12. Les conflits du Moyen

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12. Le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis 1918.
(pp.258-293)
« Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples. Je savais qu'au
milieu de facteurs enchevêtrés une partie essentielle s'y jouait. Il fallait donc en
être. »
De Gaulle, 1954, Mémoires de guerre, t.1, à propos des événements de 1941.
1. Les enjeux de la région.
(cartes 2 p. 261 et 1et 2 p. 262-3)
a. Des enjeux humains qui fracturent la région de toute antiquité :
-
des peuplements divers, véritable palimpseste des empires et des migrations :
° carrefour de civilisations, successions d'empires antiques qui ont laissé des traces
archéologiques (Babylone, Egypte, Perse ou Iran) ; naissances des villes et de
l'agriculture dans le Croissant fertile ;
° invasions arabes lors de l'Hégire (VIIème siècle) et empires des omeyades (Damas) puis des abbassides (Bagdad) jusqu'au XIIIème ; invasion turques et empire
ottoman du XIVème au XXème siècle (califat d’Istanboul) ;
° substrats autochtones importants : Arméniens, Kurdes (60M dispersés sur 4
pays), Coptes, Druzes … ; souvent articulés avec des religions minoritaires ; persécutions persistantes ;
-
au cœur de l'invention des monothéismes et de leur concurrence :
° succession des 4 monothéismes, zoroastrisme (-X°, disparu de la région), judaïsme (-VI°), christianisme et islam (+VI°)(liés entre eux) ;
° lieux saints et en particulier Jérusalem et son imbrication de 3 ; voir plan de Jérusalem p. 22 et dossier pp.30-33 ; ne pas oublier Constantinople pour les orthodoxes, ou le Mt Ararat pour les Arméniens ;
° leur prosélytisme a fait de la région le cœur des tensions religieuses mondiales ;
situation actuelle : traces encore notables de christianisme originel (melkites, maronites, coptes, chaldéens, arméniens, syriaques, …) ;
° domination écrasante de l'Islam mais lui aussi profondément fracturé : sunnites (85%) et chiites (10%, mais 90% en Iran), mais aussi druzes, ismaïliens,
ibadites, alaouites, wahhabites, soufisme, … ; là aussi source de tensions et
traces de l'histoire musulmane (succession du prophète, statut du clergé, rôle de
la loi religieuse, …) ;
-
des déserts et des nomades affrontés à la domination de grands centres urbains :
° fondamentalement, des déserts peu peuplés encadrés par des régions + peuplées
(Egypte, Turquie et Iran) ; milieu rude, montagnes refuges, importance des cours
d'eau et des oasis (voir Tigre et Euphrate, Jourdain, Nil) ;
° forte tradition nomade arabe, d'où tradition guerrière mais aussi commerçante et
maritime ;
° bousculé par l'intrusion d'Etats constitués aux instituions rigides, héritage en
particulier des Byzantins ;
b. Des enjeux géostratégiques qui mettent aux prises les plus grandes puissances européennes :
-
décadence de l'Empire ottoman, homme malade de l'Europe, crée un vide politique
dans la région (p. 264) :
° décadence ottomane au XIXéme siècle, passe sous la coupe financière des Européens, forcé d'abandonner bien de ses provinces lointaines ;
° essais de réforme peu efficaces, humiliantes défaites militaires ; économie aux
mains des Européens, minorités chrétiennes "protégées" par la France, Détroits
menacés par les visées russes et britanniques ;
° d'où révolution 'Jeune Turc" de 1908 très inspirée par la France et sa Révolution,
jeunes officiers nationalistes qui prônent une occidentalisation autoritaire pour
restaurer l'Empire ; parmi eux, Mustapha Kemal ;
-
la route des Indes rend les Anglais sourcilleux sur tous les événements moyenorientaux, le "Grand Jeu" s'élargit au Moyen-Orient après s'être focalisé sur l'Afghanistan :
° présence française importante en Egypte (canal de Suez) et dans toute la région
au nom de la défense des chrétiens de l'Empire ; forte présence à Jérusalem pour
les "Lieux Saints" et la recherche archéologique ;
° RU s'impose en Egypte fin XIXème, à Chypre et joue Constantinople pour protéger leurs intérêts contre les menées allemandes (le BBB) et la présence française ;
