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Le malade mental de l’exclusion à la réinsertion:
un très long chemin vers sa liberté et son
humanité.
Dr AMIRECHE Rabah SG APAMM
QUEL FONDEMENT A L’ACTION
CITOYENNE?
Les malades et handicapés mentaux sont de par leurs affections des
êtres nécessitant un accompagnement voire des substituts à même de
les soutenir et de les orienter dans leur quotidien, soutien que ne peut
assurer seule la famille ou seul l’état pris individuellement. Le rôle
d’organisateur et de soutien de tous ne peut s’accomplir que dans la
fédération des uns et des autres au sein d’une association.
(l’appel à constituer l’APAMM Yasmine, Novembre 2004)
QUEL FONDEMENT A L’ACTION CITOYENNE?
Toutes les associations similaires qui travaillent dans l’humanitaire savent combien
est difficile la tâche de se faire une place au soleil et de pouvoir mettre les moyens qui
leur permettent d’aller jusqu’au bout de leur rêve.
L’inquiétude du groupe social de référence d’un malade mental, la famille en
l’occurrence, n’est souvent réveillée qu’à un stade déjà avancé de la souffrance chez
l’individu ; à partir d’un cap où l’extériorisation des troubles induit une remise en
cause de la quiétude générale, notamment lorsque le malade enfreint les règles
morales du groupe, exposant celui-ci au jugement extérieur.
QUEL FONDEMENT A L’ACTION CITOYENNE?
C’est ici que le choix de la réaction se fait, hélas encore, souvent par la
stigmatisation du sujet, augurant d’un risque de rejet plus ou moins définitif.
Elle exclut le sujet de façon symbolique ou même réelle et le diabolise dans
l’imaginaire collectif déjà riche en histoires de l’histoire universelle des risques
encourus en compagnie de ce genre d’individus.
Cette réaction est moins le fait d’un rejet haineux qu’une réaction défensive
de panique du groupe face à l’incompréhensible, à l’inadmissible venant
remettre en cause son équilibre et donc son salut.
CEPENDANT…
La connaissance de la médecine a considérablement amélioré le destin
d’une maladie qui, il y a seulement moins de cinquante années, exposait
encore les malades aux gémonies de l’exclusion sociale voire de la réclusion
dans des asiles où se concentrait l’expression de tout ce qui faisait honte et
peur aux hommes.
Aujourd’hui encore, aussi bien pour la société que pour la médecine, la
schizophrénie pose des questions aussi sérieuses que graves au vu de
l’inefficience des solutions proposées à cette catégorie de la population
atteinte d’un « mal » qui en déshumanise la majorité, stigmatisant par là
nos échecs face à la maladie.
LES MALADIES MENTALES SONT DIFFERENTES !
Les études épidémiologiques de prévalence récentes dont celle de l’OMS
sous la direction du Pr. SARTORIUS (The determinants and Outcome of Severe
Mental Disorder, 1986…) dans une dizaine de pays de cultures très différentes
montrent une prévalence universelle de la maladie située entre 0,5 et 1% de la
population générale.
Les autres maladies mentales, y compris les psychoses chroniques telles la
PMD et la Paranoïa, n’ont pas, à priori, le même potentiel de désorganisation
que la schizophrénie. Elle conservent soit durablement soit pendant les accès
florides une cohérence de la personnalité pouvant dans la grande majorité des
cas, préserver le malade du risque de la désocialisation. Elles sont par ailleurs
aussi fréquentes que la schizophrénie.
LES SOINS HOSPITALIERS RESTENT DES PLUS DURS !
Dans les faits, les crises et les décompensations
psychotiques, donnent lieu à des hospitalisations au cour desquelles
s’institue un traitement, le plus souvent, par contrainte, dans un
espace régulé mais très contraignant. C’est un aspect quasi
inhumain des hospitalisations psychiatriques rendu nécessaire par
l’absence d’une prise de conscience du malade de sa maladie: sa
réalité réside dans son délire!
C’est cet aspect qui motive l’action des « anti psychiatres »
malgré les progrès significatifs dans le processus thérapeutique
vers plus d’humanisation des moyens utilisés.
LES SOINS HOSPITALIERS RESTENT DES PLUS DURS !
Bien souvent nous oublions que le fait de produire une néoréalité qui
contrecarre le code humain et l’ordre culturel du groupe social par le
mécanisme de la psychose n’empêche pas la souffrance «innommable »
que seuls les psychotiques vivent dans leur intimité. Ensuite il faut noter
que la loi vient réglementer les mesures de contrainte dans ces cas.
Une fois la "crise psychotique schizophrénique "apaisée en apparence
et le traitement médicamenteux étant considéré comme "au point" (les
psychiatres parlent alors de "stabilisation"), les psychiatres de l'hôpital
doivent, paraît-il, proposer au malade tout un éventail de "thérapies
occupationnelles" (souvent regroupées sous l'appellation d'ergothérapie)
censées le préparer à se réintégrer dans la vie à l'extérieur de l'hôpital.
