L`économie - Université de Montréal

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Guy Lanoue, Université de Montréal, 2011-2017
Frugalitas*
Modern Times (1936) de
Charlot (Charlie Chaplin),
devenu un symbole par
excellence de l’aliénation due à
l’asservissement de l’individu
aux rythmes de la chaine de
montage industrielle. Cette
critique se précise avec les
œuvres de Karl Marx, et se
vulgarise avec les dystopies
populaires de H.G. Wells (Men
Like Gods, 1923), Aldous
Huxley (Brave New World,
1932), George Orwell (1984,
1949), parmi d’autres.
http://www.doctormacro.com/Images/Chaplin
,%20Charlie/Annex/Annex%20-%20Chaplin,%
20Charlie%20(Modern%20Times)_04.jpg
* Ni les Romains ni les Grecs n’avaient de mot pour l’«économie» dans notre sens. À l’époque médiévale, œconomia
signifiait uniquement «économe», frugal. C’est à la Renaissance qu’il acquiert son sens de «gestion de la
maisonnée», qui deviendrait par la suite «gestion de ressources» à fur et à mesure que la production domine les autres
dimensions, tel que la distribution et la consommation.
Cette vision de l’économie contemporaine comme une entité
oppressive est troublante. Censée incarner la satisfaction de
besoins, l’économie devrait être une dimension positive de la
vie. Elle consiste de l’exploiter et de gérer les ressources qui
assurent la survie biologique de l’individu et la «survie»
d’une armature sociale et d’un style de vie d’une société tout
entière, inclues toutes ses contradictions. C’est dans cette 2e
dimension où surgissent les traits négatifs de l’économie et
qui explique pourquoi les anthropologues se penchent sur un
domaine technique. Les ethnologues constatent que d’autres
sociétés ne suivent pas les mêmes principes «rationnels» et
«économiques» qui sont censés être primordiaux et
universels, selon l’idéologie individualiste et humaniste (John
Locke, David Riccardo [Principles of Political Economy and
Taxation, 1817], Adam Smith [The Wealth of Nations, 1776],
et, à sa façon anticartésienne, David Hume [A Treatise of
Human Nature, 1739], parmi d’autres) du capitalisme anglais
et donc «occidental».
http://www.ecobook.com/images/porta
das/9780865976085.jpg
Le mercantilisme est une philosophie (pour ainsi dire) «rationnelle» qui dominaient les discours
économiques du 16e au 18e siècles, qui suggère que la richesse d’un pays (ses ressources) impose des
limites au stock de bienêtre total de la planète et des citoyens. On ne peut dépasser ces limites, sauf
par l’échange «rationnel», qui permet à chacun de réaliser ses avantages relatifs («comparatifs») en
exploitant les ressources qui lui sont «naturellement» propres. Donc, l’Espagne du 18 e siècle
échange du sucre (qu’elle obtient de ses colonies au rabais, grâce à l’esclavage) contre le coton
français (qui vient lui-aussi des colonies, à bas prix; il est tissé et teinté à Nîmes, dont le denim).
Tout le monde est plus riche, tout le monde est heureux, sauf, évidemment, les esclaves, qui, comme
dans la cité de Platon, ne figurent pas dans les calculs «économiques», qui cache, au fond, un
arrangement politique basé sur la force cachée. Plus tard, Marx va réaliser que le capitalisme luiaussi cache des rapports de force sous une idéologie rationnelle de production et de consommation.
http://mrthompson.org/text/21%20Spain%20Claims%20an%2
0Empire_files/image008.jpg
L’économie est la «science lugubre» (dismal science) ,
selon l’écrivain anglo-écossais Thomas Carlyle (c.1850),
qui ironisait sur l’expression plus tard rendue immortelle
par Frederik Nietzsche, «La science gaie» (c.1880), qui
se réfère aux éléments typiques de la haute culture de
l’époque: versification, poésie, littérature – le jeu de
mots «joyeux» (pour ainsi dire), ou, voulant, qui se
réfère à la maitrise de la rhétorique, de la philosophie et
de l’idéologie. L’économie, en contraste, serait le secteur
banal, du «bas», car on fait des choses surtout avec les
mains (voir le PPT Visage) et non avec le cerveau ou
l’«esprit». Il y a donc un contraste implicite avec le
monde des grandes idées, le domaine retenu comme plus
valorisant. Souvent, on conserve ce vieux préjugé en
limitant l’enquête quand, derrière la production et la
production, il y a un système de pouvoir qu’il faudrait
découper pour comprendre l’économie. En fait,
l’«économie anthropologique», domaine traditionnel
d’enquête, devrait aujourd’hui être rebaptisée
«anthropologie financière». Il faut comprendre que le
choix de métaphore est aussi conditionné par un système
d’exploitation caché.
http://newsimg.bbc.co.uk/media/images/4442
9000/gif/_44429717_pakistan_economy3_416gr.gif
Une vision traditionnelle de l’économie
L’image de la
nouvelle économie
mondiale
http://warc.jalb.de/warcajsp/news_image/599_org.jpg
Ces deux images sont le visage populaire du capitalisme, mais le
slogan qui encourage la consommation n’est pas une description
exacte du processus qui crée la richesse et confirme le pouvoir.
