Stratégies de néphroprotection 2016

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 Traitement de l’hyperlipidémie:
L’usage de statines en IRC a amené certains auteurs à
les considérer comme des agent protecteurs du rein, car
une réduction de la protéinurie a pu être constatée;
– Strippoli GF et al. BMJ 2008
– Nanayakkara PW t al . ATIC Study. Arch Intern Med 2007
Cependant aucun bénéfice sur la progression de l’IRC
n’a pu être observé.
– Nanayakkara PW et al. Arch Intern Med 2007
– ALLHAT. Am J Kidney Dis 2008
L’effet cardioprotecteur chez cette clientèle n’est pas à
négliger.
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Recommandations KDIGO 2013:
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 Arrêt du tabac:
Fumer augmente la progression de
l’insuffisance rénale
•Regalado et al, Am J Kidney Dis, 2000
•Orth et al, J Am Soc Nephrol, 2002
Fumer augmente la rigidité des artères et peut
augmenter la tension artérielle, en plus d’être
un facteur principal de maladie cardiovasculaire
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 Ajustements diététiques:
Apport en sodium:
– Peut causer une rétention hydrosodée, une
hypertension artérielle et une
glomérulosclérose.
– Chez les hypertendus et les insuffisants
rénaux, on vise une restriction de l’ordre de
moins de 2 g par jour.
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Martine Raymond MD | 2016
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 Ajustements diététiques:
Apports en protéines:
– Ingérer de grandes quantités peut causer de
l’hyperfiltration glomérulaire et donc, en contexte
d’insuffisance rénale de stade 4 et moins, une
accélération du déclin de la fonction rénale.
– Chez l’insuffisant rénal stade 4 et moins (≤ 30
ml/min), limitation protidique de 0,8 g / kg / jour.
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 Correction de l’acidose métabolique;
En contexte d’IR stade 3-4, l’acidose métabolique
générée peut contribuer au déclin accéléré de la
fonction rénale, par dommage tubulo-interstitiel.
La correction de l’acidose réduit clairement le
déclin rénal.
Traitements:
– Bicarbonate de sodium
– Citrate de sodium
– Alimentation riche en fruits et légumes
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Attention pour ne pas causer de
l’hypertension ou de la rétention hydrosodée.
Attention pour ne pas causer de
l’hyperkaliémie (diète riche en fruits et
légumes).
Le taux de bicarbonate sérique ne doit pas
dépasser 24 mEq/L, afin d’éviter une
surcharge pulmonaire.
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 Médicaments à potentiel néphrotoxique:
L’IRA médicamenteuse est la cause possible de 20 à
40% des insuffisances rénales aigues acquises en milieu
hospitalier.
Le pronostic des IRA médicamenteuses n’est pas bon:
Au moins 5% des patients seraient dialysés
La mortalité globale pourrait atteindre 13%
Environ 20% des patients garderont une IRC à la suite de leur
épisode aigu
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AINS
Probablement les médicaments les plus impliqués
comme cause de toxicité rénale; n’importe quel AINS
peut être impliqué!
Syndromes cliniques variés:
– IRA fonctionnelle
Potentiellement réversible; inhibition des PG conduisant vers une
vasoconstriction en présence d’un flot sanguin réduit
– Néphrite interstitielle et syndrome néphrotique
Toxicité directe causant une protéinurie, pouvant prendre plusieurs
mois avant de régresser;
glomérulopathie à changement minime fréquemment décrite
Glomérulonéphrite membraneuse possible.
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– Hyperkaliémie
Inhibition des PG conduit à une réduction de rénine, puis à
un état d’hyporénine hypoaldostéronisme
– Rétention hydrosodée
Inhibition des PG peut causer un effet antinatriurétique et
exacerber un effet arginine vasopressine
– Hypertension
Inhibition des PG peut mener à une hausse modeste de TA
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Antibiotiques
Voies d’excrétion rénale:
– Sécrétion tubulaire pour les antibiotiques qui sont liés
aux protéines ex: pénicilline et céphalosporine
– Filtration glomérulaire pour les autres ex:
aminoglycoside
– Aminoglycoside:
10 à 15% des traitements se compliquent d’une atteinte
rénale liée à des lésions (nécrose) tubulaires proximales
Manifestations usuelles: IRA non oligurique surtout,
syndrome de Fanconi, Diabète insipide néphrogénique,
hypokaliémie - hypomagnésémie
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– Pénicilline et céphalosporine:
Néphrite interstitielle allergique surtout
– Amphotéricine B:
Néphrotoxique chez près de 80% des patients recevant cet
antibiotique
IRA fonctionnelle
Atteinte tubulaire distale surtout caractérisée par une
hypokaliémie sévère, de l’hypomagnésémie et des troubles
de concentration urinaire.
