PSY 2055. Psychologie de la perception. Premières étapes de la vision: voir les étoiles Frédéric Gosselin Plan pour le cours Corps genouillé latéral (LGN) droit lumière 1- Stimulus et lumière Corps genouillé latéral (LGN) gauche Cortex visuel 2- Œil et rétine La lumière Il existe deux façons de décrire comment la lumière se comporte: – Comme des particules appelées photons. • Quand les photons percutent la surface d’un objet, on dit que cette objet est illuminé. • La luminance équivaut au nombre de photons qui percutent une surface donnée par unité de temps. – Comme une onde électromagnétique. • Dans ce cas, l’énergie est décrite en terme de longueur d’onde (voir prochaine diapositive). • On décrit habituellement le comportement de la lumière en terme d’onde quand on parle de la perception des couleurs. Transmission Absorption Réflexion À propos de la lumière • Se comporte comme une onde sinusoïdale, amplitude * sin(fréquence * angle + phase) : – une amplitude (intensité radiante; 1 photon = intensité radiante “atomique”), – une fréquence (Hz = cycles par s) • Période = 1 / fréquence • Longueur d’onde d’une onde monochromatique (nm) = période * 300 000 000 [c, la vitesse de la lumière, en m s-1] * 10-9 [transforme de m en nm] – et par une phase 2 2*sin(angle) 1.5 1 * sin(1 * angle + 0) 1 2 * sin(1 * angle + 0) 0.5 1 * sin(2 * angle + 0) sin(angle) sin(2*angle) sin(angle+.39) 0 -0.5 1 * sin(1 * angle + .39) -1 -1.5 -2 0s 0 1s 1 2 3 4 5 6 7 Oeil 2-8 mm Oeil Cornée Humeur aqueuse Pupille Iris Muscles ciliaires Zonules 2.4 cm Lentille Humeur vitreuse Laisse passer environ 50% de la lumière visible Scléra Épithélium pigmentaire Rétine Fovéa (2 deg) Nerf optique Focalisation dans l’oeil : principes et problèmes 80% cornée 20% lentille Lentille épaisse = zonules relâchés = muscles ciliaires tendus = focalisation proche Normal Myope Lentille mince = zonules tendus = muscles ciliaires relâchés = focalisation loin (à la limite : aucune accomodation) Hypermétrope (≠ presbyte) Astigmate Lentilles correctrices (sphériques) Lentille convexe (+) Apex Prisme Longueur focale Base Lentille concave (-) Dioptrie (D) = 1 / longueur focale (m) Longueur focale Environ +60 D (sans accomodation) Une personne aveugle • Au Canada, est considéré comme aveugle celui ou celle qui possède, après correction, une acuité de Snellen de 20/200 ou moins dans son meilleur oeil (ou qui possède un champ de vision de moins de 20 deg). • 20/X : – Le numérateur est (presque) toujours 20 et désigne la distance (en pieds) entre l’observateur évalué et le tableau – Le dénominateur désigne la distance maximale à laquelle un observateur normal peut reconnaître une lettre reconnue par l’observateur évalué à une distance maximale de 20’. • La plus grosse lettre dans un tableau de Snellen, habituellement un “E”, est reconnue à 200’ par un observateur normal. Autres pathologies du médium oculaire Cornée abîmée Cataracte Corps flottants (“floaters”) Taille sur la rétine : degrés d’angle visuel Angle visuel (a Taille de l’objet sur la rétine a l/2 a/2 a d l tan(a / 2) = (l / 2) / d d = (l / 2) / tan(a / 2) l = 2 * d * tan(a / 2) a = 2 * atan [(l / 2) / d] Taille sur la rétine : degrés d’angle visuel, example 1 10 m / 2 5 deg 5 deg / 2 d? 10 m d = (l / 2) / tan(a / 2) d = (10 m / 2) / tan(5 deg / 2) d = 5 m / tan(2,5 deg) d = 114,5 m Taille sur la rétine : degrés d’angle visuel, example 2 l? / 2 5 deg 5 deg / 2 114,5 m l? l = 2 * d * tan(a / 2) l = 2 * 114,5 m * tan(5 deg / 2) l = 2 * 114,5 m * tan(2,5 deg) l = 10 m Taille sur la rétine : degrés d’angle visuel, example 3 10 m / 2 a a / 2 114,5 m 10 m a = 2 * atan [(l / 2) / d] a = 2 * atan [(10 m / 2) / 114,5 m] a = 2 * atan [5 m / 114,5 m] a = 5 deg Deg. d’angle visuel d’un objet de 30 cm en fonction de la distance 180 160 140 120 100 80 60 40 « Infini » ~ 20’ 20 0 0 100 200 300 400 500 600 distance (cm) 700 800 900 1000 La rétine Laisse passer environ 20 % de la lumière Vaisseaux sanguins Maladies qui touchent la rétine • Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) – – – – Prévalence: 10% chez les personnes ayant 66 à 74 ans. La macula est progressivement détruite Débute avec la prolifération de drusens Forme sèche et humide • Rétinite pigmentaire • Prévalence: 10% – Maladie génétique (prévalence: 1/5000) – Perte des bâtonnets