Consommer définit le capitalisme mercantile mais a une autre
signification dans le capitalisme industriel. Ces images en fait
signalent pas le mécanisme de production, mais les politiques du
système de distribution, qui s’érige sur des arrangements
politiques.
http://2.bp.blogspot.com/_T5
Vfpw3BK_E/S6zEFwiAyTI/
AAAAAAAANA/LGCXIT-B2
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http://bennygunns.com/wp-content/
uploads/2009/06/the-faces-of-capitalism1.jpg
C’est un paradoxe: des marchands existent depuis qu’existent les
villes et donc depuis qu’existe la nécessité de transférer un surplus
agricole de la campagne à la ville, et les produits artisanaux d’une
ville à une autre pour obtenir des matériaux premières. Le
mercantilisme crée la capitalisme, mais le vrai capitalisme dépend
d’une culture légale qui cache le profit sous la loi du contrat.
http://breakfastwithspanky.files.word
press.com/2008/09/yam.jpg
Les ignames maori
http://envirohistorynz.files.wordpress.com/2010/06
/young-maori-girl-at-te-ariki-pa-shows-her-standing
-alongside-a-vegetable-garden-and-a-whare-photographtaken-in-the-1880s-by-the-burton-brothers.jpg?w=367&h=269
Un jardin maori, années 1880
Marcel Mauss, neveu et étudiant d’Émile Durkheim, est un des premiers à se pencher sur la question de
l’échange (Notez: pas sur la production, que Marx avait identifié comme le foyer où se reproduit l’inégalité
innée au capitalisme; la distribution [l’échange] et ses rhétoriques, pour lui, n’est qu’une manifestation de la loi
du contrat qui cache les rapports déséquilibrés dans la production). Dans L’Essai sur le don (1923-24), Mauss
utilise comme exemple les Maori de la Nouvelle-Zélande, où le hau de l’objet, «l’esprit du don», est censé
pousser les personnes à offrir de contre dons. Autrement dit, Mauss tente d’identifier la force motrice pour cette
dimension importante de l’activité économique dans des sociétés sans appareil juridique du contrat. Autrement
dit, il est possible faire des calculs stratégiques (et donc « rationnels ») sans l’esprit du capitalisme.
Le texte anthropologique le plus canonique sur l’économie est, ironiquement, Argonauts of the Western Pacific, de
Bronislaw Malinowski (1922; ed. fr. 1963). Ironique, parce que Malinowski décrit un système économique, le Kula
des Îles Trobriandais de la zone mélanésienne, où certains biens sont échangés, mais jamais consommés. Les objets
acquièrent leur valeur grâce aux nombre d’échanges dans lequel ils ont participé. Les bracelets blancs (mwali) sont
échangées contre de colliers rouges (soulava). En fait, Malinowski parle d’un «ring», un cercle, parce que les mwali
circulent dans le sens inverse aux aiguilles d’une montre, tandis que les soulava circulent dans l’autre direction.
L’échange est entre partenaires fixes qui sont dans un rapport compétitif et non amical. Ces objets ne doivent pas
rester dans la possession d’une seule personne. On les accumule uniquement pour les échanger et accroitre son statut.
Plus on échange, plus on est respecté. Ce n’est pas uniquement la culture trobriandais qui est importante ici: ces objets
ont une valeur mais ne sont pas consommés, comme l’argent. Mais ils ne sont de l’argent parce qu’ils ne peuvent pas
représenter la plus-valeur des autres objets (on ne peut pas échanger un bracelet contre des ignames, par exemple).
L’échange de ces «jetons» facilite le troc (gimwali); dans ce sens, il y a un calcul stratégique au niveau de la sélection
de partenaires pour l’échange kula, mais ces calculs ne sont pas attachés à l’objet, comme est le cas de l’argent.
http://www.art-pacific.
com/images/massimap.gif
http://pmimages.worthpoint.com
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Un collier soulava
http://tribalartbrokers.net/im
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Un bracelet mwali
On voit qu’au cœur de la question économique est la rationalité. À différence de la rationalité
occidentale apparemment centrée sur les intérêts stratégiques et égocentriques de l’individu,
les économies «primitives» (p.e., voir Raymond Firth, Primitive Polynesian Economy, 1939)
semblent tenir compte des dimensions sociales de l’individu, de ses devoirs et de ses
obligations comme membre d’une communauté. Si les obligations sociales empêchent une
personne de réaliser son potentiel économique, pouvons-nous conclure qu’il a agit de façon
rationnelle? Sommes-nous moins rationnels quand on donne un cadeau à notre enfant? La
pensée darwinienne des 19e et 20e siècles semble cimenter pour toujours les définitions du
«rationnel» et donc de l’«économique» dans les pratiques capitalistes de l’époque.
