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Kurdistan
Comment évolue la situation des kurdes aujourd'hui
(un peuple séparé entre plusieurs États)
alors que le Moyen-Orient connaît une nouvelle donne
depuis l'intervention anglo-américaine ?
(d’après "le Dessous des Cartes" – juin 2003)
Localisation du Kurdistan
Le Kurdistan est situé au cœur du Moyen-Orient.
L'espace du peuplement kurde représente environ 530 000 Km²
(environ la superficie de la France).
l'Espace de peuplement kurde
Les Kurdes vivent en majorité dans la haute vallée du Tigre et les abords du lac de Van,
au sud-est de la Turquie,
dans les vallées du Grand Zab et du petit Zab, au nord-est de l'Irak,
et au sud du lac Ourmia, au nord-ouest de l'Iran.
Un peuple sans État
Les Kurdes ne sont ni des Arabes, ni des Turcs : ce sont des descendants des Mèdes,
qui se seraient installés au 9e s. avant notre ère près du Mont Zagros.
Ils parlent une langue proche du persan.
Les Kurdes seraient aujourd'hui entre 25 et 33 Mns, selon les chiffres.
Un pays sous domination étrangère
La région du Kurdistan est successivement occupée par
les Arabes, les Mongols, les Perses, et les Ottomans.
Le grand Saladin, connu pour avoir unifié l'islam contre les croisés, est un Kurde.
C'est lui qui a fondé, au 12e s. la dynastie des Ayyubides.
Une province ottomane
A partir du 16e s. la région du Kurdistan devient une province ottomane.
En 1918, les Ottomans sont vaincus par la France et le Royaume-Uni,
et leur empire est démantelé.
Vers un Kurdistan autonome ?
Sur les ruines de l'État ottoman, Mustafa Kemal tente de former un État turc moderne.
Pour cela, il demande l'appui des leaders Kurdes, notamment dans la lutte contre les Arméniens
(en blanc sur la carte), en leur promettant en échange l'autonomie.
L'autonomie d'une province kurde est d'ailleurs prévue par le Traité de Sèvres de 1920.
le Découpage du Moyen-Orient en 1920
Au Moyen-Orient arabe, les gouvernements anglais et français,
qui ont chacun un mandat de la Société des Nations,
redessinent les frontières en fonction de leurs intérêts.
le Découpage du Moyen-Orient en 1920
En 1920 sont établies les frontières d'un futur État qui s'appellera l'Irak.
Les Britanniques, qui y ont découvert du pétrole,
incluent dans ce territoire la région de Mossoul et Kirkouk - revendiquée par les Turcs coupant ainsi en deux un éventuel Kurdistan indépendant.
l'Abandon du projet d'un Kurdistan indépendant
En Turquie, les chefs kurdes sont trahis par Mustafa Kemal :
la Turquie, une fois formée, abandonne sa promesse d'un Kurdistan autonome.
L'article du Traité de Sèvres de 1920 promettant un État aux Kurdes
ne figure plus dans le Traité de Lausanne de 1923.
la Répartition de la population kurde aujourd'hui
Aujourd'hui, le territoire kurde est à cheval sur 6 pays.
On trouve des Kurdes en Arménie, en Azerbaïdjan, en Iran, en Irak, en Syrie et en Turquie.
Il faut y ajouter les quelques 7 Mns de Kurdes qui ont émigré à travers le monde.
les Kurdes, partout une minorité
Les Kurdes sont des musulmans, en majorité sunnites.
Dans chacun des pays qu'ils habitent, ils constituent une minorité,
avec des statuts variant selon la constitution et selon le respect de la personne humaine.
les Kurdes en Iran
Les Kurdes d'Iran sont des sunnites, dans un pays à majorité chiite. Ils y sont environ 7 Mns.
La République d'Iran reconnaît l'autonomie linguistique et la spécificité culturelle des Kurdes
au sein de la République Islamique, mais pas d'autonomie politique, ni administrative.
l'Iran multiethnique face aux Kurdes
Dans la logique de Téhéran, il est impossible d'accorder l'autonomie aux Kurdes
sans déclencher des mouvements potentiellement séparatistes
chez les Baloutches, les Turkmènes, ou les Azéris.
