Cultures, mythes et croyances… Anthropologie de la douleur

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Cultures, mythes et croyances…
Anthropologie de la douleur
13 février 2009, RA 9h00-12h30
Première partie
I. CULTURE
INTRODUCTION :
 Un monde de symboles… comme moyens de reconnaissance.
 Tout homme vivant en société possède une culture. (Les gestes de
soins peuvent être envisagés comme l’expression d’une culture.)
 culture, croyance, mythes comme des marqueurs des relations que les
hommes tissent les uns avec les autres, et avec leur environnement.
I.1. Étymologie / Définition
1150 : colture = « terre cultivée »
Le sens commun : l’être cultivé…
En anthropologie et sociologie : désigner l’ensemble des croyances et
des pratiques communes à une société ou à un groupe.
I.2 Comment désigner une culture spécifique (les trois
conditions anthropologiques) ?
1- On peut identifier : un nombre de traits culturels communs aux
membres du groupe qui permet de les différencier des autres
groupes.
2- On remarque que les traits culturels forment un système unifié : ils
sont en interaction les uns avec les autres.
3- Ces traits culturels sont transmis de génération en génération.
Attention ! Même si les cultures ont un caractère identitaire, elles
évoluent, notamment au contact d’autres cultures.
I.3 Aux sources de l’anthropologie l’opposition nature –
culture.
L’humanité entre culture et nature…
II. CROYANCE(S)
II. Définitions
La croyance énonce des propositions tenues pour vraies.
Ainsi, la croyance nécessite une adhésion par opposition
à la connaissance qui est de l’ordre de la démonstration,
de la rationalité.
• Les anthropologues utilisent le terme « croyance » au
pluriel car ils regroupent sous cette appellation les objets
de convictions (dieux, esprits, génies…) ainsi que les
expressions des croyances, (les rites notamment).
(ex) Pour Marcel MAUSS (1872-1950) Croyances = des
représentations (mythes, croyances, dogmes), des
pratiques (actes et paroles), des organisations (églises,
ordres,…)
(Autre déf.) La croyance
dans les sciences cognitives
• La croyance comme une pensée associée à
une représentation de l’information.
C’est-à-dire qu’il y a une interprétation des
situations de la vie courante.
La croyance : un moteur puissant qui peut
modifier le comportement…
D’où, importance de la croyance dans la maladie :
les croyances génèrent des émotions qui peuvent
entraîner des réactions somatiques. (ex…)
II.2 Croyance(s) et religions
D’après les théories de C. GEERTZ (1926-2006)
L’importance de la religion pour l’anthropologie réside dans
sa capacité à servir, pour l’individu comme pour le
groupe, de source de conception pour le monde, soi
et les relations entre soi et le monde.
Elle permet à l’homme de justifier certains phénomènes.
La religion rend les choses compréhensibles.
Elle relève souvent de l’envie d’ordre et de sens.
Deuxième partie
Anthropologie de la douleur :
INTRODUCTION

La douleur de chaque individu se situe dans un contexte social et
culturel. Les sociétés attachent à la douleur des « valeurs » / des
normes sociales.

Les expressions de la douleur appartiennent à la dimension
symbolique que les hommes donnent à leur corps.
L’expression de la douleur est également liée à la manière dont
nous nous représentons la santé et la maladie.
(Cf. : maladie destructrice, maladie libératrice, maladie métier)

