La macroéconomie: concepts et mesure des principales variables

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Macroéconomie:
concepts et mesure des
principales variables
École des Hautes Études Commerciales,
Programme de MBA, Janvier 2001
Macroéconomie: les principes de
base de la comptabilité nationale
Qu’est-ce que la macroéconomie ?
La macroéconomie étudie la performance globale
des économies nationales.
 Afin d’en arriver à une compréhension d’ensemble du
fonctionnement d’une économie nationale, on fait
quatre choses:

– On regroupe les agents économiques en grandes
catégories (ménages, entreprises, administrations
publiques et non-résidents).
– On fusionne des milliers de marchés individuels en un
petit nombre de marchés agrégés (le marché des biens et
services, le marché du travail, les marchés financiers
locaux et étrangers, le marché des changes, etc..).
– On porte notre attention sur les variables qui tendent à
affecter de larges segments de l’économie nationale (le
taux de change, le niveau des taux d’intérêt, etc..).
– On met l’accent sur l’interdépendance entre les
marchés.
Une illustration: le schéma des flux
circulaires de revenus et dépenses

Le schéma des flux circulaires constitue un bon point
de départ pour comprendre les concepts de marchés
agrégés et d’interdépendance.

Dans sa forme la plus simple, le schéma ne considère
que deux secteurs: les ménages et les entreprises.

Il fait également abstraction des considérations
d’épargne.

Ça va comme suit:
REVENU AGRÉGÉ
(flux monétaire)
SERVICES PRODUCTIFS
(flux réel)
ENTREPRISES
MÉNAGES
BIENS ET SERVICES
(flux réel)
DÉPENSE AGRÉGÉE (consommation)
(flux monétaire)
Dans un schéma aussi simple:

On peut identifier deux marchés impliquant
l’échange d’un flux réel contre un flux monétaire.
– Le marché du travail où les ménages échangent leurs
services productifs (flux réel) contre un revenu (flux
monétaire).
– Le marché des biens et services où les entreprises
échangent les biens et services qu’elles produisent
(flux réel) contre un revenu (flux monétaire)

Les deux flux monétaires sont égaux:
Revenu agrégé = Dépense agrégée
REVENU AGRÉGÉ
(flux monétaire)
SERVICES PRODUCTIFS
(flux réel)
ENTREPRISES
MÉNAGES
BIENS ET SERVICES
(flux réel)
DÉPENSE AGRÉGÉE (consommation)
(flux monétaire)
L’égalité entre le revenu et la dépense

Pourquoi avons-nous obtenu l’égalité entre le revenu
agrégé et la dépense agrégée ?
– Remarquez que nous n’avons pas considéré les nonrésidents. En conséquence, les entreprises sont détenues
par les résidents et les revenus non versés en salaires
constituent nécessairement un profit gagné par les
ménages résidents.
– Nous n’avons pas considéré l’épargne: Tous les profits
sont distribués et tous les revenus (salaires et profits) sont
dépensés pour consommer des biens et services.

En raison de cette égalité entre le revenu agrégé et la
dépense agrégée:
– Tout événement affectant le marché du travail affectera le
marché des biens et services et vice versa. Des exemples ?
REVENU AGRÉGÉ
(flux monétaire)
Discussion en classe
SERVICES PRODUCTIFS
(flux réel)
ENTREPRISES
MÉNAGES
BIENS ET SERVICES
(flux réel)
DÉPENSE AGRÉGÉE (consommation)
(flux monétaire)
Dans un schéma plus complexe:
Épargne et investissement

En général, les entreprises épargnent une partie de
leurs profits:
profits non distribués

Les ménages ne consomment pas tous leurs revenus:
épargne des ménages

La somme de ces flux d’épargne peut financer un
autre type de dépense:
investissement
Investissement

Par investissement on entend l’achat des actifs
physiques qui augmentent la capacité de production
de l’économie:
– Dépenses effectuées pour construire des structures
résidentielles et non-résidentielles, pour acquérir de la
machinerie et des biens d’équipement, etc.. Un synonyme
est est formation brute de capital fixe (FBCF).

Plusieurs entreprises et ménages financent leur
investissement par leur propre épargne.

Le rôle des marchés financiers est de canaliser
l’épargne excédentaire des uns vers l’investissement
excédentaire des autres.
REVENU AGRÉGÉ
(flux monétaire)
SERVICES PRODUCTIFS
(flux réel)
Épargne des
ménages
Épargne des
entreprises
MÉNAGES
Formation brute de
capital fixe
(investissement)
BIENS ET SERVICES
(flux réel)
DÉPENSE AGRÉGÉE
(flux monétaire)
ENTREPRISES
Qu’est-ce qui a changé ?

