Crise Economique Made in USA?

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Un Polar. Qui sont les responsables?
Quelles sont les cause?
Quels avenirs?
Historique, Hypothèses d’Explication
George Ross, U de M
La « Great Recession? »
La crise économique qui a débutée aux USA en 20072008 est la plus grande crise économique de notre
vivant.
 Dans une crise la continuité n’est plus possible, un moment
de grande incertitude ou un nouvel avenir doit être
fabriqué, sans savoir d’avance quel sera cet avenir.
 En économie, dans une crise les recettes du passé ne
marchent plus et les acteurs clés doivent trouver des
stratégies d’urgence pour empêcher un dérèglement total et
de nouvelles recettes pour relancer les choses, en même
temps.
 Les grandes crises sont, ou deviennent, internationales
I. Petite Historique de La Crise en
manchettes (imaginaires?)
 Automne 2005 – Avant




Boom immobilier…prix des maisons augmenté de
60% depuis 2000. « middle class » se sent enrichie,
toits et capital nouveau pour les plus pauvres;
Économie en croissance, chômage en baisse
Disent les économistes heureux: ‘ l’inflation est
vaincu, les marchés marchent à merveilles tous seuls,
nous avons résolus les problèmes du capitalisme…’
Le secteur financier a pris du poids - part du PIB doublé
en 20 ans = 33% du profit total de l’économie...
Choses Inquiétantes!
 Printemps 2007 – bulle immobilière explose
vite ressenties chez les emprunteurs et prêteurs, banques
troublées
 Fin été 2007 – imitation-contagion BN-Paribas ferme trois
‘hedge funds’ à Londres; le gouvernement brittanique sauve
Northern Rock
 Printemps-été 2008 - Écroulements à Wall Street
 Bear-Stearns, une des 5 grands de l’investissement, au bord de faillite,
absorbée par JPMorgan, avec l’aide de la Réserve Fédérale
 Merrill-Lynch vendu à la Bank of America, avec l’aide du Trésor
 Lehman Bros en faillite, faute d’acheteurs… Wall Street en chute
vertigineuse (- 50%). ’assureur AIG sauvé par le gouvernement pour
$180 milliards
 Marchés du crédit totalement bloqué. L’ « économie réelle » ne
trouve plus les prêts quotidiens nécessaires à son fonctionnement
Feu dans la maison
 Automne-hiver 2008-2009 – opérations de sauvetage par
gouvernement américain
 la ‘Great Récession’ commence: croissance négative, crédit gèlé,
banques devant des montagnes de mauvaises dettes, consommateurs ne
consomment plus, bourse en baisse vertigineuse menaçante, chômage à
10%, secteur immobilier sonné, commerce international atone,
contagion rapide à l’Europe (vers crise de la zone Euro)
 L’administration Bush lance le TARP (Troubled Assets Relief Program,
$700 billion)., Difficultés de passage au Congrès pour des raisons
partisanes. Le Trésor l’utilise pour renflouer les banques.
 La Fed fait marcher la planche à billets à temps plein
 Obama demande $800+billion pour des plans de stimulation… néoKeynesianisme de crise fait monter la dette nationale
 Poussé par les USA: Contre-attaque des gouvernements
internationaux : plans de stimulation coordonnés , G-20, Basel III, reréglèmentations, tout pour stopper une Dépression généralisée au
niveau planétaire
Vers aujourd’hui
2010-2013
 rétablissement de l’économie réelle très lent, chômage
toujours élevé, marché immobilier peine à remonter,
crédit à peu près restauré
 Gagnants de la crise ? Le secteur financier qui reste
avec ses « grands » rétablis, moyennant quelques
réformes (Dodd-Frank, Bâle III). Ce qui reste du Wall
Street bat tous les records
 Perdants? Chômeurs (jeunes, travailleurs de
l’industrie, chômeurs de longue durée), les millions de
familles qui ont perdu leurs maisons, les contribuables
II. Mouvements de Base?
À l’évidence, il s’agit d’une grande crise venant du
secteur financier à partir de l’explosion d’une bulle
mobilière
Cette explosion a vite atteint l’économie réelle aux USA
et internationalement, en grande partie par la
plomberie financière, ou il y a eu gèle le crédit
Elle a été combattu par le gouvernement et la banque
centrale américaine qui suivaient un « neoKeynesianisme de crise » opposé par les Républicains,
qui a couté énormément aux institutions et aux
citoyens, et qui met beaucoup de temps à finir
Mais comment l’expliquer?
On soupçonne les suivants?
Bulle Immobilière? Des coupables?
Bill Clinton et les démocrates ont poussé dès les 1990s pour approfondir le marché
immobilier aux américains plutôt pauvres (les agences semi-publiques - Fannie Mae
et Fannie Mac – doivent baisser conditions des hypothèques).
