Prenez le pas sur la Goutte Jean Granel le 17 février 2011 IMAGERIE POPULAIRE DE LA GOUTTE Maladie «vieillotte», peu scientifique : Au 19éme siècle elle était responsable de tous les maux (goutte remontée) Méritée car liée aux excès alimentaires et à la débauche Problème résolu depuis la découverte du Probénécide (1950) et de l’Allopurinol (1963) 2 Bénigne LA GOUTTE Due au dépôt de cristaux d’urate de sodium dans les articulations Résultant d’une hyperuricémie chronique Parfois négligée, car considérée comme peu grave et liée aux excès alimentaires (donc méritée!) La goutte est l’arthrite la plus fréquente chez l’homme Sa fréquence augmente Les goutteux ont une mortalité cardiovasculaire élevée La goutte est une maladie curable 3 les radios de M. Bonvivant et de Mme Polyarthrite ont-elles été mélangées ? 4 Images : Thomas Bardin. LA GOUTTE PEUT ÊTRE GRAVE 5 Images : Thomas Bardin. LE RISQUE CARDIOVASCULAIRE DES GOUTTEUX EST AUGMENTÉ L’hyperuricémie est un facteur de risque cardiovasculaire : L’hyperuricémie précède l’HTA et le syndrome métabolique chez l’homme et les induisent chez l’animal. L’hyperuricémie est un facteur prédictif d’apparition et d’aggravation de néphropathies et induit des lésions rénales chez l’animal. Le risque d’IDM chez le goutteux est multiplié par 2 à 3, même après ajustement pour les facteurs de risque associés (HTA, diabète de type 2, hyperlipidémie et obésité sont fréquents chez les goutteux). 6 Krishnan Arthritis Rheum 2006, Choi. Circulation 2007 , Feig NEJM 2008), Obermayr JASN 2008, Jonhson Endocrinol Rev 2009 Monsieur Bonvivant, 45 ans, VRP, 95 Kg, fumeur Présente pour la 2°fois une douleur aigue avec gonflement du gros orteil droit depuis 48 heures (le premier épisode remonte à 5 ans). L’épaule droite est douloureuse depuis 3 semaines (après un peu de bricolage). Il avoue bien manger (abats, fruits de mer, vin, apéro le soir) et il boit du coca la journée. Il ne pratique pas d’activité sportive Son père et son frère ont du psoriasis L’uricémie dosée le matin même est à 43 mg/l 7 Krishnan Arthritis Rheum 2006, Choi. Circulation 2007 , Feig NEJM 2008), Obermayr JASN 2008, Jonhson Endocrinol Rev 2009 Monsieur Bonvivant, 48 ans, VRP, 95 Kg, fumeur Vous pensez à une crise de goutte. L’uricémie à 43 mg/l écarte ce diagnostic ? Vous contrôlez l’uricemie dans 8 jours ? dans 14 jours ? Et le psoriasis familial ? Qu’elle relation de la douleur de l’épaule ? Prévoyez vous une échographie ? laquelle ? 8 Krishnan Arthritis Rheum 2006, Choi. Circulation 2007 , Feig NEJM 2008), Obermayr JASN 2008, Jonhson Endocrinol Rev 2009 EPIDEMIOLOGIE 1 à 2 % des adultes des pays industrialisés sont touchés 1-3 Prévalence de 1,4% en médecine générale au Royaume-Uni 2 En comparaison, la prévalence de la Polyarthrite Rhumatoïde est de 0.5 à 1 % 4 L’arthrite la plus commune chez l’homme En France, on estime le nombre de goutteux entre 600 000 et 800 000. 9 1. Zhang E et al. Ann Rheum Dis 2006; 65:1301-1311. , 2. Mikuls TR et al. Ann Rheum Dis 2005; 64:267-272. , 3. Annemans L et al. Ann Rheum Dis 2008; 67(7):960-966. 