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Réunion préparée avec
Marc Bazille et Didier-David Fernandez
1. Étymologie / Définitions
2. Notions / Concepts / Prise de vue:
L’impératif catégorique du devoir : Kant le philosophe de la morale.
La hiérarchisation des désirs : Spinoza le philosophe de l’éthique.
3. Questions / Discussion :
4. En guise de conclusion
3 questions, 20 mn environ par question.
Étymologie et définitions
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Étymologie :
Devoir nom masculin du XIII e siècle, de deveir au XI e siècle, infinitif substantivé du latin debere qui
vient lui-même de habere, avoir quelque chose à quelqu’un, lui en être redevable; avoir une dette.
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Définitions :
Petit Larousse :
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Obligation morale, considérée sous sa forme la plus générale : Avoir le sens du devoir.
Obligation particulière imposée par la morale, la loi, un règlement, les conventions sociales, etc.
Tâche à accomplir ; responsabilité, charge : remplir son devoir de citoyen, ses devoirs religieux.
Travail, exercice d'écolier qui se fait par écrit et en dehors des cours : des devoirs de vacances.
Synonymes : charge, responsabilité, tâche.
Dictionnaire philosophique d’André Comte-Sponville :
Le plaisir n’est pas tout, ni le bonheur, ni même la sagesse, et c’est ce que signifie le devoir. Il y a en lui
quelque chose de désespéré, par quoi il échappe à l’ego : agir moralement, c’est faire ce qu’on doit
parce qu’on le doit, dût-on en souffrir et « sans rien espérer pour cela » (comme dit Kant à propos de la
bienfaisance : Doctrine de la vertu, § 30)
Notions / Concepts / Prise de vue
A.
Que dois-je faire ? L’impératif catégorique du devoir. Kant le philosophe de la morale :
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Chez Kant (1724-1804), le devoir est la nécessité d’accomplir une action par pur respect pour la loi morale,
c'est-à-dire indépendamment de toute inclination sensible ou affective (si on agit par amour ou par
compassion, on n’agit plus par devoir), et en faisant abstraction, même, de tous les objets de la faculté de
désirer, de tout plaisir, de toute fin, et spécialement de toute récompense ou châtiment attendu. Le devoir,
dans son principe est désintéressé.
Ainsi, celui qui ne ferait le bien que pour le plaisir de le faire, n’aurait aucune « valeur morale véritable » :
mieux vaut pour Kant dit ACS « un misanthrope vertueux, qui n’agit que par devoir, plutôt qu’un
philanthrope sympathique, qui n’agirait que par inclination ».
Le total désintéressement du devoir kantien se traduit par la formule suivante : Agis uniquement d’après la
maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle (impératif
catégorique).
Kant est le philosophe de la morale au sens où il donne priorité au devoir
(que dois-je faire ?) en tant qu’impératif catégorique fait de commandements
et d’interdits qui résultent de l’opposition du Bien et du Mal.
B.
Comment vivre ? La hiérarchisation des désirs. Spinoza le philosophe de l’éthique :
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C’est principalement concernant les notions de désir et de plaisir que le devoir et la morale, tels que Kant
les conçoit, s’opposent le plus clairement à la vertu et à l’éthique, telles que les Anciens (notamment
Aristote) ou Spinoza (1632-1677) les pensaient.
La générosité, par exemple, est d’autant plus vertueuse pour Aristote ou Spinoza qu’on y prend davantage
de plaisir (contrairement à Kant, celui qui donne sans plaisir n’est pas généreux : c’est un avare qui se
force).
Même si l’on peut penser avec Spinoza que l’éthique est plus large que la morale et qu’elle l’inclut dès lors
que répondre à la question « Comment vivre ? » c’est aussi répondre à la question « Que dois-je faire ? »
alors que l’inverse n’est pas vrai, comment néanmoins pourrait-on se passer de la morale ?
