NordEclair.fr 14 août 2016 Tourcoing : Au cœur du CH Dron, ils scrutent nos corps en fines tranches… Entre radios, IRM, scanners, échographes et mammographes, visite au cœur du service d’imagerie médicale du CH Dron. Un maillon essentiel de l’aide au diagnostic pour les médecins. Un médecin qui interpréte, un opérateur qui règle la technique du scanner pendant que d’autres manipulateurs installent un patient sur la table. Ne cherchez pas les chambres, il n’y en a pas. Au service imagerie du centre hospitalier Gustave-Dron, les patients ne font que passer. Que ce soit la traditionnelle radio, le scanner, l’IRM, la mammographie ou l’échographie, c’est un des plateaux les plus techniques du CH Dron, qui doit sans cesse renouveler ses équipements. « Tous les sept ans au maximum, on change une partie du matériel », explique Nathalie Coutant, cadre de santé du service. Il est loin le temps où il fallait développer les plaques photographiques… La recherche d’une fracture fonctionne toujours sur des radios, la plupart numérisées. Pour d’autres pathologies, elles ont été remplacées par des scanners (moins irradiant que la radio) ou des IRM beaucoup plus adaptés. « Les techniques évoluent et c’est un défi permanent. C’est un des critères de choix des constructeurs. » Mais la radio sert aussi aux infiltrations, aux prélèvements, aux ponctions, aux drainages. Avant, il y avait des films à développer, maintenant, il y a des écrans partout s’amusent Nathalie Coutant, Agnès Geiler et Samir Bourfissi, trois cadres. « Toutes les images sont numérisées, archivées et transmissibles dans les services de l’hôpital. » Derrière les écrans Dans la salle de contrôle, d’un côté le scanner, de l’autre l’IRM. La machine émet un bruit important. Derrière les écrans, les manipulateurs sont également chargés de la mise en place des patients. Pas toujours évident avec des personnes en surpoids, les machines étant limitées à 200 kg, et le patient doit rentrer dans une ouverture de 55 cm de diamètre. De fait, la manipulation prend plus de temps que dans un cabinet de radiologie privé. Ici arrivent les patients de l’hôpital (souvent sous perfusions et appareillés). Devant les écrans, la mission des médecins est de donner une interprétation des résultats. Si les examens sont rapides pour une radio, ils vont jusqu’à une demi-heure pour l’IRM. Il y a aussi le problème des patients souffrant de claustrophobie, ils les estiment à un tiers ! Il faut gérer leur stress et, là encore, les manipulateurs apprennent sans arrêt. À Dron, deux chemins mènent au service dirigé par le docteur Molinari. Le premier réservé aux patients hospitalisés conduits par les brancardiers et le second pour les consultations extérieures et programmées par rendez-vous. Il ne faudra pas oublier le tout dernier équipement moderne avec un mammographe dernière génération plus précis, permettant de détecter des lésions de manière. Sécurité pour les patients et le personnel Les murs des salles d’examens (radio, scanner) sont tous recouverts d’une épaisse couche de plomb. Ce n’est pas la même chose pour l’IRM qui fonctionne comme un gros aimant. Là, la salle est complètement isolée de l’extérieur comme une cage de Faraday qui protège des ondes électromagnétiques et électriques (et qui coûte une fortune à installer). Les manipulateurs sont protégés derrière des vitres spéciales et ont tous un dosimètre accroché à la veste pour mesurer les doses reçues. « Cela permet une surveillance de la santé des personnels en plus des matériels de protection individuelle. Le service est fréquemment contrôlé et, contrairement aux services de médecine nucléaire avec la scintigraphie, il n’y a pas de produits radioactifs », insiste Nathalie Coutant, aussi chargée de ces questions de sécurité dans le service. Pénurie et délais de résultats La région connaît une pénurie de radiologues dans le secteur public. Beaucoup partent vers le privé pour des raisons financières, et d’autres choisissent les centres universitaires et le professorat. Pourquoi n’a-t-on généralement pas les résultats immédiatement quand on vient en consultation à l’hôpital ? Dans les cabinets privés, il n’y a pas d’hospitalisé et pas d’urgences à gérer. En hôpital, la priorité des résultats d’analyses est donnée aux patients envoyés par les services de soins de l’hôpital. S’il y avait plus de praticiens, ce serait possible de gagner du temps. Les dix secrétaires, qui doivent taper les rapports, ne chôment pas et après il faut faire valider les rapports. Impossible de les transmettre par mail tant que ce n’est pas parfaitement sécurisé. À Tourcoing, les résultats arrivent dans les trois ou quatre jours chez le patient. Les responsables sont bien conscients du problème et tentent d’y remédier comme avec des logiciels de reconnaissance vocale pour les médecins. Difficile en effet, de passer une IRM cérébrale avec suspicion de tumeur et de s’entendre dire « vous pouvez rentrer chez vous, on vous enverra les résultats ». Il est toujours possible de demander à rencontrer un médecin qui donnera des premières conclusions orales. Des médecins connectés L’avenir ? Probablement la télé imagerie avec des radios à distance avec des médecins connectés. On note aussi une évolution vers une spécialisation des praticiens en traumatologie, en neurologie, en cardiologie, en mammographies, etc. « Avant on avait affaire à des généralistes de l’imagerie, c’est en train de bouger », expliquent les cadres du service. Christian Vincent