La douleur peut être comprise comme un comportement avec des
caractéristiques : biologiques, cognitives, sociales, culturelles,
affectives…
La perception de la douleur est aussi liée à l’environnement.
Mise au tombeau du Christ
Moscou, fin XVe siècle
La jeune fille qui pleure son
oiseau mort
Huile sur toile, Edimbourg.
Jean-Baptiste Greuze, 1765.
La douleur
Rodin, v. 1880
Le cri,
Edvard Munch, 1893.
La femme qui pleure
Pablo Picasso, 1937
•
DEFINITIONS de la douleur :
I.1. Douleur en médecine…
« une expérience sensorielle et émotionnelle pénible, associée à une lésion
tissulaire réelle ou potentielle »…
I.2. Association de la douleur à la souffrance
Dolor = souffrir
•
La souffrance peut être un état psychique lié ou non à la perception physique
de la douleur. (lien avec le PATHOS des grecs)
•
Les sociétés donnent un cadre (contrôle social) aux expressions de la
douleur et de la souffrance. Les anthropologues ont remarqué que
l’expression spontanée de la douleur (hors des normes sociales) est parfois
mal acceptée.
•
La douleur change les rapports de l’individu avec le monde. La souffrance
peut être alors définie comme la somme des violences apportées par la
douleur.
I.3. Donner un sens grâce à la douleur….
(douleur comme expression de la souffrance, pour donner un sens à l’existence,
ou pallier à un défaut de langage.)
PLEUREUSES
II. EVALUATION de la douleur et la RELATION d’AIDE :
• Des outils d’évaluations malgré des sensibilités différentes et
l’impossibilité d’une rationalité.
Code professionnel infirmier : art R4311-2 de la santé publique :
« De participer à la prévention, à l’évaluation et au soulagement de la
douleur et de la détresse physique et psychique des personnes… »
• Nuance : Le syndrome méditerranéen une incompréhension
culturelle.
• Travail de l’IDE : traiter la douleur et les souffrances ?
• La relation d’aide = la rencontre de deux besoins… parfois difficile à
concilier
(la douleur est parfois vue comme échec de la relation d’aide).
III. QUELQUES CHANGEMENTS HISTORIQUES
ET CULTURELS autour de la douleur :
III.1. La douleur dans l’Antiquité
III.2. La douleur du Moyen Age à la Renaissance
III.3. Transformations des attitudes de la médecine vis-à-vis
de la douleur (à partir du 18ème siècle).
III.4. La douleur aujourd’hui :
HIPPOCRATE
(460 av. J.-C. île de COS - v. 370 av. J.-C)
John J. BONICA
The Managment of Pain, 1953
IV. La Douleur MAITRISEE
(le sport, la transe et les rites initiatiques, l’art…)
-
L’individu choisit les circonstances de la douleur. Cf. la culture sportive et les
sports extrêmes : la douleur (sa maîtrise) peut être vue comme un du à payer
pour obtenir la victoire.
-
Le développement du tourisme sportif : « reprendre en main son existence
terrestre », « se sentir vivant ».
-
Les rites de la transe : infliger la douleur, contrôler la souffrance, prouver sa
maîtrise du mal venu à l’intérieur du corps.
-
La douleur dans les rites initiatiques : la mémoire du corps, douleur
récompensée par la reconnaissance sociale.
V. La douleur INFLIGEE : la TORTURE (une douleur sans limite)
- Dépendance de l’arbitraire de l’individu, faire imploser une identité – le
réduire en simple objet. (exclusion des relations humaines
normales/normées).
- Persistance de la souffrance après la douleur : le trauma.
VI. Douleur / perte et mort :
•
•
•
•
Canaliser l’impuissance face à la mort grâce à des rites pour dépasser la souffrance
de la perte de l’autre.
Mourir un rite de passage.
Aujourd’hui : fin de la structuration du deuil ou des soutiens religieux, une affaire
individuelle intérieure (apparition de la thanatologie).
Les étapes de l’agonie (grec : « mener un combat »)
Doc KUBLER-ROSS :
1. Le diagnostic/choc : prise de conscience de l’inévitable
issue de la
maladie. // 2. La Dénégation/Déni // 3. La Colère. // 4. La Dépression // 5. Le
marchandage // 6. L’Acceptation // 7. la Decathexis : fin de toute communication.
L’échec du Suicide (un jugement moral, une réalité sociale / DURKHEIM : suicide
altruiste, égoïste, anomique.)
VII. DOULEUR / LEGISLATION ET POLITIQUE :
1993 : Rapport Philippe Douste-Blasy
1995 : Nouveau code de déontologie médicale qui stipule : « en
toutes circonstances, le médecin doit s’efforcer de soulager les
souffrances de son malade. »
1998 : un plan douleur ou « plan Kouchner », basé sur le refus de la
douleur, la formation des professionnels et l’information des malades.
4 mars 2002, sur la loi Kouchner
CONCLUSION : L’hôpital le lieu de la prise en charge de
la douleur…
Découverte Gallimard / T. DELORME
Première partie (suite) : III.MYTHES
III.1 définitions et caractéristiques
muthos (grec) « parole, récit » sans auteur
connu.
• Les mythes sont des récits fondateurs
que les membres d’une société se
transmettent de génération en génération.
III.2 Utilisations des Mythes
Un des sens du mythe est d’être une métaphore, dans le but d’un
enseignement…
Il permet par exemple :
*de traiter des scandales logiques, physiques et moraux / et donc
d’expliquer les systèmes de valeurs et les rapports sociaux.
* d’expliquer le passage de la nature à la culture, du barbare au civilisé.
* d’expliquer les différences et les dysfonctionnements.
* ils servent également à expliquer les phénomènes naturels (les
paysages terrestres et célestes, la différence entre la nuit et le jour,
les saisons…)
* de justifier l’organisation de la société.
III.3 La maladie et la santé dans les mythes. (qq
exemples)
WIXARITARI
(amérindiens du Mexique )
SEDNA
déesse Inuit
Chiron
(copie dessin vase)
ASCLEPIOS (grec)
ou ESCULAPE
(lat.)
Asclépios et Hygie (ou Panacée ?)
Stèle, Vème siècle av. (plus ancienne représentation connue)
CADUCEES
III.4 Idéologie et évolution des mythes
IV. La maladie, un phénomène culturel ?
- Habituellement, on ne considère pas la maladie
comme faisant partie de la culture. Pourtant, il
existe une vision sociale de la maladie.
- Les attitudes et les modes d’action face à la
maladie sont différents en fonction des cultures.
- La médecine n’est donc pas uniquement le
traitement des états pathologiques mais bien un
art des usages sociaux concernant la maladie.
C’est-à-dire qu’elle porte en elle, la
transcription d’un système culturel.
Les cultures donnent un sens à la maladie qui se traduit
par des modèles explicatifs (ex. Claudine HERZLICH).
• On retrouve ces modèles dans les mythes : ex. corps
centre du cosmos.
• Pour que cet ordre symbolique fonctionne, il faut que
soigné et soignant aient une foi commune dans les
gestes accomplis. C’est l’efficacité symbolique (Lévistrauss).
• Les croyances ont un pouvoir d’action (Marcel MAUSS).
DEBAT / les envies des femmes enceintes…
Connaissances médicales et interprétations culturelles.
CONCLUSION : réinventer des rites…
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