4. Alamanos Y and Drosos AA. Autoimmun Rev 2005; 4:130-136. ÉVOLUTION DE LA GOUTTE Intensité de la douleur Hyperuricémie Crises de Goutte récurrentes Goutte installée Goutte installée Les crises deviennent plus longues et plus sévères 1ère crise aiguë Asymptomatique Pas d’AMM des Hypo-uricémiants Temps Cette période peut durer 5 ans ou plus L’intervalle entre 2 crises se raccourci 10 Adapté de “Gout. Risk Factors, Diagnosis and Treatment. Disponible sur Internet: http://knol.google.com/k/gout CRISE DE GOUTTE : CLINIQUE Inflammation aiguë, mono-articulaire, récurrente extrêmement douloureuse, à début brutal La MTP du gros orteil est le site le plus classique (Podagre) Gonflement, rougeur et chaleur de l’articulation atteinte Crises à début nocturne ou tôt le matin Crises cessant dans les 7 à 10 jours sans traitement Desquamation en peau d’oignon 11 Image : Dr Anne-Kathrin Tausche TABLEAU : CRISES DE GOUTTE CRISE DECLINIQUE GOUTTE : CLINIQUE 12 LOCALISATION DE LA GOUTTE Localisations – Articulation métatarso-phalangienne du premier orteil (Podagre * : environ 50 % crise initiale) – Pied, cheville, genou – Poignet – Articulations des doigts (chez les personnes âgées et chez les patients dont la goutte est ancienne) – Olécrane (coude) Une douleur de l’épaule ou de la hanche n’est presque jamais goutteuse même en cas d’hyperuricémie * Les crises sont typiquement mono-articulaires. Elles peuvent être polyarticulaires au cours de l’évolution des gouttes sévères 13 Harris MD, et al. Am Fam Physician 1999; 59(4):925-934. DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS DES CRISES DE GOUTTE Arthropathies microcristallines Chondrocalcinose Rhumatisme apatitique Cristaux de pyrophosphate de calcium à l’examen du liquide articulaire Chondrocalcinose sur les radiographies (genoux) Calcification périarticulaire Autres Arthropathies Arthrite septique Examen direct et cultures du liquide articulaire Peut coexister avec la goutte (rare) Rhumatisme psoriasique Antécédents personnels ou familiaux de psoriasis Autres atteintes articulaires Sésamoïdite du gros orteil Incidence des sésamoïdes Bursite sur hallux valgus Aspect clinique 14 Images : Dr Tim Jansen ARTHROPATHIES URATIQUES 15 Images : Thomas Bardin ARTHROPATHIES URATIQUES 16 Images : Thomas Bardin PLACE DE L’URICÉMIE DANS LE DIAGNOSTIC Uricémie : ni sensible, ni spécifique L’hyperuricémie est fréquente et non spécifique : coexistence possible avec une autre cause de douleur articulaire (10 % seulement des hyperuricémiques sont goutteux). Lors d’une crise de Goutte, l’uricémie peut être proche de la normale dans 50% des cas1 Le meilleur moment pour doser l’uricémie est à distance des crises Meilleur moment pour mesurer l’uricémie 0 (Début de la crise) 4 Jours 8 Jours 17 1. Urano W, et al. J Rheumatol 2002; 29(9):1950-1953. 14 Jours 20 Jours ATTEINTES RÉNALES DE LA GOUTTE Lithiase urique Faite d’acide urique (cristallisation rapide) et non d’urate de sodium (cristallisation lente) Radiotransparente (diagnostic par échographie) Facteurs de risque : forte concentration d’acide urique dans les urines, fonction de : Uricurie des 24h Volume urinaire Ph urinaire: si < 6, le couple urate/acide urique est sous forme d’acide urique 18 Acide urique Urate de sodium pH acide pH neutre ou alcalin GOUTTE : POINTS CLES Maladie fréquente dont l’incidence est en augmentation, et souvent associée à une surmortalité cardiovasculaire Terrain : homme pléthorique avec syndrome métabolique et/ou antécédents familiaux L’hyperuricémie chronique est la cause de la goutte Les crises sont liées aux dépôts d’urate dans les