De là, dit ACS, ce qu’on pourrait appeler une primauté de l’éthique qui ne saurait pour autant abolir la
morale (puisque la vertu, presque toujours fait défaut) ni même en tenir lieu.
Même si la morale n’est strictement bonne que pour les égoïstes, comment pourrait-elle ne pas l’être, peu
ou prou, pour nous tous ?
Spinoza est le philosophe de l’éthique (Qu’est-ce qui est bon pour moi ?)
au sens où il place l’éthique au dessus de la morale (Qu’est-ce qui est mal ? ).
Serait-ce à dire que l’éthique pourrait se passer du devoir ?
QUESTIONS
1.
Le devoir est-il désintéressé ?
2.
Suis-je libre lorsque je fais mon devoir ?
3.
Le sens du devoir est-il inné ?
1.
Le devoir est-il désintéressé ?
Animation Marc Bazille
Qu’est-ce qu’être désintéressé ?
Le désintéressement échappe-t-il au principe de plaisir ?
Devoir et désintéressement : éthique ou morale ?
1. Le devoir est-il désintéressé ?
1.
Désintéressement ?
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Un acte est désintéressé lorsqu’il ne poursuit aucun but égoïste ou lorsque, en tout cas, ajoute ACS,
l’égoïsme ne suffit pas à l’expliquer.
Pour Kant, le désintéressement est le propre de l’action morale : agir moralement, faire son devoir, c’est
agir sans rien espérer pour cela (pas plus en vue d’une récompense que par crainte d’un châtiment qui ne
sont pour lui que des formes d’égoïsme).
Faudrait-il en conclure que le devoir soit forcément triste ou dépourvu de plaisir ?
Sans qu’on le fasse pour le plaisir (sinon en quoi serait-ce un devoir ?) pourquoi le devoir devrait-il être
dénué de tout plaisir ?
Quand bien même on agirait pour le plaisir de faire du bien à l’autre, ce qui ne serait
plus strictement un devoir désintéressé, comment ne pas voir que cette jouissance là est
plus désintéressée que celle du parfait égoïste qui ne sait jouir que de son propre bien ?
2.
Ethique ou morale ?
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Ethique / Comment vivre ? :
 Quelle éthique pourrait faire abstraction du plaisir ou du désir de vivre ?
 Quelle éthique pourrait se passer de l’amour, ne fut-ce que de la vie ?
 Mais, quand l’amour (agapè) est là, la question du désintéressement se pose-t-elle encore (« Aucune
mère ne nourrit son enfant de façon désintéressée : tout son bonheur à elle en dépend » dit CS) ?
Morale / Que dois-je faire ?
 Comment la morale pourrait-elle se passer du devoir, de l’obligation de faire ce que je dois, ne fut-ce
que pour vivre bien ?
 Dès lors que nous ne sommes pas tout amour, comment l’éthique pourrait-elle se passer de la morale et
du devoir en son nom même ?
N’est-ce pas quand nous manquons à l’éthique d’amour que nous avons besoin de la morale et /ou du devoir ?
Même si le devoir n’échappe pas forcément au principe de plaisir, comment pourrait-il être égoïstement intéressé ?
2.
Suis-je libre lorsque je fais mon devoir ?
Animation Didier-David Fernandez
La liberté est-elle l’absence de contraintes ?
Le respect de contraintes qu’on s’impose est-il l’expression même de la
liberté (collectivement ou personnellement ) ?
2. Suis-je libre lorsque je fais mon devoir ?
1.
De la liberté en tant que pouvoir d’autodétermination ?
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Etre libre n’est-ce pas disposer du pouvoir de se déterminer soi-même ?
Sans liberté de choix, de quoi serions-nous responsables ?
Toute volonté, et elle seule, n’est-elle pas l’expression même de la liberté ?
Tout le reste, au contraire, n’est-il pas que soumission aux passions ou passivité ?
Les stoïciens n’ont-ils pas raison lorsqu’ils pensent que le sage est libre précisément parce qu’il réussit à se
détacher de tout ce qui n’est pas en son pouvoir ?
