Psychologie et infection VIH

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Psychologie et
infection VIH
Carole Wavrant
Psychologue
Service de médecine interne A
Hôpital Lariboisière
Septembre 2007
1. Généralités

1.1. Historique
 En
1981, épidémie inhabituelle de pneumonie
chez des jeunes hommes homosexuels
 Tous souffrent d’un déficit immunologique
important
 À la fin de l’année 82, cette maladie de cause
inconnue est appelée AIDS (Aquired Immuno
Deficiency Syndrom)




L’année 1985 est un tournant par la mise à
disposition progressive de tests de dépistage
des anticorps liés au VIH
Apparition de la notion de séropositivité liée au
VIH
Fin 1985, découverte du VIH 2
Aujourd’hui, net ralentissement des affections
graves liées au SIDA
1.2. La pathologie

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



Le SIDA fait partie des rétrovirus
Il infecte une partie des lymphocytes CD4
Prolifération au sein de ces cellules
Multiplication et détournement de leur activité à
son profit
Les cellules infectées produisent de nouvelles
particules virales qui vont infecter d’autres
cellules
Phénomène de réplication virale




Sévère dans les semaines qui suivent la contamination,
activité du virus dans le sang se situe à un niveau élevé
Pour se stabiliser à un niveau variable en fonction de
chaque personne
Cette période de primo infection passe souvent
inaperçue
Mais on peut observer une forme symptomatique de
forme infection grippale sévère (dans les quelques jours
ou quelques semaines)

La phase de séropositivité sans symptôme
clinique correspond à la période durant
laquelle les effets toxiques du VIH
semblent apparemment contrôlés par
l’organisme
Progressivement, le nombre de
lymphocytes CD 4 diminue
 Le système immunitaire affaibli se trouve
dans l’incapacité de se défendre
correctement contre la survenue de
certaines infections ou tumeurs

1.3. La démarche de dépistage
Est obligatoirement pratiqué sur les dons
de sang, d’organes, de sperme et de lait
 Depuis 93, il doit être systématiquement
proposé lors des visites prénuptiales et
lors des visites précédant les opérations
chirurgicales

1.4. Le dépistage volontaire
Les tests de dépistage doivent se faire à la
demande ou avec consentement de la
personne
 Test et résultats strictement confidentiels
 Le test doit être l’occasion d’une écoute et
d’un soutien psycho-social

Intérêt thérapeutique certain mais aussi
moment d’information et de conseils
 Chacun peut bénéficier d’un dépistage
anonyme et gratuit
 Si la personne est atteinte du VIH, il est
important qu’elle puisse avoir accès aux
traitements sans tarder et surtout avant
que le virus ne se développe

1.5. Les situations d’urgence
Le plus tôt possible, dans les 48 heures
qui suivent la situation à risque
 Évaluation du risque avec le médecin
 Le traitement anti rétroviral après
exposition est prescrit lorsque la
présomption du risque de contamination
est important

Aucun test ne peut, à ce moment détecter
la présence de virus
 Mais le traitement permet d’empêcher qu’il
y ait contamination

2. Le parcours du patient

Avant d’arriver dans une consultation
spécialisée, le patient est venu soit
 Dans
un centre de dépistage
 Aux urgences
 À la polyclinique


Soit à partir d’une situation à risque
Soit à partir de symptômes ou de pathologies
opportunistes
Une fois adressé à notre consultation
spécialisée ou à l’hôpital de jour, le patient voit
successivement, le médecin spécialisé en
maladies infectieuses, l’infirmière, la
psychologue, l’assistante sociale






Une première consultation permet de connaître le
patient, sa situation
Des examens de base sont pratiqués
Des examens cliniques et biologiques sont demandés
De manière conventionnelle, tous les patients me sont
adressés
Évaluation de base
Nous revoyons ensuite le patient pour la remise des
résultats de ses examens afin d’évaluer la charge virale
et les anomalies éventuelles de CD4
Puis un suivi régulier est mis en place
avec l’ensemble des intervenants
 Nous revoyons les patients tous les 3 à 6
mois
 Suivi psychologique plus régulier si besoin

3. Aspects psychologiques
L’infection VIH et la gravité du pronostic
sont à l’origine d’inquiétudes multiples
 La séropositivité a souvent des
conséquences sur la vie relationnelle,
affective et sociale
 Peuvent également s’ajouter à des
difficultés antérieures


Particularité du SIDA : dans notre
inconscient collectif, la sexualité comporte
une part maudite qui rend notre réaction
hostile qui entraîne la société à distinguer :
Les victimes passives (hémophiles, les
enfants, les conjoints infectés)
 Les victimes actives