articulations entraînant une inflammation aiguë La progression de la goutte peut conduire à une maladie grave et handicapante Le diagnostic repose sur la mise en évidence des cristaux d’urate (dans le liquide articulaire ou dans un tophus) 19 GOUTTE et HYPERURICÉMIE LA GOUTTE EST DUE À UNE HYPERURICÉMIE CHRONIQUE Mais seulement environ 10 % des hyperuricémiques ont une goutte 20 Graessler Arthritis Rheum 2006; 54: 292-300 URICEMIE ETRISQUE RISQUE DE GOUTTE URICÉMIE ET D’ACCÈS GOUTTEUX % incidence des crises de goutte plus d’un an après la première visite de chaque pateint Solubilité de l’urate à : 35oC 37oC Observé Régression logistique N = 267 100% 80% 60% 40% 20% 0% 50 (300) 60 (360) 70 (420) 80 (480) 90 (540) 100 (600) Taux d’uricémie moyen durant la totalité de la période d’investigation en mg/l (mol/l) 21 Shoji A, et al. Arthritis Rheum 2004; 51(3):321-25. Monsieur Bonvivant, 45 ans, VRP, 95 Kg, fumeur Vous retenez comme facteur de risque : La consommation d’alcool ? La consommation de vin blanc ? La surcharge pondérale ? L’alimentation (abats, fruits de mer, vin, apéro le soir) Les boissons (Coca) ? L’absence d’activité sportive 22 ? Krishnan Arthritis Rheum 2006, Choi. Circulation 2007 , Feig NEJM 2008), Obermayr JASN 2008, Jonhson Endocrinol Rev 2009 ÉTIOLOGIES DE LA GOUTTE Goutte primitive : > 80 % des cas Goutte enzymopathique Néphropathie uratique familiale Gouttes secondaires Hémopathies chroniques Insuffisance rénale Médicaments hyperuricémiants donnés de façon chronique 23 ALIMENTATION ET GOUTTE Facteurs de risque de Goutte modifiables : l’ingestion d’alcool Risque relatif de Goutte 3,0 • Risque Risque relatif de degoutte goutteentre entre desdes hommes hommes consommant consommant 2 boissons 2 boissons alcolisées alcolisées ouou plus pluspar parjour jourcomparé comparéààceux ceuxconsommant consommant moins moins d’une d’une fois par fois mois par mois 2,51 2,5 2,0 1,6 1,5 1,05 1,0 Risque diminué 0,5 0,0 Bière (n=45) 24 Risque augmenté Choi HK, et al. Lancet 2004; 363(9417):1277-1281. Alcools (n=64) Vin (n=18) ALIMENTATION ET GOUTTE Consommation de Sodas et Goutte RR de goutte chez les hommes en fonction de la consommation de soda sucrés Sodas sucrés P = 0,002 Diet sodas P = ns 25 Choi BMJ 2008; 336: 309-12 5-6/sem 1/jour > 2/ jour 1,24 1,45 1,85 (1 - 1,28) (1,02-2,08) (1,08-3,16) 1,09 1,07 1,12 (0,86-1,38) (0,83-1,38) (0,82-1,52) ALIMENTATION ET GOUTTE Facteurs de risque de Goutte modifiable : le surpoids et l’obésité 5 Risque relatif de Goutte 4,41 4 3,26 3 2,35 2 1,40 1 1 21-22,9 26 23-24,9 25-29,9 BMI (kg/m2) Choi HK, et al. N Engl J Med 2004; 350(11):1093-1103. 30-34,9 ≥35 GOUTTE PRIMITIVE : INTRICATION DES FACTEURS DE RISQUE Riche en calories et carbohydrates Hyperinsulinisme Défaut génétique Alimentation Diminution de l’excrétion urinaire d’urate Riche en purines Bière Fructose Spiritueux 27 Thomas Bardin. Hyperproduction d’urate Hyperuricémie MODIFICATIONS DU STYLE DE VIE Diététique Interdire : Bière, sodas sucrés, alcools forts Limiter Viande, poissons, crustacés, abats Encourager Laitages maigres, (café et vitamine C) Perte de poids progressive si obèse Les patients avec urolithiase doivent boire plus de 2l d’eau par jour et maintenir leur pH urinaire au dessus de 6 Exercice physique Les modifications de style de vie n’ont qu’un faible impact sur l’uricémie (baisse d’environ 10 mg) c’est pourquoi un traitement médicamenteux est habituellement nécessaire dans la goutte sévère. 