-
les débuts de l'exploitation du pétrole aggravent les tensions entre grandes puissances
européennes mais aussi américaines :
° découverte 1erS gisements en 1855 sud-ouest de la Perse dans les monts Zagros,
concédé par le Shah début XXème siècle à un Canadien ;
° mais importance pour la Navy et intérêts allemands progressant avec le BBB ainsi
que prospections américaines, RU s'y intéresse : envoi de troupes, établissement
du protectorat sur les émirs du Koweït et de Bahreïn ; 1er puits exploité à partir de
1908, fondation de l'APOC (BP aujourd'hui) dont 51% des parts au RU et construction de la raffinerie d'Abadan ; fondation de la Royal Dutch Shell puis de l'Aramco par la Standard oil en 33 ;
° au même moment, "Jeunes Turcs" fondent la Turkish Petroleum (gisements d'Irak)
; avoirs allemands confisqués lors de la IGM ;
1910 : prod 40MT, 1920 : 100MT ;
° problème du niveau des royalties ;
c. Le nouement des problèmes avec les années de la 1ère guerre mondiale et ses traités de
paix :
-
participation de la région au conflit provoque de forts bouleversements stratégiques :
° Ottomans alliés des Allemands : leur armée formée par Allemands, lutte contre
l’Empire Russe vis-à-vis des Détroits et du pétrole perse, lutte aussi contre ingérences des Anglais et des Français ; une des rasions du génocide arménien invoquées par les Turcs est leur alliance avec les Russes dans leur invasion du nord du
pays ;
° d’où choix des Alliés d’encourager les nationalistes arabes contre les Turcs,
aventures de Lawrence d’Arabie, soutien aux cheiks d’Irak et de Jordanie, armées
anglaises s’emparent de Bagdad et de Jérusalem, promesse à Ibn Saoud de La
Mecque d’un grand royaume arabe indépendant ;
° Fr et Angl s’entendent sur le futur partage de l’Empire et promettent aux
arabes des Etats indépendants mais en même temps accords secrets Syke-Picot
en mai 16 qui provoquent la colère des arabes ; autre sujet de colère : la déclaration Balfour en novembre 17 qui promet la création d’un « foyer juif » à Jérusalem ;
-
2 traités successifs de Sèvres et de Lausanne nécessaires pour faire plier les Turcs et
faire naître une Turquie moderne sur les ruines de l’Empire du Sultan :
° en 20, Empire O doit signer traité de Sèvres : Turquie réduite à l’Ouest de
l’Anatolie, perd Arménie, Kurdistan, Smyrne et toutes ses terres arabes données
en mandats aux Britanniques (Irak, Jordanie et Palestine) et aux Français (Syrie,
Liban) ; Turquie démilitarisée et occupée par les armées alliées, Détroits internationalisés ;
° refus par M Kemal qui lance une guerre d’indépendance, chasse les Grecs de la
côté anatolienne, écrase les Kurdes et les Arméniens afin que la Turquie possède
toute l’Anatolie ; d’où traite de Lausanne de 23 pour officialiser la nouvelle situation ; énormes transferts de population pour respecter les nouvelles frontières
dessinées ;
° et surtout chute du califat et reconnaissance du pouvoir de Kemal Atatürk et
d’Ankara ; création d’un pays laïc et moderne ;
-
problématique coloniale s’installe dans la région qui provoque les débuts de l'Islam
politique :
° revendications d’indépendance des arabes contre mes mandats français et anglais ;(p. 265) seuls Egypte en 22 et Irak en 32 reçoivent leur indépendance ;
° fondation des Frères Musulmans 28 en Egypte : revivification de l’Islam politique, retour du wahhabisme ; 200.000 militants dès la IIGM ;
Grand Mufti de Jérusalem et roi Fayçal de Jordanie luttent contre les sionistes en
Palestine et pour l’instauration d’un grand royaume panarabe centré sur la Syrie ;
se pose déjà la question du lien entre nationalismes arabe (+ général) et palestinien (+ particulier) ;
° tensions et émeutes à Jérusalem, violences entre arabes et colons juifs en 1920
et surtout en 1936-7 qui font plusieurs milliers de morts ; ce qui pousse les colons juifs à organiser la Haganah, embryon de la future armée israélienne ;