Un potlatch contemporain
http://www.shirleycollingridge
.com/potlatch.jpg
Ironiquement, certaines activités sont vues comme
purement «sociales» ou «traditionnelles» (la poubelle
des ethnologues), car on ne reconnait pas leurs
dimensions économiques.
Des activités telles que le potlatch des peuples de la Côte Ouest du
Canada sont saisies par les ethnologues comme un exemple d’une pensée
économique rationnelle, car ce rituel de redistribution semble conjuguer
parfaitement les intérêts stratégiques de la communauté avec ceux de
l’avancement du statut individuel. D’autres sociétés, comme les
Athapascans septentrionaux, présentent certaines difficultés
interprétatives, car plusieurs préfèrent s’aveugler aux dynamiques
politiques
complexes qui
animent leurs
activités
économiques. Donc,
ils ne sont pas
«rationnels», parce
que l’économique
dans son sens
occidental n’est pas
primordial dans le
sens de créer une
Préparant une peau d’orignal, matrice pour la
Territoires du Nord-Ouest, 1975 pensée.
Pour simplifier, il y a trois points de vu sur l’«économique» :
1) le formalisme, où l’activité est décrite avec le langage des sciences économiques de
l’Occident; ont étudie l’utilité marginale d’un bien (ou d’une activité); les analyses reposent
sur le postulat que les ressources soient rares et ne sont pas distribuées de façon homogène
(mais on ne distingue pas une distribution aléatoire naturelle et une distribution inégale
soutenue par une dynamique culturelle) ; c’est la position classique de l’Homo œconomicus.
2) Le substantivisme, proposé par Karl Polanyi (The Great Transformation, 1944), une forme
de sociologie historique qui met la’accent sur la façon dont les humains exploitent leur
environnement; autrement dit, ils examinent la substance de l’économie et non ses
manifestations idéologiques.
3) Le culturalisme prétend que
« substantivistes » privilégient une vision
occidentale de l’économie. Il faut rejeter le
sous-texte de l’ethnocentrisme inné des
théories occidentales pour privilégier les
modèles autochtones.
Quel modèle « autochtone » peut comptabiliser
les vrais couts d’un atelier de misère, quand celuici existe grâce aux dynamiques financières
propres au système mondial?
http://static.flickr.com/4045/4545408197_6f0d055454.jpg
Si Malinowski sépare « bien » et « valeur », Marshall Sahlins divorce « économie » et
« rationnel ». Avec la publication de Stone Age Economics (1974), il démontre que la
rationalité «primitive» est plus sensible aux dimensions sociales: les obligations, les
devoirs et les droits en tant que membre de la communauté. Il propose deux arguments
révolutionnaires: 1) l’absence de biens n’est pas, pour la majorité des peuples tribalisés,
signe de la pauvreté, car ils ont opté de maximiser le temps dévoué à d’autres activités,
plutôt que de s’enrichir en se concentrant sur la production de choses matérielles; 2) la
rationalité qui encadre l’échange n’est pas calculée au moment de l’échange, et elle
n’implique pas seulement les personnes qui échangent. Par exemple, la générosité « pure »
peut être une forme de réciprocité généralisée, où l’individu donne à un réseau et non à
une personne, en attente de recevoir un contre-don de quelqu’un dans le réseau (donc, pas
nécessairement de la même personne qui à reçu le don original). La « générosité » peut
également être un geste calculé, car la personne sait qu’il recevra un contre-don dans un
deuxième temps (il est « rationnel » quand on considère la longue durée).
http://anthro.palomar.edu/economy
/images/birthday_gifts.jpg
Pourquoi limiter l’idée du rationnel
aux évènements qui entourent le
moment précis de l’échange? À
droit, une banque alimentaire de
Vancouver assure la redistribution de
dons à la communauté, où le
donateur ne connait aucunement le
destinataire.
http://bp2.blogger.com/_NY9D7hrqEA0/R1DJNUf7nzI/
AAAAAAAAACM/ClwEVRVFnJ8/s1600-R/Vancouver+Food+Bank.jpg
Je veux souligner que les analyses occidentales de
l’économie est souvent qu’un prétexte pour conclure
que l’Autre n’est pas rationnel «comme nous»; on peut
donc l’étiqueter comme «primitif», car « nous » avons
une « vraie » économie, qui serait donc décapée de
toutes ses dimensions sociales. L’économie rationnelle,
selon ce point de vu, se base sur la valeur des choses et
même sur la valeur des personnes. On produit un
surplus pour faire un cadeau à quelqu’un. C’est
rationnel, car le plaisir a une valeur. On travaille 8
heures sur une chaine de montage ennuyeuse ou
dangereuse puisqu’on n’a pas de choix: c’est rationnel.