28 Monsieur Bonvivant, 45 ans, VRP, 95 Kg, fumeur Quel traitement mettez vous en place : Devant une hyperuricémie asymptomatique ? Chez M. Bonvivant : Mesures hygiéno-diététiques ? Colchicine 3-2-2-111 ? Un anti-inflammatoire ? Un traitement de fond ? Quand ? 29 Krishnan Arthritis Rheum 2006, Choi. Circulation 2007 , Feig NEJM 2008), Obermayr JASN 2008, Jonhson Endocrinol Rev 2009 HYPERURICEMIE ASYMPTOMATIQUE Doit être distinguée de la Goutte symptomatique Hyperuricémie est différente de la goutte Facteur de risque CV, d’HTA et d’insuffisance rénale Mais absence d’essai d’intervention Prise en charge Régime seul dont la bière, les sodas sucrés, les alcools forts (baisse de 10 mg/l) Arrêt des médicaments hyperuricémiants (diurétiques si HTA et relais par losartan si HTA) Ajout du fénofibrate si dyslipidémie Vitamine C 500 mg/j (baisse de 5 mg/l) Risque accru de syndrome d’hypersensibilité, de Lyell ou de DRESS à l’allopurinol (75% des cas = patients non goutteux) ; Pas d’indication à l’emploi du fébuxostat 30 TRAITEMENT DES CRISES AIGUËS Remarques Nonpharmacologique AINS ou COXIB (utilisation prolongée) • Repos et élévation du membre • Application de froid • Ulcères et saignements GI, toxicité rénale, asthme induit • Interaction avec les anticoagulants oraux Colchicine Complications • Précautions en cas de dysfonction rénale ou hépatique, âge > 70 ans • Interactions médicamenteuses • Toxicité GI • Effets II rénaux • Effets secondaires sévères potentiels • Diarrhées Corticoïdes • Risque de décompensation diabète et HTA • Risque de rebond à l’arrêt et de corticodépendance Pas d’effet sur les causes de la goutte Non approprié au traitement chronique 31 • Hypertension • Hyperglycémie • Ostéoporose COLCHICINE Posologie maximale limitée à 3 mg/j Beaucoup plus active quand donnée tôt Ne diminue pas l’uricémie Intolérances digestives, cutanées, sanguines, neuromusculaires, favorisées par : Insuffisance rénale ou hépatique Interactions médicamenteuses: Macrolides et pyostacine (contre-indication) Ciclosporine Statines (arrêt du traitement lors de l’accès aigu) Jus de pamplemousse (24h) Potentialise les AVK Une petite dose peut suffire (EULAR) 32 Vidal 2009, Zhang W, et al. Ann Rheum Dis 2006; 65:1312-1324. COLCHICINE • ECR (Essai Clinique Randomisé) comparant 2 doses données tôt (< 12h), 180 patients 1.8 mg/j* (1.2 + 0.6 1h après) versus 4.8 mg/j* (1.2 + 0.6 /h x 6) Aussi efficace Mieux toléré Patients avec effets indésirables (%) 40 35 Répondeurs (%) 30 25 20 15 10 5 0 Forte dose Faible dose Placebo (n = 52) (n = 74) (n = 58) 90 80 * * * * p ≤ 0,05 en comparant forte dose avec faible dose et avec placebo 70 60 50 40 30 20 10 0 EI EI gastrointestinaux Diarrhée % de répondeurs (douleur > 50 %) à 24 h en fonction de la dose de colchicine Forte dose (n = 52) Faible dose (n = 74) * Dosages disponibles aux USA 33 Terkeltaub et al. Seminar Arthritis Rheumatism. 2009. 