Diapos - Académie Lorraine des Sciences

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Conférence du 15 mai 2014
« Science et Philosophie »
Henri Poincaré (mathématicien, physicien & philosophe)
(1854 – 1912)
« La recherche de la vérité doit être le but de notre activité ; c’est la seule fin qui soit digne d’elle. »
Henri Poincaré
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La question de la vérité préoccupe le philosophe et le scientifique
Pourtant les deux démarches sont différentes
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La science porte son regard sur les choses en tant qu’objet défini et mis en rapport
avec soi, sa pensée, sa raison ; objet qu’on analyse ensuite.
La philosophie s’intéresse aux choses dans leur entièreté dont on fait
l’expérience et avec lesquelles on est en relation.
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Philosophe en méditation (peinture de Rembrandt)
La philosophie est une tentative de re-présenter le sens reçu, entendu, échangé, porté
et transporté lors de l’expérience de quelque chose.
Le sens de quelque chose est ce qu’on peut également appeler l’être de cette même
chose, ou sa vérité.
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La science vise à la vérité par le discours qu’elle formule sur les objets
qu’elle étudie
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Aristote, philosophe grec
(384 av J.-C – 322 av J.-C)
Aristote situe l’étonnement et l’admiration à la source de tout questionnement et de toutes activités
(recherches) philosophiques et scientifiques.
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Quelle est cette expérience qui nous étonne, nous émerveille et que nous admirons ?
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Première partie
La question initiale de tout travail de recherche est celle de la vérité.
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La vérité de quelque chose dépend-elle du point de vue ?
La question du point de vue est primordiale pour aborder
la vérité.
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« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », écrit Pascal (pensées – 294).
Ce qu’on appelle couramment vérité est problématique.
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À partir d’une même donnée, on peut aussi bien affirmer ou nier selon le point
de vue adopté.
Y a t il une vérité ?
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La vérité scientifique a vocation à l’universalité
Pourtant, la science peut revoir ses théories et porter un discours scientifique différent sur les mêmes phénomènes à
travers le temps.
Vérité aujourd’hui, erreur hier.
La vérité semble plutôt reculer au fur et à mesure qu’on avance.
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La vérité reste une cible à atteindre
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Protagoras, philosophe grec
(490 av J. -C – 420 av J.-C)
« L’homme est la mesure de toutes choses ».
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Paul Valéry (1871 – 1945)
poète et philosophe
Paul Valéry souligne « L’étonnante faculté de l’esprit humain » de produire du sens
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Gaston Bachelard (1884 – 1962)
Philosophe des sciences
Gaston Bachelard écrit dans le texte La formation de l’esprit scientifique :
« Rien n’est donné, tout est construit. »
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Si l’homme pense qu’il est l’unique donateur ou
créateur du sens, il se situe de facto au centre de son
environnement, il en est le Maître et souverain, et la
nature est à sa disposition
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Max Planck (1858 – 1947)
physicien allemand
« La question de savoir ce qu’est une table en réalité ne présente aucun
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sens. Il en va ainsi de toutes notions physiques. » Max Planck
Qu’est-ce qu’une table ?
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« Une expérimentation qui se réalise in vitro ne vérifie pas la
chose et son fonctionnement, mais vérifie l’hypothèse,
l’énoncé, le discours, la théorie qu’on en fait à un instant
donné et relativement à des instruments et des mesures. »
Henri Poincaré dans Sciences et hypothèses.
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Pour un scientifique la vérité est une adéquation entre :
– la chose dont on parle, à propos de laquelle on a formalisé une théorie, on a élaboré un
discours, énoncé des hypothèses.
– Et une théorie, une hypothèse, un énoncé, une proposition (ou un discours),
Cette adéquation est confirmée lors d’une vérification (expérimentation).
Cependant la question de la vérité comme adéquation d’une proposition, d’un énoncé avec la
chose énoncée, continue de se poser.
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Aristote
Deuxième partie
Aristote définit la philosophie comme étant la science de l’être en tant qu’être.
Cette définition nous renvoie à trois questionnements.
Qu’est-ce que l’être ?
 Qu’est-ce que l’être en tant qu’être ?
Et pourquoi Aristote emploie-t-il le mot science : science de l’être ?
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Je fais l’hypothèse qu’il n’est pas possible que l’être en tant qu’être soit l’objet d’une science.
L’être ne peut pas être un ob-jet mis en rapport. Une chose jetée devant soi et ob-servé.
Et dès qu’on veut faire de l’être l’objet d’une science, il échappe et devient quelque chose. Un
étant existant mis en objet avec lequel on construit un rapport.
En revanche l’être est entendu lors de toutes expériences.
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Le sens est entendu lors de toutes expériences.
Il a cette puissance d’être entendu.
L’homme a la puissance de l’entendre.
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La philosophie nous parle de la capacité d’entendre l’être,
Elle nous parle de la capacité d’écoute du sens à l’instant de l’expérience de
toutes choses.
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Troisième partie
Aristote dit que la philosophie est née un jour de l’étonnement et de l’admiration.
L’étonnement se produit quand quelque chose arrive soudainement et qu’on n’attendait pas.
L’admiration se produit quand saisi par quelque chose, notamment par ce que l’homme va
nommer la beauté, il est en quelque sorte médusé, en arrêt, et sur le coup incapable de penser.
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L’étonnement appelle vers le pourquoi, vers le sens.
Ce sentiment mène à l’action, dont une des modalités, et non des moindres,
est celle de penser, de chercher.
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Leibniz (1646-1716)
Philosophe allemand
Le principe d’identité peut être défini de cette façon : toute chose en elle-même est identique à ellemême en son présent. (A identique à A).
Le principe de raison défini par Leibniz : « Jamais rien n'arrive sans qu'il y ait une cause ou du
moins une raison déterminante, c'est-à-dire qui puisse en rendre raison et dire pourquoi cela est
existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon »
(Théodicée, I, 44).
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La philosophie s’intéresse au sens, au pourquoi. Elle porte son intérêt à ce qui
nous met en chemin vers le sens et en chemin vers le pourquoi ; donc elle
s’intéresse à l’étonnement initial. A ses raisons.
Voilà ce qui met l’homme sur le chemin de la philosophie comme sur le chemin de
la recherche scientifique.
La philosophie est un chemin de libération.
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