Nouvelles observations sur la distribution des tortues de la République du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Togo (Chelonii : Pelomedusidae, Trionychidae, Testudinidae) JÉRÔME MARAN Abstract : New observations on the geographical distribution of the freshwater turtles and tortoises of Bénin, Ivory Coast and Togo are provided. Key words : Turtles, tortoises, geographic distribution, Bénin, Ivory Coast, Togo. présence effective dans la région concernée. Toutes les tortues examinées ont été systématiquement mesurées, pesées, photographiées et relâchées. Résumé : De nouvelles localités sont recensées pour les tortues aquatiques et terrestres de la République du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Togo. Mots-clefs : Tortues, distribution géographique, République du Bénin, Côte d’Ivoire, Togo. RÉPUBLIQUE DU BÉNIN Matériel et méthodes Les données présentées ici ont été récoltées par l’auteur à l’occasion de plusieurs déplacements en Afrique de l’Ouest réalisés entre les années 1993 et 2002 (République du Bénin : du 29/08/02 au 25/09/02 ; Côte d’Ivoire : du 31/08/93 au 07/10/93 ; du 25/07/97 au 28/08/97 ; du 27/05/00 au 13/08/00 ; du 15/08/02 au 23/08/02 ; du 03/11/02 au 11/11/02). Les recherches se sont essentiellement portées sur la répartition des tortues des régions visitées. Les observations rapportées reposent d’une part sur la capture d’animaux vivants sur le terrain à l’aide de nasses (pour les tortues aquatiques) ou de visu (pour les tortues terrestres) et d’autre part sur la récolte de carapaces trouvées dans les restes de cuisine des villageois. Qu’il s’agisse des carapaces ou des témoignages de la population locale, les nouvelles localités mentionnées ont toutes été vérifiées par l’observation in situ de spécimens vivants. Les tortues, qui font l’objet d’une chasse importante, sont couramment proposées à la vente dans les marchés des villes et des villages. Nous n’avons volontairement pas pris en compte les observations relatives aux espèces vendues sur ces marchés. Les tortues qui y sont proposées proviennent parfois de très loin et ne reflètent absolument pas une 12 • Chéloniens 15 • septembre 2009 Résultats PELOMEDUSIDAE Pelomedusa subrufa olivacea (Schweigger, 1812) Péloméduse roussâtre occidentale Pelomedusa subrufa olivacea semble commune en République du Bénin où elle colonise tous les milieux aquatiques situés en savane guinéenne. Cette espèce est active principalement en saison des pluies. 24/09/02, entre Pahou et Tori-Bossito ; Adjohoun, Dpt de l’Ouémé, 01/09/02 ; Affamè, Dpt de l’Ouémé, 01/09/02 ; Agbodji, Dpt du Mono, 12/09/02, dans la rivière Kouffo et les marécages adjacents ; Aguégué, Dpt de l’Ouémé, 17/09/02 ; Aholouyèmè, Dpt de l’Ouémé, 20/09/02 ; Ahozon, Dpt de l’Atlantique, 24/09/02, sur la RNIE 1, entre Pahou et Ouidah ; Atchanou, Dpt du Mono, 11/09/02 ; Atchonsa, Dpt de l’Ouémé, 01/09/02 ; Athiémè, Dpt du Mono, 11/09/02 ; Avlékété, Dpt de l’Atlantique, 24/09/02 ; Avrankou, Dpt de l’Ouémé, 02/09/02 ; Bonou, Dpt de l’Ouémé, 01/09/02 ; Bopa, Dpt du Mono, 12/09/02, dans le lac Ahémè ; Dédékpoè, Dpt du Mono, 11/09/02 ; Djavi, Dpt de l’Ouémé, 20/09/02, situé à mi-chemin entre les villages Malanwi et Medédjonou ; Djérègbé, Dpt de l’Ouémé, 20/09/02 ; Domè, Dpt du Zou, 06/09/02 ; Ganvié, Dpt de l’Atlantique, 25/09/02 ; Gbaffo, Dpt du Zou, 06/09/02, situé en bordure du fleuve Zou à 1 moins d’un kilomètre du village