Un Dènè ne retourne pas à la même zone de chasse
chaque année, où sa connaissance intime du lieu le
rendrait plus efficace, parce qu’il doit montrer aux
voisins que les zones moins productives leur
appartiennent autant que les zones plus riches. C’est
rationnel. On peut « valoriser » tout.
Qui contrôle l’accès aux ressources? Dans les sociétés industrialisées, on peut préciser une
réponse : la bourgeoisie contrôle les ressources, et le prolétariat, non. Ceci ne dit rien de la
condition économique de personnes qui assument tel statut: il y a de prolétaires riches,
comme certains membres de la bourgeoisie sont relativement pauvres: ils sont propriétaires,
oui, mais de ressources non stratégiques: un magasin dépanneur, un kiosque de journaux. Il
faut penser «ressources» en termes d’un système de pouvoir stratégique: la ressource
principale dans une société industrialisée (capitaliste ou communiste; indépendamment de
l’idéologie) est le capital.
L’argent n’est pas du capital parce qu’il
est incapable de générer du revenu sans
qu’il y ait un système politique qui
protège les investissements et les
bourses. Une personne avec des
millions d’économies n’est pas
nécessairement un capitaliste, s’il ne
participe pas à un régime
d’investissement dont les lignes de
force sont plus ou moins garanties par
le pouvoir gouvernemental et par
l’hégémonie culturelle. Un fermier est
un capitaliste; un paysan, non
http://polizeros.com/wp-content/uploads/2009/07/capitalism.gif
Il y a beaucoup de confusion autour de la question de classe et l’économie, surtout que
les marqueurs de classe ne sont plus limités à des objets (voir, p.e. Pierre Bourdieu,
Distinctions, 1973). Les micro-distinctions (p.e., «la haute classe moyenne», «la classe
moyenne professionnelle», «la classe moyenne de banlieue», etc.) créent des microstatuts basés sur la consommation de produits culturels et pas de la marchandise. Ceci
devient important pour les personnes de statut haut mais sans capital. Autrement dit, on
devient hyper-sensible aux questions de consommation quand on ne peut agir dans le
monde de la production. Les structures «parallèles» de l’imaginaire permettent aux
personnes de définir leur statut selon leur capacité de participer dans le monde des
symboles: le sémiopouvoir.
http://www.urbi-orbi.net/wp-content/dog-07.jpg
Comment analyser des sociétés où l’accès aux ressources est souvent comparé à un
système capitaliste? P.e., en certaines parties de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le réseau
de contacts entre Big Men constitue une ressource économique, car ceux-ci permettent
l’expansion du village (une dynamique primordiale dans un régime agricole sur brûlis).
Certes, tels rapports sont alimentés et cimentés par des échanges, souvent de cochons,
dont le nombre et la valeur sont comptabilisables; donc, plus facilement conçus comme
«économiques». De plus, tels rapports sont en principe à la portée de la majorité des
hommes. Les lignes de force définissent un ensemble de rapports, une structure, mais pas
une catégorie sociale comparable à une classe d’un régime capitaliste.
Un Big Man local, Southern
Highlands Province, PNG, 2004
http://www.lukimpng.com/SHP%20Images/P1200282.JPG
Et comment analyser un système de castes? Est-ce une économie ou un régime sacré?
Typiquement, dans un tel système, la pureté émanant du sommet de la pyramide sociale est
«échangée» contre des biens et des services provenant de couches sociales inférieures. Les castes
sont endogames pour garantir que l’échange du visible – les biens et les services – contre la
pureté «invisible» ne soit pas contaminé, car les personnes sont formées des composants visibles
– le corps – et invisibles – l’âme. En Occident, on insiste que ceci n’est pas un système
«économique» parce que l’idéologie «religieuse» limite et canalise les activités qui entourent la
vie et la survie, quand le concept de l’Homo œconomicus insiste que chaque personne cherche à
maximiser l’utilité marginale. Alors, existait-il une «économie» à l’époque médiévale européenne
où l’Église catholique limitait les jours de travail et les taux d’intérêts sur les emprunts? Voir L.
