année universitaire 2013-2014 Le pouvoir pathogène des bactéries Pr Michel SIMONET Les bactéries saprophytes Les bactéries commensales Les bactéries pathogènes Bactéries pathogènes Les bactéries pathogènes des bactéries capables de provoquer chez un hôte déterminé (homme, animal), dont les défenses sont inaltérées, une infection apparente ou non (symptomatique ou asymptomatique) des agents infectieux parfois adaptés à un hôte spécifique Corynebacterium diphtheriae, Neisseria meningitidis, Bordetella pertussis sont des agents infectant (naturellement) uniquement l’Homme Les bactéries pathogènes opportunistes des bactéries commensales ou saprophytes pouvant occasionner des infections chez un hôte présentant un déficit de son système immunitaire (congénital ou acquis) Le postulat de Koch 1843-1910 le microorganisme doit être régulièrement associé à la maladie et à ses lésions caractéristiques le microorganisme doit être isolé (après culture) du malade la maladie doit être reproduite quand le microorganisme est introduit chez un hôte sensible et en bonne santé le même microorganisme doit être ré-isolé par culture des tissus de l’hôte infecté expérimentalement Helicobacter pylori & ulcère gastro-duodénal l à la fin des années 1930, des bactéries spiralées sont observées lors d’examens microscopiques d’estomacs de cadavres humains l en 1982, Marshall et Warren obtiennent, à partir de biopsies de muqueuse gastrique, une culture pure d’une bactérie spiralée Il existe une très forte association entre la présence de H. pylori dans l’estomac et l’existence de lésions de gastrite L’inoculation per os de H. pylori à des volontaires sains provoque des lésions de la muqueuse stomacale L’élimination de H. pylori (par antibiothérapie) s’accompagne d’une régression des lésions gastriques et d’une guérison de la maladie l’adaptation moléculaire du postulat de Koch Le gène de virulence doit être présent chez toutes les souches d’une espèce qui sont pathogènes et absent de celles qui ne le sont pas L’inactivation du gène de virulence est associée à une réduction du pouvoir pathogène de la souche et, réciproquement, l’introduction du gène de virulence chez chez une souche dénuée de pouvoir pathogène la rend virulente Le gène de virulence doit être exprimé par la bactérie pathogène au cours du processus infectieux Le pouvoir pathogène des bactéries les aptitudes requises L’induction d ’un processus infectieux chez un hôte par une bactérie reflète globalement la capacité du microorganisme à franchir des barrières naturelles résister aux effecteurs humoraux et cellulaires de l’immunité innée et acquise implantation, survie et réplication de la bactérie pathogène chez l’hôte La barrière cutanée La peau une barrière protectrice efficace contre l’agression microbienne (surinfections cutanées à Staphylococcus aureus et Pseudomonas aeruginosa chez les brûlés) dont la colonisation par des pathogènes est limitée grâce à divers facteurs : la sécheresse, l’acidité (pH5), la température (<37°C), la desquamation rapide de l’épiderme la production de lyzozyme (dégradation du peptidoglycane) et de lipides toxiques par les glandes sudoripares et les follicules pileux l’existence d’une flore résidente (bactéries à Gram positif) la présence d’un tissu lymphoïde associé à la peau (Skin-Associated Lymphoid Tissue) : - lymphocytes - kératinocytes (phagocytose, production de cytokines, maintien de l’acidité cutanée) La barrière muqueuse La membrane muqueuse l une seule couche de cellules vivantes bordant l’appareil digestif, respiratoire et uro-génital l comportant des cellules protectrices (cellules caliciformes productrices de mucus, cellules M présentant les antigènes au système immunitaire sous-jacent, cellules ciliées vibratiles) Y M E Les plaques de Peyer Y épithélium associé aux follicules cellules dendritiques macrophages lymphocytes T lymphocytes B La barrière muqueuse La membrane muqueuse l une seule couche de cellules vivantes bordant l’appareil digestif, respiratoire et uro-génital l comportant des cellules protectrices (cellules caliciformes productrices