– Antiviraux:
Plusieurs peuvent être impliqués cf tableau suivant
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– Vancomycine:
En usage seul, potentiel d’insuffisance rénale de 5 à 15% /
ototoxicité également
– Sulfonamide:
Possibilité de IRA surtout chez les patients souffrant d’IRC
Hyperkaliémie
Le composé sulfa semble être en cause dans une réaction
immuno-allergique
– Tétracycline:
IRA possible
Déméclocycline et la possibilité de polyurie causée par le
défaut de genèse d’ADH
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Chimiothérapie
Toxicité tubulaire
– Cisplatin: toxicité tubulaire, fibrose interstitielle, hypomagnésémie ad 6
années post tx, « salt wasting », hypotension orthostatique, SIADH,
HUS, et c’est dialysable…
– Carboplatin: néphrotoxique à hautes doses, dialysable…
– Ifosfamide: syndrome de Fanconi, toxicité selon dose cumulative, l’âge,
et le degré d’IRC sous-jacent
– MTX: néphrotoxicité par précipitation tubulaire donc réversible –
traitement: leucovorin, hydratation et augmenter le PH urinaire > 6.5
– Premetrexed: toxicité tubulaire
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Toxicité glomérulaire
– Gemcitabine: angiopathie thrombotique et crise HTA
– Mitomycine: angiopathie thrombotique, protéinurie, HTA et IR
– Inhibiteurs du VEGF ( antiangiogénèse):
Bevacizumab (avastin): anticorps monoclonal
Sunitinid (sutent)
HTA, protéinurie, MAT, NI
MAT: shistocytes au frottis périphérique,
↑haptoglobine, et ↑ LDH
HTA: inhibition du NO et vasoconstriction
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Toxicité des métaux:
Caractéristiques:
– La cible est la cellule épithéliale des tubules proximaux
– La dose et la chronicité de l’exposition détermine l’atteinte
néphrotoxique
– Or:
Néphrite tubulointerstitielle 10%
Glomérulonéphrite à complexe immuns 20%
Glomérulonéphrite membraneuse 75%
– Arsenic :
IRA contexte de vomissements/diarrhées
– Barium:
Hypokaliémie
– Cadmium: (travailleurs industriels)
Néphrite tubulointerstitielle avec fibrose et atrophie
Lithiases sur hypercalciurie (40%)
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– Mercure:
Toxicité aux cellules tubulaires proximales
Glomérulonéphrite membraneuse associée à l’usage de crème
solaire
– Plomb:
Aïgue: syndrome de Fanconi
Chronique: néphrite tubulo-interstitielle, hyperuricémie et goutte
Association à HTA et IRC légère
– Platine (cisplatin):
IRA avec nécrose des tubules proximaux
Hypomagnésémie
Polyurie (défaut excrétion vasopressine)
Carboplatin est un analogue moins néphrotoxique
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– Lithium:
Aigue: IRA avec neurotoxicité
Chronique: IR par néphrite tubulo-interstitielle chronique,
pouvant évoluer vers IRT
Syndrome néphrotique: peu fréquent, surtout associé à une
glomérulonéphrite à changement minime (FSGS possible)
Polyurie par diabète insipide néphrogénique, qui, en situation
de prise chronique, peut persister même après l’arrêt du
traitement!
Hyperparathyroidie par hypercalcémie
Relation inverse entre la capacité de concentration du rein et
son degré d’atrophie tubulaire
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IECA / ARA
IRA oligurique peut survenir dans 2
circonstances:
– Sténoses bilatérales des artères rénales ou sténose
artérielle chez le porteur d’un rein unique
– IRC de base, patient déshydraté ou dont la perfusion
rénale est compromise
Conseil:
– Contrôler la créatinine et les électrolytes 7 à 10 jours
après l’introduction de cette thérapie
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Autres:
Inhibiteurs de la calcineurine
– Cyclosporine
– Tacrolimus
IRA fonctionnelle par vasoconstriction des artérioles rénales,
surtout en préglomérulaire, causant une hypoperfusion
rénale
Dose dépendant – réversible
Atteinte rénale chronique – irréversible
Artériolopathie oblitérante causant une glomérulosclérose
Hyperkaliémie – hypomagnésémie – hypophosphatémie
Hyperurécémie et goutte
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Produits naturels:
– Herbes chinoises contenant de l’acide aristolochic,
contenu dans certaines formules amaigrissantes
Décrit en 1991 en Belgique, et plus de 300 cas répertoriés
officiellement
Néphrite tubulointerstitielle chronique conduisant à
l’insuffisance rénale terminale
Associé aux cancer urothélial
– Produits naturels à base d’herbes et utilisés en
médecine traditionnelle indienne ( Ayurnedic) et
chinoise / St-John’s wort
Intoxication en certains métaux lourds tels le plomb surtout,
mais également pouvant contenir du mercure et de l’arsenic
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Néphropathie dite des analgésiques:
Néphropathie tubulointerstitielle liée à la prise au long
cours d’un certain type d’analgésique (phénacétine)
Néphropathie liée aux laxatifs:
Intoxication chronique, causant une hypokaliémie
également chronique, laquelle pouvant activer le
complément au niveau du rein et provoquer des
lésions tubulointerstitielles
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Produits de contraste employés en
radiologie
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Incidence de néphropathie de contraste
Cause de 10 à 28% d’IRA
Mortalité associée d’au moins 2% (JACR vol.58, No.2,
avril 2007 / CJASN vol.5, No.1, janvier 2010 ), sinon
de 7% si patient hospitalisé, et de 35% si dialysé (Mc
Cullough et al 1997
2008)
Augmente le risque de dialyse: 3 – 4%
Augmente le risque:
surcharge pulmonaire, complications
cardiaques, la durée d’hospitalisation, …
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Causes
Vieillissement des patients
L’usage grandissant des techniques
radiologiques nécessitant les produits de
contraste:
– Tomodensitométries contrastées
– Angiographies diverses
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Mécanismes
IRA (créatinine > 25% de la base ) apparaissant 24 à 48
heures suivant l’examen et retour à la fonction rénale de
base 7 à 14 jours plus tard.
