Effets photomécaniques dans les cristaux organiques photochromes Isabelle COLOMBIER Directeurs de thèse: Patrice BALDECK et Anne CORVAL Équipe SDMPC Plan de l’exposé Introduction 1- Un diaryléthène sauteur 2- Observations expérimentales 3- Interprétation physique des phénomènes Conclusions et perspectives Problématique: le photochromisme en phase cristalline Photochromisme: Propriété que possèdent certaines espèces chimiques de présenter une transformation réversible, induite par la lumière, entre deux états ayant des spectres d’absorption séparés Au niveau d’une molécule: Forme A incolore UV Visible, Forme B colorée Problématique: le photochromisme en phase cristalline Dans un cristal moléculaire: UV Zone contrainte Modifications structurales trop importantes Pas de photochromisme en phase cristalline Réaction possible Accumulation de contraintes locales à l’intérieur du cristal Traduction macroscopique de ces contraintes locales ? La microspectroscopie pour étudier le photochromisme en phase cristalline Lampe d’analyse Echantillon Lampe UV Polariseur Plan image Fibre optique (50µm) reliée à un spectrophotomètre Spectres d’absorption et/ou de fluorescence d’une zone de l’échantillon de : 50/100=0.5µm de diamètre (objectif x100) Études réalisées avec ce dispositif • Transmission de trous de 250nm de diamètre (J. F. Motte), Positionnement de la fibre optique, fonction de transfert du dispositif • Étude des propriétés spectroscopiques de nanocristaux de molécules organiques dispersés en matrice sol-gel (groupe d’ A. Ibanez), • Cinétique de décoloration dans le cas d’une molécule de la famille des Étude de microcristaux de molécules photochromes. spiropyranes, → Desdueffets photomécaniques importants: Modulation signal de fluorescence d’une nanocristallite dans le cas d’un diaryléthène → Taille typique des cristaux étudiés : quelques dizaines de µm → Irradiation : Sous irradiation UV les cristaux se colorent =335nm, puissance = 4mW/cm2 sur l’échantillon <370nm, puissance 4mW/cm2 !!! sur l’échantillon puis=sautent Ils se fracturent lorsqu’on les empêche de sauter Plan de l’exposé Introduction 1- Un diaryléthène sauteur 2- Observations expérimentales 3- Interprétation physique des phénomènes Conclusions et perspectives 1- Un diaryléthène sauteur: La molécule diary1 F F F F F F F UV F S N Visible S S N N N Forme ouverte incolore Synthétisée par M. Giraud F F N N F F et P. Yu N Lab. de Chimie Inorganique, Orsay S N Forme fermée rouge • Système bistable, pas 30000 de blanchiment thermique -1 -1 Spectre en solution dans l’acetonitrile e (mol .L.cm ) 40000 20000 • Système résistant 10000 0 200 300 400 500 (nm) 600 700 1- Un diaryléthène sauteur: Structure cristallographique Représentation ORTEP de la vue (010) du cristal Système Cristallin: monoclinique Groupe d’espace: P21/n a=16.492(6), b=8.379(3), c=16.790(7) =93.52° Z=4 M. Giraud et al, New J. Chem. 2005 1- Un diaryléthène sauteur: Spectre d’absorption en lumière polarisée 0.7 Monocristal irradié dans l’UV: 0.5 Densité optique • Bande d’absorption 550nm 0.6 0.4 0.3 0.2 0.1 0.0 450 500 550 600 (nm) 650 700 1- Un diaryléthène sauteur: Spectre d’absorption en lumière polarisée 0.7 Monocristal irradié dans l’UV: → Alignement des molécules phototransformées les unes par rapport aux autres • Directions || et = axes neutres du cristal avant irradiation 0.5 Densité optique • Bande d’absorption 550nm • Absorption fortement polarisée ( || ) 0.6 0.4 0.3 0.2 0.1 0.0 450 500 550 600 (nm) → L’orientation générale des molécules dans le cristal ne change pas au cours de la photoréaction (||) 650 700 Plan de l’exposé Introduction 1- Un diaryléthène sauteur 2- Observations expérimentales 3- Interprétation physique des phénomènes Conclusions et perspectives 2- Observations expérimentales: Les sauts Un cristal sauteur t=0s 2- Observations expérimentales: Les sauts Un cristal sauteur t=1s 2- Observations expérimentales: Les sauts Un cristal sauteur t=2s 2- Observations expérimentales: Les sauts Un cristal sauteur t=3s Caractéristiques observées: • Direction, • Distance parcourue, • Évolution de la densité optique en fonction du temps 2- Observations expérimentales: Les sauts Direction et distance 500µm Direction d’absorption principale (||) 2- Observations expérimentales: Les sauts Direction et distance j d 500µm Direction d’absorption principale 2- Observations expérimentales: Les sauts Direction des sauts 14/16 sauts perpendiculaires à la direction d’absorption principale 2/16: mouvements sur place avant le saut ? 