Psychologiquement, cette pathologie
implique différentes réactions :
 Angoisse
face à l’annonce
 Angoisse au fil des jours d’être chargé d’un
virus qui ne s’est pas encore déclaré
 Les patients se sentent otages de ce virus
L’attente
Attente anxieuse du réveil du virus sous la
forme d’une variation des taux biologiques
ou d’une infection opportuniste
 Cette attente passive affecte le
fonctionnement social et affectif
 Fixation hypochondriaque
 Arrêt de désirs, de projets

La grande variabilité de l’état de dormance
du virus (5 à 17 ans) entraîne une anxiété
massive et une impossibilité de se projeter
dans l’avenir.
 Chez certains patients VIH, on observe
une attitude amicale envers le virus afin de
l’apprivoiser

Nous observons souvent un
comportement de régression vers un
stade très précoce où le nourrisson se
trouve dans un état de détresse biologique
et psychologique
 Sensation de corps sans défense, sans
enveloppe externe protectrice


Différentes difficultés psychiques peuvent
se manifester
 Syndrome
dépressif
 Symptomatologie anxieuse
 Difficultés d’adaptation

La symptomatologie dépressive
 Critères
DSM IV
Au moins 5 des symptômes suivants doivent être
présents pendant au moins deux semaines et
doivent représenter une différence par rapport au
fonctionnement antérieur
 Humeur dépressive présente pratiquement toute la
journée, remarquée par le patient et/ou par son
entourage

Diminution marquée de l’intérêt et de
plaisir pour toutes ou presque toutes les
activités remarquées presque tous les
jours
 Perte ou gain de poids significatif
 Insomnie ou hypersomnie presque tous
les jours

Agitation ou ralentissement psychomoteur
(remarqué par les autres ou limité à un
sentiment de fébrilité ou de ralentissement
intérieur)
 Fatigue ou perte d’énergie presque tous
les jours
 Sentiment de dévalorisation ou de
culpabilité excessive ou inappropriée

Diminution de la capacité à penser ou à se
concentrer
 Pensées de mort récurrentes, idées
suicidaires
 Souffrance cliniquement perçue


Le trouble anxieux
 Fréquemment,
nous observons des troubles
anxieux simple. Les attaques de panique,
syndromes de stress poste traumatique, ou
autres pathologies anxieuses sont assez
rares
Anxiété et soucis excessifs (attente avec
appréhension) survenant durant au moins
6 mois
 Le patient éprouve des difficultés à
contrôler sa préoccupation
 L’anxiété est associée à 3 ou plus des 6
symptômes suivants







Agitation ou sensation d’être survolté ou à bout
Fatigabilité
Difficultés de concentration ou de mémoire
Irritabilité
Tension musculaire
Perturbation du sommeil (difficultés
d’endormissement ou sommeil interrompu,
sommeil agité)

Après l’annonce du diagnostic, les patients
nous rapportent fréquemment la sensation
d’un gouffre qui semble s’ouvrir, sensation
de tomber dans un gouffre sans fin
Fréquemment, nous observons dans un
premier temps une phase de prostration
 Peu de questions sont posées
 Difficultés d’intégration de ce qui se passe
 Refus de la réalité



Nécessité fréquente d’une seconde consultation
très rapprochée pour reprendre les éléments du
diagnostic
Dans un second temps, différentes possibilités
sont observées
 Adaptation
du sujet à son nouvel état
 Mise en évidence de troubles anxieux, dépressifs
 Nécessité de mise en place ‘d’un traitement
psychotrope
4. Le travail psychologique
Dans un premier temps, nécessité de
reprendre avec le patient le diagnostic, les
possibilité d’explication de cette pathologie
 Cette phase est indispensable pour
permettre une acceptation de la maladie et
et une bonne observance du traitement

Travail massif d’acceptation de la réalité
 Prise en charge des symptomatologies
anxieuses et/ dépressives
 Travail sur la culpabilité majeure qui
s’exprime très souvent
 Travail sur la possibilité de la réalisation
de projets, d’investissement de l’avenir

Importance de la prise en charge de la
culture
 Dans notre consultation, un nombre
extrêmement important de patients sont
d’origine africaine

Maternité très importante
 Polygamie fréquente
 Mariage très important
 Maladie est un sort jeté à la famille
 Difficulté pour nous d’accéder à ces
cultures qui remettent en cause nos
modes de fonctionnement

La prise en charge de ces patients
nécessite une profonde acceptation de
ces croyances où doivent se mêler nos
messages de prévention
 Éducation à réaliser avec tact et respect
des croyances communes

Il peut se surajouter une difficulté de
langue qui peut restreindre la
communication
 Le suivi psychologique se poursuit tout au
long de la prise en charge du patient
même lors de ses éventuelles
hospitalisations

Découragement, abattement, syndromes
pseudo dépressifs peuvent resurgir à ces
moments là
 Enfin, travail nécessaire avec les
conjoints, les enfants

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