Cours Cleren comportements sociaux

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Les comportements sociaux
 Concernent les interactions des animaux d'une même espèce.


Des espèces différentes dans un même milieu constituent des interactions et non des sociétés
Le regroupement d'une même espèce sur le même substrat sous l'influence de conditions physicochimiques
constitue des foules et non des sociétés.
Critères de la vie sociale
Interattraction : attirance par des facteurs spécifiques venant des congénères.
o Les Fourmis dans un vaste récipient se regroupent.
 Facteur principal : les phéromones
o Les blattes dabs un labyrinthe en Y se dirigent dans la branche d'où vient l'odeur d'un congénère.
 D'autres facteurs peuvent intervenir:
o Ex. stimuli visuels
 Les criquets : expérience des panneaux opaques et de vernissage des yeux.
 Chez les vertébrés les interactions, comme les structures sociales, sont plus complexes.
Motivation ou appétition (induit le comportement):
 Pulsion interne, (état de tension) qui pousse un individu à rechercher ses semblables.
o Ex : un macaque isolé de son groupe émet un cri particulier (d'isolement) qui cesse quand il détecte
un congénère.
 La motivation sociale n'est pas cyclique contrairement aux motivations habituelles (faim, soif, sommeil …)
o La blatte ne s'écarte des congénères que pour des questions de survie.
Risques et coût
Risques:
 De tromperie
 D'élever un enfant qui ne soit pas le sien
Coût:
 Partage de nourriture
 Il doit donc y avoir des avantages adaptatifs
Bénéfices (avantages adaptatifs)

Facilite l'accès à la nourriture
o Poules : "cris spécial" lors de la découverte de nourriture
o Fourmis : marquent le trajet le plus court (à l'aide de phéromones) vers la nourriture la plus riche. Si
en labo on a un Y, on met la fourmi sur le bras de départ et à droite une source riche en sucre et à
gauche une source moins riche  marque la source la plus riche grâce aux phéromones.
Naturellement les fourmis vont là où il y a le plus de sucre
o Abeilles : "communiquent" la localisation des sources de pollen…
o Le Balbuzard pécheur. Indique le chemin vers la nourriture à ceux qui sont rentrés bredouille la veille
o Chauve souris vampire: se nourrissent de sang et ne peuvent rester longtemps sans sang. Si l’une ne
retrouve pas de proie (chevaux), une autre va régurgiter du sang pour lui donner. Sans ce
comportement de partage, l’espèce aurait disparu.
o Nasses géantes des barracudas
o Lionnes : gazelle, n=2; observé: n=3. Le nombre optimal de lionne est de 2, si elles sont 3 le bénéfice
n'est plus suffisant.
Fréquence – dépendance : la maximisation d'un comportement (le rendre optimale et en ressortir le maximum de
bénéfices) dépend du choix des congénères

Evitement de la prédation : augmentation de la vigilance
o Diminue l'effet de surprise  rapidité de l'alerte
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
o
o
o
Risque d'un pigeon d'être attrapé par un autour
 Pigeon isolé : 80%
 Pigeon dans un groupe de 10 : 20%
Détection plus rapide
Diminue le temps passé en surveillance
 Temps passé par l'autruche à surveiller:
 Isolée: 35%
 Groupe de 2 ou 3 : 25%
Détection plus certaine d'un prédateur quand on est plusieurs
Détection à plus grande distance
Diminue le risque de capture
 Théorie de la dilution
 Une antilope dans un groupe de 100 à 1% de risque d'être capturée
 Les chevaux camarguais sont d'autant moins piqués par les taons que le groupe est
important
 Banc de poissons : dilution
 Grand nombre d'individus peut augmenter l'attraction du prédateur
 Troupeau égoïste
 Se cacher derrière l'autre
 Se mettre au centre du groupe
Augmente la possibilité de rébellion
 Les mouettes rieuses harcèlent le prédateur (houspillage, "mobbing behaviour" : assaillir,
agresser)
Quelques caractères de la vie sociale
Polymorphisme social
 Spécificité des sociétés supérieures d'insectes : sociétés vraies ou eusociétés. (ex. des abeilles)
o Individus qui diffèrent par :
 La morphologie
 La physiologie :
ruche sont les fils/filles de la Reine (pendant le vol nuptiale elle va être fécondée et gardera
le sperme dans la spermathèque jusqu’à 12 ans)
 Le comportement: la Reine pond et les ouvrières vont faire que la Reine puisse bien pondre
On parle de castes distinctes
 Chez les insectes sociaux : hyménoptères (abeilles, fourmis, guêpes) et isoptères (termites)
Polyéthisme de caste
 Multiplicité des comportements individuels, à l'intérieur d'une même espèce animale
 Le travail de chaque individu dépend de sa caste
o Fourmis champignonnistes tropicales du nouveau monde, (tribu des Attini) Atta, coupeuse de
feuilles
o Feuilles pour cultiver un champignon, digestion de la cellulose (car elles ne possèdent pas l'enzyme
de digestion de la cellulose)
o Production d'un antibiotique : symbiose totale
o La reine fonde la colonie et pond pour donner naissance à tous les enfants
o Les ouvrières (non fécondes)
 Les maxima ou les soldats protègent la colonie, coupent les feuilles : mandibules
 Les intermédia transportent les feuilles les recoupent, les désinfectent
 Les minima cultivent le champignon, construisent et nettoient le nid.