Une explication favorisé par les républicains qui a un peu de mérite.
Filière « chinoise » (autrement dit ‘savings glut’ ou ‘déséquilibres mondiaux’ ).
La Chine manipule ses taux de change, vend ses produits à bas prix aux E-U, et
investit dans les obligations américaines, ainsi subventionnant la consommation de
masse au crédit aux E-U
Voir Michael Pettis The Great Rebalancing (Princeton UP, 2013)
Un peu vrai, c’est un facteur qui facilite l’arrivée de la crise américaine, mais
c’est les erreurs des politiques publiques USA qui comptent
Alan Greenspan et la Réserve Fédérale ont trop baissé les taux d’intérêts après la fin
du boom Dot.com (2001) et jusqu’en 2006..
« Easy crédit » a beaucoup encouragé la bulle, et la montée des taux après
2006 a précipité la dégringolade du marché immobilier. Un délit de gestion
monétaire, bien sûr, mais les grands criminels restent toujours à trouver
Capitalisme Sauvage à Wall St.?
 Gangsters dans l’immobilier? Marchands d’hypothèques et leurs
produits toxiques – les « sub-primes, » prêts faits sans regarder la
capacité du client à repayer (violations des standards!), agents
immobiliers prédateurs
 Partenaires en crime chez les banques et maisons
d’investissement? « Innovations » des petits génies, « Shadow
Banking System »
 Revente des dettes titrisées: CDOs (= paquets de dettes en forme de
actions) généralisé au-delà de l’immobilier
 Système d’assurances anti-risque (les CDS – Credit Default Swaps) supervulnérable en cas de problème du marché (pensez AIG)
 Deleveraging: Banques, maisons d’investissement, organisations « shadow »
se « deleverage » = baisse du part du capital vrai contre capital emprunté.
 Donc, de multiples gangsters (devenus riches) collectifs?
Suites…
 Voila les mécanismes clés pour comprendre la
crise
accumulation des situations à haute risque – chez les
particuliers (si jamais les prix des maisons
baissaient); chez les financiers (on ne comprenait
pas bien les vulnérabilités des produits dérivés,
trop de dette vs capital vrai, mauvaise gestion de
risque), chez les assureurs (CDSs), manque de
réglementation du secteur « shadow, » système de
notation des titres et de comptabilité qui cachait les
risques
Dérèglementation…
 Le secteur financier américain a été dérèglementé en étapes:
 commencée sous Carter (années 1970), suivi avec plus d’énergie sous Reagan et
Bush père. En 1999 Clinton baisse la division entre les banques commerciales et
d’investissement. 2004: les régulateurs (La SEC) relaxent le « net capital rule »
pour banques d’investissement. « Shadow banking» et produits dérivés était
beaucoup moins réglé dès leur départ. Bush 2 dans le même sens
 Par qui?
 Politiquement bi-partisan, souvent par des acteurs politiques sous pression des
lobbyes, réseaux, du secteur financier, surtout Wall Street
 Des économistes qui croyaient que les décisions des marchés étaient plus
efficace que la politique et que les marchés se réglaient parfaitement. En plus,
très peu d’économistes ont anticipé la crise.
Conséquences? Le système financier faisait ce que ses chefs voulaient, même si
ça menait à la crise Un des liens de causalité les plus importants
Mondialisation, surtout des
finances?



Inventions et pratiques américano-anglais
contagieuses - les secteurs nationaux des pays riches
ont imités les pratiques de Wall Street et Londres ,
donc crise au-delà les pays d’origine (pensez
Islande, Irlande, Grèce, Espagne, etc.)
Déséquilibres du système mondial importants.
Capitaux asiatique aux EU, capitaux des pays riches
Européens, capitaux américains circulent sans trop se
soucier du risque
Mondialisation = courroie de transmission des
mauvaises habitudes anglo-américaines
3. Mais c’est quel type de crise?
On arrive aux grandes questions!
 Quels sont les grands conclusions ‘théoriques’ suite à
cette catastrophe
 Quelles tendances lourdes sont déjà visibles pour
l’avenir proche?
Crise du Capitalisme?
Vrai mais banal. Nous vivons dans un capitalisme où les
crises se succèdent depuis des siècles. Dénoncer le
capitalisme est parfois de la bonne politique, mais on reste
dedans après comme avant.
 Analyse générale qui ne touche pas assez les
mécanismes qui comptent le plus
 Lire
Perry Anderson, « Homeland,» New Left Review 81 (2013)
Wolfgang Streeck, « The Crises of Democratic
Capitalism, » New Left Review 71 (2011)
Crise du secteur financier…
Vrai aussi, et un peu moins banal. Thèse qui souligne
que les crises financières en ordre capitaliste sont
chroniques. Donc il faut les anticiper avec intelligence,
parfois les souffrir, quand même, mais aussi essayer de
les modérer
Lire
Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, This Time is
Different : Eight Centuries of Financial Folly (Princeton
UP, 2011)
Crise du secteur financier du
capitalisme à l’époque de la
mondialisation?