Dumont, Homo Hierarchicus: Essai sur le système des castes, 1966.
http://cruelty-free.org/environment/wp-content/
uploads/2010/08/caste-system.jpg
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons
/thumb/e/ef/Homo_Hierarchicus_caste_zh.svg/50
7px-Homo_Hierarchicus_caste_zh.svg.png
À chaque partie du corps social
correspond un degré de pureté
spirituelle et ethnique, qui se
chevauche avec les idées mythiques de
la pureté de certaines parties du corps
biologique et de ses produits (p.e., dans
le mythe de Purusha le géant
primordial dont le corps sacrifié fournit
la matrice pour les castes et pour
l’environnement naturel et cosmique).
Ceci n’est pas une représentation de
Purusha (qui était censé avoir mille
têtes), mais illustre néanmoins le
principe de correspondance de façon
simplifiée. La république de Platon
reprend une forme de ces idées
protoindo-européennes; voir G.
Dumézil, Mythe et Épopée, 1968-73.
Bref, des étiquettes formelles ne semblent pas avancer l’analyse de l’économie. Quand un
État contemporain occidental, par exemple, se lance dans un programme de redistribution
de ressources (le bien-être social, l’assurance emplois), des programmes qui sont rendus
possibles grâce au système d’impôt progressif, ou quand un individu fait une contribution
charitable à une fondation, comment centrer l’Homo œconomicus? Pourtant, tels gestes,
parfois vus comme l’«altruisme» par les éthologues et les sociobiologues (voir E.O.
Wilson, Sociobiology: The new Synthesis, 1975; ed. fr. 1987), qui doivent s’efforcer pour
«expliquer» ce comportement antiéconomique, sont assez fréquents et sont à la base des
systèmes économiques contemporains dans les pays industriels, comme l’a réalisé
l’économiste J.M. Keynes dans les années 1930.
Le gouvernement canadien considère que 51% de son budget, soit
autour de 94 milliards (2003-4), consiste de paiements de transfert.
(http://www.google.ca/imgres?imgurl=http://www.fin.gc.ca/taxdollar05/ima
ges/english/transfer%2520payments.jpg&imgrefurl=http://www.fin.gc.ca/ta
xdollar05/where_eng.asp&usg=__eg6Lt9_M_Hp1jbmWyy2BlZlm5rk=&h=265&w=320&sz=
29&hl=en&start=1&zoom=1&um=1&itbs=1&tbnid=62izbPt23qB80M:&tb
nh=98&tbnw=118&prev=/images%3Fq%3Dtransfer%2Bpayments%26um
%3D1%26hl%3Den%26sa%3DN%26rls%3Dcom.microsoft:enUS%26tbs%3Disch:1, 4-11-2010)
http://www.theage.com.au/ffximage/
2007/06/15/wbCHARITY2_narrowweb
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http://www.fin.gc.ca/taxdollar05/
images/english/transfer%20payments.jpg
La nouvelle gouvernance et la pression sur la classe moyenne
La Dépression de 1929 et la culture
Elle a beaucoup de causes: la bourse gonflée; capitale trop fluide (ayant prêté trop
d’argent pour fonder des entreprises, les banques n’ont plus de liquides pour financer
les opérations quotidiennes); et le Président Herbert Hoover est stupide. Il suffit qu’une
étincelle de panique pour que les marchés financiers craquent quand les actions vendues
ne trouvent plus d’acheteurs. Le chômage atteint 25%; des bidonvilles (des
Hoovervilles, justement) apparaissent partout; les tensions sociales augmentent.
Comme remède, Hoover rapatrie les emprunts que l’Amérique avait offert aux
Allemands pour financer la reconstruction du pays après la 1re Guerre mondiale.
L’Allemagne précipite en crise financière; les banques ferment, les personnes ne
peuvent plus financer ni l’industrie ni les achats qui alimentent la demande industrielle,
laissant la porte ouverte pour Hitler, qui joue sur la peur et la pauvreté des gens.
Mais à différence de l’Allemagne où les conditions sont aussi pires que celles des É-U,
les protestations populaires américaines, qui suivent les mêmes lignes, sont rapidement
assimilées par la culture populaire : on chante, on danse, on va au cinéma (qui
développent de grands spectacles musicales à la Busby Berkeley: sexe et collectivisme
chorégraphié). Bref, on renforce les traits de cette culture en signe (utopique) que cette
classe n’est pas « vraiment » touchée par la chute. Par contre, sans cette notion que le
petit peuple ait sa propre culture, les protestations allemandes deviennent rapidement un
mouvement idéologique qui mènent au fascisme.
Footlight Parade, 1933, Busby
Berkeley. En bas, un marathon de
danse, 1930s; inspiration pour le film
They Shoot Horses, Don’t They?,
1969 (Sidney Pollack, Jane Fonda).
Grâce à l’industrie filmique d’Hollywood, on est retourné à la Belle Époque du
colonialisme, où les surplus créés outre-mer sont transférés au pays-mère. Où le
colonialisme était accompagné par l’émigration européenne (Canada, États-Unis,
Australie, Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud), les accumulations locales de
richesse étaient partagées, et
la partie locale était
réinvestie localement. Peu
importe, le colonialisme a
favorisé l’Europe.
