LE CRI: problème de communication Un vieux résident s’époumone: Révolver!!fusil! Bazooka… L’IDE se précipite: vous vous croyez à la guerre pour crier comme ca?... Mitraillette !!! Ca sent le pipi et vous êtes tout mouillé…Vous auriez pu demander le Pistolet!! Ah voila ! c’est bien ça le mot que je cherchais… PRÉAMBULE • Rien n’est plus insupportable qu’un CRI envahissant l’espace d’ une petite unité protégée (cantou). • La question de sa signification est vite escamotée pour ne voir que l’EXPLOSION d’un coup de semonce bruyant et strident. • Souvent DÉNATURÉ en un symptôme perturbateur réduit à de l’agitation et de l’agressivité verbale. CAS CLINIQUES • Cas typique: patiente de 89 ans contenue fauteuil , au caractère « affirmé » avec des performances mnésiques en baisse :« madame madame .. » qui s’apaise dès qu’un soignant s ’approche et lui prend la main mais qui recommence dès qu’on s’éloigne d’elle. • Cas du dément qui ne se peut se mouvoir par lui-même n’ayant plus l’idée de se déplacer…il crie, agrippe pour se rassurer comme si cet automatisme le calmait car n’ayant plus de contact qu’avec lui-même…Le cri venant alors colmater ses lacunes frustrantes.(chat, cawan) * Cas de Mr. Akathisie qui déambule en silence… Les cris chez le patient dément Il est dément? Il continue à crier! Que faire? La fiche DE.CLI.C. de repérage. Docteur Didier TRIBOUT Gériatre, Médecin coordinateur EHPAD Unité Fonctionnelle Douleurs et Soins Palliatifs. Hôpital Sainte Périne. AP-HP. Absence de conflits d’intérêts Illustration Dr..G.PETIT MEDCO la SALETTE BULLY La Nef des fous de Jérôme Bosch au XVe siècle. "Enfermé dans le navire d'où on ne réchappe pas, Le fou est confié à la rivière aux mille bras, A la mer aux mille chemins, à cette grande incertitude Extérieur à tout" Histoire de la folie - Michel Foucault A propos des cris du dément …questions!! Dans LE CHANT DU DÉMENT, le lecteur est invité à suivre à travers de brèves touches psychologiques, l’anamnèse et les ressentis intimes sur l’art et la folie du poète musicien Adam Nadir, interné en hôpital psychiatrique pour avoir lors d’un concert de musique sacrée, jeté brusquement son violoncelle sur le public…. Nicole DUBREUIL essai La liberté du malade dément: comment la respecter??? Faut-il respecter les cris du dément? Laisser faire!!! De la perte des sens à la perte de sens de ses actes quelle limite? crier a-t-il encore du sens? L’annonce du processus déficitaire…désespoir? n’a-t-il pas des raisons de crier?? « Le dément est considéré comme un insensé avant même d’ouvrir la bouche ». Jean Maisondieu (psychiatre le crépuscule de la raison) « Ce que l'autre (disqualifié en malade) nous enseigne sur notre positionnement professionnel. » Clivage? Déni? Compassion? Le monde des exclus A propos des cris du dément - Pablo Casals (El cant d'els ocelles) parlait du violoncelle comme d’un « instrument qu’on dit être le plus près de la voix humaine », un jour le fils d’une démente lui avouait: « vous redonnez de la voix à ma mère » - « Est-ce que l'âme des violoncelles est emportée dans le cri d'une corde qui se brise? » Auguste, Comte De Villiers de l'Isle-Adam La violoncelliste joseph De Camp Un cri s’écoute …… comme celui d’un oiseau Près d'un étang désert,où dort une eau brunie, un rai du soir s'accroche au sommet d'un roseau ; l’œdicnème « criard » est un oiseau nocturne qui chante des airs plaintifs et profonds qui lui sont caractéristiques. En Égypte, la nuit, on entend parfois la mélodie de son cri. Son chant est souvent évoqué par les poètes: Un cri s'écoute, un cri désespéré d'oiseau, Un cri pauvre et perdu dans la plaine infinie. Comme il est faible et frêle et peureux et fluet ! Et comme avec tristesse il se traîne et s'écoute Et comme il se répète et comme avec la route Il s'enfonce et se perd dans l'horizon muet ! Et comme il marque l'heure, au rythme de son râle, Et comme, en son accent minable et souffreteux, Et comme, en son écho languissant et boiteux, Se plaint infiniment la douleur vespérale !..... LE CRI Emile VERHAEREN (1855-1916) poète belge Un cri se respecte….. L'artiste a associé une note dans un de ses journaux a propos de cette œuvre: « J'étais en train de marcher le long de la route avec deux amis , le soleil se couchait , soudain le ciel devint rouge sang , j'ai fait une pause, me sentant épuisé, et me suis appuyé contre la grille , il y avait du sang et des langues de Feu , au-dessus du fjord bleu-noir et de la ville mes amis ont continué à marcher, et je suis resté là tremblant d'anxiété et j'ai entendu un cri infini déchirer