Interview de Michel Le Bourhis par Edith Michaelsen, © Ernst Klett

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Interview de Michel Le Bourhis par Edith Michaelsen, © Ernst Klett Sprachen 2015
La langue dans Échancrure (2 min. 40)
– Le langage dans ce livre est quelque chose qui me touche énormément. Y’a un travail dont
j’espère qu’il ne se voit pas trop. Je serais un mauvais artisan mais y a un travail d’écriture
sur le langage adolescent, sur une façon de parler, on pourrait se dire que c’est ce qu’il y a
de plus simple, on parle comme on écrit. En vérité, si on devait vraiment faire parler les ado,
‘fin les faire écrire comme ils parlent, on aurait un livre pas vraiment intéressant. Donc, faut
pas vouloir les faire parler comme ils parlent, faut en même temps les faire parler d’une
manière telle qu’on peut y croire, que ce sont des ados qui parlent, mais d’une manière
suffisamment intéressante quand même. Donc on est sur un entre-deux, d’où ce travail sur
le langage…
– Dans la nuance.
– Oui et en même temps dans la création de quelques expressions pour casser un peu le…
les poncifs, les…
– Les clichés.
– Les clichés, voilà, c’est ça, les tics aussi de langage, y’en a plein chez les ados et pas que
chez les ados…
– Oui.
– Donc, éviter tout cliché, alors ça c’est clair, c’est une « volonté de », toute expression un
peu toute faite, quitte à essayer d’en inventer, une comparaison un peu surprenante, voilà,
ça ça peut m’intéresser de trouver les comparaisons un peu…Alors, que ça débouche sur une
forme poésie, pourquoi pas. Avec tout ce qu’on peut mettre dans ce mot. Si on y met
quelque chose d’inattendu. Ou…
– Justement.
– Dans ce cas je prends.
– Hm…
– Un exemple qui me vient en tête, il y a cette expression à un moment, qui est vraiment
glissée entre deux paragraphes : « zigzaguer l’ennui ». Voilà, c’est l’expression. Alors, déjà le
verbe « zigzaguer » n’appelle pas normalement un complément derrière, c’est pas un verbe
transitif, donc y’ a une incorrection grammaticale, qui m’intéresse aussi. On est dans la
transgression du langage, on revient vers la poésie dont vous parliez puisque la poésie
autorise justement cette forme de transgression mais on est dans une transgression qui veut
dire quelque chose, quoi. « zigzaguer l’ennui », bon on peut imaginer ce que l’on veut, mais
dans le passage, où cette expression elle trouve sa place : on a une vie de merde, une
© Ernst Klett Sprachen GmbH, Stuttgart 2015 | www.klett-sprachen.de | Alle Rechte vorbehalten.
Kopieren für den eigenen Unterrichtsgebrauch gestattet.
ISBN 978-12-592314-0
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parenthèse, on va essayer de passer entre les gouttes, pour profiter un peu des trucs, c’est
dit en deux mots, ce qui ramène à l’aspect poétique, la poésie c’est souvent un concentré de
sens, on en dit beaucoup en peu de mots. Y’a cette « volonté de », ce travail sur le langage.
J’espère que les lycéens, même si ça va être plus compliqué pour eux, dans la mesure où
c’est pas leur langue maternelle, vont à un moment y être sensibles. Alors, oui, y’a des
thèmes et puis y’a un langage qui l’accompagne.
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