Le diabete et le Maghreb

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DIABETE ET RAMADAN
Docteur ASSAD Nabil – Docteur CHIHEB Sabrina
Hôpital Jean Verdier
Service du Professeur Paul VALENSI
Avenue du 14 juillet
93140 BONDY
FRANCE = Pays laïque de 60 millions
Cohabitation de plusieurs religions avec des règles et des pratiques
particulières (alimentaires ++).
 L’Islam a été révélé près de 600 ans après le christianisme par le
prophète Mahomet
 Un des piliers de l’Islam, le Ramadan dont la pratique peut avoir
des conséquences défavorables sur la santé (surtout chez les
diabétiques)
 Le dilemne pour les médecins :
- Faut-il autoriser la pratique du Ramadan ?
- Conséquences de la pratique du Ramadan sur la santé des
croyants
- Comment accompagner et conseiller les pratiquants?
L’ISLAM = 2ème religion en France
(environ 4 à 6 millions de fidèles)


Après le catholicisme (30 millions)
Avant :
- le bouddhisme (600 000)
- le judaïsme (525 000)
Estimation car recensement des fidèles d’une
religion interdit en France (loi de 1872)
L’ISLAM

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
En langue arabe, le mot « Islam » signifie :
soumission, obéissance.
La religion islamique consiste à faire accepter
sans réserve aux fidèles les enseignements et
les règles que Dieu (Allah) a transmis à
Mahomet, son prophète
Les textes islamiques sont contenus dans le
Coran, livre sacré
C’est
la
source
fondamentale
de
l’enseignement des règles de l’Islam.
LE MOIS DU RAMADAN
Le jeûne du mois de Ramadan constitue la
4ème des 5 bases fondamentales sur
lesquelles l’Islam a été bâti.
 L’obligation de jeûne a été instaurée :
- dans la 2ème année de l’Hégire,
- par la révélation de ce verset du Coran,
Sourate 2, verset 183 :
« ô les croyants ! On vous a prescrit as-siyam
(le jeune) comme on l’a prescrit à ceux
d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété”.

LE MOIS DU RAMADAN


Les autres bases fondamentales ou
piliers
- La profession de foi (croyance en
Dieu)
- La prière (5 fois par jour)
- L’aumône
- Le pèlerinage à la Mecque
Le Ramadan : rite religieux le plus
observé.
LE MOIS DU RAMADAN :
MOIS SAINT
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
Commémore la révélation du Coran au prophète
Période sacrée de l’année, synonyme de jeûne pour tous les
musulmans
Appellation du 9ème mois lunaire du calendrier musulman
(HEGIRE)
Le début du calendrier musulman correspond au vendredi 16
juillet 622 du calendrier Grégorien, date où Mahomet quitta la
Mecque pour se réfugier à MEDINE
Les 12 mois ou lunaisons de l’HEGIRE ont chacun alternativement
29 et 30 jours
Ils ne sont pas accordés à l’année solaire du calendrier grégorien
L’année lunaire totalise 354 jours. L’écart de 11 jours ¼ (par
rapport au calendrier solaire) fait circuler le mois de Ramadan à
travers les saisons.
LE JEUNE DU RAMADAN


Le jeûne se déroule pendant un mois :
- du lever au coucher du soleil
- interdiction de boire, manger, fumer, avoir
des relations sexuelles
- rupture du jeûne se fait au coucher du
soleil
Le Ramadan met l’accent sur le partage et la
vie communautaire : Les pratiquants s’invitent
ou partagent les repas lors de la rupture du
jeûne.
SUITE : LE JEUNE DU RAMADAN

C’est un mois de prière et de ferveur religieuse
* Pendant ce mois, les pratiquants voient
essentiellement les aspects positifs de la
religion :
- La relation spirituelle qu’ils entretiennent
avec le Créateur,
- Le resserrement des lieux amicaux,
fraternels, familiaux,
- La formidable ambiance festive qui règne.
SUITE : LE JEUNE DU RAMADAN
* La fin du Ramadan est marquée par une fête
appelée « AID AL FITR »
En 2006, le Ramadan a débuté le :
24 septembre 2006
et l’ Aïd Al Fitr fêté le
23 octobre 2006
Les risques chez les diabétiques

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Hypoglycémies.
Déshydratation.
Effets de la rupture du jeune.
Hyperglycémie et coma.
Variation du poids.
Déséquilibre des pathologies associées
(polythérapie).
RISQUES DU DIABETIQUE