1 fourmilière consomme autant de végétaux qu'une vache par jour !
Polythéisme d'âge
 Dans une caste le travail peut être réparti selon l'âge :
o Chez les abeilles
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

 Les toutes jeunes vont nettoyer les cellules
 Opperculation sur les cellules pour le développement de la larve
 Soins à la ruche
 Ventileuse
 Garde
 Butinage (quand elles sont plus vieilles)
Le passage d'une fonction à l'autre s'accompagne de modifications neuro-anatomiques, hormonales …
 Hormone juvénile
 Glandes salivaires et critères
La division du travail est flexible
Un individu peut revenir en arrière
Communication et vie sociale
Chez les vertébrés
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Les échanges :
o sonores (grognements, cris, chants...)
o Visuels (attitudes, mimiques, gestes …)
o Olfactifs (odeurs, phéromones …)
o Tactiles (toilettage, toucher …)
o Nourriture (abeilles, vampire: entraide)
 Elaboration de liens sociaux, de hiérarchie …
 Interviennent dans le comportement territorial
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-
-
Entraide
o Certains oiseaux : le parent fait semblant d'être blessé pour détourner l'attention du prédateur sur
les petits
Communication olfactives
o Phéromones (glandes exocrines)
o Orientation : marquage de sources de nourriture (termites …), du nouveau nid (abeille…)
o Contrôle royal de la colonie : déclenchement comportemental, amorçage (sur le développement
physiologique [abeille], proportion de soldats [termites])
 Les contacts antennaires sont très importants et indispensables (si une abeille s’éloigne trop
longtemps de la ruche, elle va passer pour une étrangère)
 Si on hôte la Reine : les ouvrières vont donner beaucoup plus de gelées royale aux larves
 Si Reine présente : ouvrières stériles, si absente : les ouvrières vont donner des individus,
MAIS PAS des Reines
 La Reine va recouvrir les œufs d’une molécule pour que les ouvrières ne distinguent pas le
sexe car elles préfèrent des femelles plutôt que des mâles
o Défense : libération de substances répulsives, de phéromones d'alarme ou de recrutement …
Communication sonore: synchronisation du travail chez l'abeille
Communication visuelle et sonore : danse de l'abeille: distance et direction de la source de nourriture.
Communication tactile:
o Par les antennes
o Frelons, guêpes, abeilles, fourmis
o Echanges trophallactiques : échange de nourriture et de phéromones, d'informations.
o Base de la reconnaissance et du lien social
Comportements territoriaux
De nombreuses espèces ont un comportement territorial au moins une partie de leur vie. Il faut distinguer 2 choses:
 Domaine vital : zone fréquentée, exploitée mais partagée
 Territoire : plus restreint, défendu contre l'intrusion de tout congénère
o Ex. chez les oiseaux marins : le territoire est le nid, et le domaine vital est beaucoup plus vaste
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
Ce comportement est surtout celui des vertébrés
Les fonctions du territoire
Bénéfices
 Protection: augmentation de l'assurance, diminution du stress, diminution des combats, meilleurs
conditions climatiques.
 Alimentaire: assure les ressources, facilite la défense, régule la densité de population
 Reproduction : recherche du partenaire, lieu de reproduction, parfois élevage des jeunes.
o Peut favoriser la polygamie : ex. otaries de Californie
 Un comportement territorial va favoriser une meilleure fitness
Coût :
 Compétition : accès au territoire et la défense pour le garder
o Perte de temps, d'énergie pour surveiller le territoire
o Augmentation du taux de testostérone  diminution des défenses immunitaires
o Diminution du temps de soins aux jeunes, pour se nourrir ….
