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LeQuotidienduMédecin.fr
24 mars 2017
Des chercheurs français obtiennent des images 3D inédites de l'embryon et du
fœtus
Une équipe de chercheurs français coordonnée par Alain Chédotal, directeur de recherche
au sein de l’Institut de la vision (INSERM/UPMC/CNRS) et Paolo Giacobini au centre de
recherche Jean-Pierre Aubert (INSERM/Université de Lille) dévoilent dans la revue « Cell »
des photos et des images filmées inédites de l'embryon (8 semaines) et du fœtus (6 à
14 semaines) ce qui permet une meilleure compréhension du développement humain.
Un site internet pour une large diffusion
Les chercheurs espèrent que leurs travaux permettront de constituer un nouvel atlas 3D et
ont souhaité mettre leurs images à la disposition du public sur un site internet dédié
subventionné par la Fondation Voir & Entendre. « Nous y proposons nos films libres d’accès
et allons l’enrichir au fur et à mesure que nous en produirons de nouveaux. Nous aimerions
également que d’autres laboratoires puissent le compléter avec leurs propres travaux.
L’objectif est d’en faire une banque internationale d’images pour disposer d’un véritable atlas
en 3D de l’embryon humain au cours du premier trimestre de développement, avec une
recherche possible organe par organe. Il y a à la fois un but didactique mais aussi une utilité
clinique notamment pour les chirurgiens qui opèrent in utero et disposeront ainsi d’images
précises des tissus de l’embryon ou encore de leur système nerveux et vasculaire »,
indiquent-ils.
Combiner 3 techniques
Jusqu'ici les représentations de l'embryon étaient soit des moulages en cire soit des
reconstitutions d'organes entiers réalisées par des dessinateurs à partir de l’analyse de fines
coupes observées au microscope. Pour obtenir les premières images 3D réelles des tissus
et organes d’embryons, les chercheurs se sont appuyés sur les avancées de l'imagerie en
combinant 3 techniques : l'immunofluorescence, la clarification des tissus et l’observation
microscopique. Cette méthode est encore plus précise que les images échographiques ou
les images Doppler pour la vascularisation.
Les organes ont d'abord pu être marqués grâce à l'utilisation d'anticorps fluorescents se
fixant spécifiquement sur des protéines exprimées par certaines cellules. Pour visualiser le
signal fluorescent, les chercheurs ont utilisé la clarification des tissus, une technique mise au
point chez la souris en 2011 qui consiste à plonger les tissus dans plusieurs solvants afin
de débarrasser les cellules de leurs lipides membranaires et de ne conserver que leur
architecture/squelette protéique ce qui permet le passage de la lumière. Un microscope
spécial à feuillet de lumière a été utilisé qui, à l'aide d'un laser épais de deux micromètres a
permis de scanner les échantillons transparents et de prendre une photo de chaque plan.
Une image 3D de l’organe est ensuite restituée par informatique.
Précision au niveau des tissulaire et cellulaire
Ont ainsi été obtenues des images du système nerveux périphérique, du système vasculaire,
des poumons, des muscles ou encore du système urogénital. « Ce que nous avons observé
a confirmé les données connues en embryologie mais c’est la première fois que nous
obtenons des images réelles de l’organisation des tissus avec autant de détails. Nous avons
notamment découvert des choses qu’il n’était pas possible de voir sans marquage
spécifique. Nous avons par exemple réussi à distinguer les nerfs sensitifs (qui transmettent
des signaux sensoriels vers le cerveau) des nerfs moteurs (qui sont reliés aux muscles), ce
qui était alors impossible », explique Alain Chédotal. Parmi leurs découvertes, les
chercheurs montrent que l'innervation de la peau se développe avant la fin du premier
trimestre et qu'il existe une extrême variabilité intra et interindividuelle.
Dr Lydia Archimède
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