Les alternatives thérapeutiques aux carbapénèmes

publicité
Dr Jacques CHOUCAIR
Specialiste en Maladies Infectieuses
CLIN 2010

Les entérobactéries sont
◦ soit naturellement sensibles aux bêtalactamines
(exemple : Escherichia coli),
◦ soit elles sont naturellement résistantes (exemple :
les klebsiella sont toujours résistantes à
l'ampicilline),
◦ soit elles ont une résistance acquise.
Celle-ci peut être introduite par une mutation
chromosomique (plutôt rare) ou par l'acquisition de
matériel génétique, par exemple sous forme d'un
plasmide (plutôt fréquent).
•
Il peut s'agir
 D'enzymes détruisant les bêtalactamines, les
bêtalactamases
 De troubles de perméabilité pour les antibiotiques,
 De systèmes d'efflux qui permettent d'évacuer les
antibiotiques qui auraient pénétré dans la bactérie,
 De modification de la cible bactérienne de l'antibiotique
 De modification de la gyrase pour les quinolones
Target site modification
(intra- or extracellular;
-lactams, macrolides,
quinolones, glycopeptides)
Decreased permeability
(TMP / SMX)
Enzymic
degradation
(intra-or
extracellular;
-lactams,
aminoglycosides)
X
Efflux
(macrolides,
quinolones)
Bypass
(TMP / SMX)


La définition de la multirésistance n'est pas
univoque et il est difficile de trouver des
critères précis de multirésistance.
Les BMR sont des bactéries qui ne sont
sensibles qu'à un petit nombre de familles ou
de sous familles d'antibiotiques, ce petit
nombre variant de 0 à 3
Andremont A. Définition de la multirésistance bactérienne, prévalence et incidence des bactéries
multirésistantes en réanimation. Impact écologique. In: XV Conférence de consensus en
réanimation médicale et en médecine d'urgence. Prévention des infections à bactéries
multirésistantes en réanimation. 1996

Elles sont nombreuses et constituent
plusieurs groupes dont la dénomination n'est
fondée sur aucun consensus :
- TEM du nom du malade chez qui on a isolé
la première souche porteuse de ce type
d'enzyme,
- SHV pour sulfhydril-variable,
- OXA hydrolysant l'oxacilline
- PSE pseudomonas specific enzyme

Peu après la découverte en Grèce, dans les
années 60, de la première bêtalactamase TEM
qui hydrolyse l'ampicilline et les CG1 et est
transmise par un plasmide chez Escherichia
coli, celui-ci s'est rapidement et
mondialement répandu dans d'autres
entérobactéries, Pseudomonas aeruginosa,
Haemophilus influenzae et Neisseria
gonorrhoeae.



Les bêta-lactamases à spectre élargi (BLSE) sont
des enzymes produites par des bactéries Gram
négatif.
Ces enzymes ont la capacité de dégrader et
désactiverles pénicillines, les monobactames et les
céphalosporines jusqu'aux C3G mais respectent
les céphamycines (au moins in vitro)
Escherichia Coli et Klebsiella ssp., produisent des
enzymes BLSE qui peuvent aussi être produites
par Salmonella ssp., Shigella dysenteriae,
Enterobacter, Citrobacter et Pseudomonas
aeruginosa.
Les (B.L.S.E.) sont des enzymes
apparues à la suite de modifications
survenues sur les plasmides qui
codent pour les TEM1, TEM2, SHV1
ou SHV2 et sont appelées TEM3 à
TEM9 ou SHV3 à SHV5.
 À ce jour, on a identifié 170 bactéries
productrices d’enzymes BLSE
 Elles sont plasmidiques donc
transférables.



Leur apparition et leur dissémination
coïncident avec l’utilisation d’antibiotiques à
large spectre tels que les céphalosporines et
les quinolones.
L’utilisation rationnelle des antibiotiques
pourrait contribuer à ralentir la dissémination
des bactéries productrices de BLSE.


