Les traumatismes rachidiens - promotion 2014

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Les traumatismes crâniens et
rachidiens
Jean LEFEBVRE
Service de Neurochirurgie
CHU Pontchaillou
Anatomie
• Le rachis :
– 7 vertèbres cervicales
– 12 vertèbres thoraciques
– 5 vertèbres lombaires
– Sacrum
– Coccyx
Il forme une colonne mobile (à
l’exception du sacrum) tendue par
des muscles et soutenue par un
appareil disco-ligamentaire.
Vertèbre
• Chaque vertèbre (en dehors de C1 et C2) comporte :
–
–
–
–
–
–
un corps
deux colonnes interapophysaires
deux pédicules
une lame
2 apophyses transverses
une apophyse épineuse
• Les vertèbres laissent place au foramen vertébral dans lequel chemine
la moelle spinale.
• Les apophyses sont les lieux d’insertion des muscles rachidiens.
Vertèbre lombaire
Particularités C1 et C2
• C1 (atlas) et C2 (axis) forment un complexe qui s’articule avec la base du
crâne.
Articulations vertébrales
• Les vertèbres s’unissent par 3 articulations :
– l’articulation inter-somatique : disque inter-vertébral
– les 2 articulations interapophysaires
• Entre les vertèbres sont tendues des ligaments qui participent à la stabilité
rachidienne :
–
–
–
–
–
Ligament longitudinal antérieur
Ligament longitudinal postérieur
Ligament jaune
Ligament inter-épineux
Ligament supra-épineux
• Avec le disque, les ligaments forment le segment mobile rachidien.
Stabilité vertébrale
• Chaque vertèbre se divise en 3 segments :
– un segment antérieur : corps
– un segment moyen : pédicules et colonnes inter-apophysaires
– un segment postérieur : lames et processus épineux
Stabilité vertébrale
•
Le poids du corps se répartit sur les segments antérieurs et moyens des
vertèbres
•
Une fracture du segment antérieur ou du segment moyen sont à l’origine
d’une instabilité vertébrale.
•
Une lésion du segment mobile rachidien aussi.
Contenu du rachis
• La moelle spinale traverse les foramen vertébraux
• Les racines des nerfs spinaux passent bilatéralement dans les foramen
inter-vertébraux
• Tout traumatisme vertébral
est susceptible de réduire le
calibre du foramen vertébral
ou des foramen intervertébraux = lésion de la
moelle spinale et/ou des
nerfs spinaux
Innervation motrice et sensitive
• Innervation motrice et sensitive du corps selon
des niveaux superposés (métamères ou
myélomères)
• Au niveau lombaire, organisation des racines
lombaires et sacrées en « queue de cheval »
Traumatismes rachidiens
• Traumatismes fréquents +++
• Prédominance masculine
• Causes :
– accidents de la voie publique +++
– accidents de sports
– accidents du travail
• Lésions possibles en cas de traumatismes minimes voire même sans
traumatismes en cas d’os pathologique (infection, cancer, ostéoporose…)
Mécanismes
• 3 grands types de mécanismes lésionnels :
– Compression ou hyper-flexion
– Hyper-extension
– Rotation ou distraction
Prise en charge immédiate
• IMMOBILISATION DANS L’AXE
• Examen neurologique sommaire : mobilité des membres, sensibilité,
vigilance du patient
• Chercher d’autres traumatismes (polytraumatisme) :
– Traumatisme crânien +++
– Traumatisme abdominal, thoracique, lésions des membres…
•
Gestes IDE d’urgence :
– IMMOBILISATION DANS L’AXE : décubitus dorsal, minerve rigide
– Pose d’une VVP
– Bilan biologique « standard » : NFS, coagulation, ionogramme…
– Monitorage scopé : pression artérielle, pouls, SaO2
Erreurs à ne pas commettre
• Mobiliser un blessé rachidien avant avis médical
• Enlever son casque à un motard gisant
• Ne pas perfuser/scoper un traumatisé grave
• Ne pas sécuriser une scène d’accident
• Ne pas examiner un patient
Lésions neurologiques
• Moelle spinale : déficits neurologiques sous le niveau lésé, incomplet ou
complet : paraplégie, tétraplégie, paraparésie, tétraparésie, troubles
génito-sphinctériens, troubles du rythme cardiaque, troubles respiratoires
• Racines nerveuses : déficits spécifiquement dans le(s) territoire(s)
touché(s). Ex : paralysie spécifique des muscles fléchisseurs de la main
• Racines de la queue de cheval (fractures/luxations lombaires) : troubles
moteurs des membres inférieurs et troubles génito-sphinctériens +++
(constipation, anurésie, priapisme, perte du tonus anal)
• Vaisseaux du cou (fractures/luxations cervicales) : traumatismes des
artères carotides internes ou des artères vertébrales = AVC ischémiques
possibles.