de mucus, cellules M présentant les antigènes au système immunitaire sous-jacent, cellules ciliées vibratiles) l étanche grâce à l’existence de jonctions serrées intercellulaires l en perpétuel renouvellement Le mucus l les mucines, des polymères (glycoprotéines) de haut poids moléculaire très visqueux, agissant comme lubrifiant et protégeant la muqueuse (séquestration par adhésion des bactéries) l les immunoglobulines A sécrétoires (IgAs), fixées (fragment Fc) aux mucines l le lysozyme l la lactoferrine, une protéine liant très fortement le fer de l’organisme (non disponible pour les bactéries) l la lactoperoxidase, un enzyme impliqué dans la production de formes activées de l’oxygène, bactéricides La base des cryptes de Lieberkühn granules sécrétoires contenant des peptides anti-microbiens, αdéfensines et lyzozyme α- et β- défensines Cellule de Paneth Entérocyte α β L’adhésion des bactéries aux cellules une étape quasi-obligatoire du processus infectieux Les fimbriae Les fimbriae des appendices tapissant la surface des bactéries à Gram négatif et positif bactéries à Gram négatif la biogenèse du fimbriae contrôlée par une chaperone et une plateforme d’assemblage fimbriae P d’Escherichia coli pathovar UPEC (uropathogène) plateforme d’assemblage (usher) membrane externe 4 périplasme 6 5 3 2 membrane interne Pizarro-Cerdá & Cossart Cell, 2006 1 bactéries à Gram positif sortase, la biogenèse du fimbriae contrôlée par une une enzyme reconnaissant le motif peptidique LPxTG Fimbriae de Corynebacterium diphtheriae Fimbriae de Streptococcus pyogenes (sérotype M1) sortase domestique sortase spécifique Lipide II disaccharide-pentapeptide lié au bactoprénol Mandlik et al. Trends in Microbiology, 2008 Les adhésines «non fimbriales» les adhésines se liant à la matrice extracellulaire: l’exemple de Staphylococcus aureus ClfA TSST-1 (choc toxique) exfoliatines leucocidine (de Panton et Valentine) (protéine liant le fibrinogène) ClfB (protéine liant le fibrinogène et la kératine) S.aureus hyaluronidase staphylokinase Cna (protéine liant le collagène) FnbpA Hémolysines coagulase (α,β,γ) (protéine liant la fibronectine) protéine A L’intimine d’Escherichia coli EPEC/STEC un autre exemple d’adhésine non-fimbriale un îlot de pathogénicité (LEE) contrôlant l’attachement et l’effacement des microvillosités intestinales MV, microvillosité 35 kb Tir intimine ARNt int virA virB mobA ΔmobB souche pathogène DR DR ARNt souche non pathogène Les îlots de pathogénicité : en bref Des segments d’ADN, de taille variable (jusqu’à 220 kb) § comprenant un ou plusieurs gènes de virulence § présents seulement dans le génome des souches pathogènes § ayant souvent un GC% différent du restant du génome § souvent flanqués de petites séquences directes répétées § souvent associés à un gène codant un ARNt § incluant souvent des gènes de mobilité, fonctionnels ou cryptiques § souvent instables l’ ancien îlot est devenu partie intégrante du noyau génomique vir étapes évolutives d’un îlot de pathogénicité vir adaptation des codons large délétion de gènes inactivés inactivation ou délétion de gènes de mobilité int vir mob arnt mutation ponctuelle dans un gène codant une intégrase intégration de phages ou de plasmides noyau génomique temps milieu extracellulaire membrane externe périplasme membrane interne cytoplasme effecteur Tir, un récepteur cellulaire insolite …codé par un gène bactérien Effacement des microvillosités intestinales intimine membrane externe Tir membrane plasmique polymérisation de l’actine Pathovars EPEC/STEC Tir L’invasion cellulaire par les bactéries q l’usurpation des récepteurs d’adhérence cellulaire (intégrines, E-cadhérine, c-Met, CD44,…) et des voies de transduction associées L’entrée cellulaire selon un mécanisme à glissière (zipper) Le modèle Listeria monocytogenes La voie dépendant de InlA Pizarro-Cerdá & Cossart Cell, 2006 La voie dépendant de InlB q le détournement des voies de signalisation cytosolique après injection cellulaire d’effecteurs bactériens L’entrée cellulaire selon un mécanisme à gâchette (trigger) Le modèle Shigella