36 DOSSIER www.capbi -bretagne.com La gestion du phosphore et l’agriculture biologique En plus de la réglementation générale sur le phosphore, le mode de production biologique doit composer avec l’interdiction d’utiliser des engrais minéraux chimiques. Phosphates naturels et matières organiques sont les seules ressources phosphatées autorisées, une spécificité qu’il peut être difficile de gérer en tenant compte des réglementations liées à l’épandage. Plus que le mode de production (conventionnel ou biologique) c’est le niveau d’intensification et la nature même des espèces animales ou végétales présentes sur l’exploitation qui déterminent les besoins en phosphore des systèmes agricoles en place. En plus de satisfaire aux exigences de la réglementation conventionnelle sur le phosphore, le mode de production biologique interdit l’usage : l des phytases en alimentation animale, l des engrais minéraux de synthèse pour la fertilisation. Les matières organiques constituent la source principale de phosphore en bio dans nos départements. En complément, les engrais phosphatés autorisés par le cahier des charges AB (phosphates naturels, scories…) peu solubles, présentent une faible bio disponibilité, particulièrement en sol basique ou neutre. Il convient donc d’être attentif à l’évolution du phosphore dans les sols en agriculture biologique particulièrement en absence d’apport de matières organiques. En agrobiologie on raisonne la fertilisation à l’échelle de la rotation plutôt qu’en fonction des besoins de la culture en place. La réponse aux besoins en phosphore passe préférentiellement par des apports de matières organiques compostées, ainsi que l’utilisation d’engrais verts pour stimuler l’activité biologique du sol et favoriser la bio disponibilité du phosphore présent dans le sol . L’accès impératif des animaux au plein air constitue une autre particularité du cahier des charges de l’élevage biologique. Le dimensionnement des parcours fait l’objet d’une réglementation qui limite le nombre d’animaux sur la base Aménager ses parcours pour favoriser l’exploration par les volailles. d’un chargement équivalent à 170 kg d’azote/ha. Pour les mono gastriques, et plus particulièrement la volaille, les rejets de phosphore sur les parcours ne sont pas homogènes. Il convient d’apporter une attention accrue à l’implantation de ces parcours (topographie, distances à l’eau) ainsi qu’à la répartition des animaux qui y séjournent. Le risque de fuites de phosphore par ruissellement sur ces zones est réel et des réflexions sont en cours sur les techniques qui pourraient permettre d’atténuer ces risques sur le milieu. Mieux gérer les déjections des volailles sur parcours De nombreuses espèces de volailles peuvent être produites sur parcours : volailles de chair ou poules pondeuses avec signe de qualité ainsi que les canards en pré gavage. Il convient de limiter le plus possible les risques de lessivage en évitant le ruissellement (mauvaise gestion des eaux de pluie), en favorisant une bonne utilisation de la surface du parcours, en mettant en place si besoin une bande enherbée (5m). Il est nécessaire d’assurer une bonne répartition des volailles sur le parcours. Il a en effet été montré que les surfaces les plus exploitées sont les zones frontales et les zones ombragées situées à 30-40 m du bâtiment. Pour que les volailles explorent plus le parcours, il faut jouer sur l’attractivité des zones sous-exploitées. On peut les attirer en mettant en place des systèmes de couloir, arbustes par exemple, dans le prolongement des trappes à 3m du bâtiment et en implantant de la végétation dès 20 à 30m après les trappes. Elle peut être constituée d’arbres de différentes hauteurs. D’autres pratiques visent à limiter les pertes de phosphore comme placer des gouttières sur les toits des bâtiments, racler la zone bétonnée devant les trappes pour récupérer les déjections et réensemencer les zones surexploitées .