la Ve République. En 1960, contrairement à ce que pensait un certain
nombre de Français d’Algérie (les pieds-noirs), il annonce l’autodétermination des Algériens. En
réaction, en 1961, un putsch d’une partie de l’armée française contre de Gaulle est organisé, puis
échoue grâce à l’usage de l’article 16 par le président, qui suspend un temps les libertés
constitutionnelles pour les abattre, et grâce au refus des troupes de suivre une partie de leurs officiers
putschistes. Un couvre-feu imposé aux Algériens musulmans vivent en France provoque des
manifestations : celle du 17 octobre 1961 fait plus de 30 morts à Paris.
•
Elle perm et à de Gaulle de réaffirm er la présidentialisation du régim e. En 1962,
après le règlement de l’indépendance par les accords d’Evian, Charles de Gaulle fait adopter par
référendum l’élection du président au suffrage universel direct, faisant plus que jamais de ce poste la
« clé de voûte des institutions ».
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