“Maddison's estimates of GDP per capita at purchasing power parity in 1990 international
dollars for selected European and Asian nations between 1500 and 1950, showing the
explosive growth of some European nations after 1800”. (https://en.wikipedia.org/wiki/Great_Divergence;
12-27-2015)
Le loisir est une affaire.
Titre du Hollywood Reporter, 3-22-2012. On est loin des commérages sur la
vie secrète de Taylor Swift:
While the domestic box office was down a
sobering 4 percent, the foreign take grew
by 7 percent to $22.4 billion; China now
second-biggest international market after
Japan.
The foreign box office rescued Hollywood in
2011, with international ticket sales reaching
$22.4 billion, a healthy 7 percent increase
over 2010, according to the MPAA's annual
Theatrical Market Statistics report.
http://www.hollywoodreporter.com/news/global-box-office-china-internationalgrowth-326-303324
La nouvelle gouvernance et l’accumulation du capital
• (April 29, 2008): NEW YORK (AP) - Canadian firm Rogers
Communications Inc. said Tuesday it doubled its first-quarter net income
on strength in its wireless postpaid business.
• There are four major wireless carriers in the U.S., and all but Verizon
Wireless have a default mobile search provider. Both AT&T and T-Mobile
USA use Yahoo! and Sprint Nextel uses Google.
• « Almost 40 percent of all workers in the U.S. can be considered mobile,
which translates into nearly 50 million employees. » (2005)
• (April 28, 2008): Verizon has reported Q1 revenue of $23.8 billion, up 5.5
percent. Net income increased to $1.64 billion from $1.5 billion. Revenues
at the company’s wireless business rose to $11.7 billion, up 13.2 percent
year over year. Revenue at Verizon’s wireline business fell 1.4 percent.
Wireline data revenues which now make up 40 percent of total wireline
revenues were $4.9 billion, an increase of 14.8 percent compared with the
first quarter 2007.
[23.8g = 95.2g/y; 1.64g profit (net income) = 6.56g/y; 1.64g profit sur un
revenue de 23.8g = retour de 5%]
Profit annuel de Verizon: 6.56g
La gouvernance traditionnelle et l’accumulation, même avant la crise de 2008-09
•
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•
•
•
•
General Motors Corp. (NYSE: GM) today posted net income for 2006, excluding special items, of $2.2
billion, or $3.88 per share fully diluted, compared with a net loss of $3.2 billion, or $5.67 per share, in
2005, marking a $5.4 billion improvement.
Including special items, GM had a net loss of $2.0 billion, or $3.50 per share for 2006, compared with a net
loss of $10.4 billion, or $18.42 per share in the year-ago period. General Motors earned record revenue
of $207 billion in 2006, compared with $195 billion in 2005.
-- 2006 adjusted net income of $2.2 billion - improvement of $5.4 billion
-- 2006 reported net loss of $2.0 billion - improvement of $8.4 billion
-- Positive fourth quarter net income and operating cash flow
-- Year-end cash balance of $26.4 billion
•[net income (« profit ») de 2.2g sur un revenue de 207g = taux de profit de 1%,
comparé au profit de Verizon, approx. 5%, qui génère ainsi 3g de profit de plus
sur un investissement d’un tiers du montant investi par GM. Cela veut dire que
l’investissement dans ce secteur télécommunications peut générer 5 fois (approx.)
de profit par dollar investi].
Point final: GM a des usines: ses investissements sont plus ou moins conditionnés
par ses infrastructures énormes. Verizon n’a pas d’usines ni d’infrastructures en
tant que telles. Son capital peut «voyager» partout.
Le 9 février 2011 la bourse de Londres et TMX (Canada) annonce une fusion:
(FT) -- Shares in London Stock Exchange surged almost 8 per cent on Wednesday after it agreed an all-share
merger with TMX Group, operator of Canada's largest stock exchange, creating a platform with the world's largest
number of mining company listings at a time of surging commodity prices.
Borse Dubai, LSE's largest investor, Italian bank shareholders UniCredit and Intesa Sanpaolo, as well as Qatar
Investment Authority, which owns 15 percent of the LSE, favor the deal.
The deal is the latest in the sector which faces the growing threat of competition from alternative trading platforms
such as Chi-X Europe and Bats Europe.
SGX, Singapore's exchange, agreed a $7.8bn bid to takeover Australia's ASX in January, to form Asia's fourthbiggest bourse. The deal valued ASX at 25 times its 2009 earnings. LSE trades at about 10 times earnings.
TMX shares have risen strongly on the back of consolidation hopes. The group's subsidiaries include the Toronto
Stock Exchange and the Montreal derivatives exchange.