de Domè ; Hévièdodji, Dpt de l’Atlantique, 24/09/02, juste après le village de Kokokodji ; Houdjava, Dpt de l’Atlantique, 24/09/02, en partant de Ahozon à deux kilomètres vers l’Océan ; Hounviguè, Dpt de l’Ouémé, 01/09/02 ; Hovidokpo, Dpt de l’Ouémé, 20/09/02, situé peu après le village Dja à la frontière du Nigeria ; Kétonou, Dpt de l’Ouémé, 20/09/02 ; Kokokodji, Dpt de l’Atlantique, 24/09/02, RNIE 1 ; Kokotomè, Dpt de l’Atlantique, 24/09/02 ; Kpokissa, Dpt du Zou, 08/09/02 ; Koussoukpa, Dpt du Zou, 06/09/02, dans la rivière Hounto ; Lac Nokoué, Dpts de l’Atlantique et de l’Ouémé, 31/08/02 ; Lokossa, Dpt du Mono, 11/09/02 ; Sado, Dpt de l’Ouémé, 02/09/02 ; Pahou, Dpt de l’Atlantique, 24/09/02, RNIE 1 ; Tanoué-Hessou, Dpt du Zou, 09/09/02 ; Tohouè, Dpt de l’Ouémé, 20/09/02 ; Towe Akpa, Dpt de l’Ouémé, 01/09/02 (village situé à mi-chemin entre les villages Atchonsa et Affame) ; Zogbodomé, Dpt du Zou, 09/09/02. 3 Localités d’observation (5) : Bohicon, Dpt du Zou, 06/09/02 ; Domè, Dpt du Zou, 06/09/02 ; Kétou, Dpt de l’Ouémé, 05/09/02 ; Tanoué-Hessou, Dpt du Zou, 09/09/02 ; Zogbodomé, Dpt du Zou, 09/09/02. Pelusios castaneus (Schweigger, 1812) Péluse de Schweigger Pelusios castaneus est très commune dans tous les milieux aquatiques répartis sur la côte (lagunes, marécages) et à l’intérieur du pays. Les populations qui vivent dans les marécages côtiers présentent une couleur générale noire (plastron doté d’une zone centrale claire) alors que celles présentes en savane guinéenne sont brun clair sans tache noire. Pelusios castaneus est capturée à l’hameçon esché de vers de terre, de morceaux de poisson ou de noix de palme. 2 1 : Pelusios castaneus, femelle adulte, vue latérale de la tête, Héviè-dodji, Dpt de l’Atlantique, 24/09/02, juste après le village de Kokokodji, Bénin. 2 : Pelusios castaneus, femelle adulte, vue dorsale, Héviè-dodji, Dpt de l’Atlantique, 24/09/02, juste après le village de Kokokodji, Bénin. 3 : Pelusios castaneus, femelle adulte, vue ventrale, Héviè-dodji, Dpt de l’Atlantique, 24/09/02, juste après le village de Kokokodji, Bénin, à noter le plastron entièrement noir de ce spécimen. Localités d’observation (37) : Adjaha, Dpt du Mono, 13/09/02 ; Adjara, Dpt de l’Atlantique, Chéloniens 15 • septembre 2009 • 13 Pelusios niger (Duméril & Bibron, 1835) 4 Péluse à bec crochu Pelusios niger se rencontre essentiellement dans les marécages côtiers caractérisés par des eaux noires et une végétation constituée de nénuphars, de Cyperus papyrus, de jacinthes d’eau et de Salvinia. Elle vit également dans les rivières à courant plus ou moins important. La végétation terrestre basse comprend des palmiers raphia et de nombreuses fougères. Elle vit en syntopie avec Pelusios castaneus. Localités d’observation (6) : Avrankou, Dpt de l’Ouémé, 02/09/02 ; Djavi, Dpt de l’Ouémé, 20/09/02, situé entre Malanwi et Medédjonou ; Kétonou, Dpt de l’Ouémé, 20/09/02 ; Lac Nokoué, Dpts de l’Atlantique et de l’Ouémé, 20/09/02 ; Sado, Dpt de l’Ouémé, 02/09/02 ; Tohouè, Dpt de l’Ouémé, 20/09/02. 5 TRIONYCHIDAE Trionyx triunguis (Forsskål, 1775) 6 4 : Pelusios niger, mâle adulte, vue d’ensemble, Sado, Dpt de l’Ouémé, 02/09/02, Bénin. 5 : Pelusios niger, femelle adulte, vue d’ensemble, Sado, Dpt de l’Ouémé, 02/09/02, Bénin. 6 : Pelusios niger, mâle et femelle adultes, vue ventrale, Sado, Dpt de l’Ouémé, 02/09/02, Bénin. 