Dans le contexte pluriethnique de l'Iran, la question kurde n'est qu'une question parmi d'autres.
les Inconvénients dus aux changements en Irak
L'Iran était favorable au renversement du régime irakien,
mais doit maintenant faire face à plusieurs inconvénients durables :
l'Irak sera plus démocratique, partiellement fédéral, et l'autonomie désormais marquée
des Kurdes d'Irak ne pourrait que donner des idées d'autonomie aux Kurdes d'Iran.
la Turquie contre l'idée d'une nation kurde
14 Mns de Kurdes vivent en Turquie : la Turquie abrite à elle seule presque la moitié du peuple kurde.
1 habitant sur 5 en Turquie est kurde, et 30 % de la superficie de son territoire est kurde.
La Turquie a eu jusqu'à très récemment, une politique de négation vis-à-vis des Kurdes.
Une loi de 1924 interdit les écoles et l'usage de la langue kurde.
Les Kurdes ne sont même pas nommés, mais désignés comme "Turcs des montagnes« .
Une réponse militaire aux revendications kurdes
Une administration militaire turque est établie en zone kurde
face au mouvement de guérilla du PKK.
L'armée pratique une politique de déplacements forcés 3 Mns de Kurdes sont partis depuis 1990.
Ainsi, la réponse turque à la demande de reconnaissance des Kurdes a été une réponse militaire.
les Réformes concédées par la Turquie
En août 2002, sous la pression de l'Union Européenne, Ankara a procédé à des réformes.
L'usage des langues locales est autorisé à la télévision et leur apprentissage dans des cours privés.
Le pays a aboli la peine de mort, applicable au leader kurde Öcalan.
Enfin, l'État d'urgence, qui était en vigueur dans la région depuis 1987, a été levé.
la Nouvelle donne en Irak inquiète la Turquie
La nouvelle donne dans l'Irak de 2003 inquiète la Turquie.
1- parce que les nationalistes turcs n'ont jamais accepté la perte du Villyat de Mossoul en 1920.
2- parce que la Turquie redoute qu'un Kurdistan autonome en Irak serve d'exemple
aux Kurdes de Turquie, ou de base de repli aux mouvements de guérilla autonomistes kurdes.
le Kurdistan dans les relations turco-américaines
Le Kurdistan est une nouvelle source de tension américano-turque,
qui s'ajoute au refus turc de soutenir militairement la coalition américano-britannique :
les Kurdes d'Irak ont créé un précédent
en s'installant militairement et administrativement à Mossoul et à Kirkouk.
le Kurdistan irakien depuis 1988
La ville kurde de Halabjah, à la fin de la guerre Iran-Irak,
avait été bombardée au gaz par les troupes de Saddam Hussein, faisant quelque 5000 morts.
Depuis, et avec la fuite des Kurdes d'Irak vers la Turquie à la fin de la guerre du golfe de 1991,
une grande partie du Kurdistan irakien échappait à l'autorité administrative de Bagdad.
le Kurdistan irakien entre 1991 et 2003
Le statut d'autonomie politique a été renforcé par les "No Fly Zones",
pour protéger les Kurdes des incursions de l'armée irakienne,
et surtout pour protéger les puits de pétrole situés en zone kurde.
Celle-ci a largement bénéficié du programme "Pétrole contre nourriture",
qui redistribuait dans la région 13% des revenus du pétrole irakien, ce qui est considérable.
le Kurdistan irakien partagé entre 2 partis
Les partis kurdes, PDK et UPK se sont partagés le Kurdistan autonome.
Ils ont été favorables à la guerre américaine contre le régime irakien,
et ils veulent aujourd'hui conserver l'autonomie politique et économique
dont ils jouissent depuis une dizaine d'années.
les Kurdes, en faveur d'un État fédéral en Irak
Aujourd'hui, Erbil est la capitale du Kurdistan irakien autonome,
où ont été établies les bases d'un fonctionnement démocratique.
Le statut kurde à venir pose la question de la structure de fonctionnement du pays tout entier :
les Kurdes n'ont pas exprimé de volonté de créer un État,
mais constituent en revanche une pression pour que l'Irak devienne un état fédéral.
En Irak, un état fédéral aurait de multiples inconvénients :
à cause de l'influence chiite,
et le poids et le rôle de cette communauté dans la région,
à cause de la fragilité non pas de l'état irakien,
mais de la nation irakienne,
et ce depuis 1920,
et à cause bien sûr les possibles facteurs de contagion
sur la Turquie voisine.
Donc de nombreux facteurs d'instabilité.
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