L’hypoglycémie (glycémie<0,60 g/l) :
- Favorisée par les efforts physiques au
cours de la journée
- Si elle survient, va nécessiter l’interruption
du jeûne. Resucrage du patient dès que
possible.
La déshydratation :
- Surtout, dans les périodes de forte chaleur
- Si syndrome fébrile ou diarrhée
RISQUES DU DIABETIQUE

Autres sources de déséquilibre glycémique
pendant le jeûne :
- Changements chronologiques (inversion
du rythme nuit-jour)
- Repas riches en sucre à la rupture du
jeûne
- Absence ou difficulté d’adaptation des
traitements
anti-diabétiques
(sulfamides
hypoglycémiants ou Insuline).
LE JEUNE DU RAMADAN

-
-
-
Le thème « diabète et Ramadan » a fait
l’objet de plusieurs publications, tant sur
les effets physiologiques du jeune que
sur les modalités de la prise en charge
thérapeutique :
A comparison of glycemic effects of glimepiride, repaglinide, and insulin glargine in type 2
diabetes mellitus during Ramadan fasting. Diabetes Research and Clinical Practice 2006
Metabolic alterations as a result of Ramadan fasting in non-insulin-dependent diabetes
mellitus patients in relation to food intake 2004
Metabolic effects of the month of Ramadan fasting on type 2 diabetes 2003………….
…..
LE JEUNE DU RAMADAN

Une étude
« EPIDIAR ».
mérite
d’être
citée
-
A population-based study of diabetes and its characteristics during the
fasting month of Ramadan in 13 countries. Results of the epidemiology of
diabetes and Ramadan 1422/2001 (EPIDIAR) study.

Cette étude donne une vue
d’ensemble sur les caractéristiques
et la prise en charge du diabète chez
les patients qui jeûnent.
EPIDIAR
Epidemiology of diabetes and Ramadan 1422/2001
-12.914 patients.
-11.173 DT2 (78,7% font le
ramadan)
-1.070 DT1 (42,8% font le
ramadan)
-Jeûne; 15 jours min.
-13 pays.
-DT1 Age, en moy 31 ans
Pds, en moy 64 Kg
-DT2 Age, en moy 54 ans
Pds, en moy 72 kg
-Non sédentaires.
-Plutôt compliqués.
-Avec pathologies associées
(HTA, dyslipidémie)
Pour ceux qui font le ramadan :
*la moitié qui ne change pas
ses « bonnes » habitudes > RAS
(pds, équilibre..)
*Le nombre d’hypoglycémies
«mineures» est relativement bas
(non ressenties?)
*Les hypoglycémies sévères
sont cependant plus fréquentes
(changement
de
traitement,
niveau d’activité…)
*Les
hyperglycémies
sévères/cétoses
ont
été
associées à des changements
notables de l’alimentation et
surtout de la prise de « sucre »
ASPECTS PHYSIOLOGIQUES
DU JEUNE

Le jeûne du Ramadan est :
- Un jeûne court dont la durée peut
varier suivant les saisons de 12 à 18
heures
- Une épreuve pour les pratiquants :
* asthénie, vertiges
* somnolence.
Tous ces désagréments disparaissent à la
rupture du jeûne.
SUITE : ASPECTS PHYSIOLOGIQUES
DU JEUNE
Adaptations hormonales et métaboliques :
Perturbation du cycle insuline-glucagon
1°) Habituellement,
L’hormone digestive la plus secrétée : Insuline
permettant :
- l’entrée du glucose dans les cellules pour
être consommée et transformée en énergie
- la mise en réserve du surplus d’énergie.

SUITE : ASPECTS PHYSIOLOGIQUES
DU JEUNE
2°) Durant les 1ers jours de Ramadan
La sécrétion d’insuline
Hypoglycémie responsable de
sensation de faim
3°) Au cours du mois du Ramadan
- L’insuline va laisser sa place au glucagon
- Glucagon = Hormone clé
* mobilisant les réserves (graisses)
* fabriquant ainsi le « précieux glucose »
* atténuant les manifestations d’hypoglycémie
SUITE : ASPECTS PHYSIOLOGIQUES
DU JEUNE
Le jeûne comporte donc 2 phases :
1°) Une phase d’adaptation (10 jours en
moyenne). L’organisme passe d’un régime
classique à un régime de rigueur
2°) Une phase d’équilibre :
- Les difficultés ressenties lors de la 1ère
phase ont disparu
- Souvent, perte de poids modeste (sauf si
excès)