14 • Chéloniens 15 • septembre 2009 Trionyx du Nil Le Trionyx du Nil n’a pas été observé directement mais à partir de photos de l’espèce ; de nombreux pêcheurs du village Hounviguè (Dpt de l’Ouémé, 01/09/02) l’ont formellement identifié. Ils nous ont certifié qu’il était jadis communément pêché et consommé mais que sa capture demeure aujourd’hui exceptionnelle. Les locaux ne la considèrent pas comme une tortue à cause de sa morphologie générale atypique. TESTUDINIDAE Kinixys belliana nogueyi (Lataste, 1886) Cinixys de Bell Kinixys belliana nogueyi est largement répandue sur l’ensemble du territoire où elle se rencontre uniquement dans les milieux de type savane guinéenne. Le faible nombre de localités d’observations récoltées s’explique par le fait que les prospections se sont concentrées essentiellement sur la côte. Mais il ne fait pas de doute qu’il s’agisse de l’une des espèces les plus communes en République du Bénin. Localités d’observation (10) : Adakplame, Dpt de l’Ouémé, 05/09/02 ; Dassa, Dpt du Zou, 09/09/02 ; Domè, Dpt du Zou, 06/09/02 ; Forêt du Dogo, Dpt de l’Ouémé, 05/09/02 ; Forêt de Kétou, Dpt de l’Ouémé, 05/09/02 ; Kétou, Dpt de l’Ouémé, 05/09/02 ; Koussoukpa, Dpt du Zou, 06/09/02 ; Kpokissa, Dpt du Zou, 08/09/02 ; Sè, Dpt du Mono, 11/09/02, RN2, entre Lokossa et Comè ; Sodji, Dpt de l’Ouémé, 05/09/02. Kinixys homeana (Bell, 1827) Cinixys de Home Kinixys homeana n’était pas connue au Bénin (Iverson, 1992 ; McCord et al., 2005 ; Bour, 2006) où elle occupe les dernières forêts existantes comme par exemple la forêt de Ko (appelée aussi forêt de Lama). Kinixys homeana est également présente dans la forêt galerie de la rivière Zou. Cette espèce inféodée à la forêt dense humide sempervirente et semi-décidue est à rechercher dans toutes les forêts encore existantes y compris dans les forêts galeries qui bordent les rivières et les fleuves du pays. La Cinixys de Home est une espèce en danger qui disparaîtra de la République du Bénin si aucune mesure visant à la protéger n’est prise rapidement. Localités d’observation (3) : Domè, Dpt du Zou, 08/09/02, dans la forêt galerie du Zou ; Don-Zoukoutoudja, Dpt du Zou, 09/09/02 ; Forêt de Lama, Dpt du Zou, 09/09/02. Utilisation des tortues Dans tous les marchés des grandes villes, les tortues sont vendues soit pour l’alimentation ou soit parce qu’elles rentrent dans la composition de médicaments traditionnels. Les espèces les plus couramment commercées sont Pelusios castaneus, Pelusios niger, Pelomedusa subrufa olivacea, Cyclanorbis senegalensis, Kinixys belliana nogueyi et de manière plus anecdotique Kinixys homeana. Les tortues marines sont également représentées par Dermochelys coriacea, Eretmochelys imbricata et Lepidochelys olivacea (marché de Cotonou, le 30/08/02). Les dossières, les plastrons et les crânes des tortues sont vendus séparément. Ils sont utilisés comme ingrédients dans l’élaboration de mé- Chéloniens 15 • septembre 2009 • 15 dicaments destinés à soigner les problèmes intestinaux, les maux de reins ou les brûlures de la peau. Les fétichistes les vendent également pour les sacrifices vaudous. Dans ce cas, seul le sang est utilisé dans les rites alors que la chair est consommée. Pour guérir les hémorroïdes, des escargots (Achatina sp.) mélangés à des tortues rouges (Kinixys homeana ou Kinixys belliana nogueyi sont nommées « tortues rouge » par les populations locales en raison de la couche de latérite rouge qui recouvre parfois leur carapace) sont brûlés