2. Au cœur des rivalités internationales.
a. La montée du nationalisme arabe :
-
la région dans la 2GM :
° canal de Suez stratégique ainsi que pétrole du MO ; tentatives d'abord italiennes
puis allemandes pour s'en emparer : depuis le Maghreb avec l'Afrikakorps et depuis la Crète prise aux Anglais ;
° d’où manœuvres allemandes pour soulever nationalistes arabes contre RU et
Fr ; grande complicité avec le Grand Mufti de Jérusalem qui collabore à fond
avec les nazis ;
° révoltes dans le mandat français de Syrie, problèmes de ses aéroports au service
de la Luftwaffe ; mais aussi colère des Iraniens contre leur participation forcée au
ravitaillement de l'URSS en pétrole sous les ordres britanniques ;
-
nationalisme arabe anticolonial prend son envol après la guerre :
° dans ambiance anticoloniale de l’après-guerre, création de la Ligue arabe au
Caire (45) pour manifester l’unité de la Umma et la volonté d'indépendance de
tous les pays arabes (Liban, Syrie et Jordanie en 46, Palestine en 48, Koweït en
61, Yémen en 67 et enfin Emirats du Golfe en 71) ;
° avivé par la création d'Israël et la question palestinienne (pp. 276-7) : arrivée
massive de réfugiés d'Europe centrale à la fin de la guerre embarrasse les Britanniques ; tensions, attentats, RU charge l'ONU de régler la question : plan de partage décidé (3 entités israélienne, arabe et Jérusalem internationalisé ; mai 48 :
proclamation de l'Etat d'Israël entraîne immédiate guerre contre Etats voisins et
exil des Palestiniens dans camps de réfugiés ; voir cartes p. 284-5) ;
-
nationalisation des ressources pétrolières :
° intérêts américains pour pétrole de la région croît : rencontre entre roi
d'Arabie et Roosevelt en 45 : échange aide militaire contre pétrole ;
° aventures de Mossadegh en Iran : formé en France, démocrate en lutte
contre le pouvoir autoritaire du shah, devient en 51 1er ministre du jeune shah
Reza Pahlavi avec appui des religieux chiite ; nationalise alors l'AIOC et expulse les Britanniques ; entre alors en conflit avec le shah inféodé aux Britanniques, shah finit par s'enfuir devant soutien populaire de Mossadegh ; un
coup d'Etat militaire soutenu par la CIA le renverse en 53 et restaure le shah ;
° "mauvais" exemple donné aux autres pays pétroliers : royalties portées à 50%
et ce jusque dans les années 70 ; nationalisation des pétroles irakien et saoudien ;
° création de l'OPEP à Vienne en 1960 : Arabie, Iran, Irak, Koweït et Venezuela ; échapper au pouvoir des majors et lutter contre la faiblesse du prix du
baril (-5$/baril) ;
b. L’emprise de la guerre froide sur la région :
-
les clients des 2 camps :
° enjeux régionaux troublés un temps par menées des 2 Grands, mais très
grande difficulté pour eux à se placer dans ces enjeux contradictoires ;
° pour EU, Arabie et Turquie (OTAN) et Iran (pacte de Bagdad), plus les pays
féodaux, c'est-à-dire les monarchies pétrolières avant qu'elles soient déposées
par des révolutions nationalistes, mais aussi Israël (logique de guerre froide fait
que l'URSS qui avait commencé à le soutenir cesse devant le soutien inconditionnel des EU) ;
° pour URSS, Egypte à la chute du roi Farouk (52), Syrie (pouvoir laïc du parti
Baas), Irak (même parti) et Yémen ; parti Baas est un parti laïc créé en 47, son
but est l'union de tous les pays arabes dans un Etat socialisant ; a toujours eu
des problèmes avec les militaires qui l'ont chassé du pouvoir dans les 2 pays ;
-
nationalisme nassérien :
° révolution de 52 : roi renversé par de jeunes officiers nationalistes, dont le
colonel Nasser ; Egypte devient porte-parole du nationalisme arabe ;
° en représailles du refus par la Banque mondiale de financer le barrage
