la civilisation grecque - Collège Montesquieu Evry

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LA
CIVILISATION
GRECQUE
La
civilisation
grecque
La Grèce en Europe aujourd’hui
Le relief
de la
Grèce
La Grèce est située au sud-est de l’Europe. C’est un
pays montagneux bordé par la mer méditerranée.
Ce pays est composé de nombreuses îles. Sa
capitale est Athènes.
Vue du
détroit de
Messine,
Hervé
JÉZÉQUEL,
1999-2000
La « démocratie » : un mot et une idée grecs
Préambule du « Projet de Traité établissant une constitution pour l’Europe », 2003
Grec
dêmos,
δῆμος
« peuple »
Grec
kratein
κρατειν
« commander »
Grec
demokratia
δημοκρατία
« gouvernement
du peuple »
Bas latin
democratia
« démocratie »
démocratie
Tableau comparatif de deux alphabets européens
Alphabet Alphabet
grec
latin
11
λ
l
1
α
a
12
μ
m
2
β
b
13
ν
n
3
γ
g
14
ξ
x
21
φ
ph/f
χ
kh
ο
o
22
23
ψ
ps
24
ω
ô
4
δ
d
15
5
ε
é
16
π
p
6
ζ
z
17
ρ
rh
7
η
ê
18
ς, σ
8
θ
th
19
τ
t
9
ι
i/j
20
υ
u/v
10
κ
k
s
Des mots français d’origine grecque
grapho(ex : graphologie)
Grec
graphein
γράφειν
« écrire »
orthographia
ὀρθογραφία
« bonne écriture »
-graphe, -graphie,
-graphique
(ex : géographie)
Latin
orthographia
« orthographe »
graphikos
γραφικός
« qui concerne
l’écriture »
orthographe
graphique
gramma
γράμμα
« lettre »
gramme
grâmmatikê
γραμματική
« art d’écrire »
Latin
grammatica
« grammaire »
grammaire
grimoire
D’où vient le nom de notre continent ?
« Europe » : une nom
d’origine inconnue
« Personne donc, parmi
les hommes, ne sait si
l’Europe est entourée
d’eau, ni d’où elle a pris
son nom, ni quel est
celui qui peut le lui
avoir donné ; à moins
que nous admettions
qu’elle a reçu le nom de
la Tyrienne Europé, et
qu’auparavant, elle n’en
avait point, non plus
que les autres [parties
du monde]. »
Source : HÉRODOTE
(vers 484-425 av. J.-C.),
Histoires, IV, 45.
L’Europe vue par Hérodote,
reconstitution d’O. MacCarthy
Le mythe d’Europe
dans la religion grecque
Le rapt d’Europe, métope d’un temple,
Sélinonte (Sicile), 580-560 av. J.-C.
πέρησε δ᾿ ἄρ᾿ ἁλμυρὸν ὕδωρ
Elle traversa l’onde amère
∆ιὸς δμηθεῖσα δόλοισι.
domptée par les ruses de Zeus.
τῆι δὲ μίγη φιλότητι πατὴρ καὶ δῶρον ἔδωκεν
[Zeus] le père s’unit à elle et lui donna comme présent
ὅρμον χρύσειον, τόν ῥ᾿ ῞Ηφαιστος κλυτοτέχνης
un collier d’or ; Héphaistos habile forgeron
ἰδυίηισιν πραπίδεσσι
de ses savantes pensées
πατρὶ φέρων· ὃ δὲ δέξατο δῶρον·
l’apportant au Père ; lui reçut le cadeau ;
κούρηι Φοίνικος ἀγαυοῦ.
pour la fille du noble Phénix.
ἔμελλε τανισφύρωι Εὐρωπείηι,
Il devait pour Europé aux fines chevilles,
πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε
le père des hommes et des dieux
νύμφης πάρα καλλικόμοιο.
près de la jeune fille à la belle chevelure.
ἣ δ᾿ ἄρα παῖδας ἔτικτεν ὑπερμενέϊ Κρονίωνι
Alors elle enfanta des fils au puissant Cronide
πολέων ἡγήτορας ἀνδρῶν,
des chefs de nombreux hommes,
Μίνω τε κρείοντα δίκαιόν τε ῾Ραδάμανθυν
Minos le fort et Rhadamante le juste
καὶ Σαρπηδόνα δῖον ἀμύμονά τε κρατερόν τε.