en premier – Dans les cas graves, les cônes de la fovéa peuvent également être détruits – Cécité totale dans les cas graves Maladies qui touchent la rétine Dégénérescence maculaire Rétinite pigmentaire La rétine examinée au microscope électronique Bâtonnets 50-80 microns (1 micron = 10-6 m) Cônes Les photorécepteurs • Les photorécepteurs sont responsables de la transduction (au niveau du segment externe). – Transduction : Transformation du signal externe (e.g. la lumière) en signal électrique utilisable par le cerveau. Les photorécepteurs • Cônes – Utile à la vision photopique (forte luminosité, vision diurne). – Bonne acuité visuelle. – Présent en grande quantité dans la fovéa (environ 1 degré d’angle visuel). – Permet la vision des couleurs (3 types de cône). • Bâtonnets – – – – – Vision scotopique (faible luminosité, vision nocturne). Grande sensibilité à l’énergie lumineuse. Faible acuité visuelle. Présent en vision périphérique. Absent au niveau de la fovéa. Ne permet pas la vision des couleurs. Vision en tons de gris (1 seul type de bâtonnet). Densité des récepteurs en fonction de l’excentricité 5 000 000 cônes 120 000 000 bâtonnets Fovéa = 50 000 cônes Nez Densité des récepteurs en fonction de l’excentricité (bis) Les cônes sont plus fins et très dense dans la fovéa. Nerf optique et tache aveugle 1 million d’axones de cellules ganglionnaires convergent vers la tache aveugle et forment le nerf optique L’oeil de la pieuvre Révéler la tache aveugle ~5 deg ~15deg À 30 cm, par exemple, position = 8 cm temporal et taille = 2,5 cm. Glaucome : une pathologie du nerf optique • Une pression anormalement haute dans l’humeur aqueuse entraîne une hausse de pression dans l’oeil ce qui mène à une diminution de l’irrigation sanguine dans la tête du nerf optique et, par suite, à une dégénérescence du nerf optique. La rétine Voie latérale Voie verticale Convergence au niveau de la rétine • 126 millions de bâtonnets et de cônes convergent vers environ un millions de cellules ganglionnaires. • Les bâtonnets convergent davantage que les cônes. – En moyenne 120 bâtonnets pour une cellule ganglionnaire. – En moyenne 6 cônes pour une cellule ganglionnaire (en vision périphérique). – Chaque cône de la fovéa a une voie directe vers une cellule ganglionnaire. Traitement dans la rétine, I 120 bâtonnets -> 1 cellule ganglionnaire 6 cônes -> 1 cellule ganglionnaire 1 000 000 cellules ganglionnaires par oeil Bâtonnets Cône Convergence 2 2 Cellule ganglionnaire Traitement dans la rétine, II Bâtonnets 2 Très sensible à la lumière Cône 2 Cellule ganglionnaire Convergence, sensibilité et acuité • Les bâtonnets sont plus sensibles à la lumière que les cônes (après adaptation à l’obscurité). – Mécanisme de sommation spatiale (i.e. convergence). L’input de plusieurs bâtonnets converge vers une cellule ganglionnaire. Augmente la probabilité quel la cellule réponde à la stimulation. – Compromis : Par contre, les bâtonnets ne sont pas très bons pour percevoir les détails. – Nécessitent moins de lumière pour réagir. – Plus gros et moins denses. Où est Charlie? Convergence et acuité • La fovéa permet une grande acuité car elle ne contient que des cônes. – Plus fins et plus denses. – Les connexions une à une entre les cônes de la fovéa et les cellules ganglionnaires permettent une vision fine des détails. – Compromis : Besoin de plus de lumière pour répondre que les bâtonnets. • Plus on s’éloigne de la fovéa, plus notre acuité diminue. Traitement dans la rétine, III Bâtonnets 2 Cône 2 Cellule ganglionnaire Haute précision (haute acuité visuelle) + Les champs récepteurs • Le champs récepteur visuel d’une cellule X est la région sur la rétine qui, stimulée, a un effet [maximal] sur le déclenchement de X. Le champ récepteur d’une cellule ganglionnaire Champs récepteurs concentriques • Des effets excitateurs et inhibiteurs sont retrouvés dans les champs récepteurs. • Le centre et la périphérie des champs récepteurs s’organisent de sorte que: – Centre excitateur/périphérie inhibitrice (une étoile!) – Centre inhibiteur/périphérie excitatrice • Cellules ganglionnaires P : 1 min d’angle visuel – 20 min d’angle visuel • Cellules ganglionnaires M : 8 min d’angle visuel – 0.5 deg d’angle visuel • A : Stimulation à l’extérieur du champ récepteur. • B: Stimulation uniquement dans la