M. Harribey, attac France ( PPT - 581 ko)

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Banque centrale, banques,
politique monétaire,
démocratisation de la monnaie
Jean-Marie Harribey
2012
http://harribey.u-bordeaux4.fr
http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey
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Le contexte
• Crise globale du capitalisme : économique,
sociale et écologique
• La dette publique est une conséquence de la
crise et non une cause
• Réaction des classes dominantes : ajustement
structurel
• Gouvernements : austérité
• Au niveau européen : après le verrouillage de la
politique monétaire entre les mains de la BCE,
celui de la politique budgétaire (TSCG et MES)
Crise capitaliste : le taux de profit 1960-2008 (%)
USA, G4 (USA, F, A, RU), UE3 (F, A, RU)
35
30
25
20
15
10
5
0
USA
G4
2002
1995
1988
1981
1974
1967
1960
UE3
Crise = triple incapacité de la finance
• Incapacité à créer de la valeur (Marx) : le capital
ne peut se valoriser sans exploiter la force de
travail
• Incapacité d’aller au-delà d’un seuil de cette
exploitation sous peine de surproduction, les
bulles financières faisant illusion
• Incapacité à faire reculer les limites de la planète
malgré la tentative de tout marchandiser
Pourquoi une banque centrale ?
• Nécessité qui tient à la manière dont la monnaie est
injectée dans l’économie
• crédit bancaire  investissement  production 
revenus  dépôts  consommation et épargne
• Compensation entre banques qui s’opère via les comptes
des banques à la BC sur lesquels elles déposent des
réserves obligatoires
• La BC met à disposition des banques les billets (moins
de 1/10 des dépôts bancaires)
• Elle gère les réserves de devises étrangères
• Elle doit réguler la quantité de monnaie qui circule
La régulation monétaire
• Masse monétaire = solde net des crédits (création de
monnaie à la demande de l’économie) et des
remboursements (monnaie retirée)
• Elle est composée de la monnaie centrale (ou base
monétaire : billets + dépôts sur les comptes à la BC) et
de tous les dépôts dans les banques
• Les banques ont besoin de se refinancer en monnaie
centrale : auprès du marché interbancaire ou directement
à la BC
• La BC dispose de plusieurs moyens : modifier le taux de
réserves obligatoires, intervention sur le marché
interbancaire
Bilan de la banque centrale
Actif
Passif
Or et devises
Fonds propres
Créances sur le Trésor public
Dépôts sur le compte du Trésor public
Créances sur les banques
(refinancement)
Dépôts sur les comptes des banques
(réserves obligatoires)
La politique monétaire de la BCE
• Dans le cadre de la financiarisation du capitalisme mondial :
circulation des capitaux, déréglementation et unification des
marchés financiers
• Construction de l’Union européenne : Acte unique (1986), Traité de
Maastricht (1992), PSC (1997), Traité de Lisbonne (2007)
• Interdiction de toute restriction aux mouvements de capitaux,
interdiction à la BCE et aux banques centrales nationales de prêter
aux États et de leur acheter des titres de leur dette, interdiction à
l’Union d’aider un État et interdiction à un État d’aider un autre
État, seuil de 3 % de déficit public et de 60 % de dette publique par
rapport au PIB, indépendance de la BCE à l’égard des
gouvernements.