6 5 4 3 2 1 0 0 20 40 60 80 j (°) Le phénomène de saut est directionnel 100 2- Observations expérimentales: Les sauts Distance parcourue 16/23 entre 0.1 et 1mm 3 L’énergie mécanique typique d’un saut est de l’ordre de 10-12 J 2 Pas de corrélation entre distance et taille/forme du cristal Cycles coloration-saut-décoloration: 1 Exemple: d= 500, puis 170 et 40µm phénomènes irréversibles 0 0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 Distance (mm) 3.5 4.0 4.5 2- Observations expérimentales: Les sauts Évolution de la densité optique à 550nm 0.7 0.6 0.6 Densité optique 0.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0.0 0 5 10 Temps (s) 15 17 20 Etude systématique de ces paramètres pour deux gammes spectrales: =335nm profondeur de pénétration < 1µm <370nm profondeur de pénétration 10µm 2- Observations expérimentales: Les sauts Évolution de la densité optique à 550nm 6 4 =335 nm < 370 nm 5 Valeur moyenne de 0.5: 4 Taux de transformation 3 de 10% environ quand 2 1 le cristal saute 3 2 1 0 0.0 0.2 0.4 0.50.6 0.8 1.0 1.2 1.4 0 0.0 0.2 0.50.6 0.8 1.0 1.2 1.4 Densité optique Densité optique 3 Energie absorbée de l’ordre du microjoule (puissance incidente 4mW/cm2) 0.4 3 =335 nm < 370 nm 2 2 1 1 0 0 0 5 10 15 20 25 Temps (s) 30 35 40 0 5 10 15 20 25 Temps (s) 30 35 40 2- Observations expérimentales: Les fractures Surface d’un monocristal avant irradiation =335nm 2- Observations expérimentales: Les fractures Surface d’un monocristal après irradiation Réseau de fractures: • Parallèles direction absorption principale • écart régulier (||) 2- Observations expérimentales: Les fractures Distance entre fractures <370nm 4 8 < 370nm < 370nm 7 6 3 5 4 2 3 2 1 1 0 0 0 5 10 15 20 25 Distance entre fractures (µm) 30 35 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Distance / n (µm) Distance caractéristique: d370=5.5µm 2- Observations expérimentales: Les fractures Distance entre fractures =335nm 14 6 = 335nm = 335nm 12 5 10 4 8 3 6 2 4 1 2 0 0 0 5 10 15 20 25 30 35 Distance entre fractures (µm) 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Distance / n (µm) caractéristique: d335=2µm quand la profondeur de pénétration des UV diminue dDistance diminue 10 2- Observations expérimentales: Sauts et fractures Bilan des observations Sauts • Direction perpendiculaire à la direction d’absorption principale • Distance entre 0.1 et 4.2mm, énergie mécanique de l’ordre de 10-12 J • Taux de transformation de l’ordre de 10% • Énergie absorbée de l’ordre du microjoule Fractures • Direction parallèle à la direction d’absorption principale • Taux de transformation de l’ordre de 10% • Distance entre fractures: d335=2.0µm et d370=5.5µm • d diminue quand la profondeur de pénétration des UV diminue Plan de l’exposé Introduction 1- Un diaryléthène sauteur 2- Observations expérimentales 3- Interprétation physique des phénomènes Conclusions et perspectives 3- Interprétation physique des phénomènes Bibliographie: « jumping crystals » • Transition de phase cristal-cristal, Tφ proche de la température ambiante, • Saut au passage de Tφ (en augmentant ou en diminuant T), • Modifications structurales importantes: dans le cas d’un myo-inositol, variation de 12% pour a et c, réduction de 10% de la longueur d’un cristal en forme d’aiguille (T.Steiner et al., Acta Cryst. 1993). 