zone excitatrice du champ récepteur. • C: Stimulation exclusive de la zone inhibitrice du champ récepteur. Réponse d’une cellule ganglionnaire avec centre excitateur et périphérie inhibitrice selon l’étendue de la stimulation sur le champs récepteur. La rétine Voie latérale (inhibition latérale) Voie verticale Contraste simultané • Illusion d’un changement de brillance à cause des régions avoisinantes. Contraste simultané, II – Les récepteurs stimulés par la région externe pâle envoient une grande quantité d’inhibition aux récepteurs stimulés par la région du centre. – Les récepteurs stimulés par la région externe foncé envoient une faible quantité d’inhibition aux récepteurs stimulés par la région du centre. Bandes de Mach • Illusion d’une augmentation ou d’une diminution de la luminance au bord des aires pâles ou foncées, respectivement. Bandes de Mach Bandes de Mach, II – Tous les récepteurs reçoivent de l’inhibition latérale de leurs voisins. – Dans le centre d’une aire de même luminance (A ou D), la quantité d’inhibition latérale est la même pour tous les récepteurs. – Par contre, les récepteurs situés à proximité d’une aire d’une autre luminance (B ou C) reçoivent plus ou moins d’inhibition. Grille de Hermann Grille de Hermann • Illusion de disques foncés au niveau des intersections alors que les corridors sont perçus comme plus clairs. – Les récepteurs situés aux intersections sont davantage inhibés que les récepteurs situés dans les corridors. – L’inhibition latérale diminue donc la réponse des récepteurs situés aux intersections ce qui amène la perception de disques foncés. Appartenance – L’apparence d’une aire en terme de brillance est influencée par la région à laquelle nous pensons qu’elle appartient. – Les mécanismes physiologiques sont malheureusement inconnus pour l’instant. À quoi servent les cellules ganglionnaires? • À détecter des points claires ou foncés d’une certaine taille • À transformer la luminance en contrastes locaux (i.e., en une illumination relative de deux régions adjacentes) Adaptation à l’obscurité • Le diamètre de la pupille peut varier selon un facteur de 4 (environ de 2 mm à 8 mm) laissant ainsi passer jusqu’à 16 fois plus de lumière dans l’obscurité. • Même si ce type d’adaptation aide certainement, cela explique seulement une maigre partie de la capacité du système visuel à s’adapter à l’obscurité. Mesurer l’adaptation à l’obscurité • Décours de l’expérimentation – On doit premièrement adapter l’observateur à la lumière. – La lumière est ensuite éteinte. – L’observateur doit ensuite ajuster l’intensité de la lumière (Méthode d’ajustement) de sorte que celle-ci soit juste visible. Mesurer l’adaptation à l’obscurité • Observateur regarde un point de fixation mais porte attention à une lumière situé juste à côté. Courbe d’adaptation à l’obscurité • La sensibilité à la lumière augmente en 2 étapes. – La première étape se fait en quelques minutes (3-6 minutes). Les cônes dominent mais atteignent rapidement leur sensibilité maximale (qui n’est pas très bonne par ailleurs). – Après 7 minutes, les bâtonnets commencent à dominer. – La sensibilité des bâtonnets culminent après 25-30 minutes. • Taille de la pupille • Deux types de récepteurs • Équilibre photons/pigments visuels colorés • Cellules ganglionnaires répondent aux contrastes locaux Adaptation à la noirceur et longueurs d’onde Scotopique (bâtonnets) Purkinje shift Photopique (cônes) bleu rouge Scotome : tache aveugle pathologique • Limité à un oeil : lésion au niveau de la rétine ou du nerf optique • Dans les deux hémichamps temporaux (mais pas nasaux) : lésion au niveau du chiasme optique • Dans les deux hémichamps gauches (ou droits) : lésion au niveau de tractus optique Le problème de la perception • Comment faisons-nous pour acquérir des connaissances quasi-véridiques à propos du monde extérieur? Retour au pseudo-paradoxe de la perception • Si le monde est tel que nous le percevons, le cerveau est tel que nous le percevons; • Or 50% de la lumière visible ambiante traverse le médium oculaire * 20% traverse les cellules de la rétine * moins de 1% de l’information dans les récepteurs rétiniens sort des cellules ganglionnaires = moins de 0,1% de l’information dans la lumière visible parvient au LGN; • Donc le monde n’est pas tel que nous le percevons.