la Nature »….. Le cri EDVARD MUNCH 1893 UN CRI SIGNE DE SOUFFRANCE GLOBALE… COMPOSANTE PHYSIQUE COMPOSANTE PSYCHOLOGIQUE PART LA PLUS SECRETE… LA PLUS INTIME.. LA PLUS MYSTERIEUSE? INACCESSIBLE UNIQUE.. (le mystère central de l’être): L’infracassable noyau de nuit A.BRETON* COMPOSANTE SOCIALE (*) Breton André, « Ecrits sur l’art et autres textes; » Édition de Marguerite Bonnet , le surréalisme : Automatisme psychique pur : le fond de la pensée COMPOSANTE SPIRITUELLE COMPOSANTE ETHNO CULTURELLE Un cri: une causalité circulaire. Perturbation psychologique Perturbation somatique Un cri de souffrance Venant modifier un état antérieur Perturbation cognitive Perturbation environnementale Alexander Calder Totem mobile Musée d’art moderne New York Le cri comme représentation corporelle symbolique ou évocatrice Le Haka danse rituelle Maori pour impressionner l’adversaire Bronze: le cri de RODIN évoque….. Le CRI : Phénomène exprimant un débordement * Phénomène oral: expression innée riche en affectivité sensori-motrice du stade oral (Freud) * Phénomène normal: débordement émotionnel marque joie, peur, douleur ,surprise ,angoisse pour l’entourage ou symbole fédérateur pour l’équipe ou contre l’adversaire (haka) * Phénomène pathologique :débordement sonore perdant sa valeur de communication :c’est un passage à l’acte témoin de solitude, douleur, besoin insatisfait , peur ,anxiété ,souffrance morale…chez le dément. Pierre CHARAZAC Un cri interpelle et s’analyse Enquêtes étiologiques: • Causes somatiques • Causes psychiatriques • Facteur précipitant • Facteur prédisposant • Un outil d’évaluation: le NPI-ES (évaluation à partir de l’inventaire Neuropsychiatrique pour les équipes soignantes). Conduite à tenir: CRIS : vocalisations compréhensibles ou non ,de forte intensité et répétitives HAS: le cri est classé dans la prise en charge des troubles de comportement perturbateurs !! Appel à une équipe spécialisée Traitement non médicamenteux Traitements médicamenteux IL CRIE: Rechercher les causes du « NOUVEAU» comportement du patient « Un comportement déraisonnable n’est pas un comportement sans raisons » Pascal, les pensées, liasse V, raison des effets. "Point n'est besoin d'élever la voix quand l'on a raison" – proverbe chinois Encore faut-il l’entendre!!! Blaise PASCAL IL CRIE: faire le pari du sens… Les troubles du comportement ne sont pas : « des actes insensés ».Ils sont utiles et doivent être considérés comme non « sans raisons »: *L’expression d’une souffrance multifactorielle. Rodin: la douleur *Un appel dont les soignants doivent trouver les origines pour la soulager. (souvenez vous: « mes amis ont continué à marcher… » Munch, le cri 1893) Un appel Qui ne peut être gagné qu’avec du temps et des moyens… La recherche du sens suppose une démarche méthodique, pas à pas, patiente et individualisée qui nécessite des moyens,condition (indispensable mais pas suffisante!!!!) pour une prise en charge de qualité des patients, de leur entourage…par des soignants formés à l’association de soins coordonnés combinant: * les actions non pharmacologiques *l’utilisation rationnelle des médicaments. Recommandations S.F.E.T.D. 2008 Don QUICHOTE Ne fait pas du CETELEM La recherche du sens suppose une « démarche méthodique, pas à pas, patiente et individualisée. » Élémentaire Mon cher Watson Z de Charles BONNET ANALYSE DU CRI • Son rythme : alternance de tension et de décharge (douleur ,éloignement du soignant ,la tombée de la nuit) • Son Intensité : modulation allant de l’appel à la prière ou de la colère à l’insulte. (gémissements agoniques) • Son contenu : va de l’onomatopée ou la stéréotypie verbale à la courte phrase (Mme. Coucou) Pierre CHARAZAC C’est une partition à 3 temps comme la valse (J.BREL) PAS UNE NOUVELLE ECHELLE: PAS DE CHIFFRES ..PAS DE SCORE!!!!! Mais alors Comment? La fiche DE.CLI.C.© de Sainte Périne DEcryptage CLInique des Cris chez le sujet âgé GOMAS J-M, PETROGNANI A., KNORRECK F., TRIBOUT D., TIRAPO C., SALES E. 1 - Il a mal fiche DECLIC -douleurs physiques : nociception, neuropathies, .. voire positon antalgique méconnue globe vésical, fécalome, pathologies diverses à réétudier avec l’équipe médicale -mauvaise organisation des soins -mauvaise installation, source d’inconfort douleurs provoquées par les soins ou la position : transferts, toilette, rééducation , repas . -certains gémissements ne témoignent pas forcément de douleur physique, mais peuvent être des restes de communication ou des « gémissements réponses» aux stimulations ( à l’agonie notamment) * le cri est donc signal