jusqu’à complète calcination. La poudre fine ainsi obtenue est mélangée avec de l’huile de palme jusqu’à former une pommade. Cette dernière est appliquée localement et mangée par petite quantité le matin et le soir pendant huit jours. Pour lutter contre la sorcellerie, les carapaces de tortues noires (Pelusios castaneus et Pelusios niger) sont écrasées et mélangées dans le canari (petit récipient) avec des morceaux d’oiseau charlatan et de vautour ainsi que du poivre de guinée. L’ensemble est brûlé et la poudre obtenue est mélangée avec du lait ou une boisson alcoolisée. Une autre préparation permet de lutter contre la vieillesse : la tortue rouge est calcinée et la poudre ainsi obtenue est mélangée à du savon noir. L’ensemble est appliqué sur le corps quotidiennement. Le 31 août 2002, nous visitons les marchés de Porto Novo (Ahouangbo, Ouando et Grand Marché). De nombreuses Pelusios castaneus, Pelusios niger, Kinixys belliana nogueyi et Kinixys homeana sont observées vivantes à chaque reprise. Les Kinixys homeana sont vendues 4000 FCFA/pièce alors que les Kinixys belliana nogueyi sont proposées à 3000 FCFA/pièce. Les tortues vivantes sont vendues essentiellement par les femmes qui les conservent dans des paniers à poules, ronds à leur base et de forme pyramidale. En plus des tortues, les femmes proposent également des poules et des canards. Au marché d’Ahouangho, les vendeuses affirment que les Kinixys homeana proviennent des forêts du Dogo et de Kétou. Ces informations n’ont pas pu être confirmées sur le terrain, c’est la raison pour laquelle ces localités ne sont pas retenues dans le présent travail. 16 • Chéloniens 15 • septembre 2009 TOGO PELOMEDUSIDAE Pelomedusa subrufa olivacea (Schweigger, 1812) Péloméduse roussâtre occidentale Pelomedusa subrufa olivacea est commune sur l’ensemble du territoire dans tous les milieux de type savane guinéenne. Localités d’observation (2) : Sansanné-Mango, région des Savanes, dans le fleuve Oti, 09/10/02 ; Kpalimé, région des plateaux, 19/10/02. Pelusios castaneus (Schweigger, 1812) Péluse de Schweigger Pelusios castaneus est présente dans les tous les milieux marécageux (type bas-fonds) situés notamment en bordure des grands cours d’eau. Les tortues qui vivent en savane présentent une couleur typique marron clair alors que celles présentes dans les marécages côtiers possèdent une couleur générale noire (dossière noire et plastron avec une zone périphérique noire et une zone centrale claire). Pelomedusa subrufa, femelle adulte, vue d’ensemble, Kpalimé, région des plateaux, 19/10/02, Togo. Pelomedusa subrufa, mâle et femelle adultes, vue ventrale, Kpalimé, région des plateaux, 19/10/02, Togo. Localités d’observation (2) : Koumoungou, Région des Savanes, situé à 20 km au sud de SansannéMango sur la N17, dans les bas-fonds adjacents au fleuve Koumoungou, 07/10/02 ; Sansanné-Mango, région des Savanes, dans le fleuve Oti, 10/10/02 ; TRIONYCHIDAE Cyclanorbis senegalensis (Duméril & Bibron, 1835) Trionyx à clapets du Sénégal Cyclanorbis senegalensis est commune dans toutes les collections d’eau telles que les fleuves, les rivières et les marécages. Sa chair, considérée comme très douce, est recherchée par les populations humaines locales. Cette tortue est également une source de revenu. Son prix dépend de sa taille et oscille entre 1500 et 5000 FCFA (entre 2,28 et 7,62 euros). Beaucoup de Ghanéens traversent la Chéloniens 15 • septembre 2009 • 17 frontière proche pour venir acheter des tortues. Ce sont des Manpouchis ou des Achanti qui en ont besoin pour fabriquer des fétiches. Les tortues sont pêchées principalement pendant la saison sèche (notamment entre les mois de janvier et février). Les pêcheurs utilisent trois méthodes pour les capturer. La première consiste à disposer dans toute la largeur du cours d’eau un fil de nylon totalement immergé. Sur ce fils, des cordelettes longues de vingt centimètres et terminées par un hameçon (numéro 14) dépourvu d’appât sont attachées tous les dix centimètres. Plusieurs centaines d’hameçons sont nécessaires. Tous les trente six hameçons, un flotteur et un caillou sont accrochés de manière à lester la ligne. Cette dernière doit couler suffisamment sans pour autant toucher le fond de la rivière. Il faut qu’elle demeure en suspension pour permettre aux nombreux hameçons de rester en eau libre. C’est en nageant que la tortue se fait prendre par les hameçons au niveau du cou et le plus souvent aux pattes avant. Cette technique est également utilisée à terre pour capturer le petit gibier sauvage (lapins, perdrix et pintades). Le second système consiste à attacher au bout des hameçons des vers de terre ou des morceaux de poisson. Les hameçons sont placés les uns des autres à une distance comprise entre 1,50 m et 2 m. La troisième méthode concerne l’utilisation de nasses qui sont placées dans les endroits du fleuve où le courant est faible. Les tortues vont souvent dans ces endroits pour se reposer. Les nasses sont enfouies dans les herbes immergées, et les tortues se font prendre facilement. La dernière méthode fait référence à l’utilisation plus classique d’un filet de pêche qui facilite la capture de poissons mais également de tortues. Une fois les animaux capturés, ils sont soit consommés le jour même ou alors conservés à l’intérieur de l’habitation dans un coin frais. L’endroit où est conservée la tortue est tenu humide afin qu’elle ne se déshydrate pas. La plupart du temps, la tortue s’enterre dans le sol meuble. Elle peut être conservée vivante pendant au moins trois mois avant d’être consommée. Localités d’observation (5) : Sansanné-Mango, région des Savanes, dans le fleuve Oti, 06/10/02 ; Koumoungou, région des Savanes, dans le fleuve Koumoungou, 07/10/02 ; Koumongoukan, région des Savanes, dans le fleuve Oti, 08/10/02 ; Nandoti, région des savanes, 08/10/02, situé à 11 km de Sansanné-Mango sur la N.23 ; Tchanaga, région des savanes, 09/10/02, situé à 16 km au nord sur la N.41. Trionyx triunguis (Forsskål, 1775) Trionyx du Nil Trionyx triunguis n’était pas mentionné au Togo (voir Iverson, 1992). Un exemplaire fraîchement capturé a été observé dans la retenue de Nangbéto. L’espèce est à rechercher dans les milieux aquatiques qui lui sont favorables comme par exemple les rivières, les fleuves (fleuves Mono, Oti) mais aussi les lacs et les lagunes côtières. Localité d’observation (1) : Retenue de Nangbéto, région des plateaux, 14/10/02. TESTUDINIDAE Kinixys belliana nogueyi (Lataste, 1886) Cinixys de Bell Cette espèce est commune dans les milieux de type savane guinéenne. Localités d’observation (2) : Dayes Élavagnon, plateaux de Danyi, région des plateaux, 17/10/02 ; Kpalimé, région des plateaux, 19/10/02. Kinixys homeana (Bell, 1827) Cinixys de Home Kinixys homeana n’était pas connue au Togo (Iverson, 1992 ; McCord et al., 2005 ; Bour, 2006) où