Mécanismes possible:
– Vasoconstriction des vaisseaux rénaux →hypoxie médullaire
secondaire.
Médié: altérations du NO, l’endothéline / adénosine, et des
effets cytotoxiques directs.
– Dommage tubulaire direct ou par la genèse de radicaux libres de
l’oxygène
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Patients à risque
Facteurs prédisposants / incidence :
Insuffisance rénale pré-existante – incidence 20 à 50 %
Créatinine ≥ 130
ou
TFG ≤ 60 ml/min/1,73 m2
Néphropathie diabétique – incidence de 9 à 38 %
Insuffisance cardiaque ou autre cause de pauvre perfusion rénale / hypo
volémie
Myélome multiple
Intervention percutanée qui contribue également aux athéroembolies
Dose totale et type d’agent de contraste
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Prévention
Utiliser si possible un examen sans agent de contraste
Eviter de répéter des examens contrastés à moins de 4
à 7 jours d’intervalle
Agent de contraste: doses ajustées et agent nonionique
hypo ou iso-osmolaire.
Arrêter certains médicaments pré-intervention:
– Agents néphrotoxiques, ex: AINS
– IECA / ARA
– Diurétique
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Prévention
Hydratation:
– Orale non recommandée
•Trivedi et al, Nephron 2003
– Intraveineuse:
Soluté normo-salin 1 cc/kg/hre 12 heures avant
jusqu’à 12 heures après l’examen
•Muller et al, Arch Intern Med 2002
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Prévention
Hydratation:
Bicarbonate de sodium:
3 ampoules (150 meq) dans 1L D5% à 3 cc/kg 1 h
avant l’intervention puis poursuivre le soluté à 1
ml/kg/h pour 6 h post-intervention
•Merten et al, JAMA 2004
•REMEDIAL, Circulation 2007
Résultats conflictuels entre le salin et le
bicarbonate comme meilleur agent d’hydratation.
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Prévention
Acétylcystéine (mucomyst):
– Résultats mixtes
– 1 200mg po bid la veille et le jour de la procédure X 4 doses au
total
•Tepel et al, NEJM 2000
•APART Trial
•Marenzi et al, NEJM 2006
•Briguori et al, Eur Heart J 2004
– IV?
7% réactions anaphylactoides
Bénéfice incertain, donc non recommandé
•Webb et al,Am Heart J 2004
•Baker et al, J Am Coll Cardiol 2003
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Résonnance magnétique nucléaire
La plupart des agents de contraste utilisés sont des
dérivés du gadolinium
– En insuffisance rénale modérée à sévère, soit DFGe de moins
de 30 mL/min, possible développement du syndrome de fibrose
systémique nephrogénique, donc procédure contre-indiquée
– Possible développement de néphrotoxicité, similaire à celle
retrouvée avec les agents de contrastes iodés
– Pas de consensus en stade 3 d’insuffisance rénale, soit 30 à 60
ml/min de DFGe
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Dernier point concernant les cliniques
multidisciplinaires de prédialyse
Suite à plusieurs études
randomisées/contrôlées:
– Réduction de 20% de progression de IRC.
– Patients vont choisir plus les modes de dialyse à
domicile
– Le contrôle métabolique en général mieux ajusté
– Réduction de mortalité de 51% dans une étude…
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Conclusions
Reconnaître et rechercher la dysfonction rénale et sa
cause, afin de freiner la progression vers une
insuffisance rénale plus sévère, marquée par une
morbidité et une mortalité d’importance, en plus des
coûts humains et monétaires non négligeables.
La progression de la maladie rénale est intimement liée
à la maladie cardiovasculaire.
Le contrôle de la tension artérielle et du diabète sont de
première importance dans notre société industrialisée.
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Conclusions
Attention à éviter tout médicament à potentiel
néphrotoxique.
Reconnaître le risque associé aux interventions
radiologiques utilisant des agents de contraste
et les utiliser avec discernement.
Etre vigilant!
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