Accord de Paris:

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Accord de Paris:
Peut-on lutter contre les
changements climatiques à
l’intérieur du modèle
dominant?
Préambule
Le CNCD-11.11.11:
- Coupole de 85 organisations issues de la société civile
- Engagées dans la solidarité Nord-Sud
- Pour sensibiliser, interpeller et appuyer des projets au Sud
Plan de la présentation
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Rappel: enjeux généraux de la négociation
Historique de la négociation
La moitié vide: ce qui était perdu d’avance
La moitié pleine:
• Ce qu’on a gagné à Paris
• Ce qu’on doit encore gagner
• Conclusion: et la suite?
Enjeux de la négociation
1. Atténuation
• Sortir des énergies fossiles
• Mettre fin à la déforestation
• Changer de modèle agro-alimentaire
Enjeux de la négociation
• Scénarios de réduction des
émissions totales:
• Pas d’efforts: 4°C
• Efforts promis: 2,7°C
• Engagement Copenhague: 2°C
• Demande des pays vulnérables: 1,5°C
Enjeux de la négociation
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Répartition des efforts: le principe de responsabilités communes mais différenciées
Le Nord est responsable du réchauffement:
18% de la population mondiale
77% des émissions historiques (18e-20e)
36% des émissions actuelles (2010)
Enjeux de la négociation : adaptation
Un monde à +2°C c’est :
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Biodiversité: disparition de 20% à 30% des espèces
Baisse de la pluviosité dans les régions sèches, augmentation dans les zones humides, événements extrêmes
Hausse du niveau des mers (60 à 100 cm)
Baisse de productivité agricole de 5% (2030) à 30% (2080) à l’échelle mondiale
Hausse des prix alimentaires jusqu’à 12% en 2030 et 70% en 2080
Pauvreté: 100 millions de personnes supplémentaires en 2030 (WB 2015)
Migrations (200 millions de réfugiés climatiques d’ici 2050)
Conflits (liens terre, eau, ressources)
Santé (dissémination des maladies tropicales, sous-alimentation, etc.)
Enjeux de la négociation: appui au Sud
• Financement atténuation et adaptation
• « Scaling up » jusque 2020
• 100 milliards de dollars US/an à partir de 2020
• Transferts de technologie
• Pertes et préjudices
Enjeux de la négociation: aspect contraignant
• Quel degré de contrainte légale pour qui?
• Quels moyens de contrôle?
Le verre à moitié vide: c’était perdu d’avance
Réductions d’émissions: une perspective de 2,7°C de plus !
• Echec de Copenhague : principalement sur les réductions d’émissions
• Changement de méthode: les INDC’s (Intended Nationally Determined Contributions)
• Quelques exemples:
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UE: 40% de réduction 1990-2030
USA: 26-28% de réduction 2005-2030 (12–19% 1990)
Chine: pic en 2030 ; baisse de 60 à 65% de l’intensité carbone du PIB
Inde: baisse de l’intensité carbone de 33 à 35% d’ici 2030 (adr 2005)
Bouthan: s’engage à rester neutre en carbone!
Le verre à moitié vide: c’était perdu d’avance
Aspect contraignant:
• Le contexte américain (Congrès républicain) rend impossible de faire ratifier
un accord légalement contraignant
contournement
• Les principaux pays émergents refusent de prendre un engagement
légalement contraignant
Le verre à moitié vide: c’était perdu d’avance
Un changement radical de notre modèle économique
• Sortie de la croissance
• Sortie du capitalisme…
Pas l’objet de la négociation! N’oublions pas qu’il s’agit d’un processus
multilatéral complexe, incluant les Etats les plus réfractaires (ex: Arabie
Saoudite) et très influencé par les lobbys
Le verre (presque) à moitié plein:
ce que nous avons obtenu
• Un accord universel mais différencié (« developed countries “should” take
the lead”)
• La fixation du cap à 1,5°C (« well below to 2°C; pursue efforts to limit the
temperature increase to 1.5”)
• Un engagement de révision dès 2020, sur base d’un rapport du GIEC 2018
• Confirmation des 100 milliards USD/an, référence nouvelles sources
• Reconnaissance de pertes et préjudices
Le verre (presque) à moitié plein:
ce que nous n’avons pas obtenu
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Pas de date pour le pic d’émissions mondiales
Possibilité maintenue d’acheter des droits d’émissions
100 milliards non contraignants, pas explicitement « nouveaux et additionnels »
Pas d’objectif de financement de l’adaptation
Pas d’inclusion des secteurs du transport maritime et aérien
Pas de sanctions en cas de non respect des objectifs
Pourquoi pas plus d’ambitions?
1. Panne du multilatéralisme:
• Dilemme du prisonnier: dans un monde où l’objectif premier des Etats est
devenu d’attirer les investisseurs, toute mesure de protection sociale et
environnementale est assimilée à une « barrière non tarifaire ». Personne ne
veut donc être celui qui fera le plus d’efforts
• Structure et processus issus du monde de 1945, inadaptés au monde
multipolaire de 2015
Pourquoi pas plus d’ambitions?
2. Fonctionnement en silos
• Exclusion des secteurs maritime et aérien de l’accord (8% des émissions,
mais un potentiel de 38% en 2050!)
• Exclusion des questions commerciales, en particulier des questions de droits
de propriété intellectuelle
• Exclusion de la question des modèles agricole, de transport, d’énergie, etc.
Pourquoi pas plus d’ambition ?
3. Le mythe prométhéen
• Le néolibéralisme n’est que la dernière école du libéralisme/capitalisme, luimême encastré dans le productivisme
• Fondamentalement, les trois grandes écoles de l’économie (classique,
marxiste et keynésienne) partagent un point commun: elles cherchent à
maximiser l’utilisation de ressources rares, à augmenter la production
• Il n’y a aucune pensée économique aboutie hors de la croissance
Mais il y a une évolution récente
• Tim Jackson (2009) montre qu’au-delà d’un seuil de 10/15.000 $, la croissance n’est
plus le déterminant premier du bien-être
• Wilkinson et Pickett (2009) démontrent que dans les sociétés développées, les
inégalités sont un déterminant beaucoup plus important que la croissance
• Eloi Laurent (2014) met en évidence la nécessité de repenser la protection sociale
pour l’adapter aux nécessités de la transition socio-écologique
Reste à construire un modèle économique capable de résoudre les questions
fondamentales de la dette et de la protection sociale dans un monde sans croissance…
Durabilité forte vs. faible
Conclusion
• L’Accord de Paris est insuffisant à lui seul pour résoudre le problème climatique
• Il représente cependant une avancée évidente sur les principes et les caps: nous
avons enfin un outil universel pour résoudre le problème
• Implicitement, il ouvre la porte à la sortie complète des énergies fossiles
• Mais ce n’est clairement qu’une étape et il reste ancré dans le modèle économique
dominant
• Pour aller plus loin, nous avons la responsabilité de construire un modèle qui pense
l’économie en termes de stocks, non de flux, et répond à certaines questions
fondamentales. Cela impose de remettre les inégalités au cœur de la pensée
économique.
Merci
Nicolas Van Nuffel
[email protected]
www.cncd.be
CNCD-11.11.11 ou Nicolas Van Nuffel
cncd111111
ou NicVanuf
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