Et le divin Sarpédon sans reproches.
(VIIIe-VIIe
Source : HÉSIODE
siècle av. J.-C.), Fragments, P. Oxy, 1358, fr. 1.
De la mythologie à la géographie…
« Une fois, Kypris envoya à Europé un doux songe. […] La fille encore vierge de Phénix,
Europé, […] crut voir deux terres se disputer à son sujet, la terre d’Asie et la terre d’en face,
leur aspect était celui de femmes. L’une avait les traits d’une étrangère ; l’autre ressemblait à
une femme du pays ; elle [la terre d’Asie] s’attachait plus fort à la jeune fille, comme à sa fille,
représentait qu’elle l’avait mise au jour et que seule elle avait pris soin d’elle ; mais l’autre [la
terre d’en face], la saisissant de force de ses mains puissantes, l’entraînait sans qu’elle résistât,
et déclarait que, de par la volonté de Zeus porteur d’égide, il était décidé qu’Europé lui
appartenait. [Le lendemain, Europé joue avec des amies dans des prairies voisines de la mer]
Aussitôt que le fils de Cronos l’eut aperçue, de quel vertige saisi il fut dompté par les traits
imprévus de Kypris, seule capable de dompter Zeus lui-même ! Voulant à la fois éviter le
courroux de la jalouse Héra et décevoir l’esprit naïf de la jeune fille, il mit un masque au dieu,
transforma sa personne, se changea en taureau […]. Il vint dans la prairie […]. Il s’agenouilla
aux pieds d’Europé […]. Elle s’assit sur le dos du taureau, souriante […] mais il se releva d’un
bond, enlevant celle qu’il voulait, et gagna rapidement la mer. Europé, se retournant en arrière,
appelait ses compagnes et leur tendait les bras ; mais elles ne pouvaient pas l’atteindre. Le
taureau parvint au rivage et poursuivit sa course, comme un dauphin, marchant sans mouiller
ses sabots sur la vaste étendue des vagues. […] Le taureau aux belles cornes dit : “Rassure-toi,
jeune fille ; ne crains pas les vagues de la mer. Je suis Zeus en personne, bien que, de près, j’aie
l’air d’être un taureau; il est en ma puissance de paraître ce que je veux. C’est mon amour pour
toi qui m’a poussé à parcourir une telle étendue marine, sous l’aspect d’un taureau. Mais la
Crête te recevra bientôt ; elle m’a nourri moi-même ; c’est là que se célébreront tes noces. Et je
te rendrai mère de nobles fils, qui tous, parmi les hommes, seront des porteurs de sceptre.” »
Source : MOSCHOS DE SYRACUSE, Europa, Alexandrie, IIe siècle av. J.-C.
L’enlèvement d’Europe, lécythe à
figures noires, vers 500 av. J.-C.
L’enlèvement d’Europe, terre cuite,
Béotie, 470-450 av. J.-C.
L’enlèvement d’Europe
accompagnée
des Néréides,
cratère à figures rouges
signé « Asteas »,
340 av. J.-C.
L’enlèvement
d’Europe,
mosaïque de
Campanie,
Ier siècle
La Grèce est un des fondements de l’Europe :
beaucoup de nos mots viennent du grec, comme
« géographie ». Le mot et l’idée de la démocratie
viennent de Grèce. Le nom même de notre
continent vient d’un mythe de la religion grecque.
L’enlèvement d’Europe, de l’Antiquité à nos jours
Où vivaient les Grecs au Ve siècle avant Jésus-
Christ et quelles étaient leurs valeurs communes ?
I – Les limites du monde grec
II – Les valeurs communes du monde grec
III – Une cité du monde grec : la cité des
Athéniens
IV – Les changements du monde grec après le
IVe siècle avant Jésus-Christ
Un point sur la chronologie
IVe millénaire
4e millénaire
4000
IIIe millénaire
3e millénaire
3000
Ier millénaire
1er millénaire
IIe millénaire
2e millénaire
2000
1000
« Naissance de Jésus-Christ » :
début du calendrier chrétien,
qui est le nôtre
Ier millénaire
1er millénaire
IIe millénaire
2e millénaire
1000
Ecriture cunéiforme (3300 av. J.-C.)
2012
2000
Nous
Grèce classique (Ve siècle av. J.-C.)
I – Les limites du monde grec au Ve siècle av. J.-C.