38(6) : 411-9. Placebo (n = 59) Nausées UN NOUVEL OBJECTIF THERAPEUTIQUE Cible : maintenir l’uricémie en dessous du seuil de 360 µmol/l (60mg/l) (EULAR) Permet la dissolution des dépôts uratiques et la guérison de la goutte Moyens : Régime Arrêt des médicaments hyperuricémiants (diurétiques, ciclosporine, tracolimus) Médicaments hypo-uricémiants 34 Zhang W, et al. Ann Rheum Dis 2006; 65:1312-24. URICEMIE ETRISQUE RISQUE DE GOUTTE URICÉMIE ET D’ACCÈS GOUTTEUX % incidence des crises de goutte plus d’un an après la première visite de chaque pateint Solubilité de l’urate à : 35oC 37oC Observé Régression logistique N = 267 100% 80% 60% 40% 20% 0% 50 (300) 60 (360) 70 (420) 80 (480) 90 (540) 100 (600) Taux d’uricémie moyen durant la totalité de la période d’investigation en mg/l (mol/l) 35 Shoji A, et al. Arthritis Rheum 2004; 51(3):321-25. URICÉMIE ET RÉDUCTION DES TOPHUS Corrélation entre l’abaissement de l’uricémie et la vitesse de réduction Uricémie mg/dl (mmol/l) des tophus chez des patients traités pour une goutte tophacée 6.1-7 (0.37-0.42) 5.1-6 (0.31-0.36) 4.1-5 (0.25-0.30) 4 (0.24) 0 0,5 1 1,5 2 Vitesse de réduction des tophus (mm/mois) Les tophus diminuent d’autant plus rapidement pendant le traitement que le niveau d’uricémie atteint est bas. 36 Perez-Ruiz F, et al. Arthritis Rheum 2002; 47(4):356-360. MODIFICATIONS DU STYLE DE VIE Diététique Interdire : Bière, sodas sucrés, alcools forts Limiter Viande, poissons, crustacés, abats Encourager Laitages maigres, (café et vitamine C) Perte de poids progressive si obèse Les patients avec urolithiase doivent boire plus de 2l d’eau par jour et maintenir leur pH urinaire au dessus de 6 Exercice physique Les modifications de style de vie n’ont qu’un faible impact sur l’uricémie (baisse d’environ 10 mg) c’est pourquoi un traitement médicamenteux est habituellement nécessaire dans la goutte sévère. 37 MÉDICAMENTS HYPO-URICÉMIANTS Indication discutée : en fonction de la symptomatologie et des comorbidités Colchicine ou AINS les 6 premiers mois Traitement à vie Education du patient : la non compréhension des buts du traitement et la faible adhésion thérapeutique sont les principales causes d’échec 38 HYPO-URICEMIANTS : QUELS PATIENTS ? Après une 1ère crise Après une seconde crise dans l’année Et/ou Insuffisance rénale ou lithiase Une décision personnalisée en fonction : Des caractéristiques du patient Et/ou Tophus ou arthropathie uratique Comorbidités Complications Fonction rénale Fréquence des crises Age La balance bénéfice/risque Bénéfice de la prévention d’autres crises Risque associé au traitement Les souhaits du patient 39 Zhang W, et al. Ann Rheum Dis 2006; Part 165:1312-24. Débuter le traitement hypo-uricémiant INITIATION D’UN TRAITEMENT HYPO-URICÉMIANT Ne pas débuter le traitement pendant une crise mais 2 à 4 semaines après sédation. Commencer l’hypo-uricémiant à faible dose et augmenter progressivement jusqu’à obtenir l’uricémie cible (360 mol ou 60 mg/l) Prévenir les crises induites par le traitement pendant les 6 premiers mois Faible dose de colchicine (0,5-1 mg/j selon fonction rénale) Faible dose d’AINS ou de Coxib Commencer à la dose la plus faible d’hypo-uricémiant Ne pas arrêter l’hypo-uricémiant en cas de crise Traiter la crise par colchicine ou AINS précocément 40 Zhang W, et al. Ann Rheum Dis 2006; 65:1312-24. PRISE EN CHARGE DE LA GOUTTE Pas de TTT Traitement hypo-uricémiant TTT aigu (AINS, colchicine, corticoïdes) Hyperuricémie asymptomatique Objectif : < 60 mg/l Prophylaxie (colchicine, AINS…) (2 semaines) (6 mois) (6 mois) 1-2 crises Contrôle uricémie* *doit être maintenu < 360 mol/l (50 ou 60 mg/l). *doit être maintenue < 0.36 mmol/L (5 or 6 mg/dL). 