SUITE : ASPECTS PHYSIOLOGIQUES
DU JEUNE
Hydratation réduite
1°) En situation classique : les apports d’eau
couvrent
les
pertes
(urines,
sudation,
respiration, transit intestinal…)
2°) En situation de jeûne : le corps va s’adapter
pendant la période de jeûne, en réduisant les
pertes
- urines concentrées
- selles plus dures

Chez le diabétique
Dans le diabète de type 1
Pas de production d’insuline par le pancréas
L’apport de l’insuline dépend des injections
Dans le diabète de type 2
Insuline présente mais inadaptée
Glucagon déjà prépondérant
EPREUVE PSYCHOLOGIQUE
1°) La pratique du jeûne :
- Est une contrainte que l’esprit impose au
corps
- Apparaît pour le croyant comme un bon
moyen de contrôler ses pulsions naturelles
2°) Pendant cette période, on note :
- Un sommeil + court et fractionné
- Une baisse parallèle des performances
intellectuelles et sportives
SUITE : EPREUVE PSYCHOLOGIQUE
3°) Dans les pays musulmans,
- Aménagement des horaires de travail
- Permettant aux pratiquants de continuer à
travailler
D’une manière générale, le jeûne semble
être bien supporté.
SUITE : EPREUVE PSYCHOLOGIQUE

Cependant, l’Islam exempte de la pratique du
Ramadan tout sujet, si :
- Le jeûne est susceptible d’altérer la santé.
- Si la personne est malade " Allah cherche à
vous faciliter l’accomplissement de la règle. Il ne
cherche pas à vous la rendre difficile “ (Sourate
2, verset 185 de Coran).
DISPENSE ET CONTRE INDICATIONS

Plusieurs situations permettent la dispense de la
pratique du jeûne :
- Le sujet âgé,
- L’ulcère évolutif,
- Une insuffisance cardiaque,
- Un infarctus du myocarde récent
- Une angine de poitrine
- Hypertension compliquée d’une insuffisance
rénale (polythérapie)
- Grossesse à risque………….
SUITE : DISPENSE ET CONTRE
INDICATIONS
Le cas du diabète sucré est particulier :
 Affection difficile à contrôler : le patient
doit sans cesse adapter son traitement à
sa ration glucidique
 Pendant le jeûne,


Traitement souvent modifié,
Responsable d’un déséquilibre glycémique
La pratique du jeûne est
possible
- Chez les diabétiques indemnes de :
* complications dégénératives,
* toute affection intercurrente.
- Chez les diabétiques de type 2 stables avec un
traitement
oral
n’exposant
pas
aux
hypoglycémies (biguanides, glitazones)
- Chez les diabétiques de type 1 ayant un
schéma basale-bolus
Le risque d’hypoglycémies est réel
-
Chez les diabétiques de type 2 sous sulfamides
hypoglycémiants
- Chez les diabétiques de type 1 sous traitement non
optimisé
*Adapter l’insulinothérapie par rapport à la ration
glucidique des repas (avant le lever du jour et après la
rupture du jeûne)
*Schéma
basale-bolus
nécessaire
insulinothérapie fonctionnelle).
*Auto surveillance glycémique +++
(ou
DISPENSE ET CONTRE INDICATIONS
Le jeûne sera contre indiqué chez les
diabétiques de type 1 difficiles à
équilibrer
CONCLUSION (1)
- Malgré la tolérance de la religion et l’avis
du médecin, un nombre non négligeable de
patients va s’obstiner à jeûner
- L’impact psychologique de la non
observance du Ramadan peut conduire à un
sentiment d’exclusion vis-à-vis de la famille.
CONCLUSION (2)
- Les patients peuvent ainsi être repartis en
deux groupes :
 les sujets qui suivent les conseils de leur médecin
 les sujets réfractaires qui tiennent à pratiquer le
Ramadan :
 au détriment du contrôle du diabète
 malgré le refus de leur médecin.
CONCLUSION (3)
Conseils à donner avant le ramadan :
- consulter son médecin pour éliminer toute
contre-indication médication formelle
- adapter avec son médecin son traitement
oral ou son insuline
- auto-surveillance glycémique
- prudence à la rupture du jeûne
- conserver au moins 2 repas équilibrés
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