TMX also has a 19.9 percent stake in EDX London, a small derivatives exchange run by the LSE.
TMX markets itself as the world's leading resources market, but the LSE has also capitalized on the commodities
boom.
Mining and energy companies account for 34 percent of the companies on LSE's benchmark FTSE 100 index, up
from 29 percent three years ago.
TMX's main board and TSX Ventures exchange, which specializes in small-cap listings, have a combined 3,900
listings between them.
http://edition.cnn.com/2011/BUSINESS/02/09/lse.tmx.merger.ft/index.html?hpt=T2#
http://www.bi-me.com/myPicture
s/London_Stock_Exchange_180.jpg
http://ffog.net/wp-content/uploads/20
10/12/Increase-in-the-Toronto-Stock-Exchange.jpg
Depuis une vingtaine d’années, de
nouvelles théories tentent d’expliquer
certains aspects de ces nouvelles
tendances émergentes du régime
mondial. Paul Krugman (Prix Nobel,
2008), en particulier, dans un poigné de
livres, a développé un nouveau modèle
de l’économie mondiale qui contourne
les limitations des paradigmes antérieurs
qui se basaient sur la théorie de
l’avantage comparatif. Cette dernière
proposait que chaque économie se
spécialise dans la production de biens
pour lesquels elle est mieux adaptée, tels
que le blé au Canada et le café en
Colombie. Les économistes classiques
ont passé de décennies à se féliciter pour
avoir découvert que le café ne pousse pas
au Canada, que les tentatives politiques
qui visent l’autonomie économique de
chaque pays constituent une perte de
ressources.
http://www.economistsdoitwithmodels.com/wpcontent/uploads/2010/03/shirts-tires-2.jpg
Malheureusement, ceci contredit les faits. Brésil, par
exemple, n’est pas devenu «naturellement» le
premier fabricant de pneus grâce à son abondance de
caoutchouc au 19e siècle: on a importé les plantes
parce que le marché dictait que le main-d’œuvre
coutait rien. La théorie de l’avantage comparatif
ignore les rapports de force derrière les structures
économiques, comme celles qui imposent un régime
colonial sur certains pays pour en tirer de bénéfices
importants, p.e., le coton indien forcément exporté
pour alimenter l’industrie anglaise de textile aux 18e
et 19e siècles; cette pratique a déformé la structure
économique de l’Inde, «démontrant» que la théorie
est vraie, quand, deux siècles plus tard, les
entreprises occidentales décident d’externaliser la
fabrication vers l’Inde parce que celle-ci est en pays
«en voie de développement» avec une main-d'œuvre
à bas cout. On oublie que ce retard économique visà-vis de l’Occident est dû au colonialisme.
http://www.gigathoughts.com/wp-content/u
ploads/2009/04/outsourcing_to_india_recession.jpg
Les modèles suggèrent que l’externalisation soit
une chose positive. La réalité est bien différente.
http://farm4.static.flickr.com/3281/2961581487_204fccb8d9_m.jpg
Justement, Krugman s’adresse à la question empirique:
pourquoi est-il qu’au 20e siècle, les pays plus avancés sur
le plan industriel (et donc plus riche) se ressemblent?
Pourquoi disparaissent-elles les différences censées se
concrétiser, selon la théorie de l’avantage comparatif?
Pourquoi s’installe-t-elle une autre différence, l’écart
entre riche et pauvre? Les théories classiques prétendent
que l’échange international, surtout s’il est encouragé par
un régime douanier qui n’impose aucun tarif (ou, au
moins, de tarifs bas) augmente la richesse de la planète.
Cette hypothèse s’est révélée vraie, mais cela ne signifie
pas que la pauvreté est due aux conditions locales qui
ralentissent l’échange; p.e., pendant de décennies, on
disait que la pauvreté indienne était due à sa
surpopulation, à son système de caste restrictif, ou même
à une religion trop omniprésente. Pourtant, les faits des
dernières deux décennies ont démenti ces modèles: en
fait, la pauvreté du passé a attiré des investissements qui
on enrichit le pays.
http://therealbarackobama.files.wordpre
ss.com/2009/07/co2.jpg?w=300&h=299
Ironiquement, la pollution
industrielle a été exemptée des soidisant règles de la nouvelle
économie, car on peut «exporter»
les émissions en achetant les
quote-parts inutilisées par les pays
sous-développés, créant ainsi une
motivation pour s’assurer que ses
pays «importateurs» restent
désindustrialisés.