Croissance de la masse monétaire et taux d’inflation dans la zone euro
Source : BCE
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Le Pacte budgétaire
• Obligation de ne pas dépasser 0,5 % de déficit public structurel par rapport au
PIB
• Inscription de cette « règle d’or » dans la Constitution ou dans un texte de
protée équivalente
• Soumission des budgets annuels à l’approbation de la Commission
• Obligation de réduire la dette de 1/20 par an de l’écart entre le taux de la
dette/PIB et 60 %
• Sanctions financières en cas de non-respect pouvant atteindre 0,1 % du PIB
prononcées par la Cour européenne de justice
• Austérité perpétuelle
• Impossibilité d’engager une transition sociale et écologique
• Négation de la monnaie comme institution collective
Le Mécanisme européen de stabilité (MES)
• Le MES doit prendre la suite du FESF en 2013
• Il sera doté d’une capacité d’action de 500 Mds €
• Institution financière mais pas de statut bancaire : il pourra
emprunter sur les marchés financiers mais pas se refinancer
auprès de la BCE
• Les États faisant appel à lui devront engager des réformes
« structurelles »
• Son aide dépendra d’une « stricte conditionnalité »
Les décisions de la BCE du 6 septembre 2012
• Outright Monetary Transactions : Rachat sans limite sur le
marché secondaire des obligations publiques à maturité entre 1 et 3
ans pour freiner les taux d’intérêt
- Sous condition d’application du Pacte budgétaire
- Stérilisation de la monnaie ainsi injectée par vente de titres privés
en sa possession
- Pas d’objectif de limite de spread
- La BCE s’engage à ne plus être un créancier privilégié(ce qui
accentue son caractère peu public
• La BCE reste une fausse banque centrale (voir Lignes
d’Attac, n° 90, juillet 2012)
- Pas prêteur « en dernier ressort » pour les États
-Les banques se refinancent sans obligation de qualité de leurs prêts
- Les États ne pourront pas le faire et devront réduire leurs dépenses
- Création monétaire confisquée ; notion de crédit délégitimée
Alternatives à la finance capitaliste
• La crise du capitalisme est globale :
la remise en cause de son modèle de développement est l’enjeu des décennies
à venir
• Restructuration de la dette
euthanasie de la rente par degré croissant :
- Rééchelonnement
- Dispense du paiement des intérêts
- Annulation partielle ou totale
• Socialisation des banques, séparation des banques et création
monétaire contrôlée
• Briser les marchés financiers (TTF, marchés à terme, produits
dérivés, paradis fiscaux…)
• Profonde réforme fiscale
Maîtriser la monnaie et le budget
• Le crédit est nécessaire
• Le déficit public n’est pas un drame, c’est
une opportunité
Annexe : Le bon État est en déficit ?
• Règle comptable du circuit économique
- En fin de cycle :
Épargne des ménages = flux de crédit bancaire + solde commercial extérieur +
solde budgétaire public
S = F + (X – M) + (T – G)
(F – S) + (X – M) + (T – G) = 0
- Si le budget public est équilibré, cela implique :
soit un déficit commercial extérieur et une insuffisance de l’épargne intérieure
par rapport au flux de crédit bancaire (l’étranger finance l’économie
nationale)
soit un excédent commercial extérieur et un excès d’épargne intérieure
(l’économie nationale finance l’extérieur)
- Sur un plan mondial (pas d’extérieur) :
déficit public = création de monnaie
excédent public = destruction de monnaie
Les enjeux de la démocratisation de la monnaie
• Enjeu économique
- C’est la BC qui « boucle » le circuit économique en contrepartie
du refinancement des banques, de la conversion des devises et de
l’intervention de l’État
- Si l’État maîtrise la BC, c’est lui qui « boucle »
• Enjeu social
- La monnaie est une institution sociale qui dépasse le cadre
capitaliste : elle éteint les dettes privées mais elle transmet aussi
les engagement sociaux (« dettes sociales »)
- Elle permet la socialisation d’une partie de la richesse : celle
créée par travailleurs des services non marchands qui sont
productifs
- Dualité : instrument d’accumulation et médiateur social, validé
par la puissance publique et la valeur créée par le travail
Conclusion
• Après la confiscation du levier monétaire, bridage du levier
budgétaire
• Le choix est donc entre faire payer la crise aux pauvres et briser
le pouvoir de la finance
• Enjeu de société
- Démocratie
- Maîtriser la monnaie
- Réhabilitation du crédit, de la dette, qui anticipent l’avenir
- La diabolisation de la dette vise à nier le lien social qui passe
par la transmission des dettes sociales (par exemple, retraites)
Annexe : La création monétaire
• Création monétaire au cours d’une période = solde des nouveaux
crédits bancaires et des remboursements
• Qui ?
- Les banques ordinaires
- La banque centrale en contrepartie d’une avance à l’État, d’une
conversion de devises en monnaie interne (avance à l’étranger) ou
d’un refinancement des banques ordinaires. Avec en débat : la BC
achète des bons publics en « première main » ou sur le marché
secondaire ?
- Pour quoi faire ? Financer la production ou la spéculation ?
• Création monétaire indispensable au développement économique
(Voir « Le mystère de la chambre forte » dans Le piège de la dette
publique, http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/monnaie/chambre-forte.pdf )
Source : Trésor-éco, n° 26, décembre 2007
http://www.tresor.economie.gouv.fr/file/326863
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