 Le comportement territorial peut engendrer une vie plus courte chez certaines espèces (libellule demoiselle)
 Territoire moins riche parfois meilleur : ex. fauvette à tête noire
Durée du territoire
 Restreint et permanent : animaux sédentaires
o Chouette hulotte
 Zone de transit, temporaire
o Gorille
o Fourmis légionnaires
 Le comportement territorial peut varier en fonction des conditions environnementales
o Colibris : richesse alimentaire
o Bergeronnette grise
Taille du territoire
 Varie en fonction:
o Des régions
 Babouins des montagnes >babouin des plaines
o Des régimes alimentaires
 Herbivores < carnivore (trouver des proies et les attraper)
o De l'organisation sociale
 Coyote en couple > coyote en bande  car plus difficile de trouver de la nourriture quand ils
ne sont que 2
 Diminution en fonction de la richesse en nourriture et ou en caches
Marquage du territoire
 Marques visuelles : traces de griffes sur les arbres par les ours, canidés, rouge-gorge…
 Marques auditives : singes hurleurs (= Alouates) : tous les matins ils émettent ce cri (+ en période de
, oiseaux, castors, crocodiles ….
 Marques olfactives : antilopes, félins …
 Marques électriques : poissons mormyridés, éléphant
 Souvent plusieurs modalités à la fois : colombes
Défense du territoire
 En cas de combat :
o le propriétaire > à tout congénère même dominant et ce d'autant plus qu'il est prés du centre
(combats + violents)
 Ex. du tircis (papillon des forêts) qui défend une tâche de lumière (territoire de
reproduction)
 Au frontières: comportements de substitution
o Ex. poules : le dominant va picorer car il ne veut pas rentrer en combat : il fait semblant de ne pas
avoir vu l’intrus.
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Intelligence collective
Un animal a très peu de libertés : il peut faire peu de choses (environ 20 comportements).
Intelligence collective = ensemble des individus qui synchronisent leur travail  société autonome
- Structures très sophistiquées : grandes et complexes
o Ex. termitières de 7m de haut, pour remplir une fourmilière des chercheurs ont utilisé 30 à 50
tonnes de ciments!
o Galeries, colonnes de chasse des légionnaires
o Fourmis des bois, monticules d'épines de pin : 20 millions d'individus, une colonie s'étend sur des
milliers de km².
o Termitières : conduit d'aération (T°, humidité, gaz)  conduit d’aération centrale permet une
excellente ventilation et régulation
o Culture de champignons, élevage des pucerons …
-
En fait les insectes ne disposent que d'informations partielles un animal qui construit une alvéole ne connait
que ce qui est autour (pas au-dessus, derrière,…)
Règles comportementales simples <20 comportements
Les insectes n'ont aucune vision de la totalité de la structure et l’information met du temps à transiter entre
le haut et le bas de la termitière car il faut du toucher
Pierre-Paul Grassé, zoologiste français, "traité de zoologie" 38 volumes, revue "insectes sociaux" spécialistes
termites, élève : Rémy Chauvin
Stimergie

Stigmergie (1950): le travail de chaque ouvrier  comportement réflexes (sur lui-même et ses congénères)
o Stimule et oriente la prochaine action  coordination du travail
o Rétroactions positives ou négatives qui vont induire la prochaine action
o Base des processus collectifs auto-organisateurs observés chez les insectes grégaires ou sociaux.