Fondamentalement, on a ajouté un troisième marché
agrégé, le marché financier dont le rôle est de
canaliser l’épargne vers l’investissement.

A l’intérieur du marché agrégé des biens et services,
on a introduit une distinction entre les biens de
consommation et les biens d’investissement.

L’égalité entre le revenu agrégé et la dépense
agrégée* demeure mais cette dernière est maintenant
égale à la somme des dépenses de consommation et
d’investissement.
* en incluant la variation des stocks dans la définition de l’investissement
Les administrations publiques
Voyons les principes généraux sans en tracer les
détails sur le diagramme.
 Qu’est-ce qui change lorsque l’on ajoute le secteur des
administrations publiques ? (excluant les entreprises
publiques déjà comprises dans le secteur des entreprises):

– Une partie des revenus gagnés par les ménages et les
entreprises n’est pas disponible pour financer la
consommation et l’épargne “privées”. Cette partie est
captée par le gouvernement par le biais des taxes et impôts.
– D’un autre côté, le gouvernement remet une partie de ses
revenus aux ménages et entreprises.
– Le revenu net des administrations publiques est égal à la
différence entre ces revenus et transferts.
– Le gouvernement utilise son revenu net (plus les fonds
empruntés en cas de déficit budgétaire) pour financer sa
consommation et sa formation brute de capital fixe.
Les administrations publiques
– L’égalité entre le revenu et la dépense agrégés n’est pas
affectée sauf qu’il faut maintenant inclure les achats
gouvernementaux de biens et services (consommation
publique et formation brute de capital fixe du secteur
public) dans la définition de la dépense agrégée.

Avant d’introduire le secteur des non-résidents,
résumons les résultats obtenus jusqu’à maintenant:
– Désignons la consommation privée par la lettre C, la
consommation publique par la lettre G et la formation brute
de capital fixe (privée et publique) par la lettre I.
– En l’absence de relations avec les non-résidents:
La dépense agrégée est égale à C + I + G
 La dépense agrégée est égale au revenu agrégé

– La prise en compte des relations avec les non-résidents
changent quelque peu ces résultats.
La prise en compte des nonrésidents: la balance des paiements
Les transactions entre les résidents d’un pays et les
résidents du reste du monde sont enregistrées à la
balance des paiements.
 On fait la distinction entre deux grands types de
transactions:

– Les transactions courantes (enregistrées au compte
courant).
– Les transactions financières et de capital (enregistrées au
compte capital et financier).

Pour l’instant, nous n’allons considérer que le
compte courant.
Le compte courant
On peut qualifier le compte courant d’état consolidé
des revenus et dépenses d’un pays.
 Un pays tire des revenus de ses relations avec les
non-résidents lorsque:

– Il exporte des biens et services.
– Les non-résidents rémunèrent les facteurs de production
(capital et travail) qu’il emprunte aux résidents.
– Des transferts en provenance des non-résidents sont reçus.

Le même pays encoure des dépenses lorsque:
– Il importe des biens et services.
– Il rémunère les facteurs de production (capital et travail)
qu’il emprunte non-résidents.
– Des transferts sont versés aux non-résidents.
Le compte courant

Le compte courant (CC) résulte de la consolidation
de tous ces revenus et dépenses:

CC = XN + RFN + TN
– où XN (les exportations nettes) désigne la différence entre
la valeur de toutes les exportations et la valeur de toutes
les importations de biens et services.
– RFN (les revenus factoriels nets) désigne la différence
entre les recettes et les déboursés relatifs à la
rémunération des facteurs de production empruntés
(capital et travail).
– TN (les transferts nets) désigne la différence entre la
valeur des transferts reçus des non-résidents et la valeur
des transferts qui leur sont versés.
Le compte courant et l’égalité entre
le revenu et la dépense agrégés
Avant de considérer les non-résidents, nous avions
trouvé que la dépense agrégée était égale à C+I+G.
 Il s’agissait de dépenses effectuées par les résidents
uniquement. A partir de maintenant, nous allons
définir cette somme (C+I+G) comme l’absorption
intérieure (A):

– A=C+I+G

Ajoutons les exportations nettes à l’absorption
intérieure:
– A + NX = C + I + G + NX

Comment devrions-nous interpréter cette somme ?
Le compte courant et l’égalité entre
le revenu et la dépense agrégés
XN est la différence entre les exportations (X) et les
importations (M).
 On peut ré-arranger les termes de l’équation pour
définir A + NX de la manière suivante:
 A + NX = [ (C+I+G)-M ] + X.
 Le premier terme entre cochets représente la dépense
des résidents de laquelle nous avons retranché les
importations. Il s’agit donc des dépenses des
résidents n’ayant acheté que de la production
intérieure.