On les détecte in vitro en testant côte à côte
deux disques, une C3G et une association
contenant de l'acide clavulanique. On obtient
une image caractéristique de synergie
d'action en "bouchon de champagne".
Il importe de pratiquer cette recherche car les
souches qui produisent ces enzymes,
peuvent, sur l'antibiogramme standard, être
déclarées sensibles car les diamètres
d'inhibition mesurés autour des disques des
C3G ne sont pas toujours diminués
Détection des BLSE au
laboratoire


Les méthodes de détection en laboratoire des
BLSE est possibles avec les recommandations
du Clinical and Laboratory Standards
Institute.
Cependant, ces tests peuvent être associés à
des faux négatifs et des faux positifs, surtout
pour les bactéries qui produisent des BLSE et
des bêtalactamases de type AmpC à
médiation plasmidique.



En milieu hospitalier, le diagnostic de la
colonisation par BLSE s'effectue par un
frottis du périnée, inguinal ou anal.
Les indications à la recherche d'une BLSE en
milieu hospitalier ne sont pas clairement
établies, mais elle est certainement utile
dans des situations d'épidémies
hospitalières ou chez des patients fragiles
ayant subi plusieurs antibiothérapies
préalables.
En milieu communautaire, il n'y a aucune
indication à effectuer des frottis de
dépistage.



Il est recommandé de mettre en place des
mesures d'isolement, type contact ou chambre
individuelle, afin d'éviter des transmissions
nosocomiales.
Il n'existe pas de schémas de décolonisation
reconnus pour les patients colonisés.
La meilleure prévention pour ce type de germes
reste la prescription rationnelle d'antibiotiques à
large spectre visant à diminuer la pression de
sélection pouvant favoriser l'émergence de
bactéries productrices de BLSE.



Les traitements par les carbapénèmes (imipénem,
méropénem, ertapénem) sont grevés de la
mortalité la plus basse.
Mais l'utilisation des carbapénèmes, en présence
de BLSE, favorise aussi l'émergence d'autres
enzymes, les métallo-bêtalactamases qui
hydrolysent les carbapénèmes et les rendent
inefficaces.
Concernant le co-trimoxazole et la
ciprofloxacine, on observe des taux de
résistances variables de 40-60% selon les pays.


L'imipénème et le méropénem se sont
démontrés supérieurs aux autres
antibiotiques dans le traitement des
infections graves associées aux BLSE et aux
bactéries à gram-négatif productrices de
bêtalactamases de type AmpC.
Des données in vitro démontrent que la
tigecycline, l'ertapénem, et la colistine
pourraient être des choix potentiels, les
données cliniques multiples manquent
encore.


la tigécycline n’est pas recommandée à cause
de sa faible élimination urinaire .
Pour le relai ou l’association avec les
carbapénemes, on est donc revenu à
d'anciens antibiotiques en proposant les
polymyxines (colistine), la nitrofurantoïne, le
triméthoprime-sulfaméthoxazole, la
fosfomycine, les quinolones et les
aminoglycosides.




Il s’agit des polymyxines ou polypeptides
(polymyxine B et polymyxine E) ou colistine
(Colimycine).
Ces antibiotiques de structure polypeptidique ne
sont actifs que sur les bactéries gram-négatives.
Leurs cibles sont les membranes lipidiques, la
membrane externe d’abord, puis la membrane
cytoplasmique.
La fixation des polymyxines va désorganiser la
structure de ces membranes et les rendre
perméables, ce qui aboutit à la mort rapide de la
bactérie.


Ce sont des antibactériens urinaires
(nitrofurantoïne, Furadantine) et intestinaux
(nifuroxazide, Ercéfuryl) uniquement, car leur
diffusion systémique est nulle ou très mauvaise.
Leur structure et leur mode d’action présentent
des similarités avec ceux des nitro-imidazoles :
réduction d’un groupement nitro- (les bactéries
aérobies étant ici capables d’effectuer la
réduction), induction de lésions de l’ADN par les
dérivés réduits.



Il s’agit des sulfamides et diaminopyrimidines
Les folates et en particulier l’acide
tétrahydrofolique sont indispensables à la
synthèse des acides nucléiques.
Or les bactéries, à la différence des cellules
eucaryotes, ne peuvent assimiler les folates
exogènes.



Les sulfamides et le triméthoprime sont des
inhibiteurs compétitifs de la synthèse de l’acide
tétrahydrofolique.
Cette inhibition a pour conséquence une
diminution des nucléotides utilisables pour la
synthèse des acides nucléiques et donc un effet
bactériostatique.
En revanche, l’association des 2 antibiotiques
(triméthoprime- sulfaméthoxazole) est
synergique et bactéricide, la voie de synthèse de
l’acide tétrahydrofolique étant complètement
bloquée.