déstabilisation des microtubules filopode lamellipode macropinocytose dépolymérisation de l’actine Les toxines, des facteurs majeurs de la virulence bactérienne E. ROUX 1853-1933 A. YERSIN 1863-1943 «La diphtérie est une intoxication causée par un poison (gr. Τοξικον, toxikon) très actif formé par le microbe» Les exotoxines Trois centaines d’exotoxines (produites en proportion voisine chez les bactéries à Gram négatif et positif) la structure 3D d’une quarantaine d’entre elles ayant été établie présentant une grande variété d’activités enzymatiques NADase et ADP-transférase, phospholipase, adénylate cyclase protéase, glucosyl-transférase,déamidase ARN N-glycosidase, déoxyribonucléase NADase et ADP-transférase Toxines cholérique, pertussique, diphtérique, exotoxine A (Ps.aeruginosa),… Phospholipase Phospholipases C (C. perfringens), D (Y. pestis), A (R. prowazekii),… Adénylate-cyclase Bordetella spp., toxine oedémateuse (B. anthracis),… Protéase Toxines botuliques, tétanique, létale (B. anthracis), exfoliatines (S. aureus),… Glucosyl-transférase Toxines A & B de C. difficile,… Déamidase Facteur cytotoxique et nécrosant I (E. coli) ARN N-glycosidase Vérotoxines ou toxines Shiga-like (E. coli) Déoxyribonucléase Cyclostatine « CDT » (E. coli),… Trois centaines d’exotoxines (produites en proportion voisine chez les bactéries à Gram négatif et positif) la structure 3D d’une quarantaine d’entre elles ayant été établie présentant une grande variété d’activités enzymatiques NADase et ADP-transférase, phospholipase, adénylate cyclase protéase, glucosyl-transférase,déamidase ARN N-glycosidase, déoxyribonucléase modifiant des molécules ciblées, intracellulaires ou agissant sur des constituants de la membrane cytoplasmique (sans pénétration intracellulaire) codées par des gènes susceptibles d’être intégrés éléments génétiques mobiles PAI - encoded toxins some examples Gram-negative bacteria q α-hemolysin and cytotoxin-necrotizing factor-1 (UPEC & ExPEC Escherichia coli) q pertussis toxin (Bordetella pertussis) Gram-positive bacteria q toxic-shock syndrome toxin 1, enterotoxins, EDIN-B (Staphylococcus aureus) q enterotoxin TcdA and cytotoxin TcdB (Clostridium difficile) Dobrindt & Hacker, The Comprehensive Sourcebook of Bacterial Protein Toxins, 2006 plasmid - encoded toxins some examples Gram-negative bacteria q heat - stable and - labile enterotoxins (EnteroToxinogenic Escherichia coli) q enterotoxin ShET-2 (Entero-Invasive Escherichia coli and Shigella) q enterohemolysin Ehx (EnteroHemorrhagic Escherichia coli) q Yop proteins (pathogenicYersinia) Gram-positive bacteria q exfoliating toxin B (ETB), enterotoxins, EDIN-C (Staphylococcus aureus) q tetanus neurotoxin (Clostridium tetani) q botulinum neurotoxin type G (Clostridium botulinum) q lethal factor, edema factor, protective antigen (Bacillus anthracis) Dobrindt & Hacker, The Comprehensive Sourcebook of Bacterial Protein Toxins, 2006 phage - encoded toxins some examples Gram-negative bacteria q cholera toxin (Vibrio cholerae) q Shiga toxin Stx (EnteroHemorrhagic Escherichia coli) Gram-positive bacteria q diphteria toxin (Corynebacterium diphtheriae) q exfoliating toxin A, Panton-Valentine leucocidin, staphylococcal enterotoxins SE (Staphylococcus aureus) q streptococcal pyrogenic exotoxins Spe (Streptococcus pyogenes) Dobrindt & Hacker, The Comprehensive Sourcebook of Bacterial Protein Toxins, 2006 Les superantigènes des exotoxines produites par un nombre très limité d’espèces, interagissant avec les cellules de l’immunité LT auxiliaire α β TcR TcR α β CMH CMH CPA caractéristiques LT auxiliaire cellule dendritique monocyte/macrophage CPA cellule dendritique monocyte/macrophage antigène superantigène Région TcR Vα, Jα, Vβ, Dβ, Jβ Vβ Présentation MHC II ou I MHCII Lymphocyte T CD4+ ou CD8+ CD4+ (CD8+) % cellules T activées 0.01 à 0.0001% 5 à 25% monoclonale polyclonale Apprêtement Activation oui non production massive de cytokines inflammatoires (IL-2, IFNγ, TNF, IL-1β) anergie, apoptose lymphocytaire Les superantigènes Vβ humain reconnu Staphylococcus aureus Streptococcus pyogenes