d'Assouan, nationalisation du canal en juillet 56 ; ce qui provoque expédition
franco-britannique (avec Israël) ; échec de l'expédition par vive opposition des
EU et de l'URSS, renforce aura de Nasser comme héros du monde arabe ;
° grand rôle à Bandung et dans la naissance des non-alignés ; mais en réalité
fortement soutenu par URSS qui finance et construit le barrage ;
° panarabisme (création de la République arabe unie avec Syrie et Yémen),
mais échec, clivages nationaux bien trop forts désormais pour toute tentative
de restaurer la umma ;
-
cause palestinienne et émergence du terrorisme :
° création de l'OLP et de son armée dès 64 pour rétablir l'unité de la Palestine
sous pouvoir arabe ; mais en sommeil jusqu'à Yasser Arafat (Fatah) qui en devient le chef en 68 après l'échec de la guerre des 6 jours ; prône alors la destruction totale d'Israël ;
° échecs des guerres des 6 jours en 67 et du Kippour en 73 ; nationalisme nassérien incapable de battre Israël, mort de Nasser met déboussole nationalisme
arabe qui se lance alors dans le terrorisme international : détournements
d'avions, massacres des athlètes israéliens à Munich en 72 ; mais déstabilise les
pays riverains en s'en servant de base arrière, d'où leur expulsions successives ;
° OLP obtient une reconnaissance internationale à la Ligue arabe et surtout à
l'ONU (statut d'observateur), grâce à une modération de ses positions, ce qui
entraîne des scissions en son sein des éléments les + radicaux ;
° enfin, embargo pétrolier de 73 : pays arabe pétrolier par solidarité avec Palestiniens, d’où un financement accru du terrorisme antioccidental avec la masse
des pétrodollars (rôle de Kadhafi) ; mais parallèlement, Sadate signe la paix
avec Israël, récupère le Sinaï perdu lors des 6 jours et quitte alliance soviétique
pour avoir soutien financier américain (accords de Camp David en 78) ;
c. Du nationalisme au terrorisme puis au terrorisme islamiste :
-
révolution islamiste en Iran et moudjahidin en Afghanistan :
° hybris du shah, fêtes de Persépolis ; dictature policière ; armée du "gendarme du
golfe" ; révolution de 79 : le bazar el les religieux associés aux forces progressistes, retour de l'imam Khomeiny et exil du shah ;
° dictature religieuse et création d'une République islamiste qui pourchasse tous
ses opposants (communiste, kurdes, bahaï, …) ; EU défini comme "grand Satan" et URSS comme le "petit" ; lance le djihad international contre l'Occident :
fatwa contre Salman Rushdie emblématique ;
° fin 79, invasion de l'Afghanistan par URSS provoque un autre abcès de fixation pour le djihad : moudjahidin affluent du monde arabe et combattent URSS
avec soutien des EU ;
-
déstabilisation de la région et du monde :
° nouveau choc pétrolier de l'OPEP en 79 ;
° inquiétude des pays sunnites, en particulier de l'Arabie, lutte pour le leadership
musulman, enjeu du djihad ; assassinat de Sadate en 82 par frères musulmans
pour avoir signé la paix avec Israël ; diffusion des "Afghans" dans tout le monde
musulman où ils portent leur technique de guerre sainte ;
° guerre Iran-Irak entre 80 et 88 : Irak encouragé par autres pays musulmans et
par Occident (pouvoir laïc et société modernisée) ; mais résistance acharnée le
met en échec ; + 1 M de morts ; ainsi réactivation de l'hostilité entre sunnites et
chiites ;
° 1ère guerre du Golfe d'Irak après invasion du Koweït en 90 sous mandat ONU
et direction des EU et participation de nombre de pays arabes ; mais ne concluent pas en laissant S. Hussein au pouvoir, mais sous contrôle étroit de la
communauté internationale ; où en est la umma ? où en sont les logiques de la
guerre froide ?