Mer noire
Mer
Egée
Mer méditerranée
L’extension géographique du monde grec
Mer Egée Mers principales du monde grec
Temple d’Héra (épouse de Zeus) à Paestum
en Italie méridionale (Grande Grèce):
(VIe siècle avant J.-C.)
Le Parthénon à Athènes (Grèce)
dédié à Athéna Parthénos
(Ve siècle avant J.-C.)
Mer noire
Mer
Egée
Temple de Ségeste en Sicile
dédié à Apollon (Ve siècle)
Mer méditerranée
Temple dédié à Zeus à
Cyrène (actuelle Libye) édifié
au VIe siècle avant J.-C.
Temple d’Athéna à Priène
(Asie Mineure, actuelle Turquie)
(Ve siècle avant J.-C.)
Un peu
d’architecture grecque
Façade du Temple
de la Concorde,
vers 440-430 av. J.-C.,
Agrigente (Sicile)
Le Parthénon,
plan d’Ictinos,
en collaboration avec
Phidias, vers 437432 av. J.-C.,
Athènes (Grèce)
Vue du temple
de Ségeste
(Sicile),
Ve siècle av. J.-C.
Vue aérienne du temple
d’Hera dit aussi la
Basilique, construit vers
550 av. J.-C.,
Paestum (Italie du Sud)
Façade du Temple
d’Héra,
construit vers 460450 av. J.-C.,
Sélinonte (Sicile)
Temple d’Héra (épouse de Zeus) à Paestum
en Italie méridionale (Grande Grèce):
(VIe siècle avant J.-C.)
Le Parthénon à Athènes (Grèce)
dédié à Athéna Parthénos
(Ve siècle avant J.-C.)
Mer noire
Mer
Egée
Temple de Ségeste en Sicile
dédié à Apollon (Ve siècle)
Mer méditerranée
Temple dédié à Zeus à
Cyrène (actuelle Libye) édifié
au VIe siècle avant J.-C.
Temple d’Athéna à Priène
(Asie Mineure, actuelle Turquie)
(Ve siècle avant J.-C.)
On retrouve les mêmes temples grecs en Grèce, en
Sicile et en Italie du Sud. Pourquoi ?
Le monde grec au Ve siècle av. J.-C.
1) Les Grecs ne vivaient pas qu’en Grèce
Au Ve siècle av. J.-C., le monde grec ne se limitait
pas à la Grèce. On trouvait des Grecs tout autour de
la mer méditerranée et de la mer noire. On parlait
alors de Grande Grèce.
Le monde
grec au Ve
siècle avant
Jésus-Christ
L’extension géographique du monde grec
L’extension géographique du monde grec
GAULE
Mer noire
Massalia
ASIE
MINEURE
Mer
Egée
GRANDE GRÈCE
Corinthe
SICILE
AFRIQUE
Athènes
Sparte
Mer méditerranée
CRÈTE
Cyrène
ÉGYPTE
L’extension géographique du monde grec
Mer Egée Mers principales du monde grec
GAULE
Régions voisines du monde grec
Athènes
Grandes cités grecques
SICILE
Régions occupées par les Grecs vers 500
avant Jésus-Christ
Massalia Colonies fondées par les Grecs
On appelle colonisation cette extension du monde grec
hors de Grèce à partir du VIIIe siècle av. J.-C.
2) Une cité grecque hors de Grèce : l’exemple de
Massalia (Marseille)
Le trajet
suivi par
les
Grecs
de
Phocée
Massalia et Phocée vues de l’espace
Massalia était une cité grecque en Gaule. Elle a
été fondée par des Grecs venus de Phocée (Asie
mineure). On appelle colonie ce type de cité
nouvelle fondée par des Grecs hors de Grèce. On
appelle métropole la cité d’origine des colons.
Le retour en Attique du navire de Thésée, illustration de la colonisation
grecque ?, cratère à figure noires, dit « Vase François », vers 570 av. J.-C.
Les raisons de la fondation de Massalia
« Les Phocéens étaient contraints par l’exiguïté et la maigreur de leur
territoire à exploiter plus intensément la mer que la terre. Ayant osé s’avancer
jusqu’au dernier rivage de l’océan, ils arrivèrent dans un golfe gaulois à
l’embouchure du Rhône. Séduits par la beauté du lieu, ils rapportèrent à leur
retour ce qu’ils avaient vu, et attirèrent ainsi une troupe plus nombreuse. »
Source : JUSTIN, Abrégé des Histoires philippiques, IIe siècle ap. J.-C.