Plutôt juste. La contagion internationale dans les crises n’est
pas nouvelle, mais sa vitesse, ses nouveaux courroies de
transmission, et la quantité de capitaux en jeu le sont, ainsi
que le rôle des déséquilibres mondiaux et les rôles
important des organisations internationales (G-8, G-20,
UE, Banque de règlements internationale (Bâle 3), FMI,
etc).
Crise du secteur financier - modèle
américain néolibéral - à l’époque
de la mondialisation
Plus juste à cause des précisions sur le type de gouvernance
économique à l’origine de la crise. Le grand «middle class »
américaine menacée par la concurrence internationale et la
croissance d’inégalités chez elle, il fallait, pour éviter des
problèmes politiques, trouver une stratégie de croissance et
consommation soutenue par le crédit batie sur la position
centrale du système financier américain dans le système
mondial. Une stratégie insoutenable!
À lire: Michael Spence, The Next Convergence (Farrar, Strauss,
Giroux 2011)
4. Tendances Lourdes ver l’avenir?
Le rétablissement après crise de l’économie américaine reste
fragile – plutôt « flatlining » Chômage reste élévé,
croissance molle, dettes énormes. Nous ne sommes pas
encore sortis du bois! Mais dans le genre économie politique
anti-crise contemporaine, c’est mieux, par exemple, que l’Europe
a pu faire
Atouts: Centralité du dollar-havre dans la mondialisation,
Centralisation politique dans un très grand marché
Capacités entrepreneuriales et d’innovation sérieuses
Chose remarquable: Le secteur financier américano-anglais à
l’origine de la crise a été remis en selle, même si châtié et
contraint par quelques réformes. Comment comprendre?
D’abord Il faut reconnaître qu’un système capitaliste mondialisé à
besoin d’un secteur financier (même dangéreux) pour mobiliser
l’épargne et la redistribuer, en forme du capital d’investissement,
aux secteurs productifs là où il y a besoins. C’est le job de Wall
Street
Deuxièmement, Aux E-U et ailleurs, cette importance
fonctionnelle est appuyée par la puissance du secteur financier
dans le domaine politique : La démocratie américaine,
souvenons-nous, est fortement ploutocratique – l’argent fait la
loi, lobbys riches, élites influentes, etc.
Tout ceci nous mène à se demander si ce rétablissement hâtif des
fauteurs de crise (car il s’agit de cela) a été fait avec suffisamment
de réformes pour empêcher des crises à l’avenir?
Tendances lourdes économiques qui vont
probablement continuer
-Déclin des bon vieux boulots « middle class » (bien
payés, syndicalisés, protégées)
-« Hollowing out of middle class » du à la
désindustrialisation (concurrence asiatique)
- Inégalités croissantes, mobilité sociale en baisse (déjà
plus basse que dans d’autres pays capitalistes),plus de
« working poor » - enrichissement des déjà riches
- La dette nationale, pompée par le ‘Keynesianisme de
crise,’ va peser lourd sur les gouvernants = coupures un
peu partout, y compris dans les (maigres) politiques
sociales. Champs de bataille partisan politique
Tendences Lourdes Politiques
Aussi?
Ne pas surestimer les victoires d’Obama, le conflit partisane à couteaux
tirés va continuer. Point de vue politique, les USA sont toujours à
un tournant important
 Les Républicains ne sont pas prêts à abandonner leur lutte pour
moins d’État, politiques néolibérales dans la domaine économique,
et opposition aux politiques sociales, et, devant la dette, ils vont
continuer de proposer « une cure d’austérité, » qui veut dire
« affamer la bête d’état)
 Il y deux grands drames, qui seront peut-être liés:




Est-ce que les Démocrates auront les idées et l’appui électoral pour
renverser un courant de droite bien ancrée de 35 ans?
Est-ce que les USA vont vaincre les suites de la crise économique?
La guerre des tranchées politiques, qui va continuer, peut beaucoup
troubler la marche d’une économie blessée.
Attendons la prochaine lutte à l’OK Corral sur la dette et le budget!
Les EU ne sont pas seuls…
Nous sommes dans un monde mondialisé, ce que les
autres font peut aussi peser dans l’avenir de
l’économie américaine – voyons crise de la Zone euro,
problèmes chez les BRICs, feux divers et variés au
Moyen-Orient, etc.
Là aussi il y a des luttes qui attendent:
-au niveau du commerce (OMC ne marche plus)
-au niveau des déséquilibres mondiales
-l’environnement
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