L’HOSPITALISATION, ET APRES!
Ceci est un volet de prise en charge censé se faire dans l’hôpital.
Il ne se fait plus pour deux raisons essentielles :
1)
du fait de la surcharge des structures hospitalière psychiatriques
(l’occupation des lits dépasse parfois les 100% pour répondre à l’urgence) qui
impose des séjours aussi courts que peut le permettre une chimiothérapie
tout juste nécessaire à l’effacement des gros troubles de la maladie ;
2)
ensuite par manque de personnels de toutes sortes et notamment
d’ergothérapeutes.
Il est impossible aujourd’hui en Algérie avec les structures existantes,
la demande de soins actuelle et les personnels en nombre insuffisant et
malgré leur compétence de mettre en œuvre des protocoles de réinsertion.
LA SORTIE …
L'assistance à l'extérieur, la question du logement et,
éventuellement celle d'un travail, doivent avoir été évaluées quant à
leur disponibilité, leurs modalités et quant à la capacité du malade à s'y
conformer et à s'y adapter (estimer ses capacités d'autonomie).
Ces questions "pratiques" très importantes doivent avoir été
réglées avant la sortie de l'hôpital (sinon, bien évidemment, on ne fait
que "relâcher" dans la nature quelqu'un dont, d'avance, on devrait
savoir qu'il court de grands risques de ne pouvoir s'y débrouiller et que,
fragile et laissé à lui-même, il va rechuter très vite et s'exclure encore
plus de la société).
PSYCHIATRIE SOCIALE, SOCIETE ET FOLIE…
Il aura fallu du temps, malgré l’évidence d’aujourd’hui, pour établir et faire
comprendre à tous qu’il ne faut plus isoler les malades mentaux, mais à l’inverse les
réinsérer dans leur milieu social, familial et professionnel tout en impliquant ces
derniers dans le programme de soins.
G. BLEANDONU, cité par M. JONES, dans « Au-delà de la Communauté
thérapeutique » (Ed. SIMEP Lyon 1972) écrit : « La psychiatrie s’est beaucoup trop
intéressée au modèle que la médecine générale a créé, la psychiatrie sociale ou la
psychiatrie de communauté se pratique extra-muros et exige que l’on reconsidère les
rôles, les relations de rôle et la culture de l’équipe psychiatrique… La formation
médicale est embourbée dans le concept de maladie, le rôle du patient étant d’être
malade… Pour que la psychiatrie sociale puisse aboutir, il faudra que ce soit le
résultat d’un accroissement de la capacité à utiliser les forces latentes de la société
elle-même… ».
PSYCHIATRIE SOCIALE, SOCIETE ET FOLIE…
L’OMS1 définit la psychiatrie sociale comme l’ensemble des mesures préventives et
curatives qui ont pour but de rendre la personne, à qui elle s’adresse, capable de mener une
vie satisfaisante et utile dans son cadre social. A cette fin, la psychiatrie sociale s’efforce de
fournir aux malades mentaux, et à ceux qui risqueraient de le devenir, l’occasion d’établir
avec la société des relations favorables au maintien ou à la restauration de l’adaptation
sociale. Deux prémisses fondamentales sont implicites dans cette définition.
La première est qu’il est possible d’insérer les malades mentaux dans un milieu
social plus complexe ; la seconde est qu’en aménageant des occasions de contact
favorables, on travaille à la prévention et à la guérison des troubles mentaux.
Ces prémisses n’ont rien de nouveau : elles font partie des principes fondamentaux
qui orientent depuis toujours l’action et les aspirations des psychiatres. Ces prémisses n’ont
rien de nouveau : elles font partie des principes fondamentaux qui orientent depuis toujours
l’action et les aspirations des psychiatres. Cependant, leur intérêt n’a pas toujours été
nettement compris et ni leur formulation, ni leur application n’ont été systématiques.
1Organisation
Mondiale de la Santé, Rapport technique, 1959, 177..
ERGOTHERAPIE …
Depuis, une multitude de techniques ont été développées, grâce à la
recherche et à l’implication globale dans les domaines du traitement des maladies
mentales mais aussi pour l’amélioration de la socialisation ou de la resocialisation
des malades mentaux. Car« de nos jours, le psychiatre est souvent en mesure
d’amener un malade jusqu’au seuil d’une vie normale. Mais tous ses efforts auront
été vains si la porte débouche sur le vide ».
Au carrefour des pratiques médicales et sociales, l’ergothérapie a déjà pris de
l’âge et porte en elle une grande richesse tant par la multiplicité de ses lieux et
modes d’exercice que la diversité de ses intervenants.