Le compte courant et l’égalité entre
le revenu et la dépense agrégés



Le deuxième terme représente la dépense faite par les
non-résidents pour acquérir une partie de la production
intérieure.
En additionnant les deux termes nous obtenons donc la
valeur de toutes les dépenses effectuées pour acquérir de
la production intérieure. La valeur de A + XN est donc
égale à la valeur de la production intérieure.
La valeur de la production intérieure est un concept très
important en macréconomie. Nous l’appelons Produit
intérieur brut (PIB). Nous venons tout juste d’apprendre
que l’on peut mesurer la valeur du PIB en sommant
l’absorption intérieure et les exportations nettes:
PIB = C + I + G + XN
Le compte courant et l’égalité entre
le revenu et la dépense agrégés
 Le
PIB, la valeur de la production intérieure,
constitue la source première de revenus pour les
résidents.
 Cependant, comme nous l’avons vu avec le
compte courant, il ne s’agit pas de la seule
source de revenus.
 Pour cette raison, on ne peut plus affirmer que la
dépense agrégée (maintenant A + XN) est égale
au revenu agrégé.
 Les deux dernières composantes du compte
courant (RFN et TN) doivent être ajoutées au
PIB pour obtenir le revenu agrégé.
Le compte courant et l’égalité entre
le revenu et la dépense agrégés
 Ajoutons
d’abord les RFN au PIB:
 Ajoutons
maintenant les TN au PNB
– PIB + RFN = (C + I + G) + (XN +RFN)
– Nous appelons ce nouveau terme Produit National
Brut (PNB)
– Conceptuellement, le PNB est la valeur des revenus
que es résidents tirent de l’usage de leurs facteurs de
production (travail et capital), que ce soit au pays ou
ailleurs dans le monde.
–
–
–
–
PNB + TN = PIB + RFN + TN
PNB + TN = (C + I + G) + (XN + RFN +TN)
PNB + TN = A + CC
Nous appelons ce nouveau terme Revenu national
brut disponible (RNBD).
– Conceptuellement le RNBD constitue le revenu total
qu’une nation peut utiliser soit à des fins de
consommation soit à des fins d’épargne.
Une interprétation utile du
compte courant
 RNBD
= (C + I + G) + CC
 Soustrayons C et G des deux côtés:
 (RNBD - C - G ) = I + CC
 La partie du RNBD qui n’est pas
consommée (que ce soit C ou G) est appelée
épargne nationale (E).
 Nous obtenons ( E - I ) = CC
 Interprétation ?
En résumé

Le PIB est la valeur de la production intérieure et la
source première de revenus pour les résidents d’un
pays.
– Le PIB peut se mesurer comme A + XN, c’est-à-dire
(C+I+G)+XN.

Le PNB est la valeur des revenus gagnés par les
résidents du fait de l’usage de leurs facteurs de
production, que ce soit pour produire localement
(PIB) ou à l’étranger (RFN).
– PNB = PIB + RFN

Le RNBD est la valeur des revenus que les résidents
d’un pays peuvent consacrer à la consommation ou à
l’épargne.
– RNBD = PNB + TN = (C+I+G) +CC