41 Contrôle uricémie* Contrôle uricémie* MÉDICAMENTS HYPO-URICÉMIANTS Inhibiteurs de synthèse Allopurinol (Zyloric) Febuxostat (Adenuric) Uricosuriques Probénécide (Benemide) Sulfinpyrazone (Anturane) Benziodarone (Dilafurane) Benzbromarone (Desuric) Fénofibrate (Lipanthyl) Losartan (Cozaar) Urate oxydase (Uricase) 42 Richette Nat Clin Rheum 2008 ALLOPURINOL Inhibiteur de la xanthine oxydase Utilisable quelle que soit l’uricémie Efficacité dose-dépendante Posologie initiale : 100mg/j, augmentée toutes les 2/3 semaines jusqu’à atteindre l’uricémie cible (< 60mg/l ou 360 mol/l) Est perçu comme capable de contrôler la grande majorité des gouttes lorsque les patients le prennent Echecs de l’allopurinol : Non compliance Insuffisance rénale et réduction des doses Interactions médicamenteuses : association à azathioprine ou mercaptopurine contre-indiquée Intolérance/DRESS Limitation à 300mg dans les gouttes sévères 43 Vidal 2009. Pascual and al. Curr. Opinion rheum.2000. 12(3) 213-8. Kim and al. Clin Ther. 2003 Vol.25 N°6 1593-1617 ALLERGIE À L’ALLOPURINOL Pas si rare (1-3%) Éruption « banale », simple rash, avec prurit Eruption jamais banale – signe capital – parfois oubliée… NE JAMAIS RÉINTRODUIRE l’allopurinol En avertir le patient (allopurinol-générique versus Zyloric®) Relais par : Un uricosurique : probénécide puis benzbromarone Un autre inhibiteur de la xanthine oxydase (Febuxostat) 44 B. EMMERSON, NEJM, 2010, (334), N°7 : 445-451. Lioté, Le Rhumatologue – 68 Dec 2008 ALLERGIE À L’ALLOPURINOL Syndrome d’hypersensibilité à l’Allopurinol (DRESS) • Facteurs de risque Insuffisance rénale, diurétique Posologie élevée Antécédent d’intolérance cutanée à l’allopurinol • Facteurs de gravité Age élevé Insuffisance cardiaque Réintroduction 45 ALLOPURINOL ALLOPURINOL Effets indésirables de l’allopurinol Peau et Muqueuse Eruption maculopapuleuse Dermatose bulleuse (syndrome de Lyell (a)) Tube digestif et foie Nausées, vomissements Diarrhée (stéatorrhée), Hépatite (a) Système nerveux Céphalées Neuropathies périphériques (b) Rein Nécrose tubulaire aiguë (a) Cellules sanguines Eosinophilie, leucopénie thrombopénie, agranulocytose (a) 46 Complication mortelle décrite ; (b) Administration prolongée FEBUXOSTAT : SUPÉRIORITÉ D’EFFICACITÉ VS ALLOPURINOL Etude FACT (1an) : Proportion patients Ac.U 6,0 mg/dl (< 360 mol/l) aux 3 dernières visites 80 * 70 % patients 60 62% * 53% 50 *p0.001 vs allopurinol 40 30 21% 20 10 0 Febuxostat 80 mg (n=255) Febuxostat 120 mg (n=250) Allopurinol 300 mg (n=251) Nb: 44% des patients ont déjà expérimenté allopurinol Critère inclusion ITT population: Uricémie 8.0 mg/dl à J -2 47 Becker MA, et al. N Engl J Med 2005; 353:2450-61. Critère exclusion:intolérance à l’allopurinol EFFICACITÉ DU FEBUXOSTAT SUR LA RÉDUCTION DE L’URICÉMIE : CONCLUSION DE LA COMMISSION DE TRANSPARENCE Febuxostat a démontré sa supériorité par rapport à une dose fixe d’allopurinol (300, 200 ou 100 mg/jour) pour baisser et maintenir I’uricémie en deçà du seuil de 60 mg/l, correspondant à l’objectif thérapeutique Cette efficacité a aussi été démontrée chez les patients ayant une insuffisance rénale légère* à modérée** * clairance de la créatinine comprise entre 60 et 89 mI/min **clairance de la créatinine comprise entre 30 et 59 ml/min FEBUXOSTAT : HYPERURICÉMIE CHRONIQUE SYMPTOMATIQUE La dose recommandée est de 80 mg une fois par jour. Si l’uricémie est > 60 mg/l (360 µmol/l) après deux à quatre semaines de traitement, l’administration de 120 mg une fois par jour peut être envisagée. L’action est suffisamment rapide pour permettre un nouveau dosage d’uricémie après 2 semaines de traitement. 