Université Paris-Dauphine, DEMI2E Analyse 1 (2015-2016) Examen d’analyse 1 - Mercredi 20 Janvier 2016. Durée : 2h00. Les documents, calculatrices, téléphones et ordinateurs portables sont interdits. La qualité de la rédaction sera prise en compte dans la notation. Le barème est donné à titre indicatif. Exercice 1. (3 pts) (Question de cours) Énoncer et prouver le théorème de Rolle. Exercice 2. (8 pts) Soit (un )n 1 une suite positive vérifiant un+m 8(n, m) 2 (N \ {0})2 . un + um , On fixe N 1. Les 3 premières questions sont indépendantes. 1. Montrer que (un )n 1 est croissante. 2. Montrer que pour tout k 1, ukN kuN . 3. On note E la fonction partie entière. (a) Montrer que pour tout n (b) Montrer que la suite 0, n N n n E( N ) n 1 n E( N )N . tend vers 1. 4. Déduire des questions précédentes qu’à partir d’un certain rang On suppose désormais que l’ensemble { unn , n un n uN 2N . 1} n’est pas majoré. ( unn )n 1 5. Prouver que tend vers +1. Indication : on pourra s’appuyer directement sur la définition de la limite. Exercice 3. (9 pts) Soit f une fonction de classe C 1 sur ]0, +1[. On suppose que f admet une limite l 2 R en 0+ et que f 0 admet une limite l0 2 R en 0+ . 1. Exemple : montrer que la fonction u définie par 8x 2]0, +1[, u(x) = x2 sin(ln(x)) vérifie les mêmes hypothèse que f : elle est de classe C 1 sur ]0, +1[ et, u et u0 admettent des limites réelles en 0+ (que l’on déterminera). 2. (Question de cours) Rappeler la définition du prolongement par continuité de f en 0. On le notera f˜ par la suite. 3. Montrer que f˜ est en fait un prolongement C 1 de f sur [0, +1[. Indication : on pourra utiliser le théorème des accroissements finis pour étudier la dérivabilité en 0+ . Soit g une fonction de classe C 1 sur ]0, +1[. On suppose seulement que g 0 admet pour limite l0 en 0+ (on ne suppose rien sur la convergence de g en 0). 4. Il est possible de continuer l’exercice en admettant le résultat de cette question. Montrer qu’il existe ⌘ > 0 tel que pour tout x 2]0, ⌘[, g(⌘) ⌘ g(x) x l0 1. En déduire que l’ensemble {g(x), x 2]0, ⌘[} est borné. 5. Soit N 2 N tel que 1/N < ⌘. Montrer que (g( n1 ))n N admet une sous-suite convergente. 1 Par la suite, on notera l’extraction correspondante et l la limite de (g( (n) ))n N . 6. (a) Soit (xn )n 1 une suite à valeurs dans ]0, +1[ convergeant vers 0. Montrer que 1 (|g(xn ) g( (n) )|)n 1 converge vers 0. (b) En déduire que g converge vers l en 0. 7. Montrer que g admet un prolongement C 1 sur [0, +1[. Université Paris-Dauphine, DEMI2E Analyse 1 (2015-2016) Corrigé de l’examen d’analyse 1 - Mercredi 20 Janvier 2016. Exercice 2. 1. Soit n 1. On a un+1 suite u est croissante. un + u1 . Or u1 0 donc un+1 un . On en déduit que la 2. Nous allons prouver par récurrence que pour tout k 1, ukN kuN . Pour k = 1, l’hypothèse de récurrence est vraie. Soit k 1. On suppose que ukN kuN . On a u(k+1)N ukN + uN . De plus, d’après l’hypothèse au rang k, ukN kuN . On en déduit u(k+1)N kuN + uN et donc u(k+1)N (k + 1)uN n 3. (a) Soit n 0. D’après la définition de la partie entière E( N ) n n E( N )N . n N et donc n n (b) Soit n 0. D’après la définition de la partie entière N 1 < E( N ) et donc N N n N 1 < E( ). En utilisant la question précédente, on obtient 1 n n N n < N n N n E( ) 1. D’après le théorème d’encadrement, on en déduit que E( ) n N n N n 1 tend vers 1. 