elle est présente dans les massifs forestiers encore existant comme par exemple les forêts des plateaux de Danyi. D’après les locaux qui la consomment, cette espèce se nourrit de noix de palme, de charbon et de champignons. Elle est à rechercher dans les dernières forêts présentes dans les régions des Plateaux et du Centre. Localités d’observation (1) : Kpélé Elé, région des plateaux, 17/10/02. Cyclanorbis senegalensis, mâle adulte, vue d’ensemble, Sansanné-Mango, région des Savanes, dans le fleuve Oti, 06/10/02, Togo. 18 • Chéloniens 15 • septembre 2009 Cyclanorbis senegalensis, mâle adulte, vue ventrale, Sansanné-Mango, région des Savanes, dans le fleuve Oti, 06/10/02, Togo. Chéloniens 15 • septembre 2009 • 19 CÔTE D’IVOIRE PELOMEDUSIDAE Pelomedusa subrufa olivacea (Schweigger, 1812) Péloméduse roussâtre occidentale Pelomedusa subrufa olivacea est largement répandue en Côte d’Ivoire où elle occupe la zone de forêt claire et de savane guinéenne ainsi que la zone préforestière. Cette espèce investit tous les milieux aquatiques calmes en milieu ouvert (mares, étangs, lacs et savanes inondées). Dans les environs de Bouaké, les enfants piègent régulièrement cette espèce en utilisant une technique particulière. Cette dernière consiste à utiliser deux cannes, dont l’une est équipée d’un petit morceau de polystyrène, au bout du fil de pêche. L’un des pêcheurs agite le morceau de polystyrène à la surface de l’eau pour provoquer des vibrations qui attirent les tortues. À la seconde ligne, un criquet est accroché à un petit hameçon. Intriguée par les vibrations à la surface de l’eau, la tortue quitte le fond de la mare et cherche à se saisir de l’insecte. À ce moment précis, l’enfant ferre d’un grand coup sec en parvenant à piéger la tortue. Les tortues de petite taille sont conservées vivantes tandis que les plus grosses sont revendues sur les marchés. Localités de récolte (2) : Béoumi, 19/06/00 ; Bouaké, 27/06/00. Pelusios castaneus (Schweigger, 1812) Péluse de Schweigger Pelusios castaneus est commune tout le long de la côte où elle investit les marécages, les lacs et les lagunes. On la retrouve à l’intérieur des terres sur l’ensemble du territoire mais de manière plus ponctuelle. Dans le Nord du pays, elle fréquente surtout les zones inondées en bordure des grands fleuves et des lacs importants. Les tortues qui vivent en savane présentent une couleur typique marron clair alors que celles présentes dans les marécages côtiers possèdent une couleur générale noire (dossière noire et plastron avec une zone périphérique noire et une zone centrale claire). Pelusios castaneus est régulièrement capturée et consommée par les populations locales. Localités de récolte (3) : Béoumi, 19/06/00 ; Bodokro, 21/06/00 ; Grand-Bassam, 30/07/97. Pelusios cupulatta Bour & Maran, 2003 Péluse à dos rayé Cette espèce s’apparente à Pelusios niger mais également à Pelusios gabonensis avec lesquelles elle a longtemps été confondue (voir Bour & Maran, 2003). Pelusios cupulatta vit dans les régions de forêts denses humides sempervirentes et semi-décidues. Il se rencontre dans les rivières forestières caractérisées par des eaux noires et un courant pouvant être important. On le retrouve également dans les bas-fonds (marécages à eau calme, peu profonde et à végétation importante) ainsi que dans les mares forestières. En saison sèche, les tortues occupent les rivières forestières alors que durant