Traitements spécifiques
• Traitement « fonctionnel » :
– Réservés aux cas les moins graves
– Entorses bénignes, contusions simples
– À visée antalgique : collier cervical mousse, ceinture lombaire souple
• Traitement orthopédique ou « conservateur » :
–
–
–
–
Fractures et/ou luxations peu ou pas déplacées
En l’absence de lésions neurologiques
Corset, minerve rigide
Généralement 6 à 8 semaines
• Traitements chirurgicaux :
– Fractures graves : déplacement important du foyer de fracture, lésions
neurologiques, lésions très instables
– Entorses graves
– Arthrodèse avec ou sans ostéosynthèse
Traitements « fonctionnels »
Traitements conservateurs (= orthopédiques)
Traitements chirurgicaux
Traitements chirurgicaux
Anatomie : crâne
•
Enveloppe osseuse
de l’encéphale et
du tronc cérébral
•
Constitué de
plusieurs os
soudés entre eux
(pas de mobilité)
•
Recouvert par du
périoste et le cuir
chevelu
Anatomie : méninges
•
Protections « molles » du
tissu nerveux.
•
•
•
Dure-mère (superficielle)
Arachnoïde
Pie-mère (profonde)
•
Entre les méninges circule le
liquide cérébro-spinal
•
Rôles de protection (duremère) et de nutrition (piemère) du tissu nerveux
Cerveau
•
•
•
Support de l’intégration neurologique centrale
Constitué de 2 hémisphères de 4 lobes chacun, dévoués à des fonctions différentes
(motrices, sensitives, végétatives
Association de substance grise (cortex et noyaux gris centraux) et de substance
blanches (faisceaux)
Anatomie : tronc cérébral et cervelet
•
Cervelet : petit organe en
connexion avec le cerveau
et gérant la coordination
des mouvements et
l’équilibre
•
Tronc cérébral : organe au
carrefour des connexions
entre le cerveau, le cervelet
et la moelle spinale
•
Lésions du tronc cérébral =
lésions GRAVES
Traumatismes crâniens
• Traumatismes très fréquents +++ : quotidiens dans les services d’urgences
• Prédominance masculine
• Facteurs aggravants : prise de médicaments modifiant l’hémostase
(aspirine, anticoagulants) ou maladie de l’hémostase (hémophilie,
thrombopénie…)
• Causes et populations :
– Enfants : traumatismes domestiques, maltraitance
– Jeunes adultes : AVP, accidents du travail
– Sujets âgés : chutes de leur hauteur +++
Mécanismes
• Traumatismes directs : coup direct en regard du traumatisme
• Traumatismes indirects : liés au mouvement d’inertie du cerveau dans la
boîte crânienne : effet « balle de flipper », lésions de deccélération
Lésions
• Plaie du cuir chevelu et lésions des parties molles
• Fractures du crâne
• Lésions des méninges
• Lésions du tissu nerveux (cerveau, tronc cérébral, cervelet)
• Plusieurs lésions peuvent être intriquées chez un même patient !
Plaies du cuir chevelu
•
URGENCES CHIRURGICALES
•
Tissu très vascularisé = hémorragies
parfois massives avec risque de choc
hémorragique si pas de prise en
charge rapide
•
Rechercher la prise de médicaments
modifiant l’hémostase +++
•
Prise en charge IDE pour les grandes
plaies:
– Perfuser le malade
– Bilan biologique : NFS et coagulation
– Nettoyer et couper les cheveux autour
de la plaie
– Vérifier la vaccination anti-tétanique
Fractures du crâne
• Fréquentes mais pas forcément graves
• Principaux risques :
– Fractures pénétrantes : lésions méningées, plaies crânio-cérébrales
– Fractures ouvertes : risque infectieux
• Traitement chirurgical uniquement si fracture très déplacée menaçant le
cerveau ou en cas de lésion cérébrale/méningée avérée
• Types :
– Fractures « simples »
– Embarrures = enfoncement du crâne
Fractures du crâne
Embarrures
Lésions méningées
• Lésions des vaisseaux cheminant dans les méninges
• Traumatismes directs (ex : plaie de l’artère méningée moyenne) ou
indirects (ex : arrachement de veines cortico-dure-mériennes)
• Responsables d’hématomes intracrâniens mais extra-cérébraux (= extraaxiaux)
• Ex : hématome extradural, hématome sous-dural, hémorragie sousarachnoïdienne
• Traitement chirurgical dans les cas sévères avec hypertension intracrânienne
Hématome extra-dural
Hématome sous-dural aigu
Hémorragie sous-arachnoïdienne (ou « méningée »)
Cas particulier :
hématome sous-dural chronique
• Hématome sous-dural « vieilli »
• Traumatisme initial souvent vieux de plusieurs semaines
• Installation progressive de céphalées et/ou de troubles neurologiques chez
des patients souvent âgés
• Traitement : évacuation chirurgicale dans la majorité des cas.