o L'architecture réalisée coordonne la poursuite de la construction
o Polistes : plus le nombre de cloisons communes est grand, plus la probabilité d'une nouvelle
construction est grande. (grâce aux contacts antennaires)
o Recrutement de masse autour d'une source de nourriture
 Phéromones attractives des fourmis
 Sélection de la source la plus proche et la plus riche par la trace de gouttelettes de
phéromones déposées : amplification
 Choix collectif efficace
 Importance des fluctuations du hasard (au départ) et ensuite on a des rétroactions
positives
- Grégarisme
o Chez les blattes
 Regroupement dans lieux sombres
 Communication à caractère amplifiant
 Plus l'agrégat est important, plus les individus sont attirés
(cimetière de fourmis) 1 tas avec des cadavres
"Prise de contrôle" d'êtres vivants par des robots
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Des robots sont désormais capables de participer aux processus de décisions collectives et de prendre le
pouvoir sur des groupes d'animaux
Jean-louis Deneubourg, service d'écologie sociale
o Le Monde de l’intelligence n°7
o Normalement les blattes se regroupent dans les endroits sombres mais en mettant assez de petits
robots dans un coin on a réussi à les faire se regrouper à la lumière et y rester
Guy Théraulaz
o Comportements collectifs et systèmes complexes centre de Recherche en cognition Animale
Université Paul Sabatier de Toulouse
o Comportement collectifs des moutons
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o
Chez l'homme, il y a également des comportements collectifs,
 Mouvements de panique dans les stades
Hiérarchie sociale: Dominance et subordination
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Peu d'invertébrés : écrevisses, certaines blattes, bourdons, grillons, certaines guêpes …
Beaucoup de sociétés de vertébrés : poissons, reptiles, oiseaux, mammifères dont primates
Mise en évidence:
o 1935 chez les poules
 Hiérarchie des coups de becs : on peut dénombrer au moins 96 rangs de dominance
 Dominance sérielle d’un individu à un autre qui lui-même devient le dominant du suivant
 Mise en place (= ontogénèse) par le jeu chez les petits
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Certaines hiérarchies peuvent être plus complexes:
o Hiérarchie triangulaire (AB, BC, CA)
o Hiérarchie partielle (dominance pour la nourriture/subordonné pour la reproduction)
o Hiérarchie double (hiérarchie pour les mâles et hiérarchie pour les femelles, mais les mâles
dominent les femelles)
o Hiérarchie à dominance d'un groupe = un clan (babouins…)
Le rang hiérarchique n'est pas définitif:
o Ex: chez le lion, le dominant ne le reste en moyenne qu'un an, chez les chimpanzés: quatre.
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Facteurs d'influence du rang hiérarchique
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L'agressivité, la réussite au combat
o Notion de rangement par vigueur biologique
 Souvent combats ritualisés, sans blessures, attitude de menace
 L'oryx n'utilise pas ses cornes pour étriper son adversaire
 Konrad Lorenz "comportement analogue à la morale"
La théorie des jeux, fréquence-dépendance (choix que va prendre un individu en prenant en compte le
comportement des autres)
La stratégie choisie dépend du choix des autres
Stratégies faucon/colombe
o Colombe: stratégie pacifique qui règle les conflits par un rituel peu coûteux, sans blessures
o Faucon : stratégie belliqueuse
o Quand forces inégales : stratégie "évaluateur"
 Si on pense être plus fort : on joue faucon (et inversement)..
 Possible grâce aux signaux honnêtes
"stratégies évolutivement stables"
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Facteurs physiques
o Poids
o Armes
o Apparence
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Rang des parents
o Education
 Chez les macaques le dominant provient souvent d'une femelle dominante
o Génétique
 Souris Dewsbury: 4 générations, enfants de mâles dominants (sans contact avec leur père)
sont dominants.
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L'expérience (l'âge), la ruse (intelligente), les capacités à former des alliances (= les clans)
o Chez les singes:
 Vieux mâles macaque qui reconquièrent sa position par l'expérience …
 Chimpanzé qui s'impose en tapant sur un baril
 Clan: groupement de vieux singes pour conserver le pouvoir (ou de jeunes pour le conquérir)
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o
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Attitudes des femelles
 "le mâle le plus entouré" par les femelles a le plus de chance d'acquérir le pouvoir
Attitude des subordonnés
o Reconnaissance individuelle: signes d'acquiescement, de subordination
 Singes vervet, expérience d'isolement du dominant:
 Derrière une vitre : garde des attitudes de dominance
 Derrière une glace sans tain : les perd en quelques jours (modifications de
morphologie interne et externe influence par les interactions au sein du groupe)
Influences hormonales et biochimiques
o Testostérone
 Chez les porcins, les bovins, les singes
 Un mâle dominant castré perd son statut de dominant…
 Une femelle est rarement dominante, l'injection de testostérone le permet
o Sérotonine
 Dans l'expérience d'isolement du vervet, le taux de sérotonine est corrélé au statut social:
 925ng/L chez le dominant
 645 pour le subordonné
Les hiérarchies vont entraîner moins de combats:
Valeur adaptative:
o Augmente la fitness (directe et surtout indirecte)
Conséquences:
o Suprématie et parfois exclusivité (meilleur accès à la nourriture…)
o Certains individus sont exclus de la reproduction et/ou limités en alimentation
o Transmission génétique des caractères avantageux à une plus grande descendance
Protection
o Permet la résolution non violente de situations de conflit
o Stabilité des sociétés
o Meilleure protection (du groupe, des jeunes, territoire …)
Dominant et leader
- Il peut exister dans les sociétés de vertébrés:
o Un dominant
o Et un leader qui guide le groupe lors des déplacements
o Le leader est parfois dominant (gorilles) mais peut être un individu différent, souvent le plus ancien
ou une femelle (ongulés…)
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