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L’actualité de la recherche au Muséum
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On a retrouvé
la mère
du Soleil !
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définition : le parsec (pc) est une unité de distance
astronomique. Il est égal à 3,3 années lumière,
c’est à dire 3,1 x 1016 mètres.
1
La nébuleuse de la Rosette photographiée
par le téléscope spatial Herschel : un nuage
de gaz tel que devait être la pouponnière du soleil…
échelle :
égal 10 pc
2
Image en infrarouge du gaz froid (en bleu) accumulé autour
d’une étoile massive (masquée au centre de l’image) âgée de
quelques millions d’années. Des étoiles de masse solaire vont
se former dans la coquille de gaz froid d’environ 1000 masses
solaires et située à 10 parsecs (300 000 milliards de kilomètres)
de l’étoile centrale. C’est dans une telle coquille que serait né
notre Soleil il y a 4,5 milliards, en même temps que quelques
centaines d’autres étoiles.
échelle :
égal 10 pc
3
Les grains qui composent cette météorite
ont été témoins de la naissance du Soleil !
échelle :
égal 0,5 cm
Depuis longtemps les astrophysiciens essaient de comprendre pourquoi les
météorites contenaient au moment de leur formation un isotope radioactif très
rare de l’aluminium.
D’où peut-il bien venir ? C’est un chercheur du Muséum national d’Histoire
naturelle, le professeur Matthieu Gounelle, associé au professeur Georges Meynet,
de l’observatoire de Genève, qui vient de trouver une explication plausible : cet
élément provient de la mère du Soleil !
Il y a 4,5 milliards d’années,
une étoile très massive a accumulé autour d’elle une
gigantesque quantité d’hydrogène. C’est là qu’une
pouponnière d’étoiles s’est formée : lieu de naissance
du Soleil et de ses centaines de frères et sœurs. Depuis
la fratrie s’est dispersée sur des dizaines de milliers
d’années lumière…
Les chercheurs ont nommée la Maman Coatlicue. Ce nom désigne la mère du
Soleil dans la cosmogonie aztèque !
Elle est née en même temps que 2 000 frères et sœurs et était la plus massive de
sa fratrie. Elle n’a donnée naissance au soleil qu’à l’âge respectable de quelques
millions d’années… Ce sont les vents générés par Caotlicue qui ont transporté le
mystérieux isotope de l’aluminium dans la pouponnière d’étoiles.
Les sédiments cosmiques qui composent les météorites ne mesurent que quelques
dizièmes de millimètre. Ils sont pourtant les seuls témoins qui nous permettent de
remonter le temps jusqu’à des milliards d’années et de voyager si loin dans l’espace,
jusqu’à des milliers d’années lumière !
Article original
—
3
Matthieu Gounelle & Georges Meynet. The Solar
System Genealogy revealed by Meteorites.
Astronomy & Astrophysics 545, A4 (2012) DOI: 10.1051/0004-6361/201219031
—
Matthieu Gounelle est membre de l’UMR 7202 Laboratoire de Minéralogie et Cosmochimie
du Muséum - au Département Histoire de la Terre
du Muséum national d’Histoire naturelle.
L’actualité de la recherche au Muséum
décembre 2012
© Charlène Letenneur - MNHN
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Reconstitution de Glyphea regleyana femelle
(en haut) et mâle (en bas). Noter la différence
de morphologie de la première paire de pattes.
Les couleurs sont inspirées de l’espèce actuelle
Neoglyphea inopinata.
3
En FrancheComté, des
crustacés vieux
de 160 millions
d’années,
exceptionnellement bien
conservés !
Reconstitution d’Eryma ventrosa.
Les couleurs sont librement inspirées de celles
du homard actuel (Homarus gammarus).
Mue de Glyphea regleyana dans un nodule siliceux.
Collection MNHN
Les collections de crustacés fossiles sont
nombreuses mais les
études morphologiques complètes sont
très rares.
Sylvain Charbonnier, Dimitri Pérès et Charlène Letenneur ont
entrepris un travail complexe : étudier plusieurs collections de
crustacés de l’Oxfordien (160 millions d’années) pour rassembler
tous les détails anatomiques et comparer avec les spécimens
actuels. Ils ont travaillé sur deux familles : les glyphées et les
érymidés. On connaît 80 espèces de glyphées fossiles. Les
chercheurs croyaient ce groupe éteint mais deux espèces
actuelles ont été découvertes très récemment, au large des
Philippines et de la Nouvelle Calédonie. Les érymidés comptent
une centaine d’espèces fossiles et aucune actuelle.