49 RCP Febuxostat TRAITEMENT DES MALADIES ASSOCIÉES Hypertension artérielle, obésité, diabète, dyslipidémies doivent être reconnues et traitées dans le but de diminuer le risque cardiovasculaire (certains traitements réduisent aussi l’uricémie) Hypertension : arrêt des diurétiques (le losartan diminue l’uricémie) Hyperlipidémie : régime, fénofibrate, atorvastatine diminuent l’uricémie Arrêt du tabac Diabète : la réduction de l’hyperinsulinisme (amaigrissement, biguanides, glitazones diminuent l’uricémie) 50 ÉDUCATION DU PATIENT Améliore l’observance et l’efficacité du traitement Nature de l’information Explications sur la maladie, sa relation avec l’hyperuricémie, sa nature curable Distinction entre traitement des crises aiguës et traitement hypo- uricémiant Hygiène de vie et « régime » (calories, bière, alcools, sodas), corrections des erreurs diététiques Uricémie cible < 60 mg/l (360 mol/l) La dissolution des tophus induit des crises aiguës, qui ne doivent pas faire arrêter le traitement hypo-uricémiant Traitement à vie (maladie chronique) 51 SUIVI À LONG TERME Surveillance régulière de l’uricémie (< 360µmol/l), du poids, de la PA, de la créatininémie (tous les 6 mois) Les traitements de la crise de goutte ne sont que des traitements symptomatiques La réduction de l’uricémie en dessous de < 60 mg/l (< 360 mol/l) par les traitements hypo-uricémiants permet de guérir la goutte L’obtention d’une uricémie plus basse dans les gouttes tophacées permet une réduction plus rapide des tophus 52 Zhang W, et al. Ann Rheum Dis 2006; 65:1312-1324. GOUTTE : CONCLUSION Une maladie potentiellement grave mais curable Risque cardiovasculaire augmenté La plus fréquente cause de rhumatisme inflammatoire chez l’homme adulte L’incidence de la goutte augmente Le diagnostic peut être difficile dans les formes atypiques : valeur de l’analyse du liquide articulaire Le traitement pose problème en cas d’intolérance ou d’inefficacité de l’allopurinol : intérêt des nouveaux hypo-uricémiants L’éducation des patients est indispensable au succès du traitement 53 PRISE EN CHARGE DE LA GOUTTE Pas de TTT Traitement hypo-uricémiant TTT aigu (AINS, colchicine, corticoïdes) Hyperuricémie asymptomatique Objectif : < 6mg/dl Prophylaxie (colchicine, AINS…) (2 semaines) (6 mois) (6 mois) 1-2 crises Contrôle uricémie* *doit être maintenu < 360 mol/l (50 ou 60 mg/l). *doit être maintenue < 0.36 mmol/L (5 or 6 mg/dL). 54 Contrôle uricémie* Contrôle uricémie* DIFFÉRENCES ENTRE FEBUXOSTAT ET ALLOPURINOL Febuxostat Allopurinol Structure chimique et Inhibiteur sélectif de la activité xanthine oxidase nonpurique Inhibiteur purique non sélectif de la xanthine oxidase Efficacité 48 à 65 % des patients < 60 mg/l 21% des patients <60mg/l aux doses recommandées Excrétion Elimination mixte hépatique et rénale Elimination principalement rénale Posologie Dose minimale efficace Augmentation depuis (80 mg) 100 mg (300mg en général) Insuffisance rénale légère à modérée Pas d’ajustement posologique Adaptation des posologies nécessaire