4. On pose ✏ = 1/2. D’après la définition de la convergence, il existe un rang M tel n que pour tout n M, |N 1| < 1/2. En particulier, pour tout n M, n E( N ) N n n E( N ) > 1/2. n Soit n M . D’après la question 3, n E( N )N et donc d’après la question 1, n n n un uE( N )N . D’après la question 2, uE( N )N E( N )uN . On obtient finalement un n N n uN E( ) n N N 1 uN , 2 N où la dernière inégalité vient de la définition de M et du fait que n { unn , M. 5. Soit A > 0. Comme n 1} n’est pas majoré, il existe N tel que D’après la question 4, il existe un rang M tel que pour tout n M , unn On en déduit que ( unn )n 1 tend vers +1. uN N uN 2N 2A. A. Exercice 3. 1. La fonction ln est C 1 sur ]0, +1[. La fonction sin et la fonction carré sont C 1 sur R. On en déduit par composition et produit de fonctions que u est C 1 (et même C 1 ) sur son domaine ]0, +1[. Pour tout x 2 R, | sin(x)| 1. On en déduit que pour tout x 2]0, +1[, |u(x)| x2 et donc limx!0+ u(x) = 0. Pour tout x 2]0, +1[, u0 (x) = 2x sin(ln(x)) + x cos(ln(x)). En utilisant que sin et cos sont bornés par 1, on obtient que pour tout x 2]0, +1[, |u0 (x)| 3x. On en déduit que limx!0+ u0 (x) = 0. 2. On définit le prolongement par continuité f˜ de f par f˜ : R+ ! ( x 7! f (x) l R si x > 0 si x = 0 3. La fonction f˜ est C 1 sur ]0, +1[ (de dérivée f 0 ) et continue sur [0, +1[. Il reste donc uniquement à montrer que f˜ est dérivable en 0+ et que f˜0 converge vers f˜0 (0) en 0+ (i.e. f˜0 est continue en 0). Soit x > 0. La fonction f˜ est continue sur [0, x] et dérivable sur ]0, x[ de dérivée f 0 ; on en déduit, d’après le théorème des accroissements finis qu’il existe cx 2]0, x[ tel ˜ ˜ que f (x) f (0) = f˜0 (cx ). Comme f 0 admet pour limite l0 en 0+ , et que limx!0+ cx = 0, x 0 ˜ on en déduit, par composition de limites, que limx!0+ f (x)x est donc dérivable en 0+ et f˜0 (0) = l0 = limx!0+ f˜0 (x). f˜(0) 0 = l0 . La fonction f˜ 4. On pose ✏ = 1. D’après la définition de la limite, il existe ⌘ > 0 tel que 8y 2]0, ⌘[, |g 0 (y) l0 | < 1. Soit 0 < x < ⌘. La fonction g est C 1 sur [x, ⌘] donc d’après le théorème des accroissements finis, il existe cx 2]x, ⌘[ tel que g(⌘)⌘ g(x) = g 0 (cx ). On en déduit que x g(⌘) g(x) ⌘ x l0 1. Soit x 2]0, ⌘[. On a donc g(⌘)+( 1+l0 )(⌘ x) g(x) g(⌘)+(1+l0 )(⌘ x). On en déduit que |g(x)| est inférieur au maximum entre |g(⌘)|+|1+l0 |⌘ et |g(⌘)|+| 1+l0 |⌘. Cette borne étant indépendante de x, l’ensemble {g(x), x 2]0, ⌘[} est borné. 5. Soit N 2 N tel que 1/N < ⌘. D’après la question précédente la suite (g( n1 ))n N est bornée. D’après le théorème de Bolzano Weierstrass, elle admet donc une sous-suite convergente. Par la suite, on notera l’extraction correspondante et l la limite de 1 (g( (n) ))n N . 6. (a) Comme g 0 est continue sur le segment [0, ⌘] elle est, d’après le théorème de bornes, bornée sur [0, ⌘]. On note K une de ses bornes. D’après l’inégalité des accroissements finis, pour tout (u, v) 2]0, ⌘[2 , |g(u) g(v)| K|u v|. Soit (xn )n 1 une suite à valeurs dans ]0, +1[ convergeant vers 0. D’après la définition de la convergence (xn )n 1 est à valeur dans ]0, ⌘[ à partir d’un certain rang. On a donc à partir de ce rang |g(xn ) 1 Comme (|xn (n) |)n converge vers 0. 1 g( 1 )| K|xn (n) 1 |. (n) converge vers 0, on en déduit que (|g(xn ) g( 1 (n) )|)n 1 1 1 (b) Comme(g( (n) ))n 1 converge vers l et (|g(xn ) g( (n) )|)n 1 converge vers 0, la suite (g(xn ))n 1 converge vers l. On en déduit que pour toute suite (xn )n 1 à valeur dans ]0, +1[ et convergeant vers 0, la suite (g(xn ))n 1 converge vers l. Par caractérisation séquentielle, on obtient que que g converge vers l en 0. 7. La fonction g vérifie donc les mêmes hypothèses que la fonction f étudiée au début de l’exercice en question 2 et 3 : elle est C 1 sur ]0, +1[ et, g et g 0 admettent une limite réelle en 0+ . On en déduit, d’après la question 3, que g admet un prolongement C 1 à [0, +1[.