Hématome sous-dural chronique
Lésions cérébrales
• Lésions touchant le tissu nerveux lui-même (cerveau, cervelet, tronc cérébral)
• Hématomes ou contusions intracérébrales :
– Hématomes au sein du parenchyme cérébral
– Souvent multiples et dans plusieurs localisations adjacentes
• Lésions axonales diffuses : lésions « invisibles » par arrachements diffus des
axones neuronaux par effet de cisaillement, micro-hématomes intracérébraux.
• Traitement chirurgical uniquement en cas d’hypertension intracrânienne
• Dans tous les cas : arrêt des traitements modifiant l’hémostase (aspirine,
anticoagulants…)
Hypertension intra-crânienne
• Le crâne est une boîte inextensible
• Répartition des pressions grâce à 3 compartiments :
– Le cerveau
– Le sang contenu dans les vaisseaux sanguins
– Le liquide cérébro-spinal
• Toute augmentation de volume d’un des compartiments ou apparition d’un
nouveau compartiment (ex : hématome intracrânien) augmente la pression
intracrânienne.
• Plus la pression intracrânienne augmente et plus le cerveau souffre jusqu’à la
mort encéphalique en l’absence de traitement
Hypertension intra-crânienne
• La pression intracrânienne (PIC) modifie la pression de perfusion cérébrale
(PPC) = pression nécessaire à une bonne perfusion du parenchyme cérébral.
• Baisse de la PPC = souffrance cérébrale. Pour « vaincre » la pression
intracrânienne, il faut augmenter la pression artérielle moyenne (PAM)
• PPC = PAM – PIC
Courbe pression-volume de la pression intracrânienne (PIC)
Hypertension intra-crânienne
• Symptômes :
1. Au début : céphalées, vomissements en jet, nausées
2. Stades plus avancés : troubles de la vigilance avec somnolence, confusion,
majoration des céphalées, modification de taille des pupilles (anisocorie)
3. Evolution extrême : coma, troubles cardiaques et respiratoires jusqu’au décès par
mort encéphalique par arrêt de la circulation artérielle cérébrale.
Surveillance de la conscience d’un patient traumatisé crânien : échelle de Glasgow
Hypertension intra-crânienne
•
Traitement : celui de la cause
•
Ex : évacuation d’un hématome intracrânien
•
Associé ou non au traitement chirurgical : traitement médical avec sédation du
patient, osmothérapie (Mannitol)
•
Dans les cas extrêmes : craniectomie décompressive
Traumatisme crânien grave
• Définition : traumatisme crânien avec score de Glasgow < 8
• URGENCE
• Prise en charge immédiate :
– IMMOBILISER LE RACHIS : tout traumatisé crânien grave est un traumatisé
médullaire jusqu’à preuve du contraire
– PERFUSER le patient, BILAN BIOLOGIQUE « STANDARD » à l’arrivée à l’hôpital
– MONITORAGE
– EXAMEN SOMMAIRE : recherche d’autres traumatismes qui aggravent le
pronostic (traumatisme rachidien, abdominal, thoracique…)
– RECHERCHER UNE PLAIE DU SCALP
Traumatisme crânien grave
• En hospitalisation (Réanimation, Urgences, Soins Intensifs) : lutter contre les
ACSOS = Agressions Cérébrales Systémiques d’Origine Secondaire
• Hypoglycémie/hyperglycémie = surveillance régulière de la glycémie
• Fièvre = surveillance régulière de la température
• Hypoxie = surveillance de la saturation/gaz du sang
• Hypotension artérielle = monitorage de la pression artérielle
… et surtout : AUCUN
PATIENT A PLAT : +30°
Pronostic à long terme
• Séquelles neurologiques
• Séquelles neuropsychologiques
• Coma et état pauci-relationnels
• Décès
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