Le fiancé et la princesse

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Conte zen
C’est un merveilleux petit royaume quelque part en
Chine. Un royaume " de conte de fées ", évidemment. Il
est gouverné par un vieux roi très respecté et aimé de ses
sujets. Et, comme dans tout conte de fées, le roi et la reine
ont une fille belle comme le jour… Une fillette qui a dix
ans maintenant.
Le roi sent que l’âge commence à peser. Il n’a pas de
fils… Il veut choisir un fiancé pour sa fille, un jeune
garçon qu’il élèvera au palais et formera à son futur
métier de roi. (Bien sûr que c’est un métier d’être roi !!!
Et un métier pas facile !) Mais comment choisir ?
Il fit sélectionner un certain nombre d’adolescents, tous
plus doués les uns que les autres, et les convoqua au palais.
Et la reine remit à chacun un paquet de graines : « celui qui
ramènera la plus belle fleur, issue de ces graines, sera
choisi. » Et chacun repart avec son sachet de graines à la
main, et dans la tête des rêves de royauté…
L’année suivante, ils arrivèrent tous au rendez-vous,
portant précieusement la jarre fleurie, fruit de leur
travail. Des merveilles de couleurs, de formes, de
parfums. J’aurais voulu que vous puissiez voir toutes
ces merveilles ! Et pourtant, en les passant en revue, le
roi et la reine avaient l’air soucieux… De plus en plus
soucieux… Etait-ce la difficulté du choix ?
Soudain, ils s’arrêtèrent devant un adolescent triste, les
yeux pleins de larmes.
« Vos Majestés, je ne comprends pas ce qui est arrivé…
J’ai demandé autour de moi la meilleure terre et les
meilleurs engrais, j’ai écouté et essayé d’appliquer les
meilleurs conseils…
J’ai pris le plus grand soin de vos graines ; mais hélas rien
n’a poussé. Je suis honteux d’avoir échoué. Je suis venu
seulement pour ne pas jeter le déshonneur sur ma famille
et mon village, car je suis seul fautif. »
Le roi lui annonça gentiment :
« C’est toi le fiancé de la princesse. »
Des murmures de surprise, de déception, et même de
désapprobation parcoururent la foule, mais personne
n’osa contester la sentence royale.
Depuis ce jour, le petit garçon vécut au palais, où il reçut
l’éducation d’un prince héritier.
Puis il monta sur le trône et, avec épouse, ils régnèrent
longtemps.
Au soir de leur vie, la princesse devenue reine lui
dévoila enfin la raison du choix de ses parents :
« Avant de mettre les graines en sachet, ma mère les
avait cuites à la vapeur. Pour réussir, les autres
garçons avaient réparé ce qu’ils croyaient être un
coup du sort ou une erreur humaine. »
Ils étaient certainement malins et débrouillards, ils avaient
même de l’initiative, ou on les avait trop bien aidés. Mais ils
n’avaient pas deviné le problème de mon père : par cette
épreuve, il voulait trouver un fils honnête, en qui il pourrait
mettre toute sa confiance, ni plus ni moins.
« Il savait bien que, par la suite, il aurait tout le temps
de le former pour qu’il devienne un bon prince, puis
un bon roi.
Et c’est ce que tu es, n’est-ce pas ? » ajouta-t-elle
tendrement.
Le vieux roi soupira :
« Nos parents étaient bien étranges. J’ai été choisi parce
que j’ai bien répondu à la question, alors que je n’avais
nulle conscience de l’existence de cette question.
C’était donc un coup de dés ! »
La reine le rassura doucement :
« Tu avais su rester toi-même honnête et droit, en dépit
des circonstances. Ne te tracasse pas vainement, à leurs
yeux, tu étais le plus digne de tous, et jamais tu ne leur
as donné l’occasion d’avoir des doutes à ce sujet. Tu as
toujours été à la hauteur ! »
« Et, tu vois, nous avons bien mené notre peuple… »
Tiré du recueil : " En ramassant les feuilles de l’arbre
Bodhi ", du moine Thich Thanh Tu
Dessins trouvés sur le Net
Musique : China folk : Gu Su Xing
Diaporama de Jacky Questel, ambassadrice de la Paix
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