Connue depuis l’antiquité pour ses bienfaits pour les malades en général et les
malades mentaux en particulier, l’ergothérapie a connu des évolutions enrichissantes
de la pratique médicosociale et psychiatrique qui en fait une pratique bien codifiée
selon le déficit ciblé et les objectifs souhaités.
ERGOTHERAPIE …
La réhabilitation psychiatrique puise ses origines dans plusieurs étapes
historiques :
 l’ère de la thérapie morale du 19ème siècle (Pinel) œuvrant pour les soins plus
humains à l’égard des malades mentaux, insistant sur une évaluation globale des
handicapés mentaux, tenant compte du travail, des loisirs et de la vie sociale.
C’est une forme de relation thérapeutique symbolisée en France par
l'image de Ph. Pinel rompant les chaines des aliénés pendant la Révolution, et
inscrite dans un courant qui situait déjà la maladie mentale au centre du problème
posé par les rapports entre "physique" et "moral" au sens le plus large.
Ici nous voyons émerger un mouvement intellectuel des « aliénistes » (nos
ancêtres), qui ont mesuré le degré de déshumanisation auquel étaient soumis les
« exclus » et les laissés pour compte que représentaient tous les « fou » et «
aliénés » ou « déments » que tout responsable municipal pouvait mettre en asile
et ainsi l’extraire de la communauté des hommes. Pinel et ses poursuivants sont
donc des pionniers dans l’action de redonner aux malades mentaux une place au
sein de la communauté.
ERGOTHERAPIE …
 les programmes de réhabilitation professionnelle fondée sur la croyance
dans le travail comme élément primordial de la réhabilitation, et considérant
la thérapie par le travail adapté aux capacités de l’individu devrait être une
pierre angulaire du traitement communautaire du patient à long terme
notamment des malades mentaux errants et sans abris (Richard Lamb: "We
will save the homeless mentally ill") ;
 la santé mentale communautaire des années 50/60, introduit une notion
de base nouvelle, à savoir que les personnes sévèrement malades devraient
être aidées pour les maintenir dans des conditions de vie les plus normales
possible. La psychologie communautaire est une discipline utilisant la compréhension
des déterminants politiques et sociaux de la santé mentale pour promouvoir la qualité
de vie des individus et des communautés, et leur participation au développement des
ressources locales (et notamment des ressources en santé mentale) (Saïas, 2008);
ERGOTHERAPIE …
 les centres de réhabilitation psychosociale, à l’initiative des
patients et des non professionnels qui ont crée des clubs d’autoassistance psychosociale, dans le but de s’apporter aide et assistance
mutuels pour faire face à l’environnement au lieu de le subir, pour
promouvoir la santé plutôt que la réduction des symptômes et pour
améliorer les capacités de la personne à faire quelque chose même en
présence d’un handicap résiduel ;
 l’entrainement aux habiletés qui est l’apport le plus récent
introduisant des méthodes d’entrainement aux habiletés, dérivés des
principes de l’apprentissage social, du développement des ressources
humaines et de la réhabilitation professionnelle (Lieberman).
ERGOTHERAPIE …
 les centres de réhabilitation psychosociale, à l’initiative des patients et
des non professionnels qui ont crée des clubs d’auto-assistance psychosociale,
dans le but de s’apporter aide et assistance mutuels pour faire face à
l’environnement au lieu de le subir, pour promouvoir la santé plutôt que la
réduction des symptômes et pour améliorer les capacités de la personne à
faire quelque chose même en présence d’un handicap résiduel ;
 l’entrainement aux habiletés qui est l’apport le plus récent introduisant
des méthodes d’entrainement aux habiletés, dérivés des principes de
l’apprentissage social, du développement des ressources humaines et de la
réhabilitation professionnelle (Lieberman).
En matière de prise en charge de la maladie mentale, dans la
schizophrénie et l’insuffisance mentale notamment qui entrainent une
désinsertion sociale à des degrés variables, l’ergothérapie reste
incontournable pour une réhabilitation des habiletés sociales altérées ou
abrasées par l’action bloquante ou régressive de ces affections.
CONCLUSION …
« Car même les individus présentant les symptômes les plus chroniques et
résistants de schizophrénie pourraient apprendre ou réapprendre des habiletés
leur permettant le retour à une vie en société. Le malade mental chronique peut
être réhabilité ! » (R.P.LIEBERMAN, 1991)
En matière de prise en charge de la maladie mentale, dans la schizophrénie
et l’insuffisance mentale notamment qui entrainent une désinsertion sociale à des
degrés variables, l’ergothérapie reste incontournable pour une réhabilitation des
habiletés sociales altérées ou abrasées par l’action bloquante ou régressive de ces
affections.
Le projet porté par notre association, l’APAMM « Yasmine », association de
wilaya (Tizi-Ouzou), est une œuvre d’utilité publique pour la concrétisation d’un de
ses objectifs en l’occurrence la resocialisation des malades mentaux.
TANEMMIRT MERCI ‫شكرا‬
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