la saison des pluies, les animaux (surtout les juvéniles) investissent les milieux forestiers inondés. Localités d’observation (12) : Rivière Brimé, située entre San Pédro et Monogaga, 07/11/02 ; San Pedro, 20/08/02 ; Guikla, 01/06/00, situé à 7 km de Grand-Bérébi, sur la route goudronnée en direction de San Pedro ; Rivière Davo, 15/06/00 ; rivière Soumié, route A100, entre Grand-Bassam et Aboisso, peu avant Assouba ; Divo, 1997 ; Didoko, 1997 ; Rivière Méno, 2000 ; Forêt de Taï, 2000 ; Mani, 2000 ; Rivière Dodo, 2000 ; Grand-Bérébi, 2000. Pelusios cupulatta, mâle adulte, vue dorsale et ventrale, rivière Brimé, située entre San Pédro et Monogaga, 07/11/02, Côte d’Ivoire. Pelusios castaneus, femelle adulte, Bouaké, Côte d’Ivoire. Pelusios cupulatta, mâle adulte, vue d’ensemble, rivière Brimé, située entre San Pédro et Monogaga, 07/11/02, Côte d’Ivoire. 20 • Chéloniens 15 • septembre 2009 Chéloniens 15 • septembre 2009 • 21 TRIONYCHIDAE TESTUDINIDAE Kinixys erosa (Schweigger, 1812) Cyclanorbis senegalensis Kinixys belliana nogueyi (Lataste, 1886) (Duméril & Bibron, 1835) Trionyx à clapets du Sénégal À l’instar de Pelomedusa subrufa olivacea et Kinixys belliana nogueyi, Cyclanorbis senegalensis est une espèce typique des savanes guinéennes. Cette tortue aquatique vit dans la zone de forêt claire et de savane guinéenne ainsi que dans la zone préforestière où elle affectionne tous les types de milieux aquatiques (fleuves, rivières, lacs, mares et marécages). Consommée régulièrement par les populations humaines locales, ses effectifs ne semblent pas pour autant menacés. Cinixys de Bell Cette espèce se rencontre uniquement dans la zone de forêt claire et de savane guinéenne ainsi que dans la zone préforestière. Bien que consommée régulièrement par les populations locales, elle apparaît commune sur l’ensemble du territoire. Le 4 août 1997, l’autopsie d’une femelle originaire de Bouaké révèle la présence de deux œufs dont les dimensions sont reportées dans le tableau 1. Localités d’observation (3) : Béoumi, 19/06/00 ; fleuve Bandama, 20/06/00 ; Lac de Kossou, 2000. Trionyx triunguis (Forsskål, 1775) Trionyx du Nil Trionyx triunguis occupe les lagunes, lacs, rivières et plus particulièrement les fleuves (Bandama, Comoé et Sassandra). La pêche dont elle a fait l’objet a considérablement diminué ses effectifs notamment dans les lagunes côtières. Cinixys rongée Il est probable qu’à l’origine cette grande tortue terrestre occupait l’ensemble de la région de forêt dense humide sempervirente. La déforestation intensive ainsi que le ramassage pour la consommation humaine a conduit à la quasi disparition de l’espèce en Côte d’Ivoire. Kinixys erosa est encore présente dans les zones forestières préservées du Parc National de Taï où elle partage son habitat avec Kinixys homeana. De l’avis même des chasseurs locaux, Kinixys erosa est considérée maintenant comme une espèce très rare. Localités d’observation (5) : Waté, situé à 15 km de Grand-Bérébi ; Gnaoula, situé à 19 km de Grand-Bérébi, entre Waté et SOGB (société de caoutchouc) ; Nero Mer, 03/06/00 ; Gagnoa, 13/06/00 ; Forêt de Taï, 2000. Localités d’observation (3) : Béoumi, 19/06/00 ; Bouaké, 1997 ; Bodokro, 21/06/00. N° de l’œuf Longueur Largeur 1 40 34 2 39 31 Tableau 1 : Dimensions des œufs en millimètres. Kinixys belliana nogueyi, femelle adulte, vue latérale de la tête, 1997, Bouaké, Côte d’Ivoire. Localités d’observation (4) : Grand-Bérébi, 01/06/00 ; San Pedro, 2000 ; Soubré, 2000, dans le fleuve Sassandra ; Tiassalé, 2000, dans le fleuve Bandama. Trionyx triunguis, femelle adulte, vue latérale de la tête, Abidjan, lagune Ébrié, 09/09/93, Côte d’Ivoire. 