-
pourrissement de la situation israélo-palestinienne :
° à partir de 87, 1ère intifada dans les territoires occupés, création du Hamas, islamiste qui concurrence la vielle OLP et Arafat par sa radicalité ;
° pourtant B Clinton réussit à faire signer accords de Washington en 93 entre
Arafat et I. Rabin, suivi des Accords d'Oslo : reconnaissance mutuelle officielle,
création d'une Autorité palestinienne, embryon d'Etat, à laquelle seront transférés les territoires occupés par étapes sur 5ans ; mais points épineux non réglés :
retour des Palestiniens chez eux, statut de Jérusalem réclamée par Palestiniens
comme capitale, sort des colonies juives installées en Cisjordanie ;
° extrémistes des 2 camps s'enflamment : Rabin assassiné (95), Hamas déclenche
violences et attentats contre Israël ; d'où retour de la droite nationaliste au pouvoir en Israël ; 2ème intifada en 2000 ;
° Israël continue la colonisation des territoires occupés, terres palestiniennes
complétement mitées surtout avec création du mur de séparation par Israël, revendication d'Eretz Israël devient commune ; refus de toute concession, réaffirmation de la qualification de l'Etat comme juif ; et Palestine complétement éclatée entre Gaza aux mains du Hamas et Cisjordanie aux mains de l'OLP ; jamais
aussi loin d'un accord;
3. Le Moyen-Orient au cœur de l'actuelle instabilité internationale.
a. Des "Afghans" aux talibans et à Al-Qaida :
° le 11 septembre comme preuve de l'irruption mondiale de la question du MO ;
toute une nébuleuse terroriste islamiste s'est nourrie des troubles qui agitent le
monde musulman depuis longtemps, mais sans que cela débouche sur une internationale coordonnée, chaque groupe a ses logiques et son calendrier ;
° Al-Qaida est un groupe djihadiste wahhabite, chassé du Soudan, a trouvé refuge
dans montagnes d'Afghanistan tenu alors par d'autres islamistes wahhabites, les talibans (ou étudiants en religion), qui font régner un régime de dictature religieuse
après le départ des Soviétiques ;
b. Exportation de la démocratie ou préservation des intérêts pétroliers ? EU en Irak
et Afghanistan :
° pourquoi W. Bush s'attaque à l'Irak après l'Afghanistan, question du pétrole
bien sûr, mais aussi autre chose : néo-conservatisme messianique, apporter la
démocratie libérale par une "croisade" ;
° 2003, nouvelle guerre d'Irak cette fois menée à son terme ; occupation de l'Irak
qui entraîne un cycle de violences inédit dans la région ; échec de la transition
démocratique souhaitée et sale guerre du côté américain (Guantanamo, etc.) ;
° dangers stratégiques accrus avec la prolifération nucléaire qui menace la région
: après le Pakistan et Israël, Iran est en train de se doter de l'arme atomique malgré surveillance de l'AIEA ; possibilité d'un usage terroriste de cette arme ?
c. Les printemps arabes :
° à partir de 2011, mise à bas des vieilles dictatures de la région toujours soutenues par Occident au nom de la lutte contre les islamistes, prétexte facile au viol
des droits de l'homme : Ben Ali de Tunisie, Kadhafi de Libye, Moubarak
d'Egypte, Saleh au Yémen et maintenant Al Assad de Syrie ;
° mais la déstabilisation des régimes autoritaires profitent, surtout dans un 1er
temps, à la seule force organisée et qui a une bonne assise sociale : les islamistes
(Frères musulmans en Egypte, Enada en Tunisie), persécutés jusque là, gagnent
les élections et cherchent à imposer la charia contre les opposants laïcs et libéraux ; d’où de graves troubles ;
Sujet. La question israélo-palestinienne.
a.
Le point de départ palestinien :
- mouvement sioniste : revendication d'une terre dite sainte comme négation de l'existence d'un
peuple palestinien :
- de la déclaration Balfour au Mandat britannique, le jeu cynique de la GB pour préserver ses
intérêts régionaux en jouant avec le feu :
- plan de partage de l'ONU et proclamation d'Israël lancent la question palestinienne :
b. Les guerres israélo-arabes et les victoires israéliennes :
- guerre des 6 jours et occupation des territoires, le nassérisme battu :
- guerre du Kippour et paix avec l'Egypte, intrusion de + en + forte des EU dans le jeu régional :
- terrorisme palestinien de l'OLP prend le relais du nationalisme arabe :
c.