Le CC peut être interprété comme la différence entre
l’épargne nationale et l’investissement.
– CC = E - I
Macroéconomie:
La mesure des variables
Parmi les indicateurs utilisés pour mesurer la performance
d’un pays, trois retiennent particulièrement l’attention:
Le taux de croissance du PIB
Le taux d’inflation
Le taux de chômage
Nous traiterons du taux de chômage un peu plus tard dans le
cours.
Considérons pour l’instant les deux premiers
indicateurs.
Le PIB et son taux de croissance
Nous avons vu que le PIB peut être mesuré en sommant A
(C+I+G) et XN (X-M).
Mentionnons maintenant que seules les dépenses pour
utilisation finale doivent être incluses dans ce calcul.
Les achats de biens intermédiaires (du point de vue de
l’économie nationale) ne devraient pas être comptés car il en
résulterait une surestimation de la valeur de la production
intérieure.
Pourquoi ? (Des exemples ?)
Le PIB et son taux de croissance
Maintenant, voyons une problème un peu plus compliqué.
Puisque le PIB est la valeur de la production intérieure,
celui-ci peut augmenter pour deux raisons:
Le volume de la production augmente
Les prix augmentent
La croissance économique se reflète dans une augmentation
du volume de la production et non dans l’augmentation du
niveau des prix qui ne serait que pure inflation.
Pour résoudre ce problème, on calcule le PIB de deux
manières:
Dans un cas, on mesure les composantes C, I, G, X et M
en multipliant les quantités par leurs prix courants.
Dans l’autre on multiplie les mêmes quantités par leurs
prix constants d’une période (année) de référence.
Le PIB et son taux de croissance
Bien entendu, les deux mesures sont identiques pour la
période de base puisque l’on multiplie dans les deux cas les
mêmes quantités par les mêmes prix.
Pour les périodes précédentes et subséquentes, les quantités
sont les mêmes (qu’elles diminuent ou augmentent) mais les
prix sont différents.
Le PIB mesuré à prix constants est appelé PIB réel et le PIB
mesuré aux prix courants est appelé PIB nominal.
Quand les économistes parlent de croissance économique
c’est la croissance du PIB réel et non du PIB nominal qu’ils
se réfèrent.
PIB nominal et réel au Canada
millions $
1022000
922000
822000
722000
622000
Réel ($ de 1992)
Nominal
522000
422000
322000
222000
1999Q1
1998Q1
1997Q1
1996Q1
1995Q1
1994Q1
1993Q1
1992Q1
1991Q1
1990Q1
1989Q1
1988Q1
1987Q1
1986Q1
1985Q1
1984Q1
1983Q1
1982Q1
1981Q1
1980Q1
Le taux de croissance du PIB réel est cyclique:
8
6
4
2
0
-2
-4
-6
80
82
84
86
88
90
92
94
96
98
Taux de croissance du PIB réel, observations trimestrielles, % par année
Le taux d’inflation
On définit l’inflation comme un processus de hausse continue
du niveau moyen des prix.
Afin d’en arriver à une mesure concrète du phénomène, on
construit différents indices de prix parmi lesquels on peut
citer l’indice des prix à la consommation (IPC) et l’indice des
prix du PIB (IPPIB).
Commençons par l’indice des prix du PIB.
Nous
considérerons ensuite l’indice des prix à la consommation.
Le taux d’inflation
Calculer l’indice des prix du PIB est très simple une fois que
l’on connaît les PIB nominaux et réels.
On mesure l’indice comme suit:
P = ( PIB nominal / PIB réel )
Puis, comme il est d’usage d’attribuer la valeur 100 à la
période de référence, on multiplie le résultat par 100.
IPPIB = P • 100
Le taux de croissance de cet indice nous donne une mesure
particulière du taux d’inflation.
Percent
1998Q4
1,6 % (1985:1)
1998Q1
2,0
1997Q2
1996Q3
1995Q4
1995Q1
1994Q2
1993Q3
1992Q4
1992Q1
1991Q2
1990Q3
1989Q4
6,0
1989Q1
1988Q2
1987Q3
1986Q4
1986Q1
1985Q2
1984Q3
1983Q4
1983Q1
1982Q2
1981Q3
1980Q4
1980Q1
Year-quarter
Le taux d’inflation mesuré par
l ’indice des prix du PIB
14,0
12,6 % (1981:1)
12,0
10,0
8,0
5,4 % (1989:2)
4,0
(1999:2)
1,0 %
0,0
-2,0
Année-mois
1999M09
1999M01
1998M05
1997M09
1997M01
Tabac
1996M05
1995M09
1995M01
3,4 %
(1984:10)
1994M05
4,0
1993M09
1993M01
1992M05
1991M09
1991M01
1990M05
8,0
1989M09
1989M01
6,0
1988M05
1987M09
1987M01
1986M05
1985M09
1985M01
1984M05
1983M09
2,0
1983M01
1982M05
14,0
1981M09
1981M01
%
Le taux d ’inflation mesuré par l ’indice
des prix à la consommation
(discussion en classe)
12,9 % (1981:07)
12,0
10,0
6,9 % (1991:01)
TPS
2,6 %
(1999:09)
0,0
-2,0
Macroéconomie:
concepts et mesure des
principales variables
École des Hautes Études Commerciales,
Programme de MBA, Janvier 2001
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