Si l’on ne pouvait agir librement, vouloir aurait-il un sens ?
2.
A la liberté en tant que respect des lois qu’on se donne ou qu’on accepte librement ?
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De même qu’on peut penser avec JJ Rousseau qu’il n’y a pas de liberté collective possible sans lois, sans
volonté législative : « Quand chacun fait ce qui lui plaît, on fait souvent ce qui déplaît à d’autres et cela ne
s’appelle pas un Etat libre »

Ne doit-on pas penser avec Kant que la liberté individuelle repose sur la capacité de se déterminer en
fonction d’une volonté morale sans laquelle il ne serait être question de liberté (postulat de la raison
pratique): « Tu dois, donc tu peux ; une volonté libre et une volonté soumise à des lois morales sont une seule
et même chose. »
La volonté morale n’est-elle pas l’expression-même ou la condition sine qua none de la liberté ?
Paradoxalement peut-être, faire son devoir n’est-il pas la seule façon
d’être libre et ce d’autant plus qu’on le fait de façon désintéressée ?
3.
Le sens du devoir est-il inné ?
Ce que nous pensons ou voulons : inné ou acquis ?
Qu’entend-on par le sens ?
Quel est le sens du devoir ?
3. Le sens du devoir est-il inné ?
1.
Inné /acquis ?
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Ce qui est donné ou programmé dès la naissance est inné. En ce sens le corps ainsi que ses données
génétiques sont innés.
L’inné, ce qui est héréditaire, issue de la nature, s’oppose à l’acquis; à tout ce que l’éducation, l’histoire, la
culture, font de nous.
Nos idées sont-elles innées ? Comme l’innéisme le croit, l’esprit serait-il inné ?
De l’innéité de l’aptitude du cerveau à raisonner, au raisonnement lui-même n’y a-t-il pas un pas qui fonde le
caractère acquis de nos idées ainsi que notre responsabilité et/ou notre liberté ?
Si être humain c’est d’abord naître humain, n’est-ce pas aussi le devenir
à partir de ce que nous voulons et désirons pour l’humanité ?
2.
Le sens du devoir ?
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Le sens ne suppose-t-il pas toujours un ailleurs, une extériorité ? Le sens de la vie, par exemple, ne
serait-il pas ce qu’on en ferait plutôt que la vie elle-même ?
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Même si le devoir n’échappe pas forcément au principe de plaisir, comment pourrait-il être égoïstement
intéressé ? Avons-nous conclu en réponse à la 1ere question.
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Partant, le sens du devoir, comme celui de la morale, ne serait-il pas sous-tendu par le souci de l’autre
et/ou la volonté de rompre avec son égoïsme au nom de l’éthique de l’amour ?

N’est-ce pas quand nous manquons d’amour que nous avons besoin de la morale et/ou des devoirs
que nous nous imposons volontairement à l’égard des autres au nom de l’éthique d’amour ?
Si l’égocentricité est innée, comment le sens du devoir (le souci de l’autre) pourrait-il l’être ?
Comme l’étymologie du mot devoir peut le laisser entendre, la morale
ne consisterait-elle pas à se savoir débiteur à l’égard des autres
en commençant par ceux qui nous sont proches ?
Et à ce sujet, notre premier devoir ne serait-il pas d’être heureux ?
Prochaines réunions
A la Maison des Savoirs d’Agde de 18h30 à 20h :
•
« Philosophie » mardi 13 décembre
5
• « Action » mardi 10 janvier
• « Esprit-matière » mardi 14 février
• « Ordre-désordre » : mardi 13 mars
• « Utopie » mardi 10 avril
• « Volonté » mercredi 9 mai (attention, exceptionnellement c’est un mercredi !)
• « Rire » mardi 19 juin (attention, c’est le troisième mardi du mois !)
A la MAM de Béziers de 19h à 20h30 :
•
« Doit-on tout pardonner ? » mercredi 7 décembre
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