L’irruption de l’islamisme dans la question palestinienne :
- échec des négociations de paix sous l'égide des EU :
- intifada et Hamas : relais du terrorisme islamiste :
- situation bloquée : colonisation continue et négociations arrêtées :
5. Jérusalem : un patrimoine entre tensions et conflits.
On peut le définir comme l'inscription du passé dans la pierre ou dans tout autre matériau, voire dans des supports immatériels, car il s'agit de l'inscription locale d'une mémoire
historique, d'où l'appellation de "Lieux de mémoire". Ce qui constitue un lieu en patrimoine
c'est non seulement son origine, par quoi il touche aux mythes fondateurs, mais aussi sa sédimentation au fil des siècles : une mémoire sera d'autant plus vive qu'elle aura été objet
d'enjeux et de luttes qui à chaque fois réinjecteront du sens au mythe local.
Le patrimoine n'est donc pas un objet neutre ni un donné naturel mais une véritable
construction par les sociétés pour leur propre perpétuation et pour régler leurs conflits internes comme leurs enjeux de puissance envers les autres sociétés. On assiste à une véritable
"invention de la tradition", des revival qui ont plus à voir avec leur société contemporaine
qu'avec une quelconque réalité des origines. Ce qui explique que cette thématique patrimoniale a beaucoup à voir avec toutes les formes de nationalisme.
Par ailleurs, étant donné l'investissement symbolique des traces monumentales, l'archéologie et la restauration deviennent des enjeux brûlants qui brouillent les catégories scientifiques au service des vues religieuses et politiques. La vieille ville a été inscrite au Patrimoine
mondial de l'humanité en 1981, puis au Patrimoine en péril en 1982.
Parmi les lieux patrimoniaux essentiels de l'humanité, Jérusalem a une bonne place :
elle porte les traces des 3 monothéismes qui s'y sont succédés et n'imaginent pas abandonner
leurs lieux les plus sacrés. Le fragile équilibre de la cohabitation des peuples et des religions
autour de leurs temples a volé en éclat par l'introduction du projet sioniste qui a surimposé
une visée politique nationaliste à l'existence d'une petite bourgade reculée de l'Empire ottoman où nul enjeu stratégique ou économique ne se trouvaient.
a. Un palimpseste religieux de toute antiquité qui pousse à la cohabitation :
- dans la pierre, les restes des 3 monothéismes surimposés et imbriqués :
° le temple de Salomon (X° siècle av JC) détruit lors du 1er exil à Babylone, puis
celui du VI° av JC et enfin celui d'Hérode Ier siècle ; pour les hébreux seul temple
pour un seul Dieu ; sa destruction par les Romains en 70 et la mythique "diaspora"
; jamais reconstruit, restent les fondations (Mur des lamentations) ;
° le supplice de Jésus, Christ des chrétiens ; Chemin de croix et Saint-Sépulcre
construit sous les Byzantins au IV° siècle ; perdus en 683 par l'invasion arabe mais
respectés par eux ;
° le Dôme du rocher pour les musulmans (VIII° ap JC), lieu de l'ascension de
Mahomet aux Cieux mais surtout célébration de la victoire des califes omeyyades
sur les abbassides et revendication d'une filiation avec le judaïsme car le lieu est
associé aux rois David et Salomon, sans parler du sacrifice d'Isaac ; manifeste victoire sur christianisme ; transformé en Eglise aux temps du Royaume Latin de Jérusalem ;
-
une sédimentation archéologique de longue durée où se jouent déjà des enjeux de
pouvoir :
° Saint-Sépulcre reconstruit au XI° dans sa configuration actuelle ; Dôme transformé en Eglise pendant les croisades ; grave incendie au XIX° entraîne la reconstruction de la coupole ;
° à chaque changement de dynasties, des modifications ; et restauration à plusieurs reprises du Dôme : ses mosaïques extérieures par ex sont du XIII°, et
entre XVIII° et XX° siècles 4 campagnes de restauration ;
° absence de restauration du Temple d'Hérode : absence de pouvoir juif sur
place ou ailleurs capable d'une telle entreprise ; et, par voie de conséquence ?,
spiritualisation de la notion de Temple comme de la référence à Jérusalem ;