Cette étude a porté sur de très nombreuses
mues fossilisées. Ces observations détaillées de l’anatomie ont permis de reconstituer les spécimens et de montrer un dimorphisme sexuel, très rarement observé
chez les fossiles.
L’exceptionnelle qualité de préservation de ces crustacés
s’explique par des concrétions siliceuses : les chailles. Ce
sont probablement des microorganismes qui génèrent cette
minéralisation autour des restes des animaux, peu de temps
après leur mort. Plus résistants que le sédiment encaissant, les
chailles ont protégé les fossiles des habituelles déformations.
Grâce à ce travail, et à la comparaison avec le mode de vie
des espèces actuelles, on connaît maintenant avec plus de
précision le milieu de vie de ces crustacés il y a 160 millions
d’années dans la région de l’actuelle Franche-Comté ;
il s’agissait d’une mer peu profonde : 100 à 150 mètres, où
l’intensité lumineuse était encore sensible au fond.
Article original
—
S. Charbonnier, D. Pérès & C. Letenneur (2012) Exceptionally preserved crustaceans from the
Oxfordian of eastern France (Terrain à Chailles
Formation, Haute-Saône). Geodiversitas 34 (3) : 531-568
—
Sylvain Charbonnier et Charlène Letenneur
sont membres de l’UMR 7207 - Paléobiodiversité
et paléoenvironnements - Département Histoire
de la Terre - Muséum national d’Histoire naturelle.
L’actualité de la recherche au Muséum
décembre 2012
C’est la question que s’est posée une équipe scientifique
internationale. Pour cela les auteurs ont analysé l’évolution
sur 30 ans de 60 zones protégées dans les principales
régions forestières tropicales du monde entier, africaines,
américaines et asiatiques. Cette étude est une première d’une
telle ampleur. Les auteurs ont interrogé des chercheurs et
les responsables de terrain spécialistes de ces réserves, tous
très expérimentés. Le questionnaire portait sur l’abondance
de 31 animaux et plantes clés ainsi que sur 21 facteurs
environnementaux dans les réserves et leurs abords.
L a réponse est al armante : près de la moitié
des réserves souffrent
d’une érosion de la biodiversité.
Les petites réserves sont les plus vulnérables car les régions
situées en bordure, qui servent normalement de “zone
tampon”, se décalent progressivement vers l’intérieur des
parcelles protégées, jusqu’à en affecter la quasi-totalité.
© Charlène Letenneur - MNHN
Une réserve
forestière
est-elle une
protection
absolue pour
la biodiversité ?
Les dégradations environnementales affectent la biodiversité en augmentant
l’isolement des réserves, la réduction de
leur surface et les effets de bordure, ce
qui entraine une grave déstabilisation
de l’équilibre forestier : la diversité des
plantes est tronquée en faveur des espèces
à graines de petites tailles ou dispersées
par le vent ; les lianes se développent
et envahissent les lieux.
Les espèces animales les plus fragilisées sont les grands
vertébrés, les primates, les chauves-souris, les amphibiens,
les lézards, serpents, grands reptiles et les poissons d’eau
douce. Pour les végétaux, ce sont les arbres à croissance
lente et les épiphytes qui souffrent le plus. On déplore
aussi le déclin rapide des oiseaux insectivores, frugivores,
migrateurs ou qui s’abritent dans les arbres creux…
Ces forêts sont pourtant officiellement protégées ! Elles ont
besoin d’être mieux contrôlées car ce sont les dernières
zones de très grande diversité biologique.
Il n’y a pas de planète de rechange !
Le déboisement, les feux, la chasse, les mines illégales et
l’exploitation des produits forestiers sont parmi les pires
fléaux.
Article original
—
William F. Laurance, […] P.-M. Forget, […] F. Feer, […] et
al. Averting biodiversity collapse in tropical forest protected
areas. Nature, 489, 13 september 2012, p. 290-294.
—
Pierre-Michel Forget et François Feer sont membres de l’UMR 7179 Mécanismes Adaptatifs : des Organismes
aux Communautés – au département Ecologie et Gestion
de la Biodiversité du Muséum national d’Histoire naturelle.
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