d’alarme = il est à faire disparaître , avec la douleur * Instituer ou Réévaluer le traitement antalgique, l’organisation des soins, une prémédication des soins 2- Il est mal -souffrance morale, Peur, angoisse, révolte, dépression, hallucinations.. -Refus de soins pour mauvaise organisation des soins, appréhension, incompréhension sensorielle, voire maltraitance et vécu abandonnique … avec des cris qui sont donc justifiés -déclenchement des cris par la famille : que sait-elle ? est-elle en état de comprendre ? Y a-t-il des entretiens explicatifs de bonne qualité (assis, en prenant le temps) ? -frustration, isolement, et réactions liées à la dépendance * le cri n’est pas uniquement « négatif » ou « inutile » mais il faut surement l’atténuer * Réévaluer l’approche globale , le sens des soins , l’utilité des psychotropes 3 - Il est déficitaire cognitif - processus démentiel d’origines x: ( attention à la fluctuation et aux variantes d’une équipe à l’autre) : Alzheimer et apparentés, troubles neurologiques, troubles post AVC, Encéphalite, trouble tumoral central - cortège sémiologique riche , souvent explicatif mais non relié à des douleurs physiques - penser à la simple demande de présence ( comme communication, voire comme cris de joie) * le cri n’est pas uniquement « négatif » ou « inutile » , mais il faut l’atténuer * Réévaluer l’approche globale , les psychotrope dont les neuroleptiques La fiche DECLIC: Permet de sortir du :« il crie…c’est normal il est dément!!! » PINEL fait retirer les chaines aux aliénées de Bicêtre C.L. MULLET Permet de préciser: les 3 causes intriquées du cri chez une personne âgé démente: * 1. Il a mal * 2. Il est mal * 3. Il a un déficit cognitif La fiche DECLIC:1- il a mal • Douleurs physiques: *Nociceptives *Neuropathiques *Iatrogènes *Induites, adénopathies • Autres symptômes d’inconfort. • Ce n’est pas une fatalité : le cri ici est un « signal d’alarme ». • Le cri est à faire disparaitre d’urgence , avec la douleur : • Traitement antalgique adapté • Bonne organisation des soins • Prémédications • Inter doses morphine Cézanne :la douleur • Intervention multiprofessionnelle : psychomotricienne, ergo , etc. La fiche DECLIC: 2- il est mal Souffrance morale: • Ce n’est pas une fatalité car ce cri a du sens -Peur angoisse révolte solitude dépression frustrations deuil. - Hallucinations (Z de C.Bonnet) • Le cri n’est pas « inutile » ou « négatif » - Environnement inadéquat: - Faible organisations des soins • Il faut surement l’atténuer par : GERICAULT * Approche globale *donner un sens aux soins * « Humanité » des soins * Traitement non médicamenteux++++ *Traitements psychotropes sans culpabilité La fiche DECLIC:3- il a un déficit cognitif Processus démentiel: on est ou dans le parcours de vie et son espérance de vie!! *Pas de fatalité…continuer à réfléchir *Le cri a encore du sens…pas « inutile » pas « négatif » * Mais il faut sans doute l’atténuer: Bouchon Jean-Pierre. (diagramme) *3 (notion de réserve fonctionnelle et de seuil d’efficacité cérébrale) •Réévaluer l’approche globale •Prendre une décision après une démarche éthique •Rencontrer les familles++++ •Utiliser les moyens non thérapeutiques •Utiliser les psychotropes même les neuroleptiques sans dogmatisme ni culpabilité ET…SI ON NE COMPREND PAS POURQUOI? Le cri résiste aux traitements mais PAS A LA RELATION!! * Le cri fait BARRAGE (au niveau néo-cortex): double échec !! pour l’auteur et pour l’auditeur avec comme seule résultante adéquate valable :il faut le SUPPRIMER?? conséquence collatérale (sous corticale): réaction bien plus vigoureuse des autres résidents sur la « crieuse » : marques de coups!! de pincements… • L’utilisation de la communication ANALOGIQUE non verbale qui rétablit la communication au niveau ou l’a ramemenée la régression c’est-à-dire au plan de l’imitation gestuelle ,de la mimique, du rythme et de l’intonation vocale qui fait appel au système limbique siège de l’affectif et au cerveau reptilien instinctif lors des rapports sociaux et des messages de « COM » : (techniques de médiation…. P.A.S.A. Humanitude®)peut l’atténuer voir le supprimer… Pierre CHARAZAC (modestie et humilité!!) Honoré DAUMIER le malade imaginaire ET « vivre PAISIBLEMENT que, PEUT-ETRE, il n’y a pas grand chose à faire de PLUS pour L’AUTRE » Donatien MALLET congres d’Éthique, Bicêtre, 1999 UN CHEF ÉTOILÉ • A entendu votre cri de « mort de faim ». • Merci de votre participation attentive et répondez si possible au « cri d’appel » du laboratoire sponsor ! "Il n'y a point de génie sans un grain de folie" Aristote