La fosfomycine inhibe la pyruvyl transférase
impliquée dans l'une des premières réactions
de la synthèse du peptidoglycane.
Cette étape étant intracytoplasmique, la
pénétration de la fosfomycine à l'intérieur de
la bactérie est nécessaire à son activité. Elle y
pénètre par le système de transport de l'aglycérophosphate et des hexoses
monophosphates.




l'adjonction de trométamol (trométhamine)
est necessaire a son absorption digestive.
Elle ne se lie pas aux protéines plasmatiques
Elle diffuse bien dans les tissus et n'est pas
métabolisée.
Elle s'élimine dans l'urine à forte
concentration


La molécule mère est l’acide nalidixique.
La plupart des quinolones utilisées sont des
fluoroquinolones qui ont un radical fluor
attaché au noyau central en position 6.



Il s’agit de molécules synthétiques que l’on
peut diviser en 4 générations :
Les quinolones entraînent une inhibition rapide
de la synthèse de l’ADN, suivie rapidement par
la mort de la bactérie.
Ces molécules pénètrent dans le cytoplasme
bactérien par diffusion passive et vont agir sur
leur cible spécifique : l’ADN-gyrase (BGN) et la
topoisomérase IV (BGP) .
1st generation
 cinoxacin (Cinobac)
 flumequine (Flubactin)
(Veterinary use)
 nalidixic acid (NegGam,
Wintomylon)
 oxolinic acid (Uroxin)
 piromidic acid (Panacid)
 pipemidic acid (Dolcol)
2nd generation
 ciprofloxacin (Ciprobay, Cipro,
Ciproxin)
 enoxacin (Enroxil, Penetrex)
 fleroxacin (Megalone,
Roquinol) (withdrawn)
 lomefloxacin (Maxaquin)
 nadifloxacin (Acuatim,
Nadoxin, Nadixa)
 norfloxacin (Lexinor, Noroxin,
Quinabic, Janacin)
 ofloxacin (Floxin, Oxaldin,
Tarivid)
 pefloxacin (Peflacine)
 rufloxacin (Uroflox)
3rd generation
 balofloxacin (Baloxin)
 grepafloxacin (Raxar)
(withdrawn)
 levofloxacin (Cravit, Levaquin)
 pazufloxacin (Pasil, Pazucross)
 sparfloxacin (Zagam)
 temafloxacin (Omniflox)
(withdrawn)
 tosufloxacin (Ozex, Tosacin)
4th generation
 clinafloxacin
 garenoxacin (Geninax)
 gemifloxacin (Factive)
 moxifloxacin (Avelox,Vigamox)
 gatifloxacin (Tequin
(withdrawn), Zymar)
 sitafloxacin
 trovafloxacin (Trovan)
(withdrawn)
 prulifloxacin (Quisnon)
In development
 ecinofloxacin


Sont des antibactériens urinaires.
Ils agissent par inhibition de plusieurs systèmes
enzymatiques bactériens sur des espèces Gram
négatif et Gram positif.
- Les concentrations critiques séparent les
souches sensibles des souches de sensibilité
intermédiaire et ces dernières, des résistantes :
souches isolées des urines : S < = 32 mg/L et R
> 128 mg/L.



Ce sont des antibiotiques à large spectre, les
molécules les plus utilisées étant la
gentamicine, la nétilmicine, la tobramycine et
l’amikacine.
Le ribosome est leur cible et pour y accéder,
leur principal obstacle est la membrane
cytoplasmique considérant leur hydrophilie .
Ils ne peuvent traverser les lipides de la
membrane par diffusion passive mais par un
processus requérant de l’énergie


Les concentrations à l’intérieur de la cellule
bactérienne sont alors environ 100 fois plus
élevées que celles du milieu extérieur.
L’absence de ce transport actif chez les
bactéries anaérobies strictes et les
streptocoques-entérocoques explique leur
résistance naturelle aux aminosides par
imperméabilité


Les carbapénèmes restent le traitement de
choix pour les infections urinaires dues aux
BGN producteurs de BLSE.
mais, on peut relayer le traitement par
d’autres molécules selon leur sensibilité pour
une décharge rapide des patients ou associer
d’autres antibactériens en cas de besoin.
Téléchargement