3- Interprétation physique des phénomènes Influence de la température • DSC: le cristal ne présente pas de transition de phase entre la température ambiante et sa température de fusion, • Mesures pour deux puissances différentes (4mW/cm2 et 20mW/cm2): taux de transformation identiques lorsque le cristal saute. Pas un effet thermique, la contrainte photoinduite est à l’origine des sauts et des fractures 3- Interprétation physique des phénomènes Caractéristiques de la contrainte F F F F F F F F F F F F N N S S S N diaryléthène de référence S N diaryléthène étudié Déformation de 20 % dans cette direction M. Irie et al., Science 2001 Déformation négligeable dans les directions perpendiculaires 3- Interprétation physique des phénomènes Caractéristiques de la contrainte Absorption principale (||) • Molécules incolores parallèles • Spectres d’absorption polarisés: l’alignement des molécules n’est pas modifié au cours de la phototransformation Contrainte uniaxiale Représentation ORTEP (010) perpendiculaire à la direction d’absorption principale 3- Interprétation physique des phénomènes Hypothèse proposée Contrainte uniaxiale Direction d’absorption principale Direction de la contrainte Instabilité de Grinfeld Réseau de fractures Saut Déformation périodique de la surface, perpendiculaire à la direction de la contrainte 3- Interprétation physique des phénomènes Caractéristiques de l’instabilité de Grinfeld Déformation plastique Contrainte uniaxiale La longueur d’onde Grinfeld diminue lorsque la contrainte augmente Diffusion de matière à la surface de l’échantillon Phénomène coopératif 3- Interprétation physique des phénomènes Longueur d’onde Grinfeld E E et : module d’Young et coefficient de poisson, 4 1 2 2 : tension de surface, σ : contrainte Résultat expérimental: d335=2µm< d370=5.5µm 335> 370 car: • densités optiques identiques: même nombre de molécules phototransformées • profondeur de pénétration plus faible pour =335nm La distance entre fractures est également une fonction décroissante de la contrainte σ 3- Interprétation physique des phénomènes Caractéristiques de l’instabilité de Grinfeld Déformation plastique Contrainte uniaxiale La longueur d’onde Grinfeld diminue lorsque la contrainte augmente Diffusion de matière à la surface de l’échantillon Phénomène coopératif Pas vérifiés expérimentalement 3- Interprétation physique des phénomènes Analyse énergétique Hypothèse d’une déformation de surface Cohérent d’un point de vue énergétique ? • Formation réversible de marches Energie élastique du même ordre de grandeur que • Hauteur : de l’ordre du nm l’énergie mécanique typique d’un saut F F F F F S Sections d’images AFM de la surface d’un cristal de diaryléthène irradié F S M. Irie , Science 2001 3- Interprétation physique des phénomènes Estimation de l’énergie élastique Déplacement: r2 u h1 2 exp kz eZ a k-1 : profondeur de pénétration (10µm) z h O a R L’énergie élastique stockée ahpour expression: La valeur du déplacement tel que l’énergie élastique soit Compatible avec observations expérimentales de d’un M. Irie -12 de l’ordre de les 10 J (énergie mécanique typique h2 k 2 a 2 et : constantes de est W hypothèse (est d’environ 2cohérente ) saut) 8 nm. Notre d’un point de vue Lamé k 2 3 énergétique 3- Interprétation physique des phénomènes Un autre diaryléthène sauteur F F F F F F F F F F F F UV S Et S S Visible M. Irie Kyushu, Et Et Et S Japon Confirme l’existence d’une corrélation entre sauts et fractures 3- Interprétation physique des phénomènes Cas du 3-furylfulgide O O UV O O O Visible O O O • Les cristaux ne sautent pas • Aspect granuleux de la surface irradiée: pas de direction privilégiée Anisotropie de la contrainte: paramètre important pour observer le saut 20µm 3-furylfulgide L. Khedhiri, thèse SPECTRO Conclusions et perspectives • Dispositif expérimental permettant d’étudier les propriétés spectroscopiques de microcristaux, • Caractérisation de deux phénomènes photomécaniques, • Interprétation physique : sauts et fractures ont un antécédent commun = une déformation périodique de la surface (instabilité de Grinfeld) • Un autre diaryléthène présente également ces effets, dans le cas du 3-furylfulgide : déformations de surface mais pas de sauts Conclusions et perspectives • Observer l’état de la surface au cours de la photoréaction: AFM mode tapping. • Applications: conception de systèmes dont la forme pourrait être contrôlée par la lumière, → étude des polymères photochromes Conclusions et perspectives Film de polymère cristal-liquide photochrome Y. Yu et al., Nature 2003 Collaborations • groupe d’Alain Ibanez, Laboratoire de Cristallographie, Grenoble. • Pei Yu et Marion Giraud, Laboratoire de Chimie Inorganique, Orsay. • Masahiro Irie, Université de Kyushu, Japon. Remerciements Sylvie Spagnoli, Jean-François Motte, Michel Bouriau, Olivier Pierre-Louis, Chaouqui Misbah …