° l'intérêt des archéologues pour ces ruines et monuments : au XIX°, recherche
de l'authenticité de ces lieux : voir en particulier la localisation du Saint Sépulcre,
mais aussi l'absence de tout reste du 1er temple de Salomon ;
° vive concurrence archéologique comme dans tout le Moyen-Orient : position
privilégiée de l'Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem créée en
1890 par les Dominicains ; en même temps chaque religion privilégie ses
propres traces au détriment de celles des autres ;
-
les 4 quartiers de la vieille ville qui font cohabiter les religions et les peuples :
° chrétien, arménien, arabe et juif à l'intérieur des remparts autour des lieux
saints ; ville européenne et moderne se développe extra muros quand les campagnes ont été sécurisées fin XIX° siècle ; quartiers arabes et juifs laissés dans
un grand état d'abandon tout au long du XIX° ;
° vieux quartiers chrétiens restés tels quels jusqu'au XIX°, puis modifiés par
constructions des différentes confessions dans la course qu'elles se livrent pour
le contrôle de la ville avec l'appui des puissances européenne successives : monastères et hôtelleries, édifices religieux, hôpitaux et écoles ; ville chrétienne se
hérisse de clochers et de coupoles néo-byzantines, néo-romanes, néo-gothiques
selon les styles en vogue en Europe ;
° fin XIX° extension de la ville extra muros, mais ce n'est pas ici le sujet ;
b. Un enjeu ancien imposé par des vues politiques :
- signification des croisades : pèlerinage armé ou entreprise de conquête militaire ?
° pèlerinage à Jérusalem traditionnel chez les chrétiens d'Europe, conquête arabe
ne l'a jamais empêché pour adorer la Vraie Croix et les lieux du martyre du Christ ;
° mouvement pour la paix du pape Urbain II entraîne l'aventure des croisades du
XI° au XIII° siècles : détourner agressivité des chevaliers vers les Infidèles pour
pacifier l'Occident et protéger l'Empire byzantin de l'avancée des Turcs en s'alliant
déjà avec peuples arabes de Palestine ;
° ce mouvement d'enthousiasme se colore de millénarisme religieux et produit 1ères
persécutions et massacres de Juifs en terres allemandes (12.000 victimes ?) ; ces
pogroms se répéteront lors des croisades suivantes ;
° création des Royaumes latins d'Orient dans un Empire musulman éclaté et divisé
dont profitent les croisés jouant les uns contre les autres : Godefroy de Bouillon
1er roi de Jérusalem en 1099 ; 7 croisades se succèdent faisant de Jérusalem un enjeu politique tout autant que religieux, "délivrer le tombeau du Christ" ;
° à partir de la chute des Royaumes latins, croisades interdites pendant 5 siècles ;
mais dans l'ensemble jamais la cohabitation des peuples et religions n'est durablement menacée dans la région et à Jérusalem ;
-
garde des Lieux saints et protection des chrétiens d'Orient :
° la custodie franciscaine et le difficile partage des lieux saints entre les confessions
chrétiennes ;
° la protection des chrétiens d'Orient est assurée par la France dès le XVIII° siècle
mais cela lui est disputé par les autres puissances chrétiennes en particulier la Russie ; les 2/3 des missionnaires au Moyen Orient sont français ; Chateaubriand
compose son Itinéraire de Paris à Jérusalem en 1811 relançant la mode de l'orientalisme et du voyage en Terre Sainte ;
° de +, arrivée importante de pèlerins protestants au début du XX° siècle modifie
l'équilibre religieux de la ville et y introduit le millénarisme évangéliste qui fait du
retour à Sion un idéal ;
° augmentation du nombre des pèlerins entraîne l'installation de consulats étrangers (10.000 en 1870 à 40.000 en 1910) ; déjà en 1840 idée d'en faire une ville internationale ; d'où la nomination d'un gouverneur ottoman pour régler les différents entre croyants ;
-
une bourgade moyenne de l'Empire ottoman bousculée par son statut particulier:
° ni commerce ni industrie, mais un statut de ville « trois fois sainte » ; de 1800 à
1910, de 9.000 habitants à + de 70.000 ; ainsi installation de juifs d'Europe ne