La fondation de
Massalia
s’explique par un
besoin
économique :
vers 600 av. J.-C.,
le territoire de
Phocée était trop
petit pour nourrir
tous les
habitants, de plus
en plus nombreux.
Plan de Marseille antique d’après
les fouilles archéologiques
Marseille :
une cité-État grecque
Schéma
d’une cité grecque
Maquette
de la cité
de Massalia
Comme toute cité grecque, Massalia était d’abord
une communauté d’hommes et de femmes vivant
dans une ville fortifiée entourée d’un espace rural.
Massalia :
une cité-État
……………………………………...
Montagnes
………………
Campagne…
…………………
Une
…………………
communauté
d’hommes
…………………
dans
………………….
une ville fortifiée
Mer méditerranée
……………………………………...
Les Grecs de Massalia et ses voisins non grecs
« Continuant leur navigation, des jeunes gens venus de Phocée en Asie
allèrent jusqu’aux golfes les plus éloignés de la Gaule et y fondèrent
Marseille, au milieu des Ligures et des peuplades sauvages des Gaulois.
Pour se défendre contre leur férocité ou attaquer à leur tour ceux qui les
avaient attaqués les premiers, ils multiplièrent les exploits. »
Source : JUSTIN, Abrégé des Histoires philippiques, IIe siècle ap. J.-C.
Les Celtes,
du VIe au IIIe
siècle avant
Jésus-Christ
Les Grecs de Massalia et ses voisins non grecs
« Ajoutons que [les Massaliotes] avaient employé leurs forces militaires à
fonder un certain nombre de places destinées à leur servir de boulevards
contre les Barbares : les unes, situées sur la frontière d’Ibérie, devaient les
couvrir contre les incursions des Ibères […] ; les autres, telles que
Rhodanusia et Agathé, devaient les défendre contre les Barbares des
bords du Rhône; d’autres enfin, à savoir Tauroentium, Olbia, Antipolis et
Nicaea, devaient arrêter les Salyens et les Ligyens des Alpes. »
Source : STRABON, Géographie, IV, 1, Ier siècle ap. J.-C.
Marseille :
une cité-État
Montagnes
Campagne…
Une
communauté
d’hommes dans
une ville fortifiée
…cultivée
Mer méditerranée
Se
…………
défend
contre
…………
ses
…………...
ennemis
3) Les Grecs vivaient dans des cités indépendantes
Drachme lourde, argent,
Couronne d’olivier
3,80 g., Massalia,
vers 390-220 av. J.-C.
Boucles
d’oreille
Collier de perles
Tête d’Artémis
Légende en grec :
ΜΑΣΣΑ[ΛΙΗΤΩΝ]
(= [monnaie] des Massaliotes)
Lion à
l’échine
arquée
La technique de la frappe monétaire en Grèce
La frappe d’une
monnaie grecque,
d’après P. LÉVÊQUE,
L’Aventure grecque,
1964, fig. 24
Marseille :
une cité-État
Montagnes
………………
Frappe sa
………………
propre
………………
monnaie
………………
pour montrer
………………
son
………………
indépendance
Campagne…
Une
communauté
d’hommes dans
une ville fortifiée
Mer méditerranée
Se défend
contre ses
ennemis
La monnaie,
preuve d’indépendance
des cités grecques
Tête d’Athéna casquée
Tétradrachme, argent,
17,11 g., Ø : 24 mm.,
vers 470 av. J.-C., Athènes
Chouette et rameau d’olivier
Tétradrachme, argent,
16,80 g., Ø : 25 mm.,
vers 475 av. J.-C.,
Leontinoi (Sicile)
Victoire
ailée
Aurige
Attelage
de deux
chevaux
Grain de blé
Grain
de blé
Légende en grec :
LEONTINON
Tête de
lion gueule
ouverte
Grain de blé
Grain
de blé
Tétradrachmes, argent, 500-430 av. J.-C., Syracuse (Sicile)
Victoires ailées
Attelages de deux chevaux conduit par un aurige
Cigale
Têtes de la nymphe Aréthuse
Dauphins
Comme chaque cité grecque, Massalia se
gouvernait elle-même. Les cités grecques
avaient donc des points communs (les temples
par exemple), mais elles étaient politiquement
indépendantes les unes des autres.
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