22 • Chéloniens 15 • septembre 2009 Kinixys belliana nogueyi, tortues adultes en vente au marché de Bouaké, 1997, Côte d’Ivoire. En haut : Kinixys belliana nogueyi, mâle adulte, vue latérale, 1997, Bouaké, Côte d’Ivoire. En bas : Kinixys erosa, subadulte, vue dorsale, 13/06/00, Gagnoa, Côte d’Ivoire. Chéloniens 15 • septembre 2009 • 23 Kinixys erosa, subadulte, vue dorsale et ventrale, 13/06/00, Gagnoa, Côte d’Ivoire. Kinixys homeana (Bell, 1827) Cinixys de Home Cette tortue terrestre est présente dans les régions de forêt dense humide sempervirente et semi-décidue. Dans ces deux zones géobotaniques, Kinixys homeana est l’espèce de tortue la plus commune. Elle semble moins souffrir de la déforestation et de la prédation humaine que Kinixys erosa. Ses dimensions réduites (< 23 cm) la préservent sans doute d’un ramassage systématique. Même si elle est inféodée à la grande forêt humide, elle semble s’adapter à la forêt secondaire. On l’observe même dans les plantations de café et de cacao. Sa plasticité écologique demeure tout de même limitée et il s’agit vraisemblablement d’une espèce en voie de régression à travers l’ensemble de son aire de répartition dans le pays. Kinixys homeana, mâles adultes, vue dorsale et ventrale, 01/09/93, Divo, Côte d’Ivoire. Localités d’observation (8) : Guikla, 01/06/00, situé à 7 km de Grand-Bérébi, sur la route goudronnée en direction de San Pedro ; Pont-Nero, près de la rivière Nero, au niveau du pont, situé à 21 km de Grand-Bérébi ; Nero Mer, 03/06/00 ; San Pedro, 07/06/00 ; Gagnoa, 12/06/00 ; Divo, 1997 ; Didoko, 1997 ; Forêt de Taï, 2000. ◗◗ Remerciements Pour leur précieuse collaboration, je tiens à remercier vivement Marc Asensio (Bordeaux) et Claude Nottebaert (Nachamps), sans oublier Ghislaine Guyot Jackson (Tallahassee), Jean-Jacques Delaruelle (Montvendre) et François Charles (Pavant) pour leur travail éditorial. Auteur L’Association du Refuge des Tortues Mairie de Bessières 26, place du Souvenir. F-31660 Bessières Courriel : [email protected] Site internet : www.lerefugedestortues.fr Texte reçu en Janvier 2009, accepté Mars 2009. Bibliographie Bour, R. 2006. Le genre Kinixys Bell : histoire nomenclaturale et taxinomique. Chéloniens 3 : 8-14. Bour, R. & Maran, J. 2003. Une nouvelle espèce de Pelusios de Côte d’Ivoire (Reptilia, Chelonii, Pelomedusidae). Manouria, 6 (21) : 24-43. Iverson, J.B. 1992. A revised checklist with distribution maps of the turtles of the world. Richmond, John Iverson : i-xiii + 1-363. Maran, J. 2006.The turtles of Côte d’Ivoire and inside Liberian jails. Radiata 15(2) : 3-20. Kinixys homeana, mâle adulte, vue latérale de la tête, 01/09/93, Divo, Côte d’Ivoire. Maran, J. 2004. Le Trionyx à clapets du Sénégal, Cyclanorbis senegalensis (Duméril & Bibron, 1835). La Tortue, N° 68 : 46-51. Maran, J. 2004. Dans les geôles du Libéria. La Tortue, N° 65 : 46-59. McCord, W.P., M. Joseph-Ouni & C. Tabaka. 2005. Chelonian illustrations N° 18. African Hinge-back Tortoises. Reptilia 38: 71-74. Perez-Vera, F. 2003. Les orchidées de Côte d’Ivoire. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 576 pages. 24 • Chéloniens 15 • septembre 2009 Chéloniens 15 • septembre 2009 • 25