Krugman répond que les consommateurs préfèrent
avoir de choix diversifiés, mais que les économies
d’échelle (quand le cout d’une unité produit baisse
grâce à l’augmentation du volume de production)
concentrent la production de marchandises plus
complexes dans certains pays: les pays avec une
demande locale très élevée pour ce bien auront
tendance à dominer la production à l’échelle
mondiale, parce que les couts de transport par
unité (et donc le prix de détail) seront
naturellement plus bas si le bien est consommé où
il est fabriqué. L’effet est de baisser le cout de la
production et de favoriser les pays avec
l’infrastructure industrielle mieux développée:
ceux que sont riches s’enrichesent d’avantage.
http://i168.photobucket.com/albums/u177/pro
fanuscaalamus/2009/DoNotDelete/ceteris-paribus.jpg
http://www.columbia.ed
u/~ram15/ie/IEE05-11.jpg
Ceteris paribus n’est pas le nom du
protagoniste du dernier Astérix, mais le
postulat irréel invoqué par les économistes
quand ils proposent leurs théories, même
celles qui «expliquent» le nouveau régime
mondial. Cela signifie, «toutes choses
étant égales par ailleurs».
Je ne connais pas la littérature spécialisée du domaine, mais une autre critique contre la position de
Krugman (qui sans doute a été déjà soulevée par des professionnels du secteur) est la trappe à
liquidité, quand les politiques keynésiennes ne stimulent plus l’économie. Normalement, la banque
nationale augmente ou diminue la quantité de liquide en manipulant le taux d’intérêt, pour augmenter
ou baisser le taux d’emprunt et donc encourager ou non les investissements. Dans la nouvelle réalité
mondiale, les pays les plus efficaces sur le plan technologique vont concentrer le capital, comme le
suggère Krugman. Cependant, les pays qui veulent conserver leur avantage compétitif en
continuellement réinvestissant dans l’infrastructure, ont de difficultés à générer du capital «frais», car
ils sont trop efficaces. Ils doivent donc gruger les salaires et baisser le taux de profit. Face à ce
paradoxe structurel du capitalisme contemporain, les entreprises et les agents financiers préfèrent
envoyer leurs profits (le capital potentiel) dans les zones où le cout de la main-d'œuvre est moindre, ce
qui mène à une crise locale de capitalisation dans les pays «avancés», baissant ainsi le taux
d’investissement et, donc, les affaiblissant face à des économies
où le cout de réinvestissement est relativement moindre (p.e., le cas
de la Chine). Souvent, comme dans le cas du Japon ou, bientôt, des
États-Unis, le taux d’investissement n’est plus stimulé par une
baisse du taux d’intérêt, car le capital s’est «enfui» à l’étranger
« pauvre ». Les pays «avancés» donc ont une tendance naturelle à
se «désindustrialiser», obligeant les gouvernements d’intervenir
pour soutenir les industries clés (Airbus, Bombardier, etc.). D’autre
part, ceci pousse les entreprises à investir d’avantage dans la
machinerie au dépens du main-d’œuvre, avec le résultats que les
conditions pour les ouvriers deviennent toujours plus difficiles en
dépit de la richesse du ‘pays’, voulant dire, ses banques et ses
élites.
http://pinknpurplelizard.com/blog/wp
-content/uploads/2009/11/mouth-toilet.jpg
Justement, en novembre 2010 s’effectue une intervention massive pour «sauver» la République
d’Irlande. Pourquoi parler de ce pays relativement petit, quand le gros de la crise de 2008 (qui a
commencé quand quand l’ex-Président Bush a permis au FNMA («Fannie Mae») d’offrir des
hypothèques «risquées») s’est déroulé aux États-Unis et en les pays piliers de l’Europe? Parce que
l’Irlande est un exemple parfait. Ce pays était sous-développé et relativement pauvre jusqu’aux
années 1980, quand IBM a été persuadé par le climat favorable (population stable et bien instruite,
bonne infrastructure, et surtout salaires bas; voir F. Barry, C. van Egeraat, «The Eastward Shift of
Computer Hardware Production: How Ireland Adjusted », NIRSA [cliquez], 2009) d’y situer quelques
fabriques, se qui a stimulé le secteur de construction et l’ultérieure libéralisation des taux d’intérêt. Le
plan actuel, mis au point par la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international, et le
EFSF (European Financial Stability Facility), prévoit injecter 100b. d’Euros (€100,000,000,000) pour
combler un endettement d’au-delà de demi-million de dollars par personne (pour une population de
4,7 m), ce qui représente approximativement 1100-1200% du PIL (approx. 51,000$ par personne). Le
paradoxe: le problème actuel est causé par la richesse, non par la pauvreté.
http://media.vam.ac.uk/media/thira/colle
ction_images/2009BX/2009BX8549.jpg
http://www.blogcdn.com/www.
housingwatch.com/media/2010/0
8/fanniemae-293mz081810.jpg
Un iMac G3, 1999,
Made in Ireland
La nouvelle gouvernance et la pression fiscale
Taxes et impôts par maisonnée, une croissance continuelle
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