cesse jamais avec périodes de persécutions et de cohabitation pacifique : milieu du
XIX°, 5.000 juifs à Jérusalem sur 18.000 habitants (dont 3.500 sépharades) ;
° pour réduire l'influence européenne, Sultan en fait la capitale administrative à la
place de St Jean d'Acre ; création très tôt d'un conseil municipal avec 6 musulmans, 2 chrétiens , 2 juifs ;
° tournant de 1882 : début de l’occupation britannique en Egypte et des premières
vagues d’immigration juive (aliyah) en Terre sainte à la suite des pogroms russes
(assassinat du tzar) ; ainsi juifs finissent par devenir majoritaires dans la ville : entre
30 et 50.000 vers 1900 ;
° modernisation accélérée de la ville au XIX° siècle : rues pavées, dispositif
d’égouts et système d’éclairage au kérosène, télégraphe, chemin de fer ; création
aussi d'une police municipale et de bâtiments municipaux : hôpital, musée
d’antiquités ; puis sous mandat britannique, plan d'urbanisme lancé dans une
vieille ville dans un état lamentable et pour préserver les lieux saints : règles de
constructions très strictes appliquées jusqu'à aujourd'hui (hauteur, matériaux …) ;
c. Un enjeu réactivé par le projet sioniste :
- rapport du nationalisme juif à Jérusalem complétement construit avec la naissance du
mouvement sioniste :
° 1er Congrès sioniste mondial en 1897 qui adopte très vite l'idée du retour à Jérusalem contre l'avis des juifs orthodoxes qui prônent le respect de la dimension purement spirituelle de ce retour ; d'où un succès relatif de l'installation des Juifs à
Jérusalem ;
°durant la Première Guerre mondiale, déclaration Balfour et l’entrée du général
Allenby dans Jérusalem en 1917 ; sous mandat britannique, la ville connaît dès
1921 des émeutes arabes contre l'installation de juifs ; rôle trouble du Grand Mufti
de Jérusalem dans les troubles antisionistes ;
° en 44, sur les 150.000 habitants, 90.000 juifs, 30.000 arabes et 25.000 chrétiens ;
-
création de l'Etat d'Israël et plan de partage avorté :
° plan de partage de la Palestine en 47 prévoie donc de faire de Jérusalem une ville
internationale ; mais 1ète guerre israélo-arabe entraîne sa partition de facto entre
Jérusalem ouest israélienne et Jérusalem est palestinienne, inacceptable pour les
Israéliens car c'est à l'est que se trouvent la vieille ville et les lieux saints ; destructions de synagogues et juifs chassés de leur quartier par les Jordaniens ;
° ville devient capitale du nouvel Etat et est réunifiée par la force lors de la guerre
des 6 jours en 67 ; plus de ligne de démarcation, à leur tour Israéliens chasses
arabes du quartier maghrébin pour construire une esplanade en face du Mur ; rénovation du quartier juif et expropriation des résidents arabes ;
° 1980 : "capitale éternelle et indivisible" d'Israël ? alors que Tel Aviv est capitale
internationalement reconnue ; condamnée par ONU comme par Palestiniens bien
sûr ;
-
comment la ville aujourd'hui se débrouille-t-elle avec les patrimoines concurrents ;
° querelles archéologiques : par ex. construction d'une nouvelle "rampe des
Maghrébins" sur des ruines musulmanes en 2004 sans en informer l'Office des
Biens religieux musulmans ; idem pour la construction d'un tunnel archéologique
sous le Temple et le Dôme en 2011 ;
° constructions et extensions du quartier juif : emprise sur quartiers musulmans
accrue par des constructions illégales en particulier en droit international puisque
Jérusalem-est est un territoire occupé ; volonté de changer l'équilibre démographique de la ville : actuellement sur 700.000 habitants, 450.000 juifs et 225.000
arabes ; quartier arabe de + en + encerclé et noyé dans habitat juif dans Jérusalem
–est ;
° enjeu du tourisme de pèlerinage : en 2010, + de 3M de touristes, dont la + ½
chrétiens, et 40% juifs ; lieu le + visité : Mur des lamentations (75%), quartier juif
(65%), Saint Sépulcre (55%) et Via Dolorosa (53%) ;
° aspect religieux de la ville : influence des "hommes en noir", les ultra orthodoxes
juifs ¼ de la pop totale et 1/3 des seuls juifs ;
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