SEA SEB SEC1 SEC2 SEC3 SED SEE TSST-1 1.1, 5.2-3, 6.3-4, 6.9, 7.4, 9.1, 16, 21.3, 22, 23 3, 12, 14, 15, 17, 20 12 12, 13.1, 13.2, 14, 15, 17, 20 5, 12, 14, 21.3 5, 8, 12 5.1, 6.1-3, 8, 18 2 SPE-A SPE-C SPE-G SPE-H SME-Z SME-Z2 SSA 2, 4, 8, 12, 14, 15 2>>1, 4.1, 5.1, 10, 12, 15 2, 4.1, 6.9, 12.3 2, 7.3, 9.1 2, 4.1, 7.3, 8.1 4.1, 8.1 1, 3, 5.2-3, 12, 15, 17 PAI - encoded toxins Gram-negative bacteria q α-hemolysin and cytotoxin-necrotizing factor-1 (UPEC & ExPEC Escherichia coli) q pertussis toxin (Bordetella pertussis) Gram-positive bacteria q toxic-shock syndrome toxin 1, enterotoxins, EDIN-B (Staphylococcus aureus) q enterotoxin TcdA and cytotoxin TcdB (Clostridium difficile) Dobrindt & Hacker, The Comprehensive Sourcebook of Bacterial Protein Toxins, 2006 plasmid - encoded toxins Gram-negative bacteria q heat - stable and - labile enterotoxins (EnteroToxinogenic Escherichia coli) q enterotoxin ShET-2 (Entero-Invasive Escherichia coli and Shigella) q enterohemolysin Ehx (EnteroHemorrhagic Escherichia coli) q Yop proteins (pathogenicYersinia) Gram-positive bacteria q exfoliating toxin B (ETB), enterotoxins, EDIN-C (Staphylococcus aureus) q tetanus neurotoxin (Clostridium tetani) q botulinum neurotoxin type G (Clostridium botulinum) q lethal factor, edema factor, protective antigen (Bacillus anthracis) Dobrindt & Hacker, The Comprehensive Sourcebook of Bacterial Protein Toxins, 2006 phage - encoded toxins Gram-negative bacteria q cholera toxin (Vibrio cholerae) q Shiga toxin Stx (EnteroHemorrhagic Escherichia coli) Gram-positive bacteria q diphteria toxin (Corynebacterium diphtheriae) q exfoliating toxin A, Panton-Valentine leucocidin, staphylococcal enterotoxins SE (Staphylococcus aureus) q streptococcal pyrogenic exotoxins Spe (Streptococcus pyogenes) Dobrindt & Hacker, The Comprehensive Sourcebook of Bacterial Protein Toxins, 2006 Staphylococcus aureus, une bactérie responsable de pathologies liées à une toxémie des manifestations cliniques liées à la diffusion de toxines à partir d’un foyer infectieux ou d’un site de colonisation (ORL, conjonctival ou cutané), ou à l’ingestion d’une toxine préformée dans un aliment contaminé Ø Le syndrome de choc toxique provoqué par la diffusion de la toxine TSST-1 ou d’entérotoxines (SE), et mortel dans 10% des cas fièvre (>39°C), hypotension artérielle, érythrodermie scarlatiniforme généralisée, suivie (1 à 2 semaines plus tard) d’une desquamation et d’une atteinte multi-viscérale Ø Les intoxinations alimentaires des vomissements, puis des douleurs abdominales et de la diarrhée survenant 1 à 6 heures après l’ingestion d’entérotoxines thermostables préalablement synthétisées dans un aliment (viande ou produit laitier) contaminé et mal conservé langue framboisée La scarlatine, une angine causée par Streptococcus pyogenes accompagnée d’un exanthème et d’un énanthème consécutifs à la sécrétion d’exotoxines érythrogènes (Spe) éruption desquamation 1817 Justinus Kerner décrit une maladie causée par un poison mortel et consécutive à la consommation de saucisses fumées, le botulisme Bacillus botulinus Clostridium botulinum 1895 Emile Pierre van Ermengen découvre la bactérie responsable du botulisme Le botulisme la conséquence de l’ingestion d’un aliment contenant la toxine préformée (tout type d’aliment conservé, familial ou industriel, peut être en cause) de la formation endogène de la toxine après germination des spores dans l’intestin de la formation endogène de la toxine après germination des spores dans une plaie une paralysie flasque, symétrique et descendante des troubles de l’accommodation, une vision floue, une mydriase bilatérale des troubles de la déglutition, une dysphagie, une dysphonie une paralysie des muscles squelettiques et respiratoires une diminution des sécrétions salivaires, lacrymales l’état de conscience et la sensibilité restent inaltérés durant toute la maladie Les toxines botuliques S S S S une chaîne légère responsable de l’activité enzymatique (une protéase dépendante d’ions zinc) une chaîne lourde incluant le domaine de translocation & le site de fixation au récepteur reliées l’une à l’autre par un pont disulfure des neurotoxines paralysantes empêchant la transmission nerveuse à la jonction neuro-musculaire 0, 1 à 1 microgramme de BoNT/A ingéré tue un homme Les 3 flèches noires montrent des vésicules synaptiques (où est synthétisé le neurotransmetteur) dans le bouton terminal d’un axone PC = cellules post-synaptiques 1. La toxine se lie à des récepteurs sur les régions amyéliniques de la terminaison du motoneurone 2. La toxine et son récepteur sont capturés (par endocytose) par le motoneurone 3. La chaîne légère de la toxine transloque de la vésicule d’endocytose vers le cytosol de la terminaison du motoneurone 4. La chaîne légère clive une protéine du complexe SNARE (VAMP/synaptobrévine [BoNT/ B, D, F & G], SNAP-25 [BoNT/A, E & C], et syntaxine [BoNT/C]) nécessaire à la libération, par fusion de la membrane vésiculaire avec la membrane neuronale, de l’acétylcholine dans l’espace synaptique Le traitement du botulisme q l’assistance respiratoire (ventilation assistée) q l’antibiothérape est inutile q la sérothérapie n’est efficace que si elle initiée dans les 24 heures suivant l’apparition des premiers symptômes Le tétanos C. tetani (le bacille de Nicolaïer) un bacille à Gram positif sporulé et anaérobie strict une maladie qui n’est pas contagieuse, consécutive à une infection d’une plaie, quelle qu’elle soit, (une plaie comprenant des tissus dévitalisés ou un corps étranger favorise le développement bactérien) par des spores qui vont germer (C. tetani est un commensal de l’intestin des équidés, bovins et ovins et, excrétée, la bactérie sporule) se manifestant 1 à 2 semaines suivant la contamination (fonction de la distance entre la lésion contaminée et le système nerveux central) dont les symptômes résultent de l’action d’une neurotoxine responsable annuellement de 500.000 décès le tétanos, une toxi-infection fébrile chez l'adulte, les premiers signes sont souvent une dysphagie et une douleur de la nuque. chez le nouveau-né, tout débute par un refus de téter. à mesure que l'infection progresse, apparaissent le trismus (blocage de la mâchoire en position fermée), le rictus sardonique (grimace caractéristique due à la contracture des muscles de la face) et l'opisthotonos (hyperextension de la nuque et du dos par contracture des muscles paravertébraux). rictus sardonique puis des spasmes généralisés (membres supérieurs en flexion, membres inférieurs en extension), très douloureux, déclenchés par n'importe quel stimulus (bruit, lumière, toucher) ou survenant spontanément dans les formes graves opisthotonos la maladie évolue inexorablement vers l'arrêt respiratoire par spasme laryngé et/ou spasme de la musculature respiratoire l’état de conscience est inaltérée durant toute la maladie près d’un tiers des sujets atteints de tétanos décède Le tétanos en France nombre de cas 500 décès (source Inserm) cas déclarés (sources InVS & DO) 400 300 200 100 1960 1940 obligation vaccinale 1970 1980 1990 2000 Le tétanos en France (1996-2006) femmes classe d’âge nombre de cas (ans) hommes taux d’incidence taux d’incidence annuelle moyenne nombre de cas annuelle moyenne (par million) (par million) 0-49 3 0, 01 4 0, 02 50-59 4 0, 13 5 0, 16 60-69 13 0, 39 15 0, 52 70-79 79 3, 47 27 1, 65 > 80 91 5, 03 22 2, 65 La toxine tétanique, une neurotoxine plasmidique de structure similaire à celle des neurotoxines botuliques S L S S S H une chaîne légère (L) responsable de l’activité enzymatique (une protéase dépendante d’ions zinc) une chaîne lourde (H) incluant le domaine de translocation & le site de fixation au récepteur reliées l’une à l’autre par un pont disulfure Depuis la plaie infectée, C. tetani produit une neurotoxine (TeNT) qui pénètre dans les extrémités terminales des nerfs moteurs et les vésicules d’endocytose contenant TeNT migrent le long des axones vers la moelle épinière et le tronc cérébral. TeNT se fixe au niveau des terminaisons présynaptiques et bloque la libération des neurotransmetteurs inhibiteurs, en l'occurrence la glycine et surtout le GABA (acide gamma amino-butyrique), par clivage de la protéine SNARE VAMP/synaptobrévine La diminution de l'inhibition résulte en une augmentation de l'activité des neurones moteurs et provoque les spasmes musculaires caractéristiques du tétanos. toxines botuliques toxine tétanique ingestion d’aliments contaminés internalisation par les cellules de l’ épithélium intestinal diffusion dans le sang jonction neuromusculaire internalisation (via récepteur) dans le neurone clivage de la protéine cible (SNAP 25, VAMP, syntaxine) blocage de la libération d’acétylcholine paralysie spastique paralysie flasque Le traitement du tétanos q Éradiquer les spores au niveau de la plaie (excision de 1-2 cm de tissus sains autour des berges de la plaie afin de créer une aérobiose néfaste) q Diminuer la production de toxine (administration I.V. de métronidazole) q Neutraliser la toxine qui n’a pas encore pénétré le système nerveux (administration I.M. de 3000 à 10000 UI d’immunoglobuline anti-toxine tétanique) q Contrôler les spasmes musculaires (administration I.M de benzodiazépines) La prévention du tétanos (vaccination) Gaston Ramon (1886-1963) le découvreur des anatoxines diphtérique (1923) & tétanique (1926) des toxines détoxifiées par action, pendant 1 mois, du formaldéhyde (0,2%) et de la chaleur (39°C), mais ayant conservé leur immunogénicité Le schéma vaccinal français (vaccin T, DT ou DTCoq) 3 injections à 1 mois d’intervalle, dès 2 mois 1 injection de rappel à 16-18 mois, 6 ans, 11-13 ans, 16-18 ans puis tous les dix ans les manifestations indésirables sont limitées à des réactions locales au point d’injection Les endotoxines noyau externe unité répétitives d’oligosaccharides (antigène O) noyau interne noyau lipide A GlcN, glucosamine; KDO, acide 2-kéto-3-déoxyoctulosonique; Hep, L-glycéro-D-manno-heptose; P, phosphate; EtN, éthanolamine antigène O LPS membrane externe Lipide A Neisseria meningitidis Le lipide A Bordetella pertussis Escherichia coli La toxicité des endotoxines la sensibilité aux endotoxines varie selon les espèces animales (DL 50% : 1 ng à 5 mg) elles peuvent induire des dommages vasculaires (irréversibles), un état de choc et la mort très sensible, l’homme ne tolère que 4 ng/kg et les corticoïdes limitent leur létalité la réponse de l’hôte (production d’anaphylatoxines, de cytokines, de médiateurs lipidiques [prostaglandines, leucotriènes, thromboxanes, PAF] et de formes réactives de l’oxygène et de l’azote) contribuent à leur toxicité injection d’une dose létale de LPS au singe 0-3 h : leucopénie, agrégation leucocytaire, production de cytokines circulantes, activation du complément 3-10 h : fièvre, coagulation disséminée, dépôt de fibrine dans les glomérules 10-24 h : hypoxie, nécrose, défaillance multi-viscérale, mort Les ligands des endotoxines Les composés C1 & C3 du complément La protéine LBP (LPS-binding protein) une glycoprotéine produite par les hépatocytes, présente dans le sérum ( en cas d’inflammation) CD14 une glycoprotéine ancrée (par un groupement phosphatidyl inostol) dans la membrane des phagocytes (mono et polynucléés), des cellules de Langerhans et des cellules dendritiques folliculaires, présente également sous forme soluble dans le plasma Toll-Like Receptor 4 (TLR 4) un domaine extracellulaire comprenant des unités répétitives riches de résidus leucyl un domaine trans-membranaire riche de résidus cystéinyl un domaine cytoplasmique homologue à celui des récepteurs de l’IL-1 (TIR) & et l’IL-18 (la molécule MyD88, impliquée dans la signalisation en aval des TLR, possède aussi un domaine TIR) acide lipotechoïque lipoarabinomannane ARNdb (viral) zymosan LPS ADN bactérien “hypométhylé” ARNsb (motif CpG) profiline flagelline (viral) activation transitoire NF-κB! La signalisation cellulaire induite par les endotoxines Le pouvoir pathogène des bactéries les aptitudes requises L’induction d ’un processus infectieux chez un hôte par une bactérie reflète globalement la capacité du microorganisme à franchir des barrières naturelles résister aux effecteurs humoraux et cellulaires de l’immunité innée et acquise implantation, survie et réplication de la bactérie pathogène chez l’hôte Les stratégies d’échappement aux défenses anti-microbiennes échapper à la phagocytose La maturation du phagosome endosome précoce corps multivésiculaire phagosome précoce endosome tardif phagosome intermédiaire lysosome phagosome tardif phagolysosome LAMP1 es bactérie bactérie bactérie bactérie es e recyclage de l’endosome pH 7.4 présentation au CMH II e 4.5 Flannagan, Cosio & Grinstein Nature Reviews Microbiology 2009 Facteurs Facteurs microbicides microbicides du de phagocyte l’hôte cytoplasme phagosome NADPH oxydase agent infectieux ROS RNS ADN protéines intacts ADN protéines oxydés défensines lactoferrine iNOS arginine citrulline NRAMP1 protéases Flannagan, Cosio & Grinstein Nature Reviews Microbiology 2009 Facteurs Facteurs microbicides microbicides du de phagocyte l’hôte cytoplasme phagosome NADPH oxydase phagocyte au repos agent infectieux ROS RNS ADN protéines intacts ADN protéines oxydés défensines lactoferrine iNOS arginine citrulline NRAMP1 Phagosome! protéases Flannagan, Cosio & Grinstein Nature Reviews Microbiology 2009 phagocyte stimulé Facteurs Facteurs microbicides microbicides du de phagocyte l’hôte cytoplasme phagosome formes réactives de l’oxygène et de l’azote (ROS & RNS) NADPH oxydase agent infectieux ROS RNS ADN protéines intacts ADN protéines oxydés défensines lactoferrine iNOS arginine citrulline SOD, superoxyde dismutase MPO, myéloperoxydase • O2-, radical superoxyde H2O2, peroxyde d’hydrogène • OH, radical hydroxyl HOCl, acide hypochloreux • NO, monoxyde d’azote iNOS, NO synthase ONOO-, peroxynitrite NRAMP1 protéases Flannagan, Cosio & Grinstein Nature Reviews Microbiology 2009 α- et β- défensines α β La résistance à l’ingestion par les phagocytes La capsule, une structure empêchant l’opsonisation Facteurs Facteurs microbicides microbicides du de phagocyte l’hôte Mécanismes microbiens de défense cytoplasme phagosome peptides anti-microbiens NADPH oxydase NADPH oxydase amino-arabinose protéases agent infectieux bactérie ROS RNS ADN protéines intacts ADN protéines oxydés protéases de stress défensines sidérophores lactoferrine iNOS arginine citrulline NRAMP1 protéases Flannagan, Cosio & Grinstein Nature Reviews Microbiology 2009 Flannagan, Cosio & Grinstein Nature Reviews Microbiology 2009 La résistance aux peptides antimicrobiens les principaux mécanismes d’échappement Protéolyse du peptide antimicrobien Inaccessibilité de la cible d’action Expulsion du peptide antimicrobien Modification de la cible d’action Macrophage alvéolaire Infecté par Mycobacterium LAM (lipoarabinomannane), un glycolipide essentiel au pouvoir pathogène de Mycobacterium tuberculosis 5 1 2 6 3 4 (1) Lipides externes (tréhalose dimycolate, tréhalose monomycolate, phthiocérol dimycocérosate, di-acyl trehalose), (2) acides mycoliques, (3) arabinogalactane, (4) peptidoglycane, (5) lipoarabinomannane, (6) phosphatidylinositol mannoside inhibant la maturation du phagosome en s’insérant dans sa membrane La listériolysine O (LLO), une exotoxine produite à pH acide, permet à Listeria monocytogenes de sortir d’un phagosome Listeria monocytogenes effet de la LLO sur l’hématie internalisation dans une vacuole à membrasne unique pH 7.4 pH 7.4 LLO Listériolysine O acidification (pH 5.5) vacuolaire sécrétion de LLO et de PI-PLC acidification (pH 5.5) vacuolaire sécrétion de LLO et de PI-PLC PI-PLC Phosphatidylinositol-phospholipase C insertion membranaire de LLO (pore) activité de PI-PLC insertion membranaire de LLO (pore) activité de PI-PLC rupture de la membrane vacuolaire bactérie libre dans le cytoplasme bactérie libre dans le cytoplasme Hybiske & Stephens Nature Reviews Microbiology 2008 échapper à l’immunité humorale la variation antigénique Le pilus de type IV, un attribut du méningocoque essentiel à sa traversée de la barrière hémato-encéphalique Neisseria meningitidis PilE pilE, le gène codant la piline du pilus de type IV, est l’objet d’événements de recombinaison homologue, conduisant à l’émergence de variants de piline PilE N. meningitidis étant une espèce naturellement « compétente », sa transformation par l’ADN libéré de bactéries lysées est suivie de recombinaison génétique un locus chromosomique d’expression pilE un locus chromosomique silencieux composé de multiples copies pilS pilS2 pilS1 pilS3 P pilE pilS1 pilS2 pilS4 pilS3 pilE pilS4 chaque gène pilS présente des homologies avec pilE (en noir) mais le promoteur, la séquence de Shine-Dalgarno et la séquence 5’ débutante font défaut échapper à l’immunité humorale la résistance au système du complément voie classique voie alterne voie des lectines (mannose-binding lectin) Les stratégies q recrutement de régulateurs ou mimétisme avec ces composés q modulation ou inhibition par interaction avec des composés q inactivation des composés par dégradation enzymatique Favoreel et al., J. Gen. Virol., 2003 Adhésines PFB54SfbI SfbII (liant la fibronectine) F2 Streptokinase DNase B (streptodornase B) Hyaluronidase PFBP C5a peptidase S. pyogenes Exotoxines Spe (superantigènes) GRAB Capsule (acide hyaluronique) Protéine M Sortase Mac Hémolysines (streptolysines O et S) SIC (streptococcal inhibitor of complement) Protéine M liaison aux régulateurs du complément facteur H, C4BP (C4-binding protein) SIC inhibition du complexe d’attaque membranaire par empêchement de l’incorporation membranaire de C5b67 C5a peptidase clivage spécifique de la protéine chimiotactique C5a échapper à la réponse immunitaire humorale le clivage des anticorps par des protéases Streptococcus pneumoniae IgA protéases Neisseria meningitidis bloquer le réseau de cytokines Inhibition de la synthèse de cytokines La voie de signalisation cellulaire NFκB, un ciblage fréquent par les agents infectieux LPS-LBP PG; LTA TLRs IL-1R1 TNF-R1 CD14 MyD88/Tollip TRADD ??? IRAK TRAF 6 MEKK1; NIK; TAK1 IKK α/β IKAP NEMO Activation des IKK Phosphorylation Ubiquitination Dégradation de IκB RIP Apoptose TRAF 2 IKK complex ≈ 800 KDa NF-κB/IκB Translocation nucléaire Transcription NFκB p65/p50 NF-κB/DNA Yersinia inhibe la production de cytokines pro-inflammatoires YopJ (une acétyltransférase), inhibe l’activation de NFκB (0-acétylation de résidus Ser et Thr de IKKα et IKKβ) LPS-LBP PG; LTA TLRs IL-1R1 TNF-R1 CD14 MyD88/Tollip TRADD ??? IRAK TRAF 6 MEKK1; NIK; TAK1 IKK α/β IKAP NEMO Activation des IKK Phosphorylation Ubiquitination Dégradation de IκB RIP Apoptose TRAF 2 IKK complex ≈ 800 KDa NF-κB/IκB Translocation nucléaire Transcription NFκB p65/p50 NF-κB/DNA bloquer le réseau de cytokines Inhibition de la synthèse des cytokines Dégradation des cytokines Legionella pneumophila synthétise une métallo (Zn2+)-protéase qui clive IL-2 échapper à l’immunité à médiation cellulaire Les superantigènes manipuler la mort cellulaire programmée L’apoptose FAS (CD95) FADD pro-caspase 8 pro-caspase 9 APAF-1 cyt c caspase 8 caspase 9 pro-caspase 3 Bax tBid (gtBid) caspase 3 Bid ICAD CAD protéines de signalisation cytosquelette d’actine,… FADD, FAS-associated death domain; TRADD, TNFR-associated death domain RIP, receptor interaction protein; CAD, caspase-activated deoxyribonuclease; ICAD, inhibitor of CAD; APAF-1, apoptotic protease-activating factor; cyt c, cytochrome c Granzyme B L’inhibition de l’apoptose protection de la mitochondrie (empêchement de la libération de cytochrome c) activation des voies de signalisation cellulaire (NFκB et Akt/PKB, des facteurs anti-apoptotique) inactivation des effecteurs de l’apoptose, les caspases (caspase-3) La protéase CPAF (chlamydial proteasome-like activity factor), sécrétée par Chlamydia trachomatis, dégrade des protéines pro-apoptotiques La toxine vacuolisante VacA de Helicobacter pylori active l’apoptose dans la cellule épithéliale, en perméabilisant la membrane mitochondriale La pyroptose un processus de mort cellulaire avec inflammation libération de IL-1β & IL-18 ions gonflement et lyse cellulaire membrane plasmique eau cytoplasme noyau caspase 1 active clivage de l’ADN condensation nucléaire maturation de IL-1 β & IL-18 INFLAMMASOME Bergsbaken, Finsk & Cookson Nature Reviews